You ? Again ? (Maxym)

J’étais en retard. Je consultais une nouvelle fois ma montre tout en accélérant le pas vers l’immense salle de concert où j’avais prévu de rejoindre quelques amis pour la soirée. The Middle East était l’un des endroits branchés de la ville. Le bâtiment était imposant et sur deux étages et ils rayonnaient dans la nuit éclairé par de vives lumières. Je tendis mon billet au videur qui le déchira et me fit entrer. Dès que j’eus passé la porte d’entrée, je me dirigeai aussitôt vers la porte de l’ascenseur pour monter directement jusqu’au bar où nous avions convenu de nous retrouver. C’était vraiment le côté agréable de ce lieu : pouvoir siroter un verre tout en observant le concert en contrebas. J’appuyai sur le bouton d’appel et patientai quelque instant en attendant que la cabine n’arrive au rez de chaussée. J’espérais vraiment ne pas avoir raté le début du spectacle. La rentrée approchait à grand pas et je savais qu’ensuite, les cours allaient s’enchainer ainsi que les stages et je n’aurais plus le loisir de pouvoir sortir autant avec mes amis. Les portes s’ouvrirent ensuite dans un grincement sonore et je pénétrai dans l’habitacle de l’ascenseur. Je tendis le bras et enclenchai le bouton qui menait à l’étage. Les portes étaient en train de se refermer lorsque une jeune femme brune approcha d’un pas rapide. Je compris aussitôt qu’elle voulait monter également et je retins galamment la porte de ma main droite afin qu’elle puisse entrer à mes côtés en la saluant poliment. "Bonsoir." J'appuyai une nouvelle fois sur le bouton de l’étage et les portes se refermèrent tout aussi bruyamment que lorsqu’elles s’étaient ouvertes…

Le côté Lowell de Maxym se fit sentir lorsqu'on lui tendit un billet pour aller voir un groupe de rock au  Middle East, cette salle de concert cotée dans le coin. Le genre d'endroit où la demoiselle aimait aller, puisqu'appréciant la musique, même assez pour la pratiquer elle-même. Elle devait rejoindre ce soir quelques amis au bar, au premier étage. L'occasion de profiter des quelques jours de répit qu'ils avaient encore avant la rentrée.. même si bon, rentrée ou pas, Max ne se privait jamais d'un bon concert. Surtout lorsqu'il s'agissait d'un groupe qu'elle appréciait. Pressant le pas, elle s'impatienta devant l'entrée et s’engouffra dans le lieu lorsque le videur eu vu son ticket. C'est avec autant d'empressement que la tornade se glissa à la dernière minute dans l’ascenseur, ne se voyant pas attendre le prochain et risquer de manquer la moindre note de musique. « 'soir. Merci pour la porte. » Qu'elle répond au type qui vient de lui retenir la porte, le gratifiant d'un rapide sourire poli. Cette dite porte se referma enfin, cette fois sans interruption, et la machine se mit en marche. Mais elle eu à peine le temps de réajuster son bustier et se battre avec une mèche de cheveux, que l'ascenseur s'arrêta brusquement dans un bruit sourd. La Quincy chancela légèrement en arrière, mais se retient de chuter en refermant ses doigts sur le bras masculin. « Désolée, c'est pas très stable. » S'excuse-t-elle avec un léger rire juste après, en retrouvant son équilibre sur les échasses qui lui servaient de talons. Lui ? Oh, elle ne l'avait pas reconnu. Et l'unique mot prononcé de sa bouche jusque là ne lui avait pas permit de faire le lien avec un certain inconnu du placard. « Tu peux rappuyer sur le bouton ? J'tiens pas à louper le début du concert. »  Elle essaye de garder la face. Car rester enfermée, ça l'angoisse. Autant que ça soit lui qui touche l'écran de contrôle, car si elle y pose ses doigts sans résultat, sa tension risque de faire des vagues.

Quelques secondes seulement après la fermeture des portes, un nouveau grincement sonore retentit et notre montée fut stoppée nette. La jolie brune qui était entrée juste après moi en perdit même l’équilibre et s’accrocha à mon bras en chancelant. Elle s’excusa brièvement, se justifiant par le manque de stabilité de l’endroit. Un petit sourire amusé étira mes lèvres alors que mes yeux se baissèrent sur ses pieds et je fis mine de comprendre que sa phrase s’appliquait directement à ses chaussures et non pas aux soubresauts de l’ascenseur : « J’ai jamais compris comment on pouvait réussir à marcher avec ce genre de trucs. » me moquai-je doucement. Je perçus une légère tension dans la voix de l’inconnue alors qu’elle me demandait d’appuyer une nouvelle fois sur le bouton. Je l’observais un instant avec le sentiment étrange de l’avoir déjà vue sans être capable de pouvoir mettre un nom sur son visage. Je finis par me dire que je l’avais probablement simplement déjà croisée sur le campus. Les acclamations provenant de la salle commençaient à nous parvenir en bruit sourd. Je m’avançai donc vers les commandes de l’ascenseur. A vrai dire, moi non plus je ne tenais pas à manquer ce concert à cause d’un ascenseur capricieux. J’appuyai sur le bouton de l’étage et attendis quelque secondes. Rien ne se produisit. Je recommençai avec plus de fermeté. Toujours rien. « Je savais que j’aurais du prendre les escaliers !» soupirai-je avec une pointe d’agacement dans la voix. Je commençais à sentir l’énervement monter. Mon index tapota convulsivement l’écran de contrôle « Allez… » grognai-je en continuant de m’exciter sur le bouton de l’étage. Finalement les lumières de l’habitacle s’éteignirent brusquement nous plongeant dans l’obscurité. Je m’arrêtai aussitôt. « Je pense pas que ça soit bon signe ça… » fis-je d’une voix penaude.

« Je crois qu'aucune de nous n'y arrive vraiment. » Mais diktat de la mode, toussa. Nous n'allons pas refaire le monde dans un ascenseur. « Je peux te les prêter si tu veux confirmer.. » Répondit Maxym, sur le même ton légèrement moqueur que son partenaire de bloc de métal. Bref, ce petit échange détendu passé, ils semblaient être bloqués entre deux étages. Rien de véritablement inquiétant jusque là. Ca arrive souvent ce genre de bug, non ? Bon, ça ne lui ai jamais arrivé.. mais ça doit arriver souvent. Oui. La belle fixe le doigt acharné du garçon, qui s'applique à réitérer son attaque sur le bouton. Une fois, deux fois. Une fois, le rythme cardiaque augmente. Deux fois, un léger frisson la parcoure. Et les mots qui sortent de la bouche de l'inconnu ne sont pas fait pour la rassurer, ni l'énervement qui semble le gagner, qu'elle palpe aisément. « Bon, t'y arrives où il faut être deux pour appuyer sur un bouton ? » Faute à la tension de ses nerfs, qui se répercute aisément dans son expression. Puisqu'il est le seul dans l'habitacle, il prend un peu pour tous ceux qui sont entrain de s'amuser, alors qu'eux sont toujours coincés là-dedans. S'approchant dans son dos pour prendre le relai, puisque visiblement il était incapable de faire fonctionner la machine, Maxym ne pu qu'assister impuissante à la suite des événements. Lassé de prendre des coups d'index, l'écran de contrôle renonça et les lumières avec. « Pas bon signe ? Non, sans rire ! » Grinça la demoiselle, meurtrière, avant de frapper comme une hystéro avec le plat de sa main sur le boitier. Ce ne fut que la douleur lancinante qui la fit s'arrêter, dans un gémissement lié autant au mal qu'à la rage. « Y a pas moyen que je rester bloquée là-dedans dans le noir.. Pas encore. » Lui revenait à l'esprit l'épisode du placard. Un épisode qui paraissait tellement identique à celui-ci. Tous les éléments semblaient réunit pour une version 2.. même.. lui ?

La proposition de la brune à la fin de notre débat concernant les talons m’arracha un petit sourire. « C’est gentil mais c’est pas ma pointure… » répondis-je avec un air faussement déçu. Mais cet échange détendu ne dura pas. L’ascenseur se stoppa ensuite bruyamment et tout s’enchaina. L’inconnue me demanda d’appuyer de nouveau sur le bouton, je m’exécutai mais après plusieurs vaines tentatives je perdis mon sang froid appuyant avec de plus en plus d’énergie sur le tableau de commande. Je sentis la présence de la jeune femme dans mon dos. Elle s’était rapprochée et perdait patience également, son irritation complètement trahie par le son de sa voix. La tension montait de manière évidente dans l’habitable. « Et c’est bon ! Pas la peine de jouer les miss sarcasme, je n'y suis pour rien moi… » grognai-je en sentant l’agressivité de l’inconnue à mon égard, tout en continuant de m'exciter encore davantage sur le bouton de l’étage. L’instant suivant, les lumières s’éteignirent brutalement et l’on se retrouva dans le noir complet. Rien qui ne puisse vraiment calmer la jeune femme. D’ailleurs un bruit sourd m’indiqua qu’elle venait probablement de s’en prendre au boitier de contrôle. « Ne paniquons pas… » fis-je en tentant de la rassurer. Je palpai un instant mes poches à la recherche de mon portable mais je ne pus que constater qu’il y était pas, il était probablement oublié, posé sur la table de chevet de ma chambre. « Tu as ton téléphone sur toi? » demandai-je à la brune. « On n’a qu’à appeler la salle de concert et je suis sur que quelqu’un va très vite venir nous dépanner. » Rester positif, optimiste et rassurant et éviter que cette fille ne devienne hystérique ou ne me fasse une crise de claustrophobie, voilà mon objectif premier. Je n’avais pas encore fait le lien avec cette soirée du summer camp que j’avais également passé dans l’obscurité et dans un espace réduit, peut être parce qu’à ce moment là je m’y étais enfermé volontairement pour échapper à mon cadet alors qu’à l’instant présent, j’aurais bien sur préféré assister au concert qui débutait et dont les premières notes commençaient à nous parvenir de façon étouffée…  

L'inconnu se défendit d'y être pour quelque-chose dans cette débâcle. Évidemment. Qui l'incriminerait pour une défaillance technique, ignorant alors qu'il avait tout fait pour redémarrer l'engin ? Quelqu'un comme Maxym, surement. « Ah ouais Bean ? Parce que moi j'vois comme une cause à effet là. » Ce n'était pas la première fois qu'on la surnommait ainsi. « Miss sarcasme », et il n'y a rien à faire, elle ne l'aimait toujours pas ce sobriquet. Oh, elle remarqua bien que la voix du garçon ne lui était pas inconnue, particulièrement posée sur ces mots, mais son esprit était bien trop distrait par la situation pour s'en convaincre et faire un lien précis. Disons juste que tout ceci lui semblait familier. L'homme tenta d'apaiser la situation, en, à l'inverse de la belle, réfléchissant avec son esprit plus qu'avec ses nerfs. « Ouais.. j'dois l'avoir dans mon sac. » Dit-elle sur un ton plus calme, rassurée par cette nouvelle idée qui finalement résolverait tout, et malgré elle, par le fait que son partenaire reste calme. Ses doigts partirent donc à la recherche de son téléphone dans le bordel infini de son sac, devant se passer de lumière, ce fut à tâtons qu'elle s'y entreprit. Après quelques longues secondes de fouille infructueuse, sa main se referma sur le précieux. « C'est bon je l'ai ! On va pouvoir se sortir de là.. » Sauf qu'il ne faut jamais se réjouir trop vite. Brandissant fièrement leur porte de sortie, sa joie se réduisit considérablement en regardant l'écran. En plus d'une batterie en berne, il ne captait tout simplement pas dans cette cage. Bref, tous les indicateurs frôlaient, ou atteignaient le zéro. Il faut dire que l'appareil était une antiquité.. Maxym n'étant pas très technologie. L'avantage de l'avoir envoyé avec toute sa force contre l'une des parois de l'ascenseur en poussant un cri de rage, c'est que maintenant complètement explosé, elle n'aurait pas le choix que d'en changer. « On captait rien. » Justifie-t-elle, histoire de ne pas passer pour une folle à lier. « On est foutu. On va louper le concert, et en plus de ça je sais même pas s'ils vont s'apercevoir de la panne avant des heures. » La déception avait eu raison de l'optimisme de Maxym. Se laissant glisser contre la paroi, elle finit sa descente assise sur le sol, complètement défaite.

La tension était montée d’un cran depuis que cette fichue machine avait stoppé son ascension sans prévenir. L’extinction brutale des lumières alors que je m’énervais comme un fou sur le bouton de l’étage n’aida pas la jeune femme qui me tenait compagnie à garder son calme. J’avais beau me défendre et souligner que ce n’était pas la peine de s’en prendre à moi, elle restait sur la défensive. Dans l’obscurité, à présent que je me concentrais vraiment sur sa voix et non plus sur les jolies formes féminines que soulignait sa tenue, je remarquais qu’elle ne me semblait pas si étrangère que cela. Et puis le terme avec lequel me désigna m’interpella également : « Bean ». Pourtant, je n’avais toujours pas fait complètement le rapprochement, trop agacé d’entendre le début du concert qui nous parvenait en sourdine. Il nous fallait une solution pour nous sortir de là, et vite. Surtout que la brune paraissait légèrement claustrophobe sur les bords. Je cherchai mon téléphone mais je dus me rendre à l’évidence que je l’avais très certainement oublié dans ma chambre. Je demandai donc à ma partenaire de mésaventure si elle avait le sien sur elle, précisant qu’en appelant les responsables du Middle East, on serait très probablement vite dépannés. Cette proposition sembla l’apaiser un instant, elle avait son portable dans son sac. Quelques froissements de tissu plus tard, l’exclamation ravie de la jeune femme m’informa qu’elle avait mis la main dessus. « Qu’est-ce que tu attends vas-y, appelle. » trépignai-je alors que la musique continuait de nous parvenir. Nous avions déjà passé suffisamment de temps ici à mon goût et savoir que le concert avait déjà commencé ne m’aidait pas à me montrer patient. Mais soudain un bruit sourd résonna dans notre prison métallique. « Qu’est-ce que… » Le –on captait rien- de mon interlocutrice me coupa dans mon interrogation. Elle venait vraiment de balancer son téléphone ? J’étais définitivement coincé avec une hystérique… « Mais ça va pas ? Tu aurais du le garder, ça nous aurait au moins fait une source de lumière ! » m’exclamai-je avec une pointe d’agacement dans la voix. Elle se lamenta ensuite et j’avoue que j’avais un peu perdu de mon optimisme moi même, je n’avais pas vraiment d’autre plan à lui proposer pourtant je cherchais de tout cœur une autre idée. « Il doit bien y avoir une solution pour les prévenir. » fis-je en m’avançant à nouveau vers l’endroit où était situé le tableau de commande de l’engin mais je n’avais pas fait un pas que je trébuchai sur une paire de jambes étendues devant moi. « Mais qu’est-ce que tu fabriques ? Tu comptes dormir ici ? » me moquai-je d’abord en constatant que la brunette s’était assise là. Je la contournai pour aller tapoter à nouveau sur les commandes de ce maudit ascenseur mais après deux minutes d’essais infructueux, je me résolus finalement à la même chose qu’elle et j’allai me laisser tomber à ses côtés, dépité. « Tu sais que si tu te tais un peu on pourra peut être réussir à entendre quelques notes… » fis-je en me concentrant sur les sons étouffés qui résonnaient jusqu’à nous.

Qu'obtient-on en enfermant deux caractères incompatibles dans un endroit clos et restreint ? Plus ou moins ce que vous voyez, là. Ils ne s'écoutaient pas vraiment, et inutile de parler d'entraide. Pire, la pression de la situation se cumulait avec celle imposée par leur comportement respectif. Il agaçait la demoiselle, et elle ne doutait guère que l'inverse soit vrai. Alors qu'au fond, heureusement qu'il est là cet imbécile.. sans lui, à cette heure, elle se serait déjà saignée les poings contre la porte en ferraille. S'en prendre à sa petite personne la défoulait, et lui permettait de penser à autre-chose. Inconsciemment sûrement, elle poussait les provocations. Et même quand elle ne le faisait pas, son geste colérique digne d'une enfant de douze ans suffisait amplement pour agacer la bête. Levant les yeux au ciel, l'insolente se défendit d'une voix mal assurée. « De toute façon y avait plus de batterie.. » Ce qui n'était pas faux en soit. M'enfin, ce n'était pas la chose la plus intelligente qu'elle ai faite jusqu'ici. Résignée, Maxym s'était assise sur le sol, jambes étendues devant elle. Ces mêmes jambes qui furent heurtées par un partenaire ayant un peu trop la bougeotte. « Mais aie ! » S'exclame-t-elle, sans même avoir ressentit de douleur. « Tu peux pas regarder où tu vas ? » Bah... non, c'est le principe du noir. Croisant les bras un instant, fermant ses paupières, la belle soupira bruyamment sur un fond de tapotement. L'homme s'acharnait encore sur les boutons du tableau de bord, et cela eu la même réussite que les fois précédentes. Soit, rien. Le néant absolu. Après s'être évertué à comprendre ce que Max avait déjà intégré -ils étaient bel et bien condamnés à rester ici-, il s'assit à ses côtés. Rouvrant ses prunelles sur l'obscurité, elle tourna par habitude son visage vers son interlocuteur, bien qu'elle n'y voit rien. « Ben alors, tu comptes dormir avec moi ? » Dit-elle, railleuse. Et monsieur se permettait même de quémander le silence. Silence qu'elle ne lui accorderait pas, vous vous en doutez. Écouter le concert à travers une cage d’ascenseur ne la faisait pas rêver, loin de là, c'était même pire que de ne rien entendre. « Je me demande vraiment ce que j'ai fais pour toujours me retrouver enfermée avec le type le plus agaçant de tout Harvard.. » Je ne sais si c'est le fait de fermer les yeux, ou de juste prendre la peine de se calmer un instant, mais Maxym était désormais bien plus au point sur l'identité de son partenaire. Elle le connaissait, et elle savait d'où. Un fin sourire amusé se dessinait d'ailleurs sur ses lèvres.

Cette situation avait étrangement comme un parfum de déjà vu. Je ne saurais dire pourquoi… Et alors que la jeune femme grognait après que je l’ai heurtée, je ne trouvais rien de mieux que de ronchonner à mon tour sur un ton des plus bourrus : « Je regarde où je vais mais je ne vois rien ! » Je ne savais pas l’expliquer mais cette inconnue avait l’art de me mettre les nerfs en pelote. « Je ne sais pas si tu as remarqué mais il fait un peu sombre là dedans. » ajoutai-je alors. Remarque inutile et qui n’allait certainement pas aider à apaiser la tension croissante de cet ascenseur. Je savais que j’aurais plutôt mieux fait de m’excuser, mais bizarrement j’optais pour calquer mon attitude sur la sienne. Après tout le sarcasme devait avoir son petit effet sur elle puisque cela semblait être son moyen majeur de communication… Et puis après un nouvel essai infructueux à l’encontre des boutons de commande de ce fichu engin, je dus me résigner et je me laissai tomber au côté de la jeune femme qui ne rata pas l’opportunité de se moquer à nouveau. « Dormir ? Ca serait vraiment du gâchis, il y a tellement mieux à faire dans une cabine d’ascenseur… » Répondis-je dans l’espoir d’arriver à la déstabiliser un peu avec cette phrase chargée de sous entendus. Puisqu’elle ne semblait pas du tout disposée à se taire d’elle même, je comptais bien trouver un autre moyen d’obtenir le silence. Lorsque je l’entendis ensuite se plaindre de ma présence ici, je ne pus m’empêcher de protester : « Le plus agaçant ? Sérieusement ? » fis-je d’une voix choquée. « Non mais tu ne dois pas avoir beaucoup de point de comparaison… Tu connais pas grand monde sur le campus c’est ça ? Non parce que je t’assure quand temps normal, agaçant n’est vraiment pas le terme qui me caractérise le plus. Mais c’est vrai que le fait d’être enfermé avec une cinglée hystérique et aux tendances violentes pourrait expliquer mon changement de caractère… » Je ne comptais pas la laisser me lancer des pics de la sorte sans me défendre, après tout c’était elle qui avait manqué de faire une crise de panique lorsque l’appareil avait cessé de fonctionner. En repensant à sa réaction, j’eus l’espace d’un instant un remord quand à mon attitude : j’aurais probablement du me montrer plus calme et plus mature et la rassurer. Décidant de changer un peu de stratégie, mais pas décidé pour autant à m’excuser, je repris : « Je m’appelle Priape au fait…»

On avait beau dire que les choses n'arrivent pas par hasard, Maxym commençait sérieusement à se demander à quoi cela servait de la coincer, encore, dans un lien exiguë. Ca l'angoissait, et l’angoisse ne faisait pas vraiment ressortir le côté le plus agréable de sa personnalité. C'était bon pour la modestie, ainsi prise au piège, mais mauvais pour ses nerfs. Un téléphone et une main rougie plus tard, elle rajoutait au fur et à mesure à sa liste un mécontent. Pas que cela traumatise la demoiselle, elle acceptait parfaitement l'idée de ne pas plaire à tout le monde, m'enfin.. ils auraient pu s'en sortir sans râle, si seulement ils ne jouaient pas à qui tapait le plus fort. Jeu auquel Maxym refuse de perdre, évidemment. C'est bien plus distrayant de renvoyer la balle. Surtout quand on s’aperçoit que l'adversaire se révèle être à la hauteur. La présence maintenant à ses côtés de l'homme ne la détourne pas de sa dynamique, malgré une remarque qui, on ne peut lui enlever, décontenança légèrement la demoiselle. Son air renfrogné se mua en un léger sourire amusé, et son coude vint s'enfoncer sans vraiment de violence dans les côtes masculines. « Apprends déjà à te servir des boutons d’ascenseur avant de t'attaquer à plus compliqué.. » Qu'elle lui répond dans la même thématique sous-entendue. Pour le reste, il a l'air choqué du terme employé pour le caractériser. Franchement, il est surprit qu'on puisse le trouver agaçant ? Il était absent les quinze dernières minutes ou.. ? Elle l'a bien cherché, d'accord, mais il est loin du statut de victime. « Parce qu'évidemment, t'es le mieux placé pour savoir ce que pensent les autres de toi.. J'suis convaincue qu''agaçant' est un qualificatif qui revient souvent. Ou alors t'es complètement influençable.. Tu vas pas changer à nouveau de caractère hein ? » Genre, le type est bipolaire. Enfin, tout ceci était dit sur un ton plutôt léger, la demoiselle étant un peu lasse de se bagarrer avec agressivité. L'excitation, puis la déception et enfin la colère, retombaient sur ses nerfs. « Priape.. » Prononce-t-elle en décomposant chaque lettre. « Ouais, ça me dit rien. Quelle confrérie ? » Déjà, on peut dégager les Quincys de la liste des possibilités. « J'suis Maxym. » Est-ce vraiment utile de préciser « Eliot » ? Puis, éclair de génie, ça lui vient : « Hé mais attends, tu connais pas Denys ? » Ses yeux rivés sur ce qui ressemble à une ombre de Priape, sourcils froncés. Et qu'on ne me dise pas que les Priape courent les rues d'Harvard.  Dieu merci.