Je sortais de ma douche, chose normale en plein milieu d'un dimanche après-midi, je l'accorde. Mais je n'avais rien d'autre à faire que de me doucher, et puis, ensuite, ça donnait une bonne excuse pour s'amuser à faire l'inventaire de sa garde robe, de s'amuser à se changer, à essayer des robes que je ne pouvais pas mettre en temps normal, essayer mes chaussures à 1500 dollars que je n'osais pas sortir... En gros, me faire mon petit défilé personnel, sans personne pour me juger ou quoique ce soit.

Ces derniers temps, j'avais été très entourée, que ce soit entre la fête de la St Valentin, l'anniversaire d'Elias, mes cours etc... Sans compter la réparation de la maison, et mes investigation pour Andy. J'avais rapidement croisé Rose, mais je n'avais pas pu lui sous-tirer les informations que j'avais pu vouloir avoir. Enfin, j'avais pu, mais je n'étais pas sur si c'était la vérité ou pas. Mais je ne voulais pas penser à cela. Je sortais de la salle de bain, uniquement vêtue d'un drap de bain, qui couvrait à peine mon corps, encore humide. J'ouvrais en grand la double porte en chêne de mon armoire massive, et commençait à fouiller dans les tiroirs à sous-vêtements, tout en vérifiant que ma porte était bien fermée. Je foullais à travers la lingerie qui s'entassait dans le grand tiroir. J'en tirais une petite culotte en dentelle, presque transparente, que je ne me souvenais pas avoir acheté, et encore moins avoir mis. J'extirpais de l'amas de sous-vêtement un tissus de la même couleur, que je regardais, avant de réaliser ce que c'était. Une sorte de corset. Très mignon. Je me souvenais maintenant pourquoi je l'avais acheté, et aussi pourquoi je n'avait jamais mis cet ensemble. Ca datait du temps où je sortais encore avec Ezra. Très vieux, donc. Et que je n'avais jamais mis. J'enfilais la culotte - si on pouvait appeler ça ainsi - et commençais à mettre le corset de soie et de dentelle beige. Pas très pratique, il faut l'avouer, mais d'un coup d'oeil dans le miroir, je comprenais mon achat. Sans être prétentieuse, ça m'allait vraiment bien.

Et alors que je me retournais pour voir si je ne m'étais pas mal trompée lors du laçage du corset, je vis une silhouette adossée à la porte. Je laissais échapper un cris de surprise, et récupérais la minuscule serviette qui trainait sur le sol. Alors que je me couvrais comme je pouvais le corps, j'identifiais la personne qui était entrée dans ma chambre. Andy. Je le fusillais du regard.

-ANDY ! Qu'est ce que tu fous là ?!

Je ne m'attendais pas à ce qu'il soit là. A ce que quelqu'un soit là ! Il ne pouvait pas toquer ?

Je fixai Andy, sans bouger. Je le fusillai du regard, sentant le sien posé sur moi. Je n'était pas spécialement pudique ou timide, mais je n'aimais pas être surprise de cette manière là. C'était vicieux, pervers, fourbe. Surtout, il fallait qu'il me surprenne en essayage de lingerie, hein ! Pas en robe de soirée, pas sur mes talons de 20 centimètres... Je ne daignais même pas lui répondre, et avançais à grand pas vers mon lit, après avoir arraché une chemise blanche d'un des cintres. Je retenais la serviette sur mon corps, et m’emparai d'un des coussins qui était posés sur mon lit, que je balançais de toute mes forces sur mon ami. Ça n'avait pas loupé, la serviette avait glissé à mes pieds lors du mouvement brusque. Les mains dans les poches, il aurait du mal à l'éviter ! Une fois le coussin lancé, j'enfilai la chemise blanche, ce qui n'amenait pas grand chose, étant donné que j'en avait pris une plus ou moins transparente, et qui ne couvrait finalement pas grand chose.

« Je ne sais pas si on te l'a appris, mais on toque avant d'entrer Andy ! »

Je ne me permettais pas d'entrer dans sa chambre et de le mater lorsqu'il se changeait moi ! Pas que cela me gênerait, l'aperçu que j'avais eu de son corps était plutôt alléchant, dans le genre, il était plutôt très bien foutu. Andy restait devant la porte, son air nonchalant sur le visage. J'étais encore furieuse, trop furieuse pour ressentir une once de gêne.

« Je ne sais pas si le paysage change beaucoup, que ce soit ta chambre ou la mienne ! Mais vu que tu es rentré, je pense que tu peux faire un peu plus qu'un pas, pas besoin de rester devant la porte. »

Je savais pertinemment ce qu'il voulait dire par paysage, mais je préférais ne pas relever. Je restais polie, je savait très bien que j'allais me calmer dans les cinq prochaines minutes, le temps de redescendre. Sérieusement, comment ça se faisait que je n'ai rien entendu... Ma porte ne pouvait pas être aussi silencieuse, si ? Je lui tournais le dos, toujours uniquement vêtue de mon corset et de la chemise blanche. Je relâchais mes cheveux, auparavant remonté en chignons, ils descendaient à présent le long de mes épaules. Je m'asseyais sur le lit, et fixait Andy, un air à demi accusateur dans les yeux.

« Depuis quand tu m'observe ? »

J'observais avec un petit sourire sadique le coussin rebondir sur Andy. Un moment, je pris 'peur'. Et si il prenait le cousin et me le relançait dessus. Il était plus grand et plus fort que moi, je n'avais aucune chance dans un combat à coup d'oreiller. Mais non, il se contenta de le relancer à sa place initiale, sur le lit. Il suivit le coussin et se coucha sur le lit, s'excusant. Je savais très bien qu'il n'était pas vraiment désolé, je pouvais lire ça dans ses yeux. Je levais un sourcil.

« Tu veux vraiment que je te croie ? »

La fureur se calmait, je n'étais plus sereine. Après tout, c'était Andy. Un ami. Et puis, ce n'est pas comme si j'avais été complètement nue, non. Je n'étais pas plus habillée en maillot de bain. Pendant que j'essayais de me raisonner, je m'asseyais à ses côtés. « Ça fait pas bien longtemps, à peine une minute je pense. Tu étais déjà presque prête dans je suis rentré. » Je ne pensais pas qu'il me mentais, il avait l'air honnête. Et je n'étais pas distraite au point de ne pas le voir pendant aussi longtemps. Surtout qu'il ne se cachait même pas, c'était ça le pire ! En fait, je ne savais pas si je m'en voulais pour ne pas avoir fermé la porte à clefs, ou si je lui en voulais de ne pas avoir frappé. Probablement les deux. Je ne lui tournai à présent plus le dos, et regardais Andy. Il faisait sa moue angélique, il devait savoir que lorsqu'il faisait ça, je ne pouvais plus rien lui dire. Je haussais les épaules et secouant légèrement la tête, les yeux levés au ciel.

« Non, MacDougall, je t'en veux pas. Enfin, si, un peu quand même. »

Et en disant ça, je commençais à lui tambouriner l'épaule, pas méchamment, mais assez fort pour que demain, un bleu fasse son apparition. Un sourire discret fit son apparition sur mon visage. Il m'aurait toujours avec ce visage... Je me mordillai les lèvres. Je n'avais aucune force morale.

« T'es impossible, tu sais, Andy ? »

Je secouais la tête en entendant Andy. Il n'y avait que lui pour dire ça, mais au moins, ma fureur s'était envolée. Je faisais rarement longtemps la tête, mais il avait quand même réussis à me calmer assez rapidement, ce qui n'étais pas forcément facile. Mais avec ce sourire et cet air d'ange aussi... c'était pas ce qui était de plus compliqué ! Je riais à sa remarque.

« Du charme, Andy ? Toi ? T'es sûr ? »

Je levais un sourcil, moqueuse. Je savais très bien qu'il ironisait, mais quand même ! C'était trop beau pour ne pas relever. Et puis, un peu d'humour ne faisait jamais de mal. Il termina de fixer le plafond pour me regarder à nouveau. « Ne m'en veux pas trop longtemps alors, tu me manques déjà. » Ironie ou pas ironie... Son air sérieux inséra une once de doutes dans mes pensée, et je jouais avec mes mèches de cheveux, le faisant attendre. Il essayait de me faire culpabiliser ? Alors que c'était lui qui était venu dans ma chambre ? Et je lui manquais, vraiment ? Et avant que je ne puisse dire quelque chose, il continua. « Je peux te dire que tu es terriblement sexy dans cette tenue, ou tu vas encore me taper ou me fusiller du regard ? » Je ne savais pas quoi répondre, vraiment. Je commençais par le fusiller du regard, avant d'éclater de rire.

« Si, t'as le droit ! J'accepte les compliments, tu sais... Terriblement sexy, c'est vrai ? merci »

C'était pas souvent qu'on me faisait de tel compliments, mais je ne laissais pas transparaitre ma gêne. Je me levais du lit, et me dirigeais vers mon armoire. Je n'en avait plus rien à faire, après tout, Andy avait déjà vu tout ce qui était à voir.

« Je suppose que tu venais pour quelque chose d'autre que pour me surprendre en train de me changer, non ? »

Je tournais la tête vers Andy, un sourire malicieux sur le visage. J'étais quand même curieuse de la raison de sa venue... Et me retournais vers mon armoire, continuant le tri que j'avais commencé avant l'arrivée d'Andy.

Je sentais le regard d'Andy posé sur moi, alors que je me déplaçais vers mon armoire, mais je n'en tenais pas compte. Je sortais une jupe courte à carreau noir, style écossaise, que je posais par terre, avant de chercher un collant qui pouvait passer avec. Andy ne me répondit pas vraiment, il avait « oublié... ». Ouais, c'est ça ! Mais cela ne devait donc pas être vital.

Je sentis Andy se lever du lit, et se rapprocher de moi, jusqu'à pouvoir s'appuyer sur la lourde porte de mon armoire. Je ne faisais pas attention à lui, jusqu'à ce que je sente une main posée sur mon épaule. Je tournais la tête. « T'es sûre de vouloir te rhabiller ? » Je reconnaissais bien mon Andy là, mais non, sans façon. Je l'appréciais beaucoup trop pour que quoi que ce soit de physique ne vienne se passer entre nous deux, malgré les désirs d'Andy -et même éventuellement les miens. Mais j'allais jouer un peu avant. Eh, j'avais bien le droit de m'amuser aussi non ? Je lui lançais un regard faussement séducteur, et me penchais vers lui, doucement, jusqu'à ce que mes lèvres ne soient qu'à quelques centimètres de ses oreilles.

« Andy, tu es sûr de ce que tu viens de dire ? Car oui, je vais me rhabiller...»

Je m'écartais de lui, et me penchais pour rattraper la jupe qui était par terre, que je commençais à enfiler.

« Sérieusement ? Tu me connais pourtant... »

Je ne pouvais m'empêcher de fixer alternativement ses lèvres et ses yeux. Je venait soit de commettre une énorme erreur, soit de sauver une amitié. Je ne savais pas encore exactement comment qualifier mon acte, mais ma conscience me soufflait que c'était la bonne chose à faire. Et puis, je n'étais pas une de ces Chuck ou Lùhann qui couchaient à droite à gauche. J'avais ma fierté.