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« Si je n'avais déjà pas ce mental d'acier, j'aurais abandonné dès le début, quand tu ne répondais pas à mes avances, très chère. J'essaie de te comprendre, je viens moi aussi d'une famille étant souvent exposé aux yeux des médias, et ce n'est hélas, pas facile tous les jours » Je mentirai si je disais que je n’ai jamais entendu parler de sa famille. Les médias semblent d’ailleurs affectionner sa famille bien plus que beaucoup d’autres, ou au moins, ils semblent s’y intéresser. Diverses rumeurs courent hélas sur les Conwell, cependant je ne saurai dire exactement de quoi il s’agit. Je ne m’intéresse que très peu à ces choses-là au grand désarroi de ma mère. Les médias disent le plus souvent des mensonges dans l’unique but de vendre plus de papier et j’avoue que cela m’a toujours fortement agacé. Je suis obligée d’être irréprochable depuis ma plus tendre enfance pour que les photographes ne puissent pas avoir de clichés de mes erreurs, mais même en étant si prudente ils se sont parfois permis d’inventer des choses impensables dans l’unique but de me mettre en une des journaux. On m’a prêté quelques liaisons houleuses et ma mère est heureusement toujours intervenue à temps. Avec sa horde d’avocats ils ont fait taire chaque chose une à une. Mais lorsque l’on a pas autant de temps pour s’en préoccuper on les laisse courir, jusqu’à ce qu’une rumeur plus folle encore sorte et nous laisse regagner l’ombre. C’est une alternance d’ombre et de lumière que vivent la plupart des familles importantes de ce pays et même si c’est sacrément agaçant, impossible de se plaindre. De quoi ? D’être riche ? D’être connue ? D’avoir des privilèges ? De bonnes relations un peu partout ? Vous comprendrez qu’on ne peut pas se faire passer pour la victime car nous sommes au sommet de l’échelle sociale et que l’on ne peut pas nous plaindre. « En effet, c’est loin d’être évident. Mais on apprend à devenir irréprochable au fil du temps. On apprend à montrer le meilleur profil avant même d’apprendre à marcher, du moins dans ma famille. » Plaisantais-je me détendant un peu. Après tout cet argent peut avoir une explication logique, non ? J’en doute fort cependant je me fais doucement happée par notre conversation… Je trempe du bout de ma fourchette un morceau du canapé de homard dans sa sauce et la porte à mes lèvres. C’est exquis, somptueux. Je suis habituée à la grande gastronomie, ce n’est plus nouveau pour moi pourtant j’apprécie particulièrement ce plat. Il est… Parfait. C’est le bon mot, comme Draco. Telle une enfant à qui l’on propose des sucreries, j’apprécie ce plat et ne me prive pas de le déguster, lentement mais avec la plus grande excitation. Les papilles doivent selon moi, être au moins autant stimulée que notre corps. Les plaisirs culinaires ont presque autant d’importance que les plaisirs charnels. « Tout va très vite et il est parfois difficile de n'avoir personne qui veille sur nous. Moi je n'ai jamais connus ma mère, peut-être qu'elle le ferait si elle avait été là... » Je m’arrête dans ma dégustation pour observer son visage lorsqu’il se confie à moi. Je suis Ariane Irina Milan Kennedy, je suis froide, calculatrice, manipulatrice et parfois même un peu garce. Que dis-je, souvent. Pourtant, il m’attendrit et j’ai envie de le serrer contre moi, de lui offrir mon épaule pour se confier d’avantage, de l’embrasser délicatement pour tenter de le réconforter. Il n'en a ’certainement pas besoin, mais je suis tout de même envahie par cette envie. Je n’ai pas de liens forts avec ma mère, mais je ne voudrais pas ne pas l’avoir dans ma vie, c’est certain. Je mordille ma lèvre inférieure, ne trouvant pas vraiment quoi répondre. En réalité, je ne suis pas douée pour ce genre de chose, trouver les bons mots pour palier à ce genre de situation. Je hausse les épaules délicatement. « En tout cas elle doit être fière, car même sans sa présence tu t’en es très bien sorti… Tu as bien plus de mérite que moi avec ma mère qui m’a couvé toute mon enfance… » C’est pas la chose à dire ? Je ne sais pas, je ne sais plus. Ses confidences, son regard perçant, tout cela me trouble et je me sens telle une enfant, totalement perdue. « Si tu as besoin, je peux veiller sur toi… Certes notre relation n’aura rien de celle entre un fils et sa mère, mais je pourrais prendre soin de toi quand même… » Je suis stupide, je m’en rends compte. Il me parle de l’absence de sa mère et la seule chose que je trouve à faire c’est lui offrir ma présence, et cela sur un ton plein de sous-entendus. Quelle idiote ! Je suis maladroite quand il s’agit de sentiments. Et c’est bien de ce dont il est question ici, non ? J’aurai sans doute dû ne pas écouter Lehna, ne pas m’embarquer dans ce rendez-vous capable de bouleverser mes principes, de faire tomber mes barrières. Mais je suis là maintenant, et dans le fond, j’apprécie d’être ici. « Excuses moi, c’était sans doute maladroit… » Dis-je en lâchant ma fourchette pour plonger mes yeux dans les siens. « Puis-je t’embrasser pour me faire pardonner ? » Demandais-je dans un souffle presque inaudible, avant de me pencher au-dessus de la table.
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