Appel de Nick à Torrey

Puisque Torrey ne semblait pas bien être en ce moment, ravoir cette crise existentielle ou cette détresse humaine qui l'avait ultimement poussé au bord du précipice, Nicholas l'appela, se disant que les textes, c'était bien beau, mais qu'en ce moment, à tout le moins, il préférait entendre la voix de son amie. Il commençait à se faire tard, mais ce n'était pas important.

-Allo, Torrey, c'est moi.

Nick cachait tant bien que mal son inquiétude. Il devait surtout chercher à comprendre, à écouter encore plus.

Je ne sais pas exactement ce qui m'avait pris en parlant comme ça à Nicholas. C'est vrai quoi, à la base, il m'appelait pour me féliciter pour mon poste et voilà que je dérivais complètement du sujet pour lui dire que j'avais, encore une fois, envie de sauter en bas de ce pont. Bien sûr, cette fois je n'étais pas sur le point de le faire, j'étais encore biens sagement assise chez moi, mais bon.. Ça n'empêchait pas que j'y pensais. Lorsque mon téléphone sonna, je ne fus pas surprise de voir le nom de mon ami sur l'afficheur. « Hey.. Pardon pour tout ça, tu dois t'inquiéter à cause de moi..? » Je soupirai doucement, je n'avais pas voulu l'alarmer ainsi.

-Bah je te mentirais si je te disais que non... Je me demande surtout ce qui se passe. C'est vrai, t'avais l'air d'aller mieux.

« C'est ce que je croyais aussi... mais tout va de mal en pis.... on dirait que c'est impossible pour moi d'être heureuse. »

-Et pourquoi ça te serait impossible?

« Va savoir! Mais les choses sont comme ça... »

Nick répéta:

-Les choses sont comme ça... Écoutes-toi, c'est la fatalité qui parle. Je te l'ai déjà dit, la vie est une perpétuelle épreuve. Personne n'a dit que ce serait facile, personne n'a dit qu'il n'y aurait pas d'épreuve. La question maintenant, c'est est-ce que face à l'obstacle tu vas t'écrouler?

Si elle s'attendait à un discours emplit de pitié et de compassion, elle avait contacté le mauvais gars pour ça.

Je ne m'attendais pas à recevoir de la pitié de la part de Nicholas. Ni de personne d'ailleurs. C'était le genre de sentiment qui me répugnait. Qu'on soit désolé pour moi était une chose, mais qu'on me prenne en pitié, ça jamais. « Je sais.... c'est juste... y'a des jours où je sais plus, je vois plus le chemin devant moi. Comme si on avait effacé mes repères.. »

-Je comprends, mais c'est quoi tes points de repère à toi? Ton enfant, ça devrait être ton premier point de repère en tout cas, LE truc que tu ne dois jamais perdre de vue.

Et se tuer n'allait pas arranger les choses.

« Je sais... ça va un peu mieux depuis qu'elle est de retour avec moi. » C'est vrai, passé un été entier sans elle avait été très difficile pour moi. Je ne pensais pas remettre l'expérience l'an prochain.