judillie ► It's the friends you can call up at 4 a.m. that matter.

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 Judillie

fiche par ©century sex  

Billie était quelqu’un de bien. Ça ne fait aucun doute. La preuve, c’était qu’elle ne me connaissait pas tant que ça quand elle m’avait fait don de sa moelle osseuse alors que j’étais retombé malade. Et tout de suite, quand je lui raconte qu’Aaron a la même merde, elle aurait été prête à se faire charcuter le dos une deuxième fois rien que pour mon fils. Oui, elle était vraiment quelqu’un de bien. Quand j’y repensais, c’était ce qui me faisait le plus peur : j’avais moi-même vécu une rechute de la maladie, et j’avais peur qu’Aaron ait la même vie que moi. Cette vie dans laquelle je devais tous les deux mois faire des tests à l’hôpital pour être sûr que le cancer ne revienne pas. Être constamment vigilant par rapport à sa santé. Ça n’était pas une vie de passer son temps dans les hôpitaux et mon fils allait devoir subir la même chose que moi. Ça me faisait de la peine. Et j’étais juste apeuré à l’idée de le perdre. Certes, il n’avait pas été désiré. Certes, ça avait été un coup dur quand Samara me l’avait laissé sur le perron de ma porte à la Dunster House. Mais je m’étais tellement attaché à lui. Je l’aimais tellement ce petit bout de chou. Je disais tout de même à Billie qu’elle n’allait quand même pas remettre sa santé en danger pour nous, parce que oui, faire don de moelle osseuse ça peut tourner mal, même si c’est extrêmement rare. Mais un faux mouvement de la part du médecin, et elle pourrait être paralysée à vie. « Tu crois vraiment que s'il s'avérait que j'sois compatible, j'le laisserais souffrir jusqu'à ce qu'on lui trouve un autre donneur ? Juste parce que j'aurais mal pendant, quoi, quelques jours ? » Je me mordais la lèvre et je baissais un peu les yeux. Bien sûr qu’elle avait raison. Je la voyais mal nous regarder galérer alors qu’elle pourrait nous aider. « Ouais… t’as raison… », répondais-je calmement. « Sois pas bête. La vraie question c'est est-ce qu'elle, elle le ferait ? » J’haussais les épaules en soupirant, « J’en sais rien… elle est revenue pour le voir, alors je suppose que oui ? » Je souris légèrement et je regardais la bouffe que j’avais ramené, « On mange avant que ça soit froid ? » Et on change de sujet aussi, si possible. Parce que j’allais devenir fou à force de parler de tout ça. Je voulais juste oublier mes problèmes le temps d’une soirée.

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Assise sur le lit, j'observais Aaron qui était en train de s'assoupir à une vitesse incroyable. C'était sûrement comme ça les enfants, je ne savais pas trop. Avant lui, je n'en avais jamais fréquenté donc je ne savais rien d'eux. Mais il s'agissait du fils de mon meilleur ami, alors j'avais mis de côté mon incompétence totale en Juillet et j'avais appris à connaître le bébé au fur et à mesure. Et ça me déchirait le cœur de savoir qu'il allait très certainement traverser tout ce que Jude avait dû subir tout au long de sa vie. Alors si par miracle, je pourrais faire quelque chose dans le futur pour l'aider à s'épanouir sans trop de douleurs et de craintes, c'était certain que je sauterais le pas sans me poser de question. Mais les chances restaient assez faibles malgré tout et il fallait que je cesse de me faire des illusions. « J’en sais rien… elle est revenue pour le voir, alors je suppose que oui ? » C'était déjà ça. Si Jude avait confiance, si lui pensait qu'elle serait volontaire pour faire quelque chose, alors c'était qu'il avait sûrement raison. Parce qu'il devait être la personne qui avait le plus de rancœur envers elle, donc le plus à même de n'avoir aucune confiance en ce qui la concernait. « On mange avant que ça soit froid ? » Ça, c'était du Jude tout craché pour signaler de changer de sujet. Je soupirai, passai mes mains sur mon visage et me relevai pour aller jusqu'au bureau et m'asseoir sur l'une des chaises. « T'as ramené des sushis, Jude .. Faudrait plutôt manger avant que ça soit chaud, » tentai-je pour déplomber un peu l'ambiance. Même si c'était dur, parce que le sujet ne pouvait pas être oublié aussi facilement. Voire pas du tout. Je poussai le sac cartonné vers lui avec une grimace. « Tiens, je te laisse ma part. J'peux rien avaler là et encore moins du poisson cru. » Ouais, je n'étais définitivement pas remise de ma monstrueuse cuite.

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J’en avais assez de parler de maladie, de parler de mort. Je voulais juste me changer les idées, parce que j’allais mal et que ça n’aiderait pas qu’on polémique là-dessus pendant trente ans Billie et moi. Je savais qu’elle était là pour moi quoi qu’il arrive, et que je pourrais compter sur son soutien au cas où on devrait trouver un donneur pour mon fils. En attendant, nous n’en étions pas encore là, il fallait avoir un peu d’espoir même si c’était difficile d’en avoir dans ce genre de circonstance. Je regardais le sachet de bouffe que j’avais rapporté et je demandais à Billie si on pouvait manger avant que ça ne soit froid. J’étais tellement à côté de mes baskets que j’avais oublié que j’avais rapporté un truc qui se mangeait justement froid. Et Billie ne manqua pas de me le faire remarquer, « T'as ramené des sushis, Jude .. Faudrait plutôt manger avant que ça soit chaud, » Je ris légèrement et j’hochais la tête, « Ouais c’est vrai… » Je souris et je sortais les boites du sachet plastique. Je n’étais même pas sûr d’avoir beaucoup faim, mais si je commençais comme ça je ne mangerais jamais. « Tiens, je te laisse ma part. J'peux rien avaler là et encore moins du poisson cru. » Je fronçais un peu les sourcils et je m’asseyais sur son lit, chopant le premier sushi pour le mettre à ma bouche et le manger. J’analysais ma meilleure amie, je ne m’étais même pas rendu compte qu’elle avait quelque chose de bizarre. Enfin.. je savais ce qu’elle avait, puisque j’étais un Mather, et que ça m’était arrivé à moi aussi plus d’une fois. « Attends, je rêve ou t’as la gueule de bois là ? », demandais-je en plissant les yeux. Je soupirais en secouant la tête, « Billie… » J’étais là, à lui parler de mes problèmes et je ne me rendais même pas compte qu’elle aussi n’était pas au top de la forme.

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Manger, là, c'était bien la dernière chose que j'avais envie de faire. Le souvenir de ma tête coincée dans la cuvette était encore bien trop frais dans ma tête ; chaque fois que j'y repensais, j'avais un haut le cœur. Certainement que j'avais abusé sur la boisson hier soir - mort de loul, c'était plus sûr que deux et deux font quatre - et j'avais dû faire des mélanges assez immondes pour avoir fini dans cet état là. Pour ne plus me souvenir de quand et comment j'étais rentrée chez moi, j'avais dû me mettre dans un état pitoyable. Alors quand Jude m'avait envoyé des messages, me demandant s'il pouvait passer parce qu'il avait des choses à me dire en personne, j'avais forcé mon organisme à se stabiliser pour quelques heures, afin que je puisse avoir une discussion sérieuse et ininterrompue avec mon meilleur ami. J'avais réussi à tenir bon, mais s'il me foutait un paquet de sushis sous le nez, je ne répondais plus de rien. J'devais avoir viré un peu verte, parce que Jude me regarda bizarrement. « Attends, je rêve ou t’as la gueule de bois là ? » Est-ce que c'était la gueule de bois, ou est-ce que j'avais ingurgité tellement d'alcool la nuit dernière que j'étais encore bourrée ? À quelle heure j'avais arrêté de boire, d'ailleurs ? Aucune idée, mais j'étais dans le mal. « Billie… » Il soupirait et je ne savais pas trop si c'était une façon de me reprocher mon attitude, ou autre chose. Je me levai pour aller chercher deux grands verres d'eau, ainsi que deux Advil pour moi. Ouais, parce que le marteau avait commencé à cogner dans mon crâne. « C'est rien, j'ai un peu trop forcé sur la boisson hier soir. » Euphémismeee. « Tu sais comment c'est : un verre de Tequila en entraînant un autre .. » dis-je en tentant un sourire pour éviter de montrer que j'étais au bord de l'agonie.

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J'avais été tellement obnubilé par mes problèmes que j'en étais devenu complètement aveugle sur ceux de ma meilleure amie. Pourtant, maintenant que je faisais bien attention, on voyait à des kilomètres à la ronde qu'elle avait une belle gueule de bois. Les cernes qu'elle avait tenté de masquer avec un peu de maquillage, mais aussi... juste sa façon d'être en général en fait. Je connaissais trop bien cet état pour pouvoir le reconnaître chez n'importe qui. Ça me faisait de la peine, parce que quand je voyais ça, je me disais qu'elle aurait mieux fait de rester la petite Eliot que j'avais connu. Oui, peut-être que j'aurais préféré que ma meilleure amie reste Eliot, et je n'aurais jamais pensé dire ça un jour. Mais au moins, je n'avais pas à m'inquiéter pour elle en ce qui concerne la drogue ou même l'alcool. Elle était dans une phase difficile, et moi je venais lui rajouter mes propres états d'âme sur les épaules. Je m'en voulais un peu d'être là me plaindre pour le coup, elle aussi avait des problèmes et pas des moindres depuis qu'elle avait apprit qu'elle ne pourrait jamais avoir de bébé. Je la regardais aller se chercher à boire et un médoc', ainsi qu'un verre d'eau pour moi aussi alors que je mangeais un sushi. God ce que j'aimais ça, les sushis. « C'est rien, j'ai un peu trop forcé sur la boisson hier soir. » Je fronçais légèrement les sourcils. Ça, j'avais remarqué ouais. « Seulement un peu ? », demandais-je en secouant la tête, levant les yeux au ciel. Ça n'avait pas été qu'un peu vu l'état dans lequel elle était à cette heure-ci. « Tu sais comment c'est : un verre de Tequila en entraînant un autre .. » Je soupirais et je me lavais pour prendre mon verre d'eau et boire une gorgée, « Et je peux savoir ce qui t'a prit de te mettre dans un état pareil ? » C'était plutôt ironique que je dise ça, parce que je lui faisais la morale mais j'étais loin d'être mieux. Dès que j'allais mal, je me mettais toujours à boire comme un trou. Mais bon, j'avais vraiment peur qu'il lui arrive des bricoles alors je jouais mon rôle de meilleur ami à fond, bien que je n'étais pas mieux quoi.

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D'accord, je n'avais jamais aussi mal vécu une gueule de bois qu'aujourd'hui il fallait l'avouer. Elle était sacrément corsée et je doutais que les pauvres cachets d'Advil que je venais de prendre allaient avoir un quelconque effet là-dessus. J'avais un marteau dans le crâne, des nausées et du mal à réfléchir convenablement. Mais en même temps, qu'est-ce que j'étais censée faire quand mon meilleur ami m'envoyait des SMS, m'annonçant qu'il voulait passer parce qu'il avait des nouvelles qui étaient loin d'être joyeuses ? Devais-je lui dire quelque chose comme "Oh non, j'ai la gueule de bois, je ne tient pas debout cinq minutes sans me mettre à vomir, il faudra que ça attende un autre jour" ? Non, je ne pouvais pas faire ça. Je pourrais si je le voulais, mais jamais je ne me l'autoriserais, par respect pour notre amitié et pour lui tout simplement. Je lui avouai avoir un peu forcé sur l'alcool, même si le terme restait un doux euphémisme, qui le fit aussitôt réagir. « Seulement un peu ? » Je haussai les épaules en baissant les yeux, commençant à triturer mes ongles parce que je sentais la morale arriver et que je n'étais pas du tout en forme pour ça. « Et je peux savoir ce qui t'a prit de te mettre dans un état pareil ? » Je croisai mes jambes et relevai la tête, bien décidée à m'en sortir par une plaisanterie. « Oh allez Jude, t'es le premier à m'embarquer pour faire la fête dès que t'as un peu de temps libre. Sois pas jaloux parce que pour une fois j'y suis allée sans toi, » dis-je avec un petit sourire, pour camoufler le mal être que je ressentais rien qu'en pensant à la raison qui me poussait à boire de la sorte.