About a (bad) boy...
On nait, on vit, on meurt. On est tous de passage sur cette terre. Elle nous accueille avec de grands bras ouverts et on y va en fermant les yeux, tout en lui faisant confiance pour notre avenir. Raphaël, lui, il aurait aimé que la Terre lui dise qu'il connaîtrait la galère, les foyers, la solitude, l'alcool, la drogue. Peut-être que ce treize octobre il ne serait pas sorti du ventre de sa mère, il aurait préféré mourir mort né. Mais ce n'est pas arrivé, alors du haut de ses vingt-cinq ans, il est toujours là. Tout seul. Étant petit, le beau brun avait vite compris qu'il n'aurait pas une vie normale. Vivant dans un foyer un jour, vivant dans la rue le lendemain, il vagabonde dans sa ville natale : Berlin. Adoptant un deuxième prénom, ses amis dans la rue le surnommait Cappie, c'était comme ça et pas autrement. Des parents qui l'ont abandonné, des familles d'accueils refusant sa présence, il n'a jamais eu de maison. Certains orphelins vivent heureux, même dans les foyers ils arrivent à s'en sortir. Mais pas Raphaël, non. Raphaeë lui, il part à la dérive. Il est comme le titanic, il a coulé. C'est la raison pour laquelle il n'est pas bien nulle part, ni ici ou bien là-bas. Il n'a jamais vraiment été à l'école dans sa jeunesse, d'ailleurs ça ne l'avait jamais intéressé. Le beau Acker préférait sortir, boire, fumer. Ses treize petites années l'emmenaient déjà dans le monde des grands, de l'interdit, de la délinquance. Ce petit côté de jeune bad boy en détresse, c'était peut-être ça qui l'avait attiré dans le fond. Et ce soir-là, dans cette rue elle avait simplement dit «
Je m'appelle Evy ».
Evy, Evy, Evy. Comme un coup de massue, comme un coup de poignard. Elle était bien plus âgé que Raphaël, mais elle était belle. Une adolescente paumé, c'est tout ce qu'elle était, rien de plus. Et tout cela n'a duré qu'une soirée. Enfin, c'était ce que le beau brun croyait au début. Il reprenait sa vie, les années passées et chaque jour il fumait plus que la veille, il se faisait plaisir avec les filles et chaque jour, il tombait un peu plus. Puis il a recroisé sa chevelure de feu, ses formes de femme et son allure de fille de joie. Il avait seize ans, et elle dix-neuf. Au final, l'écart d'âge n'a jamais eu son importance entre eux. Il n'y avait pas d'amour, juste du désir et du risque. Dans le fond, même si Cappie se mettait toujours dans des plans foireux ou qu'ils rencontraient les mauvaises personnes, c'était elle la plus dangereuse de tous. Ensemble, ils faisaient n'importe quoi mais c'était juste pour s'amuser, pour vivre. Ils aimaient ça, se sentir vivre grâce au danger. Même s'il menait une vie de solitaire, la jolie rousse était une bonne compagnie, il fallait l'avouer.
1 an. 12 mois. 365 jours. 8 760 heures. 525 600 minutes. 31 536 000 secondes. Après tout ce temps, elle est partie comme une voleuse. Mais ça n'avait pas d'importance, Raphaël il s'en fichait d'Evy. Alors comme après leur première soirée, il a continué sa vie. Et c'est venu comme ça. Une opportunité pour de l'argent, pour se sentir vivre avec l'adrénaline. Son nouveau risque, son nouveau jouet. Raphaël il n'a pas hésité une seule seconde, il a directement accepté.
About the girl...
C'est là qu'il a entendu le deuxième prénom qui lui taperait dans la tête : Lula. Cette jeune ado complètement perdue qui cherchait de l'argent. A l'époque, elle n'était pas très belle. Le beau Acker, il s'en foutait d'elle au début. Pourtant, il devait la protéger, à chaque marché de deal c'était toujours pareil. Mais c'était devenu plus fort, comme un devoir, une obligation. Il n'a jamais aimé ça d'ailleurs, lui qui avait toujours vécu seul et sans personne sauf Evy. Mais Lula, elle était là chaque jour et bien différente de la rousse. C'était une petite poupée fragile, un jeune chiot perdu qui demandait juste de l'aide. Et ce jour-là Raphaël, il a gardé son rôle de super héros. Mais ce n'était pas pour la sauver des vieux à qui ils revendaient de grosses cargaisons de dope, non, mais contre les forces de l'ordre. Alors il n'a pas hésité, il n'y avait rien qui rattachait le brun à Berlin après tout. Partir était la seule solution. Les routes, les villes, les pays, les ponts, les motels miteux, le besoin d'argent, les combats d'hommes, vendre leurs corps. Ensemble. C'était leurs quotidien, jusqu'au jour où ils sont arrivés dans cette ville. Raphaël il lui avait dit à Lula «
J'aime pas cette ville, c'est tout petit et c'est vide ». Et puis elle voulait plus partir, elle s'y plaisait. Raphaël il s'est énervé, il s'énerve toujours avec Lula. Mais dans le fond, il la trouvait jolie sa poupée. Elle était devenue une femme, et lui le beau brun il l'aimait. Mais c'était trop dur à s'avouer, parce que ça a toujours été un tigre. Il vit seul, il n'a besoin de personne. Mais un jour c'est arrivé, l'anniversaire de Cappie, ils étaient ensemble comme toujours à fumer un spliff. Sauf que Lula, elle faisait toujours n'importe quoi et ce jour-là, prise de folie, elle est partie. Elle est partie nager dans un lac, sauf qu'il faisait froid en ce treize octobre, Lula elle n'y pensait pas. Puis ce jour-là, parce que Lula elle était comme ça, elle s'était pris quelques cachets à l'insu de Raphaël. Chaque jour il lui disait avec un peu trop de bienveillance qu'elle ne devait pas toucher à ce genre de choses, mais elle en faisait toujours qu'à sa tête sa poupée. Et ce jour-là, avec toute sa beauté, elle s'était noyée. Cappie n'avait jamais ressenti ce sentiment de perte, c'était intense, immense, cela dépassait tout ce qu'il avait pu con aître à présent. Lula c'était sa poupée, son bébé, son amour, son feu, sa drogue, sa dépendance, sa meute. Lula elle était elle, gamine sur les bords, drôle à en crever, belle à succomber. C'était son premier amour, c'était elle, Lula. Et il allait devoir vivre sans elle à ses côtés.
About a new life
Le lendemain de son anniversaire, Raphaël a attendu de pouvoir enterrer sa belle, cela a duré une petite semaine. Puis il est parti, comme le bon vagabond qu'il a toujours été. Dix-neuf ans, toujours en cavale, aucune racine, aucun avenir, cause perdu, déchet d'une société qui l'avait bien trop vite rejeté. Alors Cappie est parti pour l’Irlande, ce pays qui l'avait toujours fasciné. Arrivé là-bas, dans cette ville qu'il avait directement apprécié au premier regard, le beau brun se faisait à nouveau un nom. Il dealait pour vivre, c'était son seul moyen de survis. Le commerce à Dublin était en pleine explosion et il en profitait comme il pouvait. Sauf qu'un jour, un dénommé "Erik" c'était pointé dans sa petite vie. Alors que Acker était dans la rue, la seule chose qui lui semblait familière qu'importe l'endroit où il allait, il s'était présenté. Un grand brun, le nez fin, les traits tirés, l'homme semblait fatigué. Il devait avoir plus de vingt-cinq ans, ouais, ça devait être ça. Puis finalement, il s'était présenté comme "Erik Acker". C'était fou, complètement fou. Insensé. Et pourtant, cet homme l'avait retrouvé, traqué, parce que la vie de Raphaël lui importait et qu'il voulait le connaître et le protéger. Cet homme aux allures de connard riche, c'était son frère, ou plutôt son demi-frère. Cet homme avait appris l'existence de Raphaël il y a deux ans, lorsque son père allait fermer les yeux à cause d'une maladie qui lui a été mortelle. Il regrettait, il voulait se rattraper. Alors Erik a tout fait pour le retrouver et honorer son père, pour mettre un visage sur cette personne qui partageait le même sang que lui également. Et ils étaient là dans cette rue, cette rue qui a fait basculer une vie. Alors Raphaël est parti, il la suivit. Après tout, il n'avait rien à perdre. Mais ils sont restés ensemble sur Dublin, Erik avait de l'argent, beaucoup d'argent grâce à l'héritage. Un héritage dont Cappie appris l'existence, lui aussi en avait un, à sa plus grande surprise. Et le voilà propulsé à des années lumières de ses galères, de son passé. Les choses ont changés. Le jour de ses vingt ans,, Raphaël a suivi une remise à niveau scolaire, il est entré à la fac une année après. Il cherchait de nouvelles choses, une nouvelle chance, et Erik lui tendait la main il n'avait qu'à la saisir. Il n'a pas manqué sa chance, vivant et apprenant d'où il venait, qui était son père, qui était son frère, sa famille. Cependant, Acker fumait toujours ses joints, il allait toujours se réfugier dans la rue pour vendre, pour faire la fête, s'amuser, faire l'amour avec la première fille qu'il pouvait trouver. Puis à vingt-et-un ans, il est entré à la fac à Dublin, il a entrepris des études de journalisme et d'arts plastiques. Il était doué, il avait envie de réussir, l'espoir, c'était nouveau pour lui. Et il appréciait cela, il appréciait ce nouveau style de vie, sans pour autant oublier qui l'avait élever. Le gamin surnommé Cappie, le gamin qui a enduré la vie, le tigre, les combats, les blessures, les cicatrices. Les filles, Evy, Lula. Et puis les choses avaient changé, mais Raphaël serait toujours autant blessé. Éternel bad boy, éternel pessimiste, on ne change pas une personne complètement. Cigarette en main, il avait annoncé à son frère qu'il voulait partir, cela faisait cinq ans qu'ils étaient en Irlande, le temps lui semblait long. Alors encore une fois, grand aventurier, Raphaël est parti en quête des États-Unis pour recommencer, encore une fois. Son transfert à Harvard fut accepté, il intégra une maison et une nouvelle année scolaire. La vie prend un sens différent ce qu'elle qu'il s'était imaginé et cette vision n'a jamais été déplaisante. Voulant rendre son frère fier de lui, voulant être fier de lui-même, Cappie a grandi. Vingt-cinq ans et de nouvelles aventures l'attendent encore pour longtemps.