LEA/SOFIA ❝ So you're Lea ? ❞

J’avais quitté New York depuis quelques jours et mon retour à Cambridge était un peu difficile. Le temps que j’avais passé là-bas avait été suffisant pour que je m’y habitue.  J’allais devoir retrouver mes repères ici. J’avais manqué un mois de cours pour rester auprès de Calhen à New York. Mon petit ami était encore en rééducation et je détestais l’idée de le laisser tout seul. Avec son accident, je m’étais beaucoup inquiétée pour lui. Et puis, il me manquait. J’avais passé ces dernières semaines avec lui. Du coup, ça me faisait bizarre de rentrer le soir et de retrouver mon grand loft vide. Enfin, je savais que ce n’étais qu’une question de temps et que je reprendrais mes habitudes. Quant à Calhen, j’avais déjà prévu d’aller le retrouver à New York chaque week-end.

C’était la fin de la journée et j’allais pouvoir rentrer chez moi. Ce qui était plutôt une bonne chose. Je m’arrêtais à mon casier afin d’y déposer quelques affaires. J’adressais un léger sourire à la jeune femme qui avait le casier voisin. C'était un visage que je n'avais encore jamais vu, mais je n'étais de retour que depuis peu. Et puis, je remarquais qu'un bouquin était sur le sol. Je me baissais pour le ramasser - " Je crois que c'est à toi, non ?" - Dis-je en le lui tendant.

Je posais mon regard bleu sur cette jeune femme. Elle me remercia avec politesse et j'étais surprise de l'entendre me vouvoyer. C'était peu commun entre étudiants d'Harvard, même lorsqu'on ne se connaissait pas. Elle se présentait ensuite à moi comme étant Léa. Je lui adressais un nouveau sourire avant de reprendre la parole : " Enchantée, Léa. Moi, c'est Sofia... et je pense qu'on peut se vouvoyer, non ?" - Le vouvoiement me donnait toujours l'impression de me retrouver dans ses soirées avec les gens de la "haute" - " Tu n'es pas d'ici, non ? J'ai cru entendre un petit accent ? Français peut-être ? - Demandais-je, intriguée.

Au premiers abords, Léa me semblait être quelqu'un de doux et sympathique. Celle-ci me confiait qu'elle venait effectivement de France. De Paris plus précisément. Attendez. Une Léa fraîchement débarqué de Paris. J'avais l'impression d'avoir déjà entendu ça avant. Je me rappelais ma conversation avec Tyler, lorsqu'il était venu me rendre visite. Je me souvenais qu'il m'avait parlé d'une Léa qu'il avait rencontré à Paris. Il m'avait dit qu'elle l'avait beaucoup aidé et qu'il l'avait emmené avec lui à Cambridge. C'était forcément elle. J'en étais sûre. J'étais restée silencieuse quelques secondes en réfléchissant à tout cela. Puis, je répondais enfin à sa question : " Je suis Russe. De Saint-Pétersbourg. " - Cela n'était peut-être pas flagrant, car je n'avais pas d'accent fort prononcé. J'avais appris l'Anglais et le Russe depuis que j'étais gamine - " Et j’entame ma cinquième année ici." - J'étais moi aussi étrangère et j'avais vécu la même chose qu'elle. Il y a cinq ans, j'avais débarqué ici et je ne connaissais rien à Cambridge - " Ma question va peut-être te surprendre, mais tu es une amie de Tyler Fever, n'est-ce pas ?" - Demandais-je finalement. Je n'étais pas du genre à tourner autour du pot, alors je le lui demandais directement.

Un nouveau sourire se dessinait sur mes lèvres. Oui, la Russie était un beau pays. J'aimais particulièrement ma terre natale et je devais admettre qu'il me manquait. La jeune femme sembla étonnée lorsque j'évoquais Tyler, ce que je pouvais comprendre. Elle ne me connaissait pas et moi, je la questionnais sur ça. Elle semblait gênée, la pauvre - " Oui. Je suis aussi une amie de Tyler. En fait, il m'a un peu parlé de toi... enfin il m'a juste dit qu'il t'avait rencontré à Paris, que tu l'avais aidé et que maintenant tu étais ici à Cambridge." - Dis-je doucement. Je ne voulais pas qu'elle se sente davantage gênée en essayant de deviner ce qu'il avait pu me raconter.

J’écoutais les paroles de la jeune femme. Tyler n’avait pas tellement été dans les détails lorsqu’il m’avait parlé de Léa. J’ignorais d’ailleurs où il l’avait rencontrée, mais Léa répondit à cette interrogation-là.  Et puis, je fus surprise d’apprendre à quoi elle l’avait aidé. La drogue ? Tyler ne m’avait pas parlé de ça. Il s’était contenté de me faire comprendre qu’il avait traversé quelque chose de mauvais et qu’il avait eu l’aide de la petite frenchie. Léa poursuivait en me confiant pourquoi elle était ici et ce qui l’avait fait hésité à venir. Je pouvais le comprendre si elle avait laissé sa sœur et que son père était violent. Elle ne semblait pas avoir une vie facile – « Heureusement que Tyler est tombé sur toi, alors. Tu sembles l’avoir bien aidé. Je suis son amie et je n’étais même pas consciente de ce qu’il traversait avec la drogue. Je n’ai pas été la meilleure des amies et ensuite, il à quitter le pays. » – J’avais eu aussi ma mauvaise période et je m’étais éloignée de tout le monde. Si j’avais vu Tyler, peut-être que j’aurais compris que quelque chose n’allais pas. C’était bien que Léa ai pu aussi trouver un soutien chez Tyler. Les problèmes de sa famille ne devaient pas être facile à gérer - « Moi, j’ai rencontré Tyler dans une salle de sport. Il travaillait là-bas à l’époque et je venais de vivre quelque chose de traumatisant. J’avais besoin du sport pour m’aider à traverser ça. Tyler à presque tout de suite compris ce qui m’arrivait et il m’a pas mal aidé aussi. C’est un bon ami, quelqu’un sur qui on peut compter. Alors, je ne suis pas étonnée de savoir qu’il t’a aussi aidé en retour. »