(avery) Don't walk in front of me, you may not lead.

Mon cours de droit s'était éternisé ce matin, bien plus que mon cerveau ne pouvait l'accepter. A vrai dire, j'étais pas vraiment enclin à étudier correctement. J'avais envie de changer d'air, d'aller m'amuser, quitte à me prendre la cuite du siècle, mais j'voulais vraiment vraiment faire un truc nouveau. J'savais pas encore quoi exactement, mais un truc qui me provoquerait tellement de frisson que j'serai mitigé entre l'excitation du souvenir et la peur de recommencer. J'voulais que le cours se termine vite pour rejoindre Jagger, mon meilleur ami, histoire de lui faire part de tout ça. Sortir, etc. Avec un quart d'heure de retard, je sortis de l'amphi, les nerfs à vif. Je tins la porte à plusieurs nanas de mon cours, à qui j'adressais un sourire plus que charmeur. Ne jamais faire fuir les cibles potentielles. Une fois sorti, je tombais sur Avery. Ca faisait un moment qu'on ne s'était pas vu. « Ca fait tellement longtemps qu'on s'est pas vus que j'me demandais si t'étudiais encore ici ! » dis-je en riant et en m'approchant de lui. Pourtant lui n'avait pas l'air de vouloir rire.

Depuis quelque jours j'ai les nerfs à vif. Entre la fatigue générée par les derniers mois et certains problèmes plus ou moins compliqués comme ma défunte famille, je suis rapidement énervé. Autant  dire que me provoquer n'est pas une bonne solution. Seulement voilà, Ariane m'a annoncé qu'elle se foutait de ma gueule il y a quelques jours. Merveilleux. Bon j'ai des principes, j'frappe pas les filles, mais j'ai dû me retenir pour pas lui mettre une claque. C'est donc dans une mauvaise humeur que je pris les moyens de transport pour rejoindre Harvard.  Vivre en dehors de l’université me coûte un bras, peut-être bien que j'devrais abandonner Elliott pour retourner à la Winthrop House. Encore une question qui me perturbe. Qu'est-ce que j'aimerais bien enlever toutes ses pensées nuisibles de ma tête. Je pris la direction de l’amphithéâtre pour rejoindre certains de mes camarades pour un cours sauf que le cours précédent pris plus de temps que prévu. Encore un prof qui ne sait pas lire l'heure. J'poireauta les bras croisés sur le torse avant de voir les élèves sortir avec un air blasé sur le visage. Et j'en reconnu un. Walter. Tiens comme par hasard, le meilleur ami d'Ariane. Qu'il aille se faire voir lui aussi. Je me mis quand même devant lui, lui bloquant le passage par la même occasion. Ca fait tellement longtemps qu'on s'est pas vus que j'me demandais si t'étudiais encore ici ! C'est censé me faire rire ? Parce que si c'est le cas, ça ne marche pas. Tu t'es bien foutu de ma gueule toi !

Malgré le sourire que j'affiche, lui ne semble pas du tout vouloir plaisanter. Il n'a même pas du tout l'air ravi de me voir. J'm'attendais pas non plus à ce qu'on se saute dans les bras, on est juste potes c'est tout, mais j'm'attendais surtout à tout sauf cette tronche de trois kilomètres qu'il tirait. « Tu t'es bien foutu de ma gueule toi ! » Je reculais de quelques centimètres alors que je m'étais approché pour lui serrer la main, comme à notre habitude. A vrai dire j'étais dans l'incompréhension totale, je ne voyais absolument pas à quoi il faisait référence. Je mis mon sac à dos sur mon autre épaules et le regardais hébété, les sourcils froncés. Apparemment je fais souvent ça quand y a un truc que je comprends pas. « C'est quoi l'souci là ? » demandais, adoptant à mon tour un ton froid. J'ai jamais aimé qu'on me parle mal et surtout sans raison et c'est pas près d'changer.

Y a des moments où être le frère d'une Mather est énervant. Certes beaucoup savent qui tu es mais t'es aussi une cible ... facile. Y a vraiment des moments où j'ai envie de me taper contre le mur pour me punir des fois où je fais confiance. Autant dire que j'aurais plusieurs bosses sur le visage. C'est quoi l'souci là ? J'arqua un sourcil face à son interrogation. Et il joue l'innocent en plus de ça ? Tu vois vraiment pas ? L'envie de lui mettre une droite dans le visage est vraiment tentante, mais je serra mon poing pour me retenir. Faut que je garde le contrôle de moi-même. Pour faire bref, Ariane m'a tout dit. Oui tout. Désolé Walter mais ton rapprochement tombe à l'eau. Plus besoin de jouer mon pote. Trouve un autre moyen de t'attaquer à ma grande soeur maintenant.

« Tu vois vraiment pas ? ». Je le regardais de haut en bas. Non mais il se prend pour qui pour me parler comme ça lui ? Je m'approche un peu plus, commençant à être énervé par le ton qu'il employait avec moi. J'supporte pas qu'on me parle mal et surtout quand on veut jouer au devinettes et ne pas me dire ce dont il s'agit. « Pour faire bref, Ariane m'a tout dit. ». Non mais n'importe quoi. Le gars il veut faire un rébus quoi. Je tapais dans mes mains pour l'applaudir, avec un petit sourire. Ariane avait dit quoi de toute manière ? Certainement pas quelque chose qui allait me desservir puisque c'est ma meilleure amie. « Elle t'as dit quoi ? Que j'suis homo ? Parce que si c'est ça, c'était une blague hein. » dis-je pour essayer de détendre l'atmosphère, mais en fait j'étais tellement énervé moi-même que j'y arrivais pas. J'me détendais même pas moi-même. Dire que la journée avait plutôt bien commencée ; il avait fallu que le prof rallonge son cours et que maintenant Avery vienne signer mon arrêt de mort sans raison.

Pourquoi il tape dans ses mains maintenant ? Elle t'as dit quoi ? Que j'suis homo ? Parce que si c'est ça, c'était une blague hein. Attend il essaye de faire une blague ou c'est moi qui m'imagine des choses ? Dans tout les cas c'est pas drôle. Je serra d'avantage mon poing, le regardant avec un regard noir. Heureusement que je n'ai pas de laser à la place des yeux. Tu te fous de ma gueule depuis le début. Tu joues au pote avec moi pour pouvoir atteindre Briony. Nan, mais t'as pas trouvé mieux pour faire du mal à une Mather. T'es pathétique. Pourquoi la guerre Mather-Eliot existe ? Ça change vraiment les gens. Ça les rend manipulateurs et sournois. Je sais pas pourquoi Ariane me l'a dit, mais maintenant que c'est fait arrete de jouer à l'ami, okay ? C'est limite un ordre ce qu'viens de lui dire !

« Tu te fous de ma gueule depuis le début. Tu joues au pote avec moi pour pouvoir atteindre Briony. Nan, mais t'as pas trouvé mieux pour faire du mal à une Mather. T'es pathétique. ». Je laissais tomber mon sac à dos à mes pieds. Ca commençait à sérieusement m'énerver ces accusations de merde. Je serrais à mon tour les poings, plus qu'énervé. « Je sais pas pourquoi Ariane me l'a dit, mais maintenant que c'est fait arrete de jouer à l'ami, okay ? ». Il me saoulait. Non mais pour qui il se prenait ? Il est pas censé être un pote et me demander ma version aussi ? « Faire du mal à Briony ? Non mais t'es sérieux là, tu crois que j'ai que ça à faire de faire chier ta soeur ? » Je secouais la tête. « A quoi ça servirait que je veuille faire du mal à la meilleure amie de mon frère ? Pour que ce soit tendu entre nous après ? ». C'était débile.

Faire du mal à Briony ? Non mais t'es sérieux là, tu crois que j'ai que ça à faire de faire chier ta soeur ? Oui. A quoi ça servirait que je veuille faire du mal à la meilleure amie de mon frère ? Pour que ce soit tendu entre nous après ? Son frère ? C'est qui son frère ? Faut vraiment que je songe à  faire un arbre généalogique de mes potes. Du moins savoir qui est le frère de qui. Bref. Je resta silencieux un certain nombre de secondes, me répétant ses derniers paroles dans la tête. Attend, ça veut dire qu'il est pas dans le coup ? C'est pas possible .. Si Ariane est dedans, il y est aussi. Pff ... Tu veux dire que t'as rien voulu faire contre elle ? Et là, je suis le gars le plus stupide de la planète. N’empêche, j'ai toujours ce doute dans mon esprit. Et si il ment encore une fois ? Et s'il se paye encore une fois ma tronche ? Je ne sais plus quoi penser. Est-ce que je dois lui faire confiance ? Est-ce que je dois le croire ?

Il me regardait, bouche bée, certainement en train de réaliser que les réactions de rageux ça marche pas du tout avec moi. Ca m'saoulait plus qu'autre chose. Et puis franchement qu'est-ce que j'en ai à foutre de sa soeur ? « Tu veux dire que t'as rien voulu faire contre elle ? ». Je lèvre les yeux au ciel et reprends mon sac à dos que j'avais laissé au sol. « Ecoute Avery, je me contre fous de ta soeur comm de l'an quarante, d'accord ? ». Il allait certainement mal le prendre mais tant pis, c'était la vérité. J'la "tolère" - et dieu c'est que le mot est fort - parce qu'elle cotoie mon frère et pour rien d'autre. « Donc maintenant tu vas m'expliquer ce pour quoi tu accuses ma meilleure amie. Parce que si tu t'en prends à Ariane, tu t'en prends à moi. ». Si y a une femme qui doit être la femme de ma vie, c'est Ariane, et j'accepterais jamais que quelqu'un lui manque de respect ou la fasse passer pour ce qu'il n'est. On peut m'attaquer, mais Ariane on n'y touche pas.

Ecoute Avery, je me contre fous de ta soeur comme de l'an quarante, d'accord ? Donc maintenant tu vas m'expliquer ce pour quoi tu accuses ma meilleure amie. Parce que si tu t'en prends à Ariane, tu t'en prends à moi. Quelles belles paroles. Il ne faut surtout pas toucher à Ariane, attention. Je detourna le regard, scrutant le visage de certains de mes camarades. Mon cours ne va pas tarder à débuter, mais tout d'abord il faut que je lui dise les raisons de ma réaction. Pourtant je suis presque sûr qu'il est au courant du plan de la Kennedy. Elle m'a dit hier qu'elle s'est rapprochée de moi pour atteindre Briony. Il comprend maintenant ma réaction ? On ne touche pas à ma soeur et encore moins par mon intermédiaire. Ce que je déteste c'est qu'on fasse du mal à Briony, surtout depuis que ma famille est décédé à Chicago. C'est comme ça, je suis sur protecteur et je m'emporte vite quand elle est en jeu. J'peux pas connaitre toutes les personnes qui déteste ma soeur - entre les eliots et ses ennemis naturels - y a bien trop de personne. Et on ne touche pas à ma famille. Encore moins pas mon intermédiaire. Mon ton de voix redevenu normal.