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 Judillie

fiche par ©century sex  

On ne peut pas dire que je pétais la forme. Pourtant, la semaine avait bien commencée. Les cours se passaient bien – en même temps je redoublais mon année alors c’était normal que je trouve ça facile et je n’avais pas à me tuer le poignet à devoir réécrire tous les cours. Le problème, c’était Aaron qui n’arrêtait pas de tomber malade ce qui m’inquiétait de plus en plus. Après tout, il n’avait qu’un an alors il avait un organisme beaucoup plus fragile que le nôtre. Qu’il attrape des rhumes et des angines à répétition alors que nous étions au début de l’automne, ça n’était pas normal. Leandra m’avait conseillée de l’emmener chez le médecin ce que j’avais fait et il m’avait dit de lui faire faire une prise de sang, juste pour s’assurer qu’il n’y avait rien de grave vu mes propres problèmes de santé. J’avais reçu les résultats de la prise de sang aujourd’hui et pas la peine d’attendre l’avis du médecin pour la comprendre. Ça n’était pas bon, vraiment pas bon. Je m’étais précipité en ville pour en parler avec Roxanna et une fois sortis du Luna Coffee, j’allais à la crèche récupérer Aaron qui comme à son habitude depuis deux, trois semaines était tout palot et extrêmement fatigué. Sur la route, je m’arrêtais à un sushi shop pour prendre de quoi manger et en arrivant à la Mather House, au lieu de me diriger vers ma propre chambre je toquais à celle de ma meilleure amie, tenant de la bouffe dans une main et mon fils dans mes bras.

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Penchée au-dessus du lavabo dans ma salle de bain, je frottai mon visage agressivement avec un coton pour tenter de retirer les marques noires sous mes yeux. J'avais passé la nuit dehors, je ne savais plus où, mais je m'étais réveillée sur le sol de ma chambre quand j'avais reçu le SMS de Jude un peu plus tôt. SMS qui m'avait carrément inquiétée, by the way. Alors je m'étais levée pour remettre de l'ordre dans la chambre et aller prendre une douche, mais dès que je m'étais retrouvée à la verticale, j'avais été prise de nausées monstrueuses et j'avais passé les deux heures suivantes avec la tête dans la cuvette. Heureusement qu'il m'avait avertie de son passage plus tôt car j'étais à peine en train de me remettre de ce bout de journée affreux. Je n'avais plus aucunes couleurs sur le visage, hormis le noir de mon mascara qui avait coulé, alors je maquillai un peu tout ça en insistant sur mes pommettes pour me retirer ce visage de zombie. Je terminai d'enfiler mon jogging quand on toqua à la porte alors j'inspirai un bon coup et j'allai lui ouvrir avec un sourire imposé sur mon visage. « Hey, » dis-je en déposant une bise sur sa joue. Je tendis les bras pour attraper Aaron et je le déposai sur ma hanche. « Salut toi. » J'embrassai son front plusieurs fois, détestant ce sentiment qui me prenait à la gorge. Je n'avais pas tenu d'enfant dans mes bras depuis que j'avais appris que j'étais stérile et j'avais plus de mal à y faire face que ce que j'aurais pensé. Me poussant sur le côté, je laissai Jude entrer, mon attention tournée sur le fait que son fils avait l'air bien plus pâle que d'habitude. « Il est malade ? »

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Billie était la deuxième personne que j’avais pensé à prévenir. C’est vrai que ça n’avait pas été fort entre nous depuis la Housing Day et du coup je m’en voulais un peu d’avoir frappé Alex. Surtout qu’elle ne devait pas aller très bien avec cette histoire comme quoi elle était stérile, ça ne devait pas être facile à gérer et comme je courrais dans tous les sens entre mes études et Aaron, je n’avais pas pris le temps de prendre de ses nouvelles et j’en avais honte parce que ça n’était pas digne d’un meilleur ami. Billie avait toujours été là pour moi quand j’en avais eu besoin et il y a un peu plus d’un an, quand ma maladie était revenue elle avait été sans me dire faire un test de comptabilité et avait accepté de me donner un peu de moelle malgré les risques que comportaient l’opération et la douleur. Si j’étais encore vivant, c’était uniquement grâce à elle. Je me devais d’être également là pour elle alors qu’elle en avait besoin. Elle avait tout de même une petite mine quand elle ouvrit la porte et ça m’a tout de suite inquiété. « Hey, » Je lui souris et je lui rendais son baiser, la laissant prendre Aaron dans ses bras. En la voyant avec, je venais de réaliser qu’amener le petit était peut-être une mauvaise idée vu… sa situation actuelle. « Salut toi. » Je passais une main dans les cheveux d’Aaron qui sourit à Billie, « Fais un bisou à Billie mon cœur » Aaron se tourna pour me regarder, puis il déposa ses petites lèvres sur la joue de ma meilleure amie, me faisant directement sourire. J’entrais dans sa chambre et je regardais autour de moi, « Il est malade ? » Je soupirais et j’allais poser les boites sushis sur un bureau, me tournant alors vers ma meilleure amie, « Ça se voit tant que ça ? » Je m’approchais d’eux et je passais ma main sur le front d’Aaron pour vérifier sa température. « Ouais, en fait c’est ça le problème… il est malade et.. y’a de grandes chances que ça soit… assez sérieux.. »

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J'avais du mal à réaliser que depuis la soirée du Housing Day quelques semaines plus tôt, Jude et moi nous étions tout bonnement ignorés comme de parfaits inconnus. Ça ne nous ressemblait pas. Lui et moi, on s'engueulait constamment mais ça n'avait jamais été sérieux. C'était ça qui m'avait fait peur surtout. Immédiatement, je m'étais sentie défaitiste et j'avais cru l'avoir perdu pour de bon. C'était étrange, depuis que j'avais perdu Roxanna en un claquement de doigts, j'avais une peur panique de perdre Jude aussi facilement. Je n'avais pas trop eu le temps de ruminer notre dispute, puisque j'avais appris à peine une semaine plus tard que jamais je ne pourrais avoir d'enfants. Depuis, j'étais au fond du trou à nouveau et je me laissais tomber sans scrupules. Alors pour ne pas inquiéter mon meilleur ami, j'avais décidé de camoufler mon état comme il fallait avant qu'il n'arrive. Je m'étais dit qu'un peu de blush ferait l'affaire. Au moment où il entrait dans ma chambre, je placardai un sourire sur mon visage, qui ne dura pas longtemps puisque je remarquai assez rapidement l'état d'Aaron. Inquiète, je touchai les joues du bébé mais ne détectait pas de température. « Fais un bisou à Billie mon cœur » Je me mis à sourire malgré ce foutu pincement au cœur qui me fit brièvement fermer les yeux. « Ça se voit tant que ça ? » Je grimaçai un peu en hochant la tête, berçant son fils contre moi. « Ouais, en fait c’est ça le problème… il est malade et.. y’a de grandes chances que ça soit… assez sérieux.. » J'arrêtai de bercer Aaron et je tournai un regard peu rassuré vers Jude. Quoi, il avait une angine carabinée ? Je continuai de fixer mon meilleur ami, puis je me sentis pâlir d'un coup. Si c'était possible de devenir encore plus pâle que je ne l'étais déjà sous le fond de teint. « Jude .. Comment ça "sérieux" ? » Je sentis mon cœur battre dans ma gorge, le stress montant en flèche. « Dis-moi que c'est pas .. ce à quoi j'pense. »

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C’est vrai que ça faisait bizarre de ne pas trop parler à Billie depuis cette histoire à la Housing Day. Je n’avais vraiment pas fait ça pour la rendre en colère. Je savais qu’elle serait fâchée, mais pas à ce point en fait. Je pensais à son bonheur avant tout et si elle était bien avec Alex, alors tant mieux pour elle ! Je le connaissais bien et je savais qu’il était quelqu’un de bien. Quand on ne parlait pas du côté drogué. Parce que ouais, il consommait de la drogue et j’avais terriblement peur qu’elle replonge à côté de lui, d’où ma réaction. Enfin, on s’était quand même parlé quand elle m’avait confié les problèmes de santé qu’elle avait, notamment du fait qu’elle ne pourrait certainement jamais avoir d’enfant. J’imaginais bien que ça devait la rendre triste et c’était mon rôle de la rassurer, chose que je n’avais pas su faire. Je me demandais si c’était pour ça qu’elle avait une si petite mine. Si elle pensait pouvoir me duper, c’était raté. J’avais vu tout de suite qu’elle n’était pas dans son assiette. Je la laissais malgré tout prendre Aaron dans ses bras, même si je ne pensais seulement qu’après que j’aurais dû le garder, car voir des enfants n’était pas forcément agréable pour elle. Elle me demandait si Aaron était malade et je lui demandais comment elle le savait. Même si en fait, vu la mauvaise mine d’Aaron, c’était presque évident. Alors je commençais à lui parler. A lui dire que c’était sérieux. « Jude .. Comment ça "sérieux" ? » Je me mordais la lèvre et je baissais les yeux, sans savoir comment lui expliquer quand elle ajouta d’un air inquiet, « Dis-moi que c'est pas .. ce à quoi j'pense. » Je relevais le regard vers Billie et après plusieurs longues secondes de silence, j’hochais la tête doucement. « C’est… c’est ce à quoi tu penses… » Je souris tristement, passant ma main sur la joue du petit, « Pour l’instant ça n’est pas encore sur… il doit refaire une prise de sang la semaine prochaine mais… on n’écarte pas la piste... » Je soupirais, « C’est pas héréditaire mais... disons qu’il est très disposé à pouvoir l’avoir vu mes antécédents… » Et God qu’est-ce que je m’en voulais d’avoir en quelque sorte refilé cette merde à mon fils.

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L'année dernière, quand Jude m'avait annoncé sa rechute dans la maladie, ça n'avait pas été de la peur que j'avais ressentie. Non, c'était encore bien pire que ça. J'avais été terrorisée à l'idée de perdre mon meilleur ami. Comme le soir où Hannigan nous avait agressées Rox et moi et que j'avais eu une peur panique de la perdre à cause de lui. Ou comme quand elle s'était enfuie juste après ça et que j'avais eu peur qu'elle ne revienne jamais. Ça m'avait fait la même chose pour Jude ; le genre de peur qui vous figerait sur place si vous ne décidiez pas d'agir pour tenter de vous sortir de cette situation. Ça m'avait fait ça pour mon meilleur ami, donc je n'osais même pas imaginer ce que lui pouvait ressentir à l'idée que son fils puisse être victime de la même maladie à son tour. Je regardai le bébé que j'avais entre les bras, l'une de mes mains caressant son tout petit dos tandis que j'embrassais l'une de ses joues dodues. Je ne voulais pas trop qu'il perçoive la gravité de ce que son père était en train de m'annoncer. « C’est… c’est ce à quoi tu penses… » Accablée, je fermai les yeux pour parer l'humidité qui y faisait son apparition. Je berçai Aaron contre moi, mes yeux croisant ceux de Jude. « Pour l’instant ça n’est pas encore sur… il doit refaire une prise de sang la semaine prochaine mais… on n’écarte pas la piste... C’est pas héréditaire mais... disons qu’il est très disposé à pouvoir l’avoir vu mes antécédents… » Les mauvaises nouvelles, je n'en pouvais plus. Mais franchement, s'il s'avérait qu'Aaron était malade à son tour, ce serait un peu la goutte d'eau qui ferait déborder le vase. « D'accord, donc .. Donc c'est pas sûr pour l'instant .. » Ouais, je voulais me raccrocher à cet espoir pour le moment. Son "ça n'est pas encore sûr" était la seule partie que je voulais retenir de ce qu'il m'avait dit. Malheureusement, mon cerveau ne fonctionnait pas de cette façon. « Qu'est-ce qu'on fait si .. J'veux dire il est tout petit .. Comment on soigne un enfant de cet âge si vraiment il s'avère qu'il l'a .. ? »

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J’étais tétanisé à l’idée qu’Aaron ne s’en sorte pas. Je savais que je pensais tout de suite au pire mais c’était plus fort que moi. Le pire, c’était de me dire qu’il allait avoir la même enfance que j’avais eu : la même vie que j’avais. La peur incontrôlable d’une rechute, passer sa vie dans les hôpitaux, faire des examens régulièrement pour contrôler tout ça… ça n’était pas une vie de rêve et je m’en voulais de lui faire subir ça. Je savais que ça n’était pas directement ma faute, mais quand même un peu. J’expliquais à ma meilleure amie que les résultats de sa prise de sang n’étaient pas bon et que du coup, on pensait forcément à la leucémie. La prise de sang de la semaine prochaine allait être plus importante encore car si elle était toujours aussi mauvaise malgré les médicaments donnés par le médecin, ça voudrait dire qu’il avait bel et bien la leucémie. Je vis tout de suite sur le visage de Billie avait peur et c’était marrant de voir que ces deux-là s’étaient attachés l’un à l’autre alors qu’ils ne se connaissaient que depuis peu de temps. « D'accord, donc .. Donc c'est pas sûr pour l'instant .. » Je secouais la tête. Pas sûr, mais presque. Je préférais cependant garder cette remarque pour moi. Autant garder un peu d’espoir. « Qu'est-ce qu'on fait si .. J'veux dire il est tout petit .. Comment on soigne un enfant de cet âge si vraiment il s'avère qu'il l'a .. ? » Je fronçais les sourcils et je me tournais pour déballer les boites de sushis que j’avais ramené pour qu’on puisse manger ensemble, réfléchissant un peu. « Il est beaucoup trop jeune pour faire de la chimio… alors il faudrait qu’on attende au moins deux ans pour commencer à lui faire des cures de chimio… le problème c’est que pendant les deux ans, son système immunitaire n’est quasiment pas fonctionnel donc il pourrait très vite attraper toutes les maladies du monde… » Je soupirais, bref, ça allait être l’enfer. « Ensuite, si la chimio marche et bien tant mieux et sinon, on va devoir parler de greffe et là… là je pense qu’on devra encore attendre parce que ça m’étonnerait que si jeune on puisse avoir une greffe… j’en sais rien… » Je m’appuyais sur le bureau en fermant les yeux. « Pourquoi il faut toujours que le sort s’acharne sur nous ? » Je serrais les dents, essayant de me reprendre. Si je venais à perdre mon fils, je ne savais pas de quoi je serais capable.

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Épuisée moralement et physiquement, j'allai m'asseoir sur l'un des tabourets qui bordaient la table de la cuisine et je repositionnai bien Aaron sur mes cuisses en le maintenant contre moi. Jude était en train de déballer notre dîne mais honnêtement, si j'ingurgitais ne serait-ce qu'une bouchée de poisson cru là, j'allais tout rendre à la nature. Entre ma gueule de bois démentielle et la nouvelle qu'il venait de m'apprendre, je n'avais pas du tout la tête à manger. Je me mis à observer Aaron du coin de l’œil, remarquant réellement à quel point ses traits étaient tirés et son visage pâle. Ça m'avait sauté aux yeux quasiment instantanément quand Jude était arrivé mais de près, c'était encore pire. « Il est beaucoup trop jeune pour faire de la chimio… alors il faudrait qu’on attende au moins deux ans pour commencer à lui faire des cures de chimio… le problème c’est que pendant les deux ans, son système immunitaire n’est quasiment pas fonctionnel donc il pourrait très vite attraper toutes les maladies du monde… » Je soupirai à l'unisson avec mon meilleur ami, défaitiste, continuant quand même de bercer son fils contre moi. « Ensuite, si la chimio marche et bien tant mieux et sinon, on va devoir parler de greffe et là… là je pense qu’on devra encore attendre parce que ça m’étonnerait que si jeune on puisse avoir une greffe… j’en sais rien… » En gros, on n'avait qu'à prier pour que la chimio fonctionne, quoi. Et encore, ça le laissait plusieurs années avec ses défenses immunitaires au plus bas, ce qui pouvait représenter un réel danger pour Aaron à cause de tout ce qu'il pouvait choper. « Pourquoi il faut toujours que le sort s’acharne sur nous ? » Je me levai et replaçai Aaron sur ma hanche, entourant le cou de mon meilleur ami de mon bras libre pour le serrer contre moi. « J'sais pas .. C'est injuste, c'est tout. » J'voulais le rassurer mais j'étais en panique totale. Mon cerveau bouillonnait de suggestions, dont on pouvait jeter à peu près l'intégralité, cependant une question tournait en boucle dans ma tête. Mon cœur battait la chamade tandis que la formulais, un peu trop raccroché à cet espoir. « Pourquoi il pourrait pas avoir une greffe si jeune ? Parce que d'autres patients lui passeraient devant ou parce qu'il est juste trop jeune pour la supporter ? » Je redonnai Aaron à son père lorsque le petit tendit les bras dans sa direction et j'enfouis immédiatement une main dans mes cheveux, commençant à faire les cent pas. « Parce que .. j'sais pas .. Si j'suis compatible avec toi, il y a de grandes chances que j'le sois avec lui, non ? J'pourrais .. j'pourrais le refaire s'il a vraiment besoin d'une greffe. Nan ? » Je balançais ça sans avoir la moindre idée si c'était possible ou non et je pense que ça se voyait clairement.

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Ça n’était pas facile d’annoncer ça à Billie. Je savais qu’elle allait déjà mal à cause de la mauvaise nouvelle qu’on lui avait annoncée il y a une semaine ou deux, et moi je débarque et je lui ajoute d’autres mauvaises nouvelles sur les épaules. Mais en même temps, elle était ma meilleure amie et j’avais besoin d’elle, besoin de lui parler et besoin de son support. Je lui expliquais la marche à suivre si Aaron était vraiment malade, mais rien n’était sûr parce qu’on en avait pas encore réellement parlé avec le médecin. Certes, il ne fallait pas éviter d’en parler mais pour le moment, on se raccrochait à l’espoir qu’Aaron n’ait pas la leucémie. A son âge, c’était vraiment compliqué de soigner un cancer. Il avait un corps tout fragile, comment est-ce qu’il pourrait supporter tout ça ? Si c’était bien le cas, les prochains mois risquaient d’être très difficiles. Billie s’approcha de moi pour me prendre dans ses bras comme elle le pu puisqu’elle avait Aaron dans ses bras, « J'sais pas .. C'est injuste, c'est tout. » J’hochais la tête en soupirant. Franchement, avec la pression, tout ça… j’pense que je me serais mis à chialer comme un môme. J’en avais tellement marre de cette vie de merde. « Pourquoi il pourrait pas avoir une greffe si jeune ? Parce que d'autres patients lui passeraient devant ou parce qu'il est juste trop jeune pour la supporter ? » J’haussais les épaules et je tendais les bras pour prendre Aaron contre moi alors que celui-ci cacha son visage sur mon torse. Il était crevé, on le sentait rien qu’en le portant qu’il était KO. « J’en sais rien… il faudrait que j’me renseigne plus sur la question mais il me semble qu’il est trop jeune pour supporter une greffe… en plus ce genre de greffe sont vraiment lourdes, ça touche le système immunitaire alors… » Je passais ma main dans les cheveux de mon fils que je berçais doucement. Il n’allait pas tarder à s’endormir. Pendant ce temps-là, Billie faisait les cent pas dans sa chambre et inconsciemment, je savais où elle allait vouloir en venir. « Parce que .. j'sais pas .. Si j'suis compatible avec toi, il y a de grandes chances que j'le sois avec lui, non ? J'pourrais .. j'pourrais le refaire s'il a vraiment besoin d'une greffe. Nan ? » Je relevais le regard vers ma meilleure amie et je m’approchais de son lit, me permettant d’y allonger Aaron en m’asseyant sur le bord de celui-ci pour garder une main sur son ventre histoire de faire gaffe qu’il ne tombe pas, on ne sait jamais. « Déjà… c’est pas parce que t’es compatible avec moi que tu le seras avec lui…il a pas que mes gènes, il a aussi les gènes de Samara… moi je suis déjà greffé alors je crois que je n’aurais pas le droit de lui donner. Donc la personne la plus susceptible d’être compatible dans le coin… c’est Samara. » Haha, la bonne blague. Si elle lui donnait de la moelle, j’allais être obligé de la laisser voir Aaron et ça, je n’en avais vraiment pas envie. « Et puis, tu m’as déjà donné de la moelle osseuse l’année dernière… tu vas quand même pas te refaire charcuter une deuxième fois… en plus c’est hyper dangereux… » J’étais touché qu’elle se propose direct comme ça, mais en même temps ça ne m’étonnait pas du tout d’elle.

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Finalement, j'allais peut-être bien avoir besoin du psy que m'avait conseillé le médecin le jour de mes résultats d'analyses. Sérieusement, avec tout ce qui tombait depuis certains temps, sur ma tronche comme sur celle de mes proches, je sentais mon cerveau commencer à surchauffer et mes émotions étaient hors de contrôle. J'avais toujours été lunatique, encore plus depuis la mort de mon père, mais ça empirait depuis quelques temps. Oui, j'étais assez bouleversée par l'annonce de ma stérilité mais s'il n'y avait eu que ça, je pense que j'aurais pu le gérer un peu mieux. Il y a tout juste un mois, j'étais à San Francisco en train d'apprendre les dernières crasses que m'avait faites ma mère. C'était pour ça que le lendemain au Housing Day, j'avais été autant à fleur de peau, pour ça que j'avais gueulé sur tous mes amis, pour ça que j'avais aussi facilement pété un câble en me faisant frapper par le souvenir d'une nuit trop facilement oubliée sur la plage avec Alex. Ça s'était ajouté au froid qui persistait avec Rox, ainsi qu'à tous les autres problèmes déjà existants. Et là, le vase était en train de déborder puisque Jude m'annonçait que son fils était sûrement atteint de leucémie. « J’en sais rien… il faudrait que j’me renseigne plus sur la question mais il me semble qu’il est trop jeune pour supporter une greffe… en plus ce genre de greffe sont vraiment lourdes, ça touche le système immunitaire alors… » Il allongea son bébé sur mon lit et s'assit à côté de lui, posant une main sur son ventre. Là j'avais sorti mon idée grotesque de compatibilité. Je me doutais qu'il y ait peu de chances pour que je sois aussi miraculeusement compatible avec Aaron, mais l'entendre me filait la nausée. « Déjà… c’est pas parce que t’es compatible avec moi que tu le seras avec lui…il a pas que mes gènes, il a aussi les gènes de Samara… moi je suis déjà greffé alors je crois que je n’aurais pas le droit de lui donner. Donc la personne la plus susceptible d’être compatible dans le coin… c’est Samara. » Su - per. Manquerait plus que la mère indigne soit la seule possibilité. « Et puis, tu m’as déjà donné de la moelle osseuse l’année dernière… tu vas quand même pas te refaire charcuter une deuxième fois… en plus c’est hyper dangereux… » Je levai les yeux au ciel et me mis sur mes pieds pour le rejoindre, m'asseyant à ses côtés en passant une main sur mon front. « Tu crois vraiment que s'il s'avérait que j'sois compatible, j'le laisserais souffrir jusqu'à ce qu'on lui trouve un autre donneur ? Juste parce que j'aurais mal pendant, quoi, quelques jours ? » Certes, le procédé était extrêmement douloureux mais bon, on parlait de la vie d'un enfant là. De celui de mon meilleur ami, qui plus est. « Sois pas bête. La vraie question c'est est-ce qu'elle, elle le ferait ? » Par 'elle', j'entendais bien sûr Samara. Est-ce qu'elle serait prête à faire ça pour Aaron s'il en avait besoin ?