MAËNNA ❖ truth or lies ?

La chambre était plongée dans le noir, malgré l'heure avancée de la journée qui était indiquée sur le radio réveil. Lentement, mes yeux s'habituèrent à l'obscurité et je pris conscience de la source du léger poids sur mon torse. La tête de la fille que j'avais ramené la veille et qui était visiblement venue se pelotonner contre moi durant la nuit. J'essayais de m'extirper des draps en douceur, mais elle ouvrit les yeux, braquant son regard vert sur moi. Il faut que tu partes marmonnais-je d'une voix endormie en me levant, manquant de peu de me prendre les pieds dans le tapis. Ne la voyant pas beaucoup, je reprenais en lui jetant sa robe, roulée en boule au bord du lit. Allez ! Je ne me souvenais plus de son prénom et me tourna en la voyant se redresser, non sans pousser un gémissement plaintif. Je ne voulais pas que Noa la voit. En soit, ce ne serait pas dramatique, mais je ne voulais pas d'une autre conversation, aussi courte soit-elle, sur mon 'mode de vie sentimental'. Tu peux passer par l'escalier de secours, en passant par ma baie vitrée.. Je fus couper dans ma phrase par un éternuement. J'étais en train de choper un rhume, ce qui était particulièrement ironique vu que je mentais à Jenna depuis quelques jours sur mon état pour l'éviter un peu. J'allais avoir le pif tout rouge, comme en guise de punition pour la mener en bateau. Foutu karma. Et les cours qui avaient repris... La vie n'était pas franchement une partie de plaisir en ce moment, mais au moins la nuit dernière avait été sympas. J'enfilais un sweat-shirt aux couleurs d'Harvard et un pantalon de pyjama sans prendre la peine de mettre quoi que ce soit en dessous.

J'avais un bourdonnement dans la tête et la bouche pâteuse, mais j'étais habitué aux lendemains de cuite. Ca allait passer. Je poussais la porte de ma chambre et me retrouvais dans le couloir. La luminosité me fit fermer les yeux et je resta ainsi en traversant le couloir, profitant de mes dernières secondes d'obscurité. Je connaissais l'appartement comme ma poche ainsi quand je fus quasiment sûr d'avoir fini la traversée du couloir, je r'ouvris les yeux et ouvris de grands yeux. Elle était là, dans le salon. J'étais plus ou moins son petit ami, car j'avais fait preuve d'une maladresse légendaire. J'étais mal. Ma situation n'avait rien d'enviable. Il fallait que je me sorte de ce pétrin. J'ouvris la bouche, encore choqué de la voir ici, ce que je n'avais rien anticiper et finit par parler. Jenna lâchais-je. Je parlais un peu du nez à cause de mon début de rhume et je devais empester l'alcool. Pourquoi je n'avais pas pris de douche ?

Le soleil se levait sur Cambridge, venant réchauffer ma peau alors que je dormais encore paisiblement. Cependant, ça ne dura pas, à peine les rayons du soleil avaient-ils le temps de m'effleurer que mon réveil retentit dans toute la chambre. Ma chambre chez les Eliots plus précisément, que j'avais repris depuis que les confréries avaient de nouveau ouvert leurs portes. Le bruit du réveil m'agressa littéralement les tympans en un temps record. Je tentais alors de mettre fin au supplice le plus vite possible pour cliquer sur un bouton en faisant taire cette stupide sonnerie. Onze heures. Ça faisait depuis un bail que je n'avais pas dormi aussi longtemps. Les cours avaient repris mais heureusement on était dimanche et qui dit dimanche dit grasse matinée, évidemment. Blottie sous mes draps, le visage à moitié caché, je fixais le plafond avec une flemme impressionnante. Vague. Voilà comment était mon humeur, j'avais un de ces mal de têtes à force de penser. Depuis quelques jours je n'étais pas tellement rassurée, mon coeur n'était pas aussi calme que d'habitude. Maël me laissait en doute et je ne savais pas quoi penser de lui. D'abord on couche ensemble, ça d'accord. Mais après il me dit qu'il en veut davantage et me laisse entendre que je suis sa petite-amie. Et si en réalité je ne comprenais rien à ce qui se passe ? Non ça, c'est une certitude. Je ne comprenais rien à ce qui se passe. Ce qui signifie qu'il est grand temps que j'aille le voir pour avoir les idées claires. Et ce, même s'il était malade - comme il me le disait si bien en texto. D'un geste rapide, j'ôtais les draps de mon corps et me levai de mon petit lit douillet. Enfilant un mini short, un débardeur noir et ramenant mes cheveux dans une petite queue-de-cheval, j'étais enfin prête pour un petit détour chez Maël.

Arrivée devant la porte de son appart', je toquais assez fort pour qu'il entende. Personne. Je restais quelques secondes à attendre avant de constater que la porte était entrebâillée, c'était ouvert. Franchissant la porte, je me retrouvais dans ce qui semblait être un salon. Son salon. J'entendis Maël marmonner quelques mots incompréhensibles. Depuis quand il parlait tout seul, lui ? C'était le sombre absolu et l'air était tellement frais que je me décontractais un peu plus. Jenna. J'étais prise la main dans le sac. Maël semblait choqué de me voir et effectivement il était malade. Plus de doute là-dessus. Mais il y avait une sorte de puanteur dans l'air et j'étais assez intelligente pour deviner qu'il s'agissait de l'alcool. Bon, il avait bu et avait la gueule en bois. Et alors ? Hey. Tu parles tout seul maintenant ? Lançais-je sur le ton de l'humour.

Je m'étais fourré dans une drôle de situation qui ne me réjouissait vraiment pas. J'aurais sans doute put tout régler en faisant un peu preuve d'honnêteté. Lui dire que je n'étais pas ce genre de mecs. Je ne voulais pas le faire et venant de moi, cela n'avait pas le moindre sens. Elle était en train de m'attendre, c'était forcément le cas. J'étais 'son petit ami' après tout même si le simple fait de penser à ça m'arrachait presque une grimace. Je ne devais vraiment pas être beau à voir avec mes cheveux ébouriffés, mon nez rouge, mon air à l'ouest et ma tenue enfilée au saut du lit. Elle était plus belle que moi, c'est clair et dans une position moins délicate aussi. Jenna me fit une remarque, d'humeur rieuse visiblement. Je carburais vite pour lui répondre du tac au tac même si le mal de crâne ne m'aidait pas à faire preuve de réactivité. J'étais au téléphone répliquais-je avec un sourire que je voulais détendu. Je restais un peu bêtement, debout à côté d'elle, sans prononcer un mot avant de r'ouvrir la bouche. Je ne t'embrasse pas, je voudrais pas te refiler mon rhume sauf si tu m'envies ma tête de clown ajoutais-je en pointant un doigt vers mon nez. Je me penchais pour attraper un paquet de mouchoir déposé sur la table basse et en prit un. Je me moucha en silence en prenant le chemin de la cuisine. Un café ne me ferait pas de mal. Ce n'était pas le moment de commettre des bourdes et je pria en silence pour que la fille dans mon plumard se soit vraiment tirée. Je rejoignis la machine au café et me prépara rapidement un café au lait. C'était ce que je buvais tous les matins depuis que mes parents m'estimaient en âge de boire du café. Au moins, j'étais constant à propos d'une chose. Une fois ma boisson prête je revins vers Jenna et me laissa tomber dans un fauteuil avant de boire quelques gorgées. Tu ne m'avais pas prévenu que tu passerais. Quoi de neuf ? Demandais-je en fuyant un peu son regard et en ne m'approchant pas trop. Je devais vraiment puer et j'avais dans l'idée d'éviter de lui imposer cette puanteur, même si elle devait la sentir d'ici. Au bout d'un moment, je pris conscience que j'étais en train de siroter mon café sans rien lui avoir proposer. Je me tapa le front avec ma main. Excuse-moi, je suis un mauvais hôte. Tu veux boire quelque chose ? Je n'avais en fait pas franchement l'habitude d'avoir ce genre de visites. Je n'avais pas l'habitude d'avoir une petite amie à qui proposer une tasse de café.

Moi-même je m'étonnais de lui faire une visite surprise, mais j'avais besoin de lui parler en face et de faire le point sur notre relation. Pleins de questions me brûlaient les lèvres mais vu son sale état, je décidais de m'y prendre au fur et à mesure. Mais s'il y avait bien une chose dont je ne comprenais pas, c'était le fait qu'il soit malade et qu'il pue l'alcool. Je soufflais un bon coup, j'étais épuisée à force de me douter s'il y avait quelque chose qui clochait ou non. J'étais au téléphone. Il me sourit et comme un réflexe, un sourire se dessina sur mon visage. Je ne t'embrasse pas, je voudrais pas te refiler mon rhume sauf si tu m'envies de ma tête de clown. Il désigna son nez et je ne pus m'empêcher d'étouffer un petit rire. Non, je vais m'en remettre t'inquiète pas. Disais-je, toujours sur le ton de l'humour. Il était peut-être dans un sale état mais il me faisait rire. Chose rare que je trouvais chez les gars. Perdue dans mes pensées, je m'apercevais que Maël n'était plus là. Il avait sûrement dû partir dans la cuisine. M'asseyant sur le canapé le plus proche, je regardais les alentours avec des regards furtifs. Il avait une chouette décoration. Puis mon regard se posa sur une photo où se trouvait Maël et son frère jumeau. C'était fou à quel point ils se ressemblaient et si je n'avais pas examiné ses traits comme je l'avais fait lors de ces dix derniers jours passés à ses côtés, je ne l'aurais pas reconnu. Mais j'arrivais parfaitement à distinguer Maël. De quoi me rendre compte que je l'avais beaucoup regardé ces derniers temps, voir même un peu trop… Ce dernier arriva avec un café à la main et s'assit ensuite dans un fauteuil. Tu ne m'avais pas prévenu que tu passerais. Quoi de neuf ? Tiens, en quelques secondes j'avais déjà oublié le pourquoi de ma visite. Surprise ! Je… Mais avant que je ne puisse dire quoi que ce soit d'autre, Maël me coupa. Excuse-moi, je suis un mauvais hôte. Tu veux boire quelque chose ? En effet je n'avais rien pris ce matin et ma réponse vint directement depuis mon ventre, qui gargouilla. Pas grave. En tout cas t'as la réponse. Une tasse de café si ça te dérange pas. Après tout ça risquait peut-être de le déranger vu son rhume.

Elle ne tarda pas à me répondre elle aussi avec un petit sourire, réaction qui eu pour effet de me détendre. Elle riait même, c'était bon signe. Il faut dire que ma sale tête était amusante. Je ne devais vraiment pas être beau à voir. Comment j'avais fait pour ramener une fille hier avec cette tronche ? Peut-être que les nez rouges ça faisait tomber les filles comme des mouches. Cette excuse pour ne pas donner un baiser à Jenna me plaisait bien. Non pas que je manque d'envie de ce côté-là, mais vu mon haleine de chameau, c'était mieux pour tout le monde que je m'abstienne de lui faire des bisous. Je rejoignis la cuisine pour me préparer mon café, laissant Jenna seule dans le salon. Je ne ressentais pas le besoin de lui dire de me suivre. J'avais besoin de réfléchir un peu. Elle allait sans doute me poser des questions, combien mon état peu glorieux la poussait peut-être à faire preuve de douceur avec moi. Tant mieux, je n'allais sûrement pas m'en plaindre, bien au contraire. Je revins rapidement au salon avec ma tasse remplie de café au lait. Elle me chauffait les mains et je bu quelques longues gorgées une fois installée dans un fauteuil en cuir. Le liquide chaud me réchauffa et je me sentis mieux, malgré mon mal de crâne persistant. Je la questionnais sur sa venue et lui lança un regard d'excuse après l'avoir coupé en pleine réponse en me rendant compte de mon impolitesse. Je lui coupais la parole pour m'excuser de ne pas lui avoir proposer une tasse de café. Bravo, Maël ! Me félicitais-je mentalement. Non, bien sûr que non. Répondis-je en me levant, déposant ma tasse sur la table en rejoignant à nouveau la cuisine. Cette fois-ci, je fut plus bavard, prenant sur moi pour ignorer mon mal de tête. Comment tu vas ? Tu as déjà emménagé chez les Eliot ? Les questions qui m'étaient venues en premier. J'attrapa une autre tasse et m'approcha à nouveau de la machine à café. Tu l'aimes comment ton café ? Demandais-je en regardant mon reflet dans la glace disposée au dessus des plaques de cuissons. J'avais vraiment l'air crevé. Je rejoignis le comptoir de la cuisine et attrapa une boite de pastilles à la menthe. J'en avala deux et laissa échapper un bâillement. J'étais crevé. Sûrement un peu à cause de mon rhume, mais aussi car je n'avais pas beaucoup dormi la nuit dernière.

Que dire en ce moment ? Si ce n'est que j'étais venue dans l'unique but d'en savoir un peu plus sur notre relation et s'il ressentait le besoin que je sois sa petite-amie... Étant donné que ce matin je ne m'étais pas donné le loisir de prendre le petit déjeuner, j'acceptais avec plaisir une tasse de café chaud. De quoi me mettre les idées en tête, alors que je ne savais pas comment m'y prendre avec l'état de Maël. En temps normal je lui aurais clairement dit le pourquoi de ma visite surprise, mais il avait une sorte de charme - même avec son rhume, qui me faisait rendre compte que je devais lui en parler calmement. Non, bien sûr que non. Tant mieux alors s'il se sentait dans capable de me servir un café. J'esquissais un sourire comme guise de remerciement. Cette fois-ci, je le vis se lever pour rejoindre derechef sa cuisine. Je continuais mon état des lieux, mais à part la photo qui m'avait distraite, il n'y avait rien d'autre qui attira mon regard. Comment tu vas ? Tu as emménagé chez les Eliot ? M'installant plus confortablement sur le canapé, j'étais contente que Maël prenne l'initiative de parler davantage. Ça va. Oui, tu ne risques plus de revoir ma mère. Lançais-je en me remémorant la scène où cette dernière ne s'était pas gênée pour entrer dans ma chambre, et me découvrir avec un jeune homme qui se présentait comme mon petit-ami. La scène avait assez dû être drôle pour elle, mais pas pour nous. Encore moins pour Maël. Tu l'aimes comment ton café ? C'est qu'il pensait à tout, comme un vrai gentleman. Avec du sucre, s'il te plaît. Soudain j'entendis un bruit. Ça devait sûrement venir d'une autre pièce, puisqu'ici il ne s'était rien passé. Ç'avait dû être un bruit de verre ou je ne sais quoi, mais en tout cas j'avais bien entendu quelque chose. Pour moi, le coupable m'avait tout l'air d'être son animal de compagnie. Enfin, s'il en avait un. Tu as un animal domestique ?

Je posais les questions qui me venaient à l'esprit et eu un petit sourire crispé lorsque Jenna me fit remarquer que, maintenant qu'elle vivait chez les Eliots, je ne risquais plus de me retrouver en tête à tête avec sa mère. Tant mieux. Après tout cette dernière m'avait quand même vu dans le lit de sa fille et si je m'étais caché sous les draps, elle avait dut en déduire que j'étais nu et Jenna aussi d'ailleurs. Ca, c'est une très bonne nouvelle commentais-je en commençant à m'activer dans la cuisine pour préparer le café de Jenna. J'avalais quelques pastilles pour remédier un peu à ma mauvaise haleine et lui demanda comment elle aimait son café histoire de ne pas faire bêtement une erreur. Elle répondit et j'attrapa un sachet de sucre avant de m'approcher de la machine à café. Je la lança et attendit. Jenna me posa une question, sa voix légèrement couverte par le bruit que faisait la machine. Je ne fis pas la grimace en entendant moi aussi un bruit. Bordel. Elle devait être encore là. La machine cessa de faire du bruit et le silence retomba entre moi et Jenna. Je versais le sucre dans la tasse avant de venir vers elle et de la lui tendre. Voilà pour toi. Je lui adressais un sourire un peu endormi et répondit ensuite à sa question. Non, j'ai dut laissé la télévision de ma chambre allumée. Mentis-je. J'avais peur qu'elle soulève une autre question ou veuille aller dans ma chambre. Je préférais parler pour combler les silences potentiels qui pouvaient s'installer entre nous deux. Je voulais un chien quand j'étais gosse, mes parents refusaient car notre maison était beaucoup trop petite et le jour ou le chien d'un ami m'a mordu, ça m'est passé. Ajoutais-je avec un haussement d'épaules. Je me revoyais encore, courant jusqu'à chez moi, Noa sur les talons, en agitant ma main devant moi. Ma mère m'avait soigné et rassuré, mais je n'avais pas voulu mettre les pieds dehors du reste de la journée. Je devais avoir cinq ou six ans. J'adressais un nouveau sourire à Jenna et repartit m'enfoncer un peu dans la cuisine. J'attrapa dans un tiroir un paquet de biscuits et en versa le contenu dans un bol avant de repartir au salon et de le poser sur la table basse. Après avoir reprit place dans le fauteuil, je reprenais ma tasse de café avant qu'elle ne refroidisse et but une nouvelle gorgée de café au lait. Qu'est-ce que tu as fait de beau, hier soir ? Demandais-je en prenant de ma main libre un biscuit dans lequel je mordis.

Ca, c'est une très bonne nouvelle. Au moins on était deux à penser la même chose. Hors de question qu'elle me revoie avec Maël, sinon elle l'assaillira de questions jusqu'à qu'il n'en puisse plus. Et encore j'étais heureuse qu'elle n'avait pas posé une question de plus lors de sa dernière rencontre avec mon présumé petit-ami... Tandis que ce dernier était toujours dans la cuisine à s'occuper de mon café, je lui demandais s'il avait un animal. Parce que pour moi, ça ne pouvait être que ça. La machine ne fit plus aucun bruit, laissant un silence de mort avant qu'il ne revienne pour me tendre la boisson. Voilà pour toi. Je le remerciais tandis que je commençais à boire quelques gorgées. Malgré son ravissant sourire, il ne semblait pas être en forme. Bon ça, on pouvait comprendre, mais il y avait chez lui comme une sorte de stress. Non, j'ai dut laissé la télévision de ma chambre allumée. Oh je voyais plus clair maintenant. Franchement j'avais l'air parano et ça m'inquiétait. Ah d'accord. T'as pas mal à la tête en regardant la télé, toi ? Parce que si c'était le cas, je le félicitais. Moi lorsque j'étais prise d'un mal de crâne, il m'était impossible de serait-ce que de regarder de regarder une émission télé. Je voulais un chien quand j'étais gosse, mes parents refusaient car notre maison était beaucoup trop petite et le jour ou le chien d'un ami m'a mordu, ça m'est passé. Je devais avoir l'air idiote de sourire tout le temps lorsqu'il commençait un petit speech de son passé. Mais pourtant j'aimais qu'il se confie à moi, alors non, je n'enlèverai pas ce sourire. Il me sourit et fit un tour dans la cuisine - encore, alors que je buvais tranquillement. Il revint avec un sachet de biscuit qu'il versa dans un bol avant d'en prendre un. Qu'est-ce que tu as fait de beau, hier soir ? C'est qu'il me posait beaucoup de questions, aujourd'hui ! Mh rien de spécial. Prenant un biscuit, je le trempais dans le café avant de l'avaler. En fait, j'suis venue ici pour avoir les idées claires… À propos de notre soi-disant couple. Voilà je l'avais dit. Je me mordais la lèvre inférieure, un peu gênée de lui imposer ça aussi directement. Tu m'as laissée un peu perplexe l'autre fois, alors je me demandais si tu voulais vraiment qu'on soit un couple.

Les premières années de ma vie, dans le Bronx, je ne regardais quasiment jamais la télévision. Elle marchait mal et je me posais devant quand il y en avait une et que les autres en faisait de même, comme par exemple quand j'allais chez des amis. Le renflouement des caisses de notre famille m'avait permit de redécouvrir ce genre de loisirs. Pour l'histoire de la télévision, je mentais, mais je fis preuve d'un brin d'honnêteté dans ma réponse. (Oui, j'étais un garçon compliqué) Non, il en faut plus pour me donner mal à la tête. Répondis-je. C'était la vérité, j'étais le genre de garçon qui pouvait lire en voiture sans avoir la tête qui tourne et c'était pareil pour la télé. Je me lançais ensuite dans une anecdote liée à ma petite enfance. Pourquoi je lui racontais ça ? Je n'en savais rien. Ce qui était à l'initiale de ma peur pour les chiens, ce n'était pas le genre d'histoire que je racontais à tout le monde. C'était une chose d'avoir peur des serpents ou des requins, les chiens ça faisait nettement plus ridicule. Je n'étais pas le genre de garçons qui délivrent ce genre de détails qui relèvent du personnel. J'étais bizarre ces derniers temps. Je me r'installa pour prendre mon petit déjeuner constitué de biscuits et d'un bon café. Les lendemains de cuite, j'avais toujours l'impression de pouvoir avaler un cheval. C'était d'ailleurs étonnant que mon ventre ne se soit pas déjà trop fait remarquer jusque-là en poussant des grognements. Je mangeais un second biscuit lorsque Jenna me répondit. Voilà la partie de la conversation que je redoutais. Elle était là. Jenna n'était pas venue simplement pour me faire un coucou, elle voulait une réponse, peut-être un engagement de ma part. Rien que j'étais capable de lui donner même si j'aurais aimé pouvoir le faire, car je la trouvais vraiment sympas. Je renifla en tournant la tête pour rechercher mes mouchoirs. Ou j'avais laissé mon paquet ? Ne voulant pas me lever, je poussa un petit soupire en me forçant à regarder Jenna dans les yeux. Je ne suis pas habitué à ce genre de relations. Je ne sais pas ce qu'il faut dire, ce qu'il faut faire, j'en sais rien du tout. Ca, c'était la vérité. Je sais juste que je t'aime vraiment bien et que je t'ai raconté des trucs que seule ma famille sait. Ca veut dire quelque chose je pense il était vrais que si je ne voulais pas me faire étiqueter petit ami, je ne comprenais pas totalement ma façon de réagir en présence de Jenna. Je tournais autour du pot, je lui balançais des anecdotes gênantes. Je n'étais pas tout à fait moi-même avec elle. L'idée réveilla mon mal de crâne et je porta ma tasse de café à mes lèvres en espérant que boire m'apaiserais un peu.

Non, il en faut plus pour me donner mal à la tête. Je le félicitais mentalement… Bref, j'avais remis sur le tapis notre fameuse discussion. Celle qu'on redoutait. J'avais bien fait de lui dire et de ne pas me dégonfler en m'en allant. Après tout c'était bien pour ça que j'étais venue, c'était pas mon genre de venir pour juste saluer mon « petit-ami ». En fait, ça j'en savais rien puisque je n'avais jamais eu de copain avant lui, enfin avec qui je m'étais attachée autant en si peu de jours. Et si j'aurais dû y réfléchir à deux fois avant de venir ? Et si je m'étais attachée à lui, du coup ç'avait de l'importance pour moi de lui parler de notre relation ? Je crois bien que c'était ça et je crois même que ça me faisait peur. C'est simple de s'attacher à quelqu'un pendant dix jours et qu'ensuite ça se termine au lit. C'est très simple même. Il poussa un soupir et je fis pareil. Je ne suis pas habitué à ce genre de relations. Je ne sais pas ce qu'il faut dire, ce qu'il faut faire, j'en sais rien du tout. Donc il n'était pas habitué à ce genre de lien lui non-plus. Je sais juste que je t'aime vraiment bien et que je t'ai raconté des trucs que seule ma famille sait. Ca veut dire quelque chose je pense. Je posais ma tasse sur la table basse, la discussion promettait d'être longue parce que ce n'est pas en deux phrases qu'on allait tout régler. Moi non plus je ne suis pas habituée, Maël… Je n'aime pas ce genre de relation, je l'évite même. Tout ça pour éviter de souffrir. Et si justement notre lien te gêne, dis-le moi au moins qu'on en arrête là. Enfin, sauf s'il trouvait une objection pour me dire que nous n'étions pas vraiment un couple. J'évitais son regard avant de reprendre la parole. Je t'ai juste proposé une soirée et bye-bye. Mais tu m'en as demandé davantage. Je pense que ça veut dire quelque chose, tu ne crois pas ? J'esquissais un mince sourire.