it's been a long, long time. ◣ T&C.

Le retour à Cambridge s'était fait sommes toute assez bien. Tu n'avais pas vue les derniers jours passés. Entre la pré-rentrée où tous les élèves aménagent dans leur nouvelle - ou leur ancienne - chambres et où on visite pour la énième fois le campus d'Harvard et la fin du Summer Camp 2013, tu n'avais pas eu une seule seconde pour toi. Ton été avait passé à la vitesse de la lumière et même si ça n'a pas toujours été très rose - surtout avec Castiel -, tu avais apprécié ton été. C'était bien ça l'essentiel. Maintenant, tu étais tout frais et dispo à débuter cette nouvelle et dernière année. Quoi qu'il en soit, il restait encore quelques jours avant la rentrée officielle et tu souhaitais prendre le temps, pendant ces derniers moments de liberté, de voir Torrey. Même si elle avait été au SC avec toi, tu ne l'avais pas vue très, très souvent. Elle t'avait manquer, tu devais bien l'admettre. Elle et toute la bande des jaunes, en fait. Aujourd'hui, tu avais donc organisé un petit rendez-vous avec la belle brunette. Un simple café, rien de trop compliqué. Le but était de se détendre, de faire le point. Aucune bouteille de bière à l'horizon et c'était parfait comme ça. Ceux-là, vous les gardiez pour votre prochaine fête de maison. Tu arrivas donc au café La Luna Caffe vers les quatorze heure et t'installa à une table, près de la fenêtre. L'ancienne VP de la maison n'était pas encore arrivée. Tu en profitas donc pour ouvrir le menu et le consulter, silencieusement.

Le Summer Camp était enfin terminé et je dois admettre que j’étais contente. Revenir à la maison ferait du bien et j’étais impatiente d’aller chercher ma fille. J’avais prévu faire le voyage avec Apple et Roxanna d’ailleurs, ça nous changerait les idées à toutes… Après un été aussi mouvementé et toutes ces mauvaises nouvelles, je ne savais plus où donner de la tête. Bientôt, l’année recommencerait et je ne pourrais plus me permettre de me laisser aller à la tristesse ou à l’apitoiement. D’ailleurs, je n’avais jamais vraiment aimé l’un ou l’autre de ces états pour les avoir trop souvent vécu. N’empêche, Esteban était mort et j’avais trompé mon petit ami. Heureusement, aujourd’hui je devais voir Charlie. Ça faisait un moment que je n’avais pas eu la chance de le voir et j’étais contente. Je me composai donc un sourire et allai le rejoindre au Luna Caffe. J’arrivai légèrement en retard, ce qui n’était pas dans mon habitude, et le rejoignis près des fenêtres. « Vous êtes seul monsieur ou il y a encore de la place pour une pauvre fille comme moi? » J’attendis qu’il lève la tête avant de m’assoir avec un sourire amusé sur les lèvres. Autant en profiter pendant que j’avais encore le sens de l’humour.

Tu leva les yeux du menu lorsqu'une voix familière vint chatouiller tes oreilles. « Vous êtes seul monsieur ou il y a encore de la place pour une pauvre fille comme moi? » Tu ne pus t'empêcher de laisser un mince sourire se frayer une place sur ton visage. D'aussi loin que tu puisses te souvenir, Torrey avait toujours eu ce genre d'humour. Un humour plutôt... indescriptible. « Il y aura toujours de la place pour toi, ma belle. » dis-tu, élargissant du même coup ce sourire fendant. « Et tu n'es pas une pauvre fille... » ajouta-tu, pour souligner ta désapprobation face à ce commentaire. Tu reposa le menu sur la table, ayant précédemment fait ton choix. Tu mis les coudes sur la table et croisa tes doigts sous ton menton, observant ainsi Torrey silencieusement, ce sourire toujours collé aux lèvres. Elle t'avait manqué, la belle brune. Et c'est toujours quand on est loin de quelqu'un qu'on se rend compte à quel point il nous manque et qu'on l'aime. C'est pareil avec la jolie Dunster. Durant les vacances, tu ne l'avais vue que quelques fois et ça n'avait pas été suffisant pour étancher ta soif de la revoir davantage. Pendant les dernières années scolaires, vous étiez toujours fourrés ensemble et peu importe ce que vous faisiez, vous passiez toujours un très bon moment. Tu t'ennuyais de l'école que pour ça, quasiment. « Sinon, ça fait du bien de rentrer au bercail, non ? Tu vas bien ? » demanda-tu, toujours souriant.

« Il y aura toujours de la place pour toi, ma belle. » Ce genre de paroles était comme un baume au cœur et j’en avais bien besoin présentement. D’ailleurs, le simple fait de voir son sourire me faisait du bien, et ce n’est pas peu dire présentement. « Et tu n'es pas une pauvre fille... » J’eu envie de lui balancer au visage toutes les raisons du monde qui faisait de moi une pauvre fille présentement, au lieu de quoi je pris simplement place en silence. Charlie m’observait les doigts sous le menton et j’haussai un sourcil à son intention. Quoi? J’avais un truc de travers? « Sinon, ça fait du bien de rentrer au bercail, non ? Tu vas bien ? » Je baissai un peu la tête, un faible sourire passa rapidement sur mes lèvres. « Oui… ça fait du bien. » Je n’osais pas vraiment répondre à cette deuxième question, ne voulant pas brimer l’ambiance dès les premières minutes. Mais, en même temps, je ne pouvais pas lui cacher éternellement ce que j’avais fais de mon été… « Pas vraiment non, et toi? » Je relevai la tête vers lui et lui pris les deux mains –rien à foutre qu’il se tienne le menton avec! Serrant ses doigts entre les miens, j’évitai son regard jusqu’à ce qu’il reprenne la parole.

« Pas vraiment non, et toi? » répondit-elle a ta précédente question. Elle t'empoigna ensuite les mains, les serrant bien fort. Ton regard se posa dans le creux de ses yeux. Tu inclina quelque peu la tête, soupira légèrement. Ton sourire se dissipa et laissa place à une moue déçue. N'allez pas croire que tu étais déçu parce qu'elle venait de gâcher ce que tu croyais être une rencontre heureuse et animée, non. Tu étais déçu que la jeune femme en face de toi n'arrive pas à se sortir la tête de sous l'eau. Elle méritait tellement d'être pleinement heureuse et pourtant, c'était elle qui ramait le plus pour y arriver. À croire que tout arrive toujours facilement aux autres et quand vient notre tour, il faut se battre pour y arriver. « Eh, qu'est-ce qu'il y a ? » dis-tu en lui flattant délicatement les mains, soutenant son regard. C'est fou ce qu'un regard peu faire et le tien, tu savais qu'il pourrait lui faire comprendre que là, elle est en sécurité et que si elle veut parler - ou même pleurer - elle peut se laisser aller. À travers les années, tu avais su lui prouver qu'elle pouvait compter sur toi et aujourd'hui en serait encore la preuve. Torrey est l'une de tes meilleures amies et pour rien au monde tu accepterais de la laisser comme ça, seule et abandonnée.

Charlie perdit son sourire, d’ailleurs, je ne m’attendais pas vraiment à autre chose… Comment pourrait-il rester heureux avec moi dans cet état. J’avais eu beau feindre la joie, maintenant il savait que je n’étais pas heureuse du tout. Il caressa doucement mes mains et un vague de chaleur m’envahit. « Eh, qu'est-ce qu'il y a ? » Je baissai la tête quelques secondes et avant que je n’ai le temps de répondre, une serveuse vint nous voir pour prendre notre commande. Je lui pris pour ma part un grand café noir –j’en avais besoin- et laissai Charlie commander pour lui-même. Elle repartit et j’inspirai un bon coup. « Je n’ai pas très envie d’en parler, mais tu as le droit de savoir… » Je me mordillai l’intérieur des joues en le fixant droit dans les yeux. Connaissant Charlie, je savais qu’il ne me jugerait pas. Pourtant, j’étais nerveuse à l’idée de le décevoir. « J’ai fais une bêtise cet été, mais je ne crois pas le regretter…. J’ai trompé Kovu avec un mec du nom de Wyatt et… je crois bien que je suis amoureuse de lui… depuis longtemps même. » Je baissai la tête, c’était la première fois depuis des semaines que j’arrivais à en parler aussi calmement et sans pleurer comme une madeleine. J’étais plutôt fière de moi, même si j’avais le cœur très gros et un nœud dans la gorge.

Une serveuse se présenta à votre table et aussitôt, tu te dis à toi-même qu'elle avait vraiment un mauvais timing. Tu soupiras, commanda un café crème et la dame reparti alors vers les cuisines. Ta belle Torrey prit une grande inspiration avant de cracher le morceau. « Je n’ai pas très envie d’en parler, mais tu as le droit de savoir… » commença-t-elle par dire. Tu fis un demi-sourire, signe que tu appréciais qu'elle te fasse confiance ainsi. Et finalement, elle reprit la parole et largua la bombe. « Tu sais c'qu'on dit... ». Tu prononça ces mots avec une voix douce et rassurante. Oui, tu allais encore sortir l'une de tes statistiques à deux balles, mais tant pis. Elle s'appliquait à la situation. « Chassez le naturel, il revient au galop. » Par là, tu sous-entendait le fait que si Torrey aimait Wyatt depuis longtemps - d'après ses dires -, mais qu'elle était encore avec Kovu pour X ou Y raisons, son amour pour ledit Wyatt aurait finit par éclore, tôt ou tard. Et la plupart du temps, c'est quand on saute le pas qu'on le comprend. « Si t'enlèves toutes les complications que cela peut amener, Torrey, t'es satisfaite de ton coup ou pas ? ». Tu voulais lui faire comprendre que la plupart du temps, on s'abstient de vivre de belles choses parce qu'elles se retrouvent à être plus complexes. Les gens ont peur de la complexité et c'est ça qui étouffe notre liberté.

hj: désolée, c'est super foireux comme explication et comme logique. j'espère que tu comprends où je veux en venir ahah. love ya.

Voilà, j’avais lâché la bombe. Maintenant, j’avais terriblement peur de la réaction de Charlie. Même si je savais qu’il n’allait pas me juger, j’avais tout de même peur qu’il me réprimande. J’aurais très bien pu attendre de ne plus être en couple pour faire ça, et il aurait raison de me le reprocher. Au lieu de quoi, il me dit plutôt : « Tu sais c'qu'on dit... Chassez le naturel, il revient au galop. » J’arquai un sourcil, perplexe. Entendait-il par là que c’était dans ma nature de faire ce genre de chose? Comme si j’avais refoulé une partie de moi-même durant toutes ces années. J’étais sur le point de me vexer quand je compris qu’il parlait plutôt de mon amour pour Wyatt et non pas du fais que j’ai commis l’adultère. « Si t'enlèves toutes les complications que cela peut amener, Torrey, t'es satisfaite de ton coup ou pas ? » J’avalai difficilement ma salive, regardant ailleurs quelques secondes. Comme si la réponse allait m’apparaitre dans cette vitre derrière lui ou sur la table à côté de nous. Alors que je savais très bien où se trouvait cette réponse en réalité. « Oui… » Murmurais-je finalement en relevant doucement les yeux sur lui.

Torrey était de loin ta meilleure amie chez les Dunster. Depuis le temps que vous vous connaissiez, tu as toujours su et toujours pu lui faire confiance. Tout comme elle, elle sait qu'elle peut avoir confiance en toi et te raconter tous ses soucis. Aujourd'hui en est encore la preuve. Tu sais lui faire comprendre que peu importe la gravité ou la complexité de ce qu'elle est sur le point de t'annoncer, tu resteras toujours près d'elle et jamais tu n'oseras la juger. Le mieux que tu puisses faire, c'est lui apporter ton soutient et tes conseils lorsque nécessaire. Jamais au grand jamais ta vision de la belle jeune femme que tu as face à toi changera. Tu as toujours vu la brune comme étant une femme forte, une femme courage et une femme qui sait ce qu'elle veut et comment faire pour y accéder. Et si elle s'égare parfois, tu sais que dans le meilleur des cas, elle reviendra sur le droit chemin. Tu as confiance en elle, point final. Elle répondit à ta précédente question par un « oui » plutôt incertain, mais quand même très bien audible. Tu fis un demi sourire et soupira légèrement. Tu resserras tes mains autour des siennes. Elles étaient si petites, si fragiles. Et pourtant si forte, si puissante. « Ce qui complique tout, c'est le reste. Si tu t'en tient à ce que tu ressens vraiment, il ne devrait pas y avoir de problème. Et c'est ce que les gens oublient le plus souvent : enlever tout le superflus pour ne garder que l'essentiel. Dans ton cas, je pense que c'est évident... Je ne suis pas en train de te dire de tout de suite suivre ton coeur et de laisser Kovu pour aller avec ce Wyatt... Juste qu'en l'ayant trompé, ça te prouve déjà qu'au fin fond de toi, tu éprouves quelque chose à l'égard du mec. Tient en compte, plutôt que de le renier. Sinon, c'est là que ça se compliquera. » dis-tu, comme un prophète des relations avec les individus. Il faut quand même admettre que huit ans à étudier les différents comportements, ça ouvre les yeux sur plusieurs choses.

Charlie serra ses mains autour de moi et une vague de chaleur me traversa comme autant de petites bulles réconfortantes qui se seraient baladé dans mes veines. Je fermai les yeux quelques secondes, j’étais tellement contente de l’avoir comme ami. Contrairement à Leyna qui avait tout de suite prit le partie de Wyatt en dénigrant Kovu ou Apple qui m’avait dit de ne pas m’en faire juste avant de me dire qu’Andy lui avait fait pratiquement la même chose, Charlie ne s’impliquait pas personnellement dans mes problèmes et savait me donner de vrai conseils. Au fond, c’est lui que j’aurais du venir voir en premier, je le savais bien, mais vous connaissez les filles, elles doivent tout ce dire! « Ce qui complique tout, c'est le reste. Si tu t'en tiens à ce que tu ressens vraiment, il ne devrait pas y avoir de problème. Et c'est ce que les gens oublient le plus souvent : enlever tout le superflu pour ne garder que l'essentiel. Dans ton cas, je pense que c'est évident... Je ne suis pas en train de te dire de tout de suite suivre ton cœur et de laisser Kovu pour aller avec ce Wyatt... Juste qu'en l'ayant trompé, ça te prouve déjà qu'au fin fond de toi, tu éprouves quelque chose à l'égard du mec. Tient en compte, plutôt que de le renier. Sinon, c'est là que ça se compliquera. » M’en tenir à ce que je ressentais…. Oui, il avait raison, c’était certainement la meilleure chose à faire. Mais pourtant je n’arrivais pas à m’y résigner. D’autant plus que je doutais des sentiments de Wyatt à mon égard…. Ce qu’il m’avait dit dans cette chambre d’hôtel à l’anniversaire d’Aaron n’était pas très clair et j’avais plutôt l’impression qu’il ne partageait pas mes sentiments. N’empêche, je savais que je ne devais pas non plus rester avec Kovu par dépit. Simplement parce que Wyatt n’était pas amoureux de moi ou encore simplement parce qu’il était le père de Lily…. Ce serait difficile, mais n’avais-je pas commencé à l’élever toute seule de toute manière? « Merci Charlie… vraiment. Et toi alors, ça va? »