Si seulement j'avais su plus tôt ( feat Elysia )

Si quelqu'un m'avait dit que je reverrais Peter, je ne l'aurais jamais cru. Il a été le premier homme que j'ai aimé, un amour jeune, un amour de vacance, un amour qu'on y croyait dure comme fer. Il avait duré 2 ans. Je ne connaissais pas encore Maximilian à l'époque. En fait, si. Je l'avait connu la même année, mais j'étais plus focalisée sur mon anglais. Et puis, je savais que Max était complètement hors de portée. 4 ans de différence. Quand on a que 15 ans, ça peut paraître énorme. Je n'ai jamais su comment il avait pu s'amouracher d'une fille comme moi, mais il l'avait fait. Puis, Mily m'a quitté, j'ai été internée, et notre relation s'est arrêtée là. J'aurais voulu qu'elle continue, mais maintenant, je me rendais compte qu'entre nous, ça n'a été rien de plus qu'un conte de fée. Et pourtant, par moment, j'aurais aimé que tout soit différent. Si ça se trouve, nous serions encore ensembles si Mily n'avait pas fait cette connerie, si j'avais continué à répondre à ses lettres. Nous aurions été à Harvard ensemble, il m'aurait sûrement attendu. Mais non. Je l'avais bien vu sur le campus, mais j'étais certaine que ce n'était qu'une illusion, un jeune homme qui lui ressemblait juste un peu trop. Mais là, il était sous mes yeux. Je venais d'entrer dans ma chambre, et je tombais sur ce jeune homme qui lui ressemblait comme deux gouttes d'eau, si ce n'est une différence d'âge visible. Il avait changé, il était même devenu plus beau que dans mes souvenirs. J'ouvrais la bouche, mais aucun son ne sortit. Je ne savais juste plus quoi dire. Et j'avais même peur qu'en fait, tout ceci ne soit que le fruit de mon imagination.

Nous aurions pu être heureux, nous aurions pu ne connaître qu'un seul amour si nous étions restés ensemble, si je n'avais pas coupé les ponds du jour au lendemain. Sauf qu'avec des si, nous pouvions refaire le monde, j'en étais bien consciente. « Salut. T'as bien changée Ely. » Sa voix me fit sortir de mes pensée et son étreinte me fit retenir mon souffle. Son parfum me remplit les narines. Il était toujours le même, toujours aussi beau, si ce n'est même plus en fait. Doucement, un murmure s'échappa de mes lèvres. « Peter... » Je répondis alors à son étreinte, fermant les yeux, laissant les images de notre passé ensemble me revenir en tête. Je me détachais doucement. C'est alors que je vis le cadre dans ses mains. Je pâlis en reconnaissant la photo. « Où as-tu trouvé ça? » Je me souvenais pourtant l'avoir mise dans une boîte qui contenait tous nos souvenirs, ses lettres, et la mienne, la dernière que je lui ai écrite, mais que je n'ai jamais eu le courage de lui envoyer. Cette lettre qui lui expliquait pourquoi je ne lui avais plus jamais donné de nouvelles. Je l'avais enfouie, en même temps que mes souvenirs. Je me rappelais alors que, par moment, il m'arrivait de les déterrer. Pour me remémorer, et imaginer cette vie que j'aurais pu avoir si tout c'était passé autrement. Surtout ces derniers temps, quand je me sens complètement déboussolée face à mes sentiments.

Tout de suite, il me lâcha et je ne pus m'empêcher de soupirer de déception. Ça faisait trop longtemps que je ne m'étais plus reposée dans ses bras et c'est vraiment maintenant que je me rendais compte à quel point ils m'avaient manqués, lui et son étreinte. « Oh... je l'ai trouvé là sur ta table de chevet... Je pensais pas à mal hein, c'est juste... que j'suis plutôt étonné de la voir ici. Enfin tu me comprends. » Sur la table de chevet? Je ne m'étais pas rendue compte que je l'avais laissé là. Et sur le coup, je rougis. Il avait toujours réussi à me faire rougir et même maintenant, ça n'avait pas changé. « Alors tu es arrivée à Harvard depuis longtemps ? » Face à sa question, je me mis à jouer avec mes doigts. « Et bien... C'est déjà ma troisième année ici... » Je savais que j'aurais dû le contacter plus tôt, ou aller le voir dès que je l'ai aperçu, mais je n'étais juste certaine de rien en fait... Et sur le coup, je le regrettais.

En voyant son regard s'assombrir à ma réponse, je sus que je l'avais mis en colère par mon silence. Je m'en rendais bien compte, mais je n'avais juste pas eu le courage de lui dire la vérité. J'en ai eu tellement honte, et maintenant encore, je ne voulais pas en parler. Rare étaient ceux au courant de mon séjour en hôpital, et c'était déjà trop à mon goût. Le voir se retourner me fit mordre la lèvre. Je lui jetais alors un regard blessé et triste à la fois. Son dos était large, et je me souvenais de toute les fois où il me portait dessus. « Trois ans déjà ? Comme le temps passe vite, je suppose que tu as du faire d'agréables rencontres du coup ? Moi je suis à Harvard depuis 4 ans maintenant... étudiant en médecine. » Sa voix était calme, mais je savais qu'il se contenait. Doucement, je m'approchais de lui et attrapa le pan de son haut. « S'il-te-plait, m'en veut pas... Je savais pas quoi faire... J'avais peur... » Je baissais alors mon regard, reprenant la posture de la fille fragile qu'il avait connu.

Je n'aurais pas dû reprendre ce comportement que je n'avais plus, mais ça me rassurait. Je savais que s'il voyait que je n'avais pas tant changé que ça, il me pardonnerait. Sauf que c'était trop beau pour être vrai. Il ne s'était toujours pas retourné. J'aurais cru qu'il me prendrait à nouveau dans ses bras, la minute où il m'entendrait, mais non, il ne fit que se retourner et m'obligea à le regarder. Il avait changé. J'avais changé aussi, mais je ne me sentais pas encore prête à lui montrer mon nouveau moi. Je voulais presque retourner dans le passé pour réparer mes erreurs, mais c'était impossible. « Tu peux pas savoir ce que j'ai enduré tout ce temps... Chaque jour je me posais la question de ce que j'avais bien pu te faire... J'ai même cru que tu étais morte. Je te raconte pas la trouille que j'ai eu... Pendant tout ce temps je n'étais plus moi même tu dois t'en douter non ? » Je me mordis la lèvre en l'entendant. J'avais envie de lui crier que ce n'était pas sa faute, mais que ce n'était pas la mienne non plus. J'avais envie de tout lui avouer, mais j'avais peur qu'il me regarde comme si j'étais folle, comme si j'étais un animal de zoo. Il m'a cru morte... À nouveau je baissais mes yeux, et dans un murmure, je lui répondis. « Ce n'est pas moi qui ait perdu la vie... même si j'aurais préféré... Moi non plus, je n'étais plus moi-même... Et crois moi, si c'était à refaire, je changerais tout. » Je me tus alors. Je n'aurais pas dû, je lui en avais trop dit. Encore une fois, je me mordis la lèvre. Saloperie de bouche qui raconte tout... Mais c'est parce que c'est Peter, et qu'il a le droit de savoir la vérité.