Et rou la la bouteille sur bouteille Et rou la la bouteille à tour de bras ♫ [Orion]

Pour Travis, c’était presque une soirée normale. De toute façon, dès qu’on était avec lui, tout partait littéralement en brioches. C’était un aimant à emmerde. Ou plutôt, un Empereur de la création d’emmerde. Voila. Le nombre de conneries qu’il avait pondu depuis des années, avait l’air de se retourner contre lui ce soir. Ca ressemblait à un putain de carnaval d’horreur ; un vieux sans dents, un chien à moitié mort, un mec bourré & un gentil blondinet, ajouter à tout cela une mare de vomi jaune, et quelques ailes de coléoptère tombés sur le sol après le massacre, et la scène était parfaite. Et maintenant, on fait tous une gigue en délire pour fêter ca ! Non ? Bon d’accord.
Travis gardait un œil sur le vieux, mais lorsqu’un ras de marée de pigeon passa au dessus d’eux, et chia littéralement sur Orion, il ne put qu’éclater de rire à nouveau. Nom d’une pipe ! Il n’avait vu ça que dans les films !

« Wazaaaa, c’est trop beau ça haha, t’es magnifique, change rien ! »

Ouais, ba il aurait pas du rire aussi vite, parce que Travis se prit également une chiure de pigeon sur le crâne. C’était moins problématique, vu son crâne rasé, mais cela finit de l’énerver. Choppant une pierre sur le sol, il visa les enfoirés de pigeons, qui volaient tels des cerfs-volants. Ils se mirent à hurler dans un bruit fort désagréable, comme une réunion de potiche jacassant dans un charabia incompréhensible.
Travis parti quelques minutes, chercher deux verres d’eau. Il en tendit un à Orion afin qu’il puisse se nettoyer, et en versa un peu dans sa main pour nettoyer son propre crane. Il revint ensuite vers le vieux qui n’avait pas bougé pour l’instant.
C’était un grand brouillamini, un désordre sans nom. Cette soirée ne ressemblait plus à rien. Manquait plus qu’Angelina Jolie pour faire penser à une scène de film. Et quelques serpents venimeux, histoire de rajouter du suspens et de la peur. C’était ubuesque à souhait pour le coup. Et voila que l’autre australopithèque se met à cracher son dentier, renforçant l’envie de débagouler de Mikhaïl, et le menaçait avec.

- Chu awmé ! Bouge pas Gamin !
« Non mais c'est la chaudière qui reproche à la marmite d'avoir le cul noir là ! Le mec il vient popope, comme un con, il emmerde le monde avec son bourriquet bouffeur de pot pourri, et en prime, il menace les gens avec les quelques dents qui tiennent encore sur sa merde ! »

Quand Travis était énervé, il frappait dans les choses autour de lui, mais n’aillant à présent qu’un verre dans la main, il le renversa sur le vieux, avant de broyer le gobelet en plastique dans sa main. Il cassait tellement de choses lors de ses phases impulsives, qu’il était surement la source de la crise économique du pays.
Le vieux recula d’un pas, en le fixant d’un air moins rassuré. Ba voila, il allait peut être arrêté de faire chier ? Parce qu’il n’y avait vraiment pas de quoi chier un cake là, enfin peut être pour eux, mais pas pour le vieux.

« Eh ba, on fait moins le malin, poltron ? Tel est pris qui croyait prendre ou un truc du genre hein ? »

C’est fou comme il pouvait être compréhensible et à la fois non. En tout cas, la colère le faisait revenir à lui. Orion se mit alors entre eux deux, pour empêcher le grand babouin tatoué de s’en prendre au pauvre vieux. Heureusement pour lui, il évita un contact trop direct, et Travis ne réagit qu’à peine. Il serrait les poings de façon régulière, comme pour se calmer ; ca n’avait pas vraiment d’effet pour l’instant.

- NON MAIS VOUS ETES MALADE OU QUOI ! JE VOUS DÉFENDS LA ! Ecoutez le et tirez-vous avec votre....

Travis fut surpris qu’il arrête sa phrase, et tourna son regard sur le même point que sa rencontre du soir. Le chien était entrain de bouffer son vomi, d’un air heureux. Enfin en tout cas, ca avait l’air de lui plaire violemment. Il releva même la tête en leur direction en remuant la queue. Non non non, on ne re débagoule pas maintenant. Mikhail fut obligé de détourner le regard quelques instants, pendant qu’Orion lui demandait si c’était à lui.

- On peut pas laisser faire ça, c'est ignoble... Arrête , regarde , il va tout finir !
« Ouais ba il a faim, c’pas le notre hein, à première vue j’ai un vomi hyper nutritif. Il à qu’a aller au grec ce chien, j’en ai rien à foutre.»

Il éclata de rire en même temps qu’Orion. Mais c’est vrai que pour le coup, ca devenait vraiment immonde, et qu’il avait un peu hâte que les deux partent. Tant le chien que le vieux. D’ailleurs ce dernier n’arrivait pas à ramener ce fichu cabot vers lui. Orion proposa alors de miauler pour l’attirer. Il pouffa en entendant le jeune homme le faire.

« Mais quel cul gelé celui la ! Faut vraiment tout faire ici ! »

Il se mit alors à miauler à son tour, bien que ce ne soit pas bien plus glorieux que ce qui sortit de la gorge d’Orion. Triste réalité, tout deux ne pourraient pas faire de chats dans une pièce de théâtre ou au cinéma. Fini le bel avenir. Ou pas. Voyant que cela ne fonctionnait pas plus, une idée idiote traversa l’esprit de Travis.

« Attends, il a l’air chelou ce chien, il préfère peut être autre chose.»

Travis se mit alors à gémir, comme lors d’un ébat sexuel, de plus en plus fort, ce qui, en plus de déstabiliser Nabilla le chien, attirait le regard des derniers passants du soir. Rien à foutre de se taper la honte, Bon ca ne marchait pas non plus, enfin si, le chien avait fait quelques pas et relevé la tête.

- Peut être que tu devrais jeter une pierre en fait. Pas sur le chien hein !
« Sur le vieux ? Ok.»

Dit-il, en ramassant une pierre sur le sol, et en la balançant directement sur le vieux. Celle-ci le toucha à la main, et il en lâcha son dentier, qui tomba directement dans le vomi, avant que le chien ne le ramasse et ne parte en courant avec, tournant autour du pâté de fleurs. Bien joué, ah ouais, bien joué là ! Sérieux, si ca continuait, Travis allait leur foutre une poutre dans la tête à tout les deux.

Après l’énervement, Travis entra en phase deux. Ou en phase terminale, peut être. Toute cette situation l’éclatait à un point inimaginable. C’était le cirque, un putain de cirque de merde à 2$ l’entrée. Il essayait tellement de se retenir de rire, que ses gémissements en finissaient irréels. Il était vraiment entrain de faire ça ? Encore que ca devait pas être si étonnant. Mais en tout cas, c’était pas très concluant.
En tout cas, ca le faisait doucement dessaouler. Peut être parce que son imagination de junky n’était même pas capable d’imaginer une telle scène, et que du coup, ca le ramenais à la réalité. Dans tout les cas, c’était bénéfique. Le blondinet se mit à pleurer de rire, et Travis ne tint plus, il s’esclaffa à son tour. On aurait dit deux gros idiots sous hélium. Un peu de gaz hilarant, et c’était exactement le même résultat.
- Quel cul gelé celui là ? C'est ça que tu viens de dire ? T'as vu comment tu gémis ?
Il était mort de rire.
- Si j'étais une nana, je me vexerai sérieux. On dirait presque t'es en plein brame pour attirer les biches. Plus aigu !
Travis passa son bras autour du cou du jeune homme légèrement plus petit que lui, lui jetant un regard de grand sage. Si vous savez, celui qui reste sur sa colline à méditer, et qui vous donne des conseils sur votre vie. Voila, c’était exactement ça. Le regarde qui voulait dire j’ai tout vécu, mec.
« Le tout, c’est de savoir les faire hurler de plaisir, elles ! »
D’accord, Orion ce serait peut être passé de ce genre de détails. Mais Travis était quelqu’un de très libéré, un peu trop peut être. Il était surement capable de se rappeler d’une fille en regardant ses fesses plutôt qu’en voyant son visage. Une grande classe. Même si on pouvait le classer comme étant un pur Mather, pour lui, c’était pas ça, le véritable esprit de sa maison ; c’était bien plus que ce qu’ils pouvaient montrer comme image. Il n’y avait pas que des drogués, et pas que des queutards. Mais étant donné que c’était les êtres les plus visibles de part leur manque de gêne, on associait tout le reste à eux.
La pierre toucha le vieux, qui se mit à gueuler. Il ne réattaqua pas, c’était déjà ça. Par contre, Orion et Travis eurent une magnifique vue sur une raie des fesses bien poilue, tout en finesse. Il y avait décidément encore moins classe que lui, il faut croire.
« Appétissant.»
Si Travis se contenta de grimacer, Orion partit carrément vomir dans les arbustes. Et pas qu’une fois. Ah, il faisait moins le malin là ! A qui le tour hein ? Qui qui rit le dernier heiiin ? Il avait vraiment l’air mal ; entre sa coiffure absolument massacrée, et les tressautements de l’envie de vomir qui le secouait. Et le blondinet n’avait aucune excuse lui, il n’avait absolument pas bu. Travis lui avait juste un peu le crâne amoché, rien de trop grave, et il aurait du mal à être décoiffé, étant donné qu’il n’avait pas de cheveux volontairement.
« Tu ressembles à un putain de palmier un soir de tempête.»
Par contre, s’il dessaoulait, il continuait à sortir tout ce qui lui passait par la tête, à croire que ce n’était pas l’un des phénomènes de l’alcool, mais son vrai lui qui était ainsi. Fallait vraiment réussir à le supporter, le Travis.
A partir de là, le jeune tatoué ne fut pas sur de tout comprendre tant tout se passa vite ; le chien se jeta sur Orion, qui sautilla, avant de se rétamer littéralement la gueule dans les arbustes. En prime d’avoir une godasse dans un arbre. Le genre de scène qui, quand elle t’arrive, te donne juste envie d’abandonner la vie, de rester planté dans l’arbuste pour éviter que les nerfs ne lâchent. Et là, le must du must ; la chaussure qui tombe pile dans les couilles d’un Orion qui sep lia immédiatement en deux. Travis ne put s’empêcher d’empoigner les siennes en grimaçant, compatissant. C’était un truc de mecs ; voir l’un des leurs souffrir à cet endroit, les affectait tous comme s’ils ressentaient la même chose. Travis s’approcha de lui en riant, avant de montrer le sol.
« J’crois que t’as un bout de couilles là, tu l’oublieras pas ! »