(jamie) + it should begin well

J'avais merdé, grave en plus. J'étais avec Jamie depuis quelques semaines et je venais de m'envoyer en l'air avec Ricardo. C'était le mec que je ne pouvais pas voir en peinture avec son air si égocentrique et narcissique. Depuis un an, on se lançait des piques et on avait pas peur de s'affronter l'un l'autre. Mais à cette soirée où Ricardo était la seule personne que je connaissais, j'en avais profité un peu de trop. Je commençais par me saouler, je dansais sur la table, je dansais sur Ric, et puis je baisais avec. Le pire, c'était que je me souvenais de chaque détail de cette soirée et je n'arrêtais pas d'y penser. Et Jamie dans tout ça? Je l'appréciais trop que pour lui faire du mal. J'étais même persuadée de l'aimer, mais l'aimer vraiment pas comme si on aimait son chien. C'était un homme gentil et respectueux qui ne méritait pas une fille qui sucombe aux tentations, autres que les siennes. Je le vivais mal et je le cachais un peu mais au fond je culpabilisais à mort. Je voulais que Jamie sache que je l'aime et que quoi qu'il arrive je ne l'oublierais pas. Je devais rompre ou attendre de me faire larguée? J'avais aucune envie de le quitter, je pourrais jamais me le pardonner. Tout ce que je sais, c'est que je devais lui parler à tout prix. Je ne savais pas comment m'y prendre mais l'improvisation sera mon outil. Je décidais de venir chez lui par surprise en espérant qu'il soit là. Je sonnais plusieurs fois à la sonnette comme si je devais absolument rentrer, c'était une question de vie ou de mort, et je fus soulagée de voir que Jamie ouvra la porte. Sans rien dire du pourquoi de ma venue, je m'approchai de lui pour embrasser ses lèvres. Peut être que c'était le dernier baiser que je lui offrais. « Désolé d'arriver à l'improviste, j'espère que ça ne te dérange pas.» lui dis-je d'un petit air innocent en passant mes bras derrière son dos. Non, je voulais pas me séparer de lui, mais lui mentir, c'était mal.

L'appartement est vide cet après-midi. Ma soeur est en train de faire ses cartons, elle repart après seulement quelques semaines passées ici. Moi qui pensais que ça pourrait nous rapprocher et améliorer enfin un peu nos relations, il faut croire que non, avec le Summer Camp au milieu, on n'aura pas passé beaucoup de temps ensemble, une fois de plus. Et mon ancien colocataire étant parti avant l'été, je songe activement à m'en trouver un nouveau. Mais bon, d'un autre côté, j'apprécie assez de me retrouver tranquille chez moi et je n'ai pas vraiment envie de me retrouver avec n'importe qui. Enfin bon, tout ça mérite réflexion quoi. Pour l'instant, je profite du calme pour travailler sur une nouvelle composition au piano, la rentrée étant très proche, il est temps de s'y remettre -même si je n'arrête jamais vraiment de jouer. Si ces derniers mois je n'étais plus très inspiré, depuis mon retour de vacances, ça va beaucoup mieux. Il faut dire que je vais beaucoup mieux. Le fait d'être avec Emma y est sûrement pour quelque chose. Ca ne fait pas très longtemps mais ça se passe bien, naturellement, et ça me soulage un peu. J'ai eu de nombreux doutes au début, mais ça s'arrange, j'y travaille. Quand j'entends quelqu'un s'acharner sur la sonnette, je ne pense pas directement à elle. A vrai dire, je suis un peu agacé d'être dérangé, quand je joue du piano, je suis dans ma bulle. Je me lève quand même et vais ouvrir, et mon agacement est vite remplacé par un sourire en voyant Emma. Avant de dire quoi que ce soit, elle m'embrasse puis m'entoure de ses bras. Je penche la tête d'un côté, toujours en souriant.  « A vrai dire, j'étais en train de jouer du piano, mais tu ne me déranges jamais! » J'hésite à lui demander ce qu'elle fait ici, mais j'ai peur qu'elle croit qu'il lui faut forcément une raison pour venir alors qu'elle est toujours la bienvenue. J'opte finalement pour un petit « Tout va bien ? ».

Embrasser Jamie me donnait en quelque sorte un certain courage pour lui expliquer ma bêtise. C'était idiot, mais ça fonctionnait. J'étais désolée de me comporer comme une gamine alors qu'il m'avait très clairement dit qu'il détestait ça. Je le serrais dans mes bras et j'essayais de cacher ma culpabilité. Je restais longtemps dans ses bras et la voix de Jamie me réveilla. Je lui souris naturellement « Pourquoi ça n'irait pas?» lui lançai-je comme si c'était la question la plus débile du monde. Je me détachais finalement de lui et les traits de mon visage se raidirent en regardant le doux visage paisible de Jamie. Je le connaissais bien ce regard et j'avais aucune envie qu'il disparaisse. Je glissais mes mains dans celles de Jamie et je reculai de quelques pas dans la pièce, l'amenant vers moi. Bon sang qu'est-ce que je l'aimais, je me sentais tellement bien avec lui, qu'est-ce qui m'avait pris de m'envoyer en l'air avec Ricardo? Je glissai ensuite une main sur sa joue et je me pinçai les lèvres avant de lui avouer. « Jamie... j'ai fait une connerie, une grosse connerie.» C'était trop dur de le regarder en lui parlant, j'avais l'impression qu'il savait déjà tout lire dans mes yeux. Le visage honteux, je le lâchai pour ensuite m'installer dans le canapé. Je repliais mes genoux contre mon ventre et les entourait de mes bras. J'inspirai un bon coup puis j'ouvris ma bouche. « Des gens m'ont invité à une soirée et je connaissais personne. Je m'ennuyais alors j'ai bus beaucoup et j'ai fumé... puis je suis tombé sur Ricardo et...» mon souffle se coupa pendant un moment et mon coeur explosa dans ma poitrine lorsque mes yeux s'étaient posés dans ceux de Jamie. Il devait me prendre pour une idiote, une moins que rien, une salope. Je passais mes mains sur mon visage en essayant de me calmer car je sentais qu'il allait y avoir de l'électricité dans l'air.

Elle me répond le plus naturellement du monde, pourtant, son visage n'est pas du tout en adéquation. Je ne l'avais pas encore remarqué mais elle a l'air mal à l'aise, même stressée. Enfin, je ne peux pas le dire avec certitude mais ce qui est sur c'est qu'elle n'est pas normale. Je fronce les sourcils mais ne dis rien, la suivant silencieusement lorsqu'elle me prend les mains et recule. Je ne pose aucune question, au fond, je crois que je préfèrerais ne pas savoir, j'ai comme l'impression que ça ne va pas me plaire. Elle commence par me dire qu'elle a fait une connerie. Je penche la tête sur la droite en la fixant. Une connerie, c'est plutôt vague, même si je sais pas pourquoi, je me doute de la suite. Quand elle reprend la parole, je sens ma mâchoire se serrer. Le fait qu'elle n'aille pas droit au but m'énerve encore plus. Si elle a fait quelque chose de mal, qu'elle le dise et qu'elle assume, pas besoin de passer par quatre chemins, le résultat est le même. Mon regard se durcit et je me ferme littéralement. Intérieurement, j'explose, mon coeur se serre mais bat à dix mille, extérieurement, je reste impassible, comme si ce qu'elle dit ne m'atteint pas. Je la regarde en attendant la suite, et voyant qu'elle n'arrive pas, je me décide à dire quelque chose. « Et quoi Emma ? Tu te l'es tapé ? » Mon ton est calme mais dur, on sent clairement qu'il n'y a pas une once de sympathie. J'ai tellement envie de gueuler "dis-le!", mais c'est pas mon genre, je prends sur moi, j'intériorise. « Fallait le dire que ton but c'était de te taper tous les mecs d'Harvard, je me serais pas donné toute cette peine. » C'est plutôt ça mon genre, quand je suis blessé, je deviens méchant et fais tout pour blesser encore plus la personne d'en face, j'agis comme si elle n'avait pas d'importance et que je me foutais d'elle depuis le début. C'est con, mais c'est comme ça. C'est la seule manière pour moi de ne pas me sentir faible en plus de déçu et blessé. Malgré tout, j'avais confiance en elle. Ca me tue qu'elle ait pu me faire ce que son ex lui a fait alors que c'est moi qui l'ai ramassée à la petite cuillère.

Je n'avais pas dit clairement que je l'avais trompé, je préférais tourner autour du pot encore un peu. D'habitue j'étais franche et honnète donc tirer sur la chose ne me ressemblait pas. C'était parce que j'avais honte et que ça me faisait culpabiliser, un sentiment que je détetais ressentir. Les traits du visage de Jamie se durcir et mon coeur s'arrêta un instant. C'était comme si je venais de me foutre moi-même une claque. Lorsqu'il me demanda si je m'étais tapé Ricardo, je voyais bien qu'il connaissait déjà la réponse par lui-même. J'haussai les épaules, l'air confuse. « Je suis désolée.» c'était ma façon de lui dire qu'en effet j'avais couché avec mais que j'en étais pas fière pour autant. Je ferais bien de creuser un trou pour me cacher sous terre après ce que Jamie avait fait pour moi. Tout ce qu'il m'avait dit, tout le temps qu'il avait usé pour me soutenir lorsque je déprimais. Là, j'avais l'impression que je l'avais perdu. Le jeune homme n'avait pas bougé d'un poil, il me fixait toujours en me répondant. « Arrête Jamie, je supporte pas qu'on me parle comme ça. D'accord t'es en colère, tu vas me balancer toutes les horreurs en pleine face, fais toi plaisir!» je m'énervais toute seule alors qu'il était resté calme jusqu'à présent. « Je m'en fous de ce mec, c'est toi que j'aime bordel. Laisse moi le temps de prendre conscience des conséquences de ma connerie. C'est encore tout frai notre histoire, il faut que je m'y fasse.» j'avais tellement mal au fond de ma poitrine que je me demandais si j'allais pas faire une crise cardiaque. Aucune excuse n'était valable pour une tromperie mais j'étaus persuadée que j'allais en trouver une. J'étais blessée d'entendre qu'il pensait que je me faisais tous les mecs d'Harvard car c'était complètement faux. J'avais changé depuis un an.

Elle est désolée ? Ca m'avance bien ça tiens! Je suis incapable de réfléchir. Tout ce à quoi je pense c'est à Emma avec Ricardo. J'ai juste envie de sortir et d'aller passer mes nerfs sur lui. Ce serait d'ailleurs surement mieux pour Emma parce que pour l'instant, c'est la seule coupable et c'est sur elle que je vais passer ma colère. Je pense que je vais le regretter, mais là je ne peux gérer qu'un regret à la fois, à savoir le geste d'Emma. Evidemment, elle ne prend pas très bien ce que je lui dis, mais il en faudrait plus pour me faire culpabiliser. Et au milieu, passé presque à la trappe, elle me glisse qu'elle m'aime. Pour le coup, j'ai beaucoup plus de mal à cacher ma surprise. Je pense que mes yeux s'agrandissent et que ma mâchoire se dessert un peu, mais ça ne dure que quelques secondes, la fin de sa phrase me rappelant pourquoi on est là. Elle voudrait que je lui laisse du temps ? C'est le monde à l'envers là, et pourquoi pas que je lui trouve moi même des excuses pour justifier ce qu'elle a fait ? Peut être que j'over réagis, j'en sais rien, après tout elle a raison, notre histoire est toute récente. Mais c'est aussi ça le problème. « C'était. C'était encore tout frais. T'as besoin de temps, ça tombe bien tu vas en avoir plein. » Je sais que c'est la colère qui parle, et je pense que ça me fait autant de mal de le dire qu'à elle de l'entendre. J'ai pas envie que ça se termine, de la perdre, mais je suis fidèle, et j'en attends autant de la personne avec qui je suis. J'ai pas envie de lui imposer des barrières, de la faire choisir entre moi et l'alcool et la drogue si c'est ce qui la mène là, je suis pas du genre à vouloir changer les autres. Alors qu'elle reste toute seule, enfin avec ses plans cul plutôt, et tout le monde se portera très bien. J'ai envie de la mettre à la porte en lui disant d'aller se faire voir mais une partie de moi refuse de la laisser partir. Je savais que tout ça c'était pas une bonne idée. Je la fixe toujours et finis par lâcher « Tu peux pas t'en empêcher. Soit t'as vraiment pas d'estime pour toi-même soit t'en as très peu pour moi, et je sais pas ce qui est le mieux. » Je comprends juste pas. « J'espère que c'était bien au moins, que ça valait le coup de perdre la personne que soit disant t'aimes. »

Je savais pas trop comment je devais lui faire face. Si je devais m'effondrer en larmes pour faire genre la fille qui était hyper désolée ou si je devais me la jouer honnète à assumer ma connerie sans le supplier de revenir vers moi. J'étais totalement perdue mais c'était pas pour ça que j'allais perdre Jamie. Il fallait que je fasse quelque chose, je peux pas le laisser filer entre mes doigts. Cet homme était une perle rare et j'en avais besoin. Dans la foulée de mes excuses, je n'ai pas pu m'empêcher de lui dire que je l'aimais. D'habitude, il me fallait énormément de temps pour l'avouer à quelqu'un. Mais je ne savais pas si c'était vraiment de l'amour ou si le fait que je tenais à lui. Les deux se reliaient quand même de toute façon. Je trouvais que les choses n'étaient pas aussi grave, ça faisait peu de temps que nous étions ensemble. Je soupirais à sa remarque en faisant un pas vers lui. « Arrête Jamie, c'est bon c'est pas comme si on était marié. Je vais rattraper le coup, je sais pas encore mais je vais trouver. Laisse moi te prouver que je peux être une personne fidèle, rien qu'à toi.» répondis-je avec un petit sourire en coin. Je faisais des négociations en lui faisant du charme mais ça n'avait pas l'air de lui plaire. Ce qu'il venait de répondre m'avait totalement refroidi. Non, pas encore, j'en avais marre de tout le temps me faire jeter comme un vieux sac. Je tournais légèrement la tête en déglutissant légèrement. Qu'est-ce qu'il fallait que je fasse? J'avais pas l'habitude de faire des conneries avec le love. Souvent c'était le love qui faisait des conneries avec moi. « J'te perds pas, j'me perds toute seule. Je suis certaine d'une seule chose, c'est toi que je veux et maintenant que tu m'appartiens j'te laisserai pas filer.» je me souvenais ensuite de ce qu'il avait dit le soir de notre premier baiser à la plage, au summer camp. « Tu disais qu'il suffisait de tomber sur la bonne personne, et cette personne c'est toi Jamie.» je m'approchai de lui en posant mes mains sur ses joues pour qu'il me regarde.

Je ne sais plus quoi penser. Elle n'a pas tord quand elle dit qu'on n'est pas marié, fin c'est exagéré mais ça fait très peu de temps qu'on est ensemble. On n'a jamais parlé d'exclusivité, même si pour moi, c'était largement sous entendu. Je secoue la tête en évitant le regard d'Emma qui tente des négociations. Le problème, c'est que j'ai ma fierté, une très très grande fierté, et que je suis plutôt rancunier. Et même si j'ai envie de lui pardonner, enfin d'essayer pour ne pas la perdre, ça me semble compliqué dans l'immédiat. Mais l'entendre dire ce qu'elle est en train de me dire, malgré le contexte, a quand même un effet positif. Ca fait tellement du bien d'entendre ces choses, surtout venant d'Emma, ça me réconforte un peu. Mais je suis juste trop énervé pour en profiter pleinement et lui dire que c'est réciproque. Car c'est bien beau les paroles, mais étant moi même peu bavard, je pense qu'un geste vaut mille mots, alors si ce qu'elle dit est vrai, elle va devoir me le prouver. C'est facile de donner de l'espoir aux gens, on peut raconter ce qu'on veut après tout. Mais après ce qu'elle vient de m'annoncer, je n'ai plus vraiment confiance en elle là alors je ne sais pas si je dois la croire ou pas. Enfin bref, c'est juste le bordel là haut, et je ne suis pas trop capable de décider ce que je veux faire. « Comment tu peux être sûre que c'est moi si à la première occasion qui se présente tu vas voir ailleurs ? Tu comptes vérifier à chaque mec qui se présente que c'est pas lui et toujours moi ? » Pour le coup, il n'y a aucune méchanceté dans ma voix, elle est plutôt neutre, et calme. Je prends ses mains entre les miennes et les retire de mon visage sans pour autant les lâcher. « J'suis désolé mais moi j'suis plus sûr de vouloir être avec toi. » C'est la vérité, puisque là je ne suis plus sûr de rien. Je le sais que c'est impulsif, et sûrement très exagéré, j'ai vraiment envie de croire ses belles paroles, de croire que ça ne se reproduira pas, mais si ça commence comme ça, c'est quoi la suite ?

J'avais merdé et j'en payais les pots cassés, voilà. C'était tout ce que je méritais, rien de plus. Mon regard se perdait dans le sien alors qu'il avait l'air de me regarder avec un air de dégoût. Pourquoi je lui faisais ce que je ne voulais pas qu'on me fasse. C'est pas parce que j'ai été cocue qu'il fallait que je fasse pareil avec Jamie. Non, surtout pas, je voulais pas qu'il vive ce que j'ai vécu, mais bon, il semblait être assez fort à l'intérieur pour tenir le coup. Sa question me laissa perplexe, enfin c'est évident qu'il n'y avait que lui, que c'était le seul que je voulais, sinon j'aurais déjà pris la porte en sifflotant. Qu'est-ce qu'il attendait? Manquerait plus que je m'agenouille devant lui pour lui demander pardon. « Parce que je le sais, j'en suis sur, c'est une évidence et ne me dit pas que ça sonne faux.» le jeune homme retira mes mains sur son visage sans pour autant les lâcher et j'avais la trouille d'être jetée comme une vieille chaussette. A chaque fois c'était pareil. Et sa réflexion me transperça la poitrine. Je serrais un peu plus fort mes mains dans les siennes sans vraiment m'en rendre compte. Il fallait qu'on me réveille là, je venais de me faire larguer. « Non Jamie, fais pas ça. S'il te plait je veux pas subir une deuxième fois ce que j'ai vécu, je viens à peine de m'en sortir. Tu peux pas tout foutre en l'air comme ça. Reste près de moi...» là, j'avais vraiment peur. Je ne veux pas le perdre, je ne veux plus perdre personne j'en ai marre de me retrouver seule à chaque fois. Une personne qu'on s'autorise à aimer est une personne qu'on s'autorise à perdre. J'affichai une mine triste et même s'il avait chassé mes mains, j'en reposais une sur sa joue gauche pour qu'il me regarde avec ses si beaux yeux.

Elle rend les choses compliquées. Elle a merdé, elle devrait en accepter les conséquences. Si d'un côté je suis touché qu'elle insiste autant pour essayer de sauver la situation, d'un autre, j'ai comme l'impression que si elle le fait, c'est pour elle, parce qu'elle a bien trop peur de se retrouver toute seule une nouvelle fois. Je secoue la tête, je n'ai pas envie de tout ça, pour l'instant je ne veux juste plus la voir parce que plus elle insiste, plus j'ai du mal à rester sur ma position. « Inverse pas les rôles, c'est pas moi qui ait tout foutu en l'air, c'est toi. » Elle ne peut s'en prendre qu'à elle même non ? Elle m'incite à la regarder en posant de nouveau une main sur ma joue. Si je reste de marbre, à l'intérieur son expression me brise le coeur. Je me répète en boucle que ce n'est pas moi qui lui inflige ça mais que c'est bel et bien elle qui se l'inflige toute seule. J'aimerais qu'on ne soit pas chez moi, que je n'ai pas à la mettre dehors, car j'ai comme l'impression qu'elle n'est pas prête de bouger si je ne l'y incite pas. Et je peux pas partir et la laisser en plan chez moi, ce serait plutôt bizarre. Je me recule et lâche sa main en allant vers la cuisine. Je ne sais pas du tout ce que je vais y faire, mais j'ai besoin d'un petit peu de distance, de ne pas l'avoir en face de moi. En passant, je repère mes clopes sur la table et décide qu'une serait la bienvenue. Tout en l'allumant je m'assois sur la chaise en bout de table et fait glisser le paquet vers Emma à l'autre bout, si jamais elle en veut une. J'attends une minute sans rien dire puis semble enfin trouver le courage de lui dire ce que je regretterai surement. « Tu devrais t'en aller maintenant. » A prendre comme un "c'est bel et bien fini, va t'en" un peu plus gentil car même si je suis remonté, je n'ai pas le courage de lui dire vraiment les mots "c'est fini".