(flashback) What lies above ღ TORREACHANN

Comment allais-je faire? Comment avais-je pu? J’avais eu du mal à en parler ne serait-ce qu’à ma meilleure amie alors comment je pourrais avouer à Kovu, celui que j’aimais plus que tout au monde, que je l’avais trompé? Comment pourrais-je lui faire comprendre que je n’avais jamais voulu lui faire du mal pour qu’il me croie? Comme j’avais été stupide…. Le simple sms que je lui avais envoyé en revenant à notre chambre m’avait brisé le cœur et c’est d’ailleurs pourquoi j’étais devant le miroir de notre salle de bain à tenter de me laver le visage : j’avais tellement pleuré que j’étais toute rouge. J’emplis mes mains d’eau froide et me la balançai au visage. Il sera là d’une minute à l’autre et j’avais déjà la bouche si pâteuse que je doutais être capable de m’exprimer correctement. Seigneur pardonnez moi parce que j’ai pêché…

Vu les circonstances, je trouvais que les vacances se déroulaient bien. Malgré une ou deux confusion au sujet de mon identité, j'avais réussi à limiter la casse. Le plus dur était de faire croire qu'il y avait effectivement deux personnes pour un seul visage. C'était toujours plus facile face au gens qui connaissaient Eachann. Si on m'appelait Kovu, je parlais d'un frère jumeau. L'inverse en revanche était impossible. Surtout avec Leyna qui me jetait des regards septiques en permanence. Comme Torrey m'avait un peu inquiété dans ses messages, j'avais expédié mes occupations de la journée pour rentrer plus vite dans notre hôtel. Mon imagination ne cessait de créer des scénarios sur comment elle avait fini par découvrir la vérité. Puis je relisais son sms et le "mon amour" ne collait pas à cette version. Je soupirais en hésitant une seconde devant la porte de notre chambre. Je pourrais très bien filer et disparaitre, ne jamais revenir. Changer d'université, tout le monde me voulait et surtout Yale qui voulait récupérer son prodige. Je grimaçais : c'était elle alors je ne pouvais pas tourner le dos et simplement m'enfuir. Si ça avait été imaginable en ce qui me concerne, j'aurais presque pu dire que j'aimais Torrey et que c'était la seule raison qui me poussa enter. "Torrey ?!"

Allez Torrey, prend un peu sur toi… Je fixai mon reflet dans le miroir en essuyant mon visage. Inspirant un grand coup, je me donnai une certaine contenance. Puis, j’entendis la porte de la chambre. Déjà? Mon cœur se remit à battre à un rythme effréné. Merde.. "Torrey ?!" Je fermai les yeux quelques secondes et sortis de la salle de bain. « Hey… » dis-je sur un ton qui se voulait enjoué, mais en vérité, il sonnait totalement faux. « Comment s’est déroulé ta journée? » J’évitais déjà la question… Comment est-ce que j’allais pouvoir aborder le sujet? Je serais certainement incapable de lui avouer… Aidez-moi, je vous en pris.

En entrant, je déposais mon sac à dos sur le sol avant d'envoyer valser mes sandales sous le lit. Je sais : super sexy. Mais ce n'était pas inhabituel. En revanche, ce qui aurait pu l'être, c'était le silence à ce sujet de Torrey et surtout le vague de ses yeux. Mais tout le monde peut passer une mauvaise journée non ? Je me dirigeais directement vers elle pour l'embrasser légèrement au coin des lèvres. "Bien, comme d'hab. Juste un type stupide qui a voulu me vendre une rose rouge alors que je sais que tu préfères les blanches ? Juste ?" Je retirais ma main de derrière mon dos, lui offrant une rose immaculée et fragile. Un peu comme ma situation : je voulais bien faire mais tout risquait de voler en éclat. Je lui souris. "Et toi ? Tu n'as pas l'air bien..." Elle avait une petite mine tristounette ou fatiguée, je n'arrivais pas à me décider. J'avais bien fait pour la fleur, enfin, c'était ce que je pensais.

Kovu s’avança vers moi et m’embrassa au coin des lèvres. Déjà, mon cœur se faisait tout petit et rabougri dans ma poitrine, me blessant à chaque battement. Il était si doux avec moi, comment avais-je pu lui faire un coup pareil? "Bien, comme d'hab. Juste un type stupide qui a voulu me vendre une rose rouge alors que je sais que tu préfères les blanches ? Juste ?" J’haussai les sourcils quelques secondes avant de comprendre alors qu’il sortait ladite fleur de derrière son dos. Immédiatement, je sentis les larmes monter à mes yeux et je ne pu détacher mon regard de la fleur jusqu’à ce qu’il me demande : "Et toi ? Tu n'as pas l'air bien..." Je le regardai d’un air vague et portai inconsciemment une main à ma bouche alors que de l’autre je prenais la rose. Les larmes débordèrent de mes yeux et au même moment je me piquai le doigt, faisant tomber la rose dans une chute de pétales fragiles et de sang. Comme notre relation…. « Kovu je… » et j’éclatai en sanglot.

Elle semblait si fragile, si faible aujourd'hui. Je ne comprenais pas. Ce n'étais pas de cette fille au regard perdu et aux paroles balbutiantes que je commençais à tomber amoureux. J'aimais cette force de la nature que je voyais en elle. Quand elle se piqua, fondant en larmes, j'eus soudain du mal à respirer. Que se passait-il ? Avait-elle découvert mes mensonges ? La rose était-elle de la mauvaise couleur ? Ou avais-je dis quelque chose ? Pourquoi le simple fait de prononcer le prénom de Kovu la rendait-elle soudain si vulnérable. J'hésitais à fuir. Il était encore temps. Avant que la colère ne dépasse le chagrin. Je ne sais pas pourquoi je ne l'ai pas fait. Lentement, j'ai glissé mes bras autour d'elle et demander doucement, d'une voix si faible, si ténue qu'elle me semblait irréelle : "Torrey, que se passe-t-il, tu me fais peur."

Je n’arrivais plus à m’arrêter de pleurer, j’étais pire qu’une épave. Incapable de lui dire quoi que ce soit, je n’arrivais même plus à formuler mes pensées. Lorsqu’il passa ses bras autour de moi, mon cœur se serra encore d’avantage. Qu’est-ce que j’allais bien pouvoir faire? "Torrey, que se passe-t-il, tu me fais peur." Je n’avais plus le choix, je devais lui parler. Lui dire ce que j’avais fais une bonne fois pour toute. Il allait me détester, c’est certain, mais je ne pouvais pas lui cacher la vérité plus longtemps. Je m’agrippai à son tee-shirt avant de lui dire entre deux sanglots : « Je… j’ai.. t’ai trompé…. » Je lâchai rapidement prise, me retournant pour ne pas le voir en face. J’avais du mal à me regarder moi-même, comment pourrait-il le faire lui après une telle annonce?

Je ne comprenais pas. Un peu comme si mon cerveau refusait d'intégrer cette information. Pourtant, j'étais très mal placé pour lui reprocher quoique ce soit. N'empêche que la petite part de moi qui s'était attachée au personnage de Kovu avait du mal à digérer qu'elle ait pu lui faire ça. Je m'écartais avec un visage impassible, incapable de déterminer la façon dont je devais réagir. Hurler, pleurer, supplier, demander des explications, partir en silence, hausser les épaules. Lui révéler mon propre secret. Non. Rien de tout ça ne me paraissait naturel. Comment pouvais-je gérer cette situation ? Les dents serrées, je lui lançais un regard chargé de souffrance. Cet éclat dans mes yeux était pour Kovu. En sa mémoire. Mais aussi parce que cette fille, je l'aimais. Aussi incroyable que ça puisse paraitre. "Je le connais?" Ma voix sorti plus dure et peinée que je ne m'en serais cru capable, teintée d'une détresse inconnue.

J’étais dos à lui, incapable de me retourner. J’avais le cœur en miette et les mains qui tremblaient. Comment avais-je même réussi à lui avouer tout ça, je me le demandais bien. Et maintenant que c’était fait, j’aurais préféré aller me cacher dans un terrier pour le restant de mes jours. "Je le connais?" Cette question me surpris. Autant par ce qu’elle représentait en soi que par la façon dont il me l’avait posé. Je risquai un œil par-dessus mon épaule. Je ne pouvais pas lui tourner le dos indéfiniment. « Pas personnellement…. C’est Wyatt, tu te souviens peut-être de lui au bal? » Allez savoir, je ne savais même pas moi-même comment j’étais arrivé à faire une phrase aussi complètement sans m’écrouler sur le sol. Et puis, comment pouvais-je même lui demander s’il se souvenait de Wyatt, ce n’était pas comme si je lui annonçais qu’on avait découvert une nouvelle merveille tous les deux, je l’avais trompé avec ce gars-là…. Qu’est-ce que j’étais stupide. Mes larmes redoublèrent et je baissai simplement la tête cette fois, j’avais si peur de sa réaction.

Non. Je ne me souvenais pas de ce Wyatt. Je ne me rappelais même pas m'être senti menacer par quiconque à ce fameux bal. Oui, il y avait certes eu des petits regards et des mots chuchotés mais rien de bien important. Rien d'assez inquiétant pour me mettre la puce à l'oreille. J'ignorais totalement la façon dont j'étais sensé réagir. En général, ce n'étais pas les filles qui me trompaient, c'était moi qui m'égarait dans d'autres lits, me perdaient dans d'autres bras, blasé par des relations trop monotones. D'ailleurs, je pouvais compter sur les doigts d'une main les relations suffisamment longues pour me permettre d'aller voir ailleurs. Soudain, mon corps se mit en mouvement de lui-même. Je tirais mon sac du fond de l'armoire et sans un mot, je commençais à en fourrer mes affaires dedans. Après tout, un homme normal aurait hurlé mais Kovu n'était pas comme ça, j'en avais le pressentiment. Non, Kovu était un type fier mais raisonnable qui n'était que compassion. Si Torrey l'avait trompé, il aurait simplement compris qu'elle ne voulais plus de lui. Et si elle le lui disait, ce n'était pas pour lui faire du mal mais seulement pour ne pas lui mentir. Je grimaçais. Cette explication ne me plaisait pas du tout. Mais je devais encaisser. "Je rentre chez moi."