[Jaxie ♥] What are doing to MY night?

J’étais en colère. J’avais un rencard et j’étais en colère noire. Ça, c’était le comble, vraiment. La cause de cette très mauvaise humeur? Un prénom, un mot, trois petites lettres : Jay. Tout avait bien commencé dans la journée : un moment à la plage, tous les deux, à discuter, rigoler et tout, comme avant. Comme on le fait souvent, en fait. Mais ça finit toujours par une querelle, par une engueulade quelconque, et surtout ce soir, il avait dépassé les bornes. Enfin...il n’avait pas fait déborder le vase, c’est juste moi qui pensait de cette manière, donc pour moi, il avait exagéré. Jay avait un de ces dons inexplicables de me mettre en colère tout en m’attirant comme on attire un aimant. Ça, je ne comprenais pas, et pourtant ça faisait des années et des années que c’était comme ça. Je n’arrivais pas à comprendre, alors que pourquoi on se connaissait sur le bout des doigts, tous les deux. On se connaissait depuis l’enfance, et jamais notre relation n’avait été aussi électrisante qu’à présent qu’il était à Harvard. Pour bien expliquer les choses, la journée à la plage s’était bien déroulée, jusqu’à ce que je lui parle de mon rencard de ce soir avec un jeune homme plutôt sympa et mignon avec qui j’avais fais du surf dernièrement. Il m’avait invité au restaurant ce soir, et je n’avais pas pu refuser. Je dois avouer aussi que de le dire ouvertement à Jay était aussi un test pour observer sa réaction, pour voir comment il réagirait : s’il s’en ficherait complètement ou si je pourrais voir un trait de jalousie derrière son sourire. Et là, j’avais vu juste : il avait été jaloux, mais on avait encore une fois fini par s’engueuler, et j’étais partie la première en ravalant des larmes de peine et de rage.

Bref, à présent, je venais d’entrer dans le restaurant en question avec mon rencard qui était venu me chercher à l’hôtel pour me traîner en voiture jusque sur place. J’avais enfilé une robe rouge que je n’avais jamais porté et que j’adorais pourtant (haut de la robe), avec des talons hauts, puis une coiffure élégante et adorable (ici). Mon compagnon de la soirée m’avait bien sûr complimentée au sujet de mon look de ce soir, et je lui avais répondu par un sourire, jusqu’à ce qu’on nous transporte à la table assignée. Pour moi, tout allait bien se passer comme soirée, mais je ne m’attendais pas à ce qu’un élément déclencheur arrive pour détourner ma soirée, non plus…

Je ne savais que faire, je ne savais que faire en sachant qu'elle irait passer une soirée au restaurant avec un autre, Dixie avait le don de me rendre fou et aujourd'hui encore j'en ai fait l'amère expérience. Tout avait pourtant si bien commencé, elle et moi sur la plage, sous cette chaleur si agréable et le sable si chaud, nous avons parlé de tout et de rien, j'avais pu voir son sourire sur son visage, ce sourire qui me rend dingue depuis des années, je dois même avouer que durant les moments difficiles, je n'ai qu'à fermer les yeux et imaginer son regard posé sur le mien et voir son sourire, pour que j'aille mieux. Mais aujourd'hui c'était différent, en fait pas tellement, nous nous connaissons tellement bien que nous pouvions imaginer la réaction de l'autre avant même de le voir et je suppose que Dixie avait préparé son coup en avance. En effet alors que nous étions tous les deux tranquillement sur la plage, elle m'avait avoué qu'elle sortait ce soir avec un autre homme au restaurant, dans un premier temps j'avais essayé de garder mon calme, mais c'était impossible d'imaginer la femme qui me rend dingue depuis des années passer une soirée avec un autre. On s'était alors disputé, encore une fois, est-ce ma jalousie qui me ferait défaut ? Je ne sais pas, mais je ne pouvais concevoir cela, la laisser seule avec un autre homme, je ne pouvais pas. C'est pour cette raison qu'après notre engueulade, j'ai invité une femme au restaurant, le même que celui où elle devait aller avec son pseudo prince charmant. Je ne l'avais pas fait pour la fille en question, je n'avais aucun sentiment pour elle, aucune excitation particulière de passer la soirée avec elle, je faisais seulement ça dans le but de rendre Dixie jalouse, comme elle a réussi à le faire avec moi.

Je venais donc à mon tour d'entrer dans le restaurant en question, je m'étais mis sur mon trente et un (comme ceci), néanmoins ce n'était pas pour la fille que j'avais invitée, mais bien pour Dixie. En entrant mon regard c'est de suite fixé sur une jeune et jolie demoiselle au centre du restaurant, c'était elle, Dixie, plus belle que jamais dans sa robe rouge, elle la voyant c'était comme-si le temps s'arrêtait, oubliant presque la jeune femme qui m'accompagnait. Un homme nous a assigné notre table, c'est en arrivant à notre table que mon regard croisa celui de Dixie, je lui lançais un sourire charmeur, faussement innocent avant de dévisager légèrement son compagnon du soir en un fragment de seconde. J'ai ensuite tiré la chaise de mon rendez-vous du soir avant de la complimenter à voix haute, pour que Dixie puisse entendre. "Tu es sublime ce soir, ma belle." Mais en réalité la plus belle ce soir, c'était Dixie.

Jamais je n’aurais pensé que ma soirée serait dérangée par la présence de mon meilleur ami. Moi qui pensais passer un agréable moment en la compagnie d’un jeune homme à qui je plaisais visiblement, même si de mon côté ce n’était en majorité que pour voir la réaction de Jay, que pour savoir s’il serait jaloux, s’il s’en ficherait, et comment il compterait me faire la morale ou faire sa crise, comme à l’habitude. Je dois avouer que je n’étais pas mieux sur ce côté de la jalousie. Dès que je le voyais en compagnie d’une autre fille, il fallait absolument que je m’arrange pour détruire la sortie, ou effrayer la fille qui l’avait accompagné pour qu’elle ne lui revienne pas. Était-ce un sentiment de compétition pur et simple qui m’envahissait? Une jalousie étrangère? La peur de perdre mon meilleur ami? Pourtant, sans même le comprendre de mon côté, je savais pertinemment que moi et Jay étions bien plus proches que nous ne nous l’avouons pas, et qu’on espérait tous les deux un truc de l’autre, sans pour autant l’obtenir. C’était un truc, une relation amicale ambiguë, électrisante, et…bien plus que ça, à vrai dire. Il était très fréquent pour nous deux de s’engueuler, et si on y pensait bien, c’était simplement et toujours des crises de jalousies ou parce qu’on voulait faire attention à l’autre. Rien de plus. Mais c’était tellement…enrageant.

Ce soir, c’était ma soirée, MA soirée, en compagnie d’un parfait inconnu qui me draguait et me tournait autour depuis quelques jours. Avant aujourd’hui, jamais je ne m’étais vraiment intéressée à lui, mais sachant que j’allais passer ma journée à la plage avec Jay, je m’étais organisée pour lui faire savoir, au surfeur, que j’étais un minimum intéressée et qu’un agréable moment passé en sa compagnie serait des plus appréciés. Mais non, bien vite, je remarquai quelqu’un entrer dans le même restaurant que moi en compagnie d’une charmante demoiselle. Enfin, charmante, ça, on délaissait bien vite cette caractéristique. En tant normal, j’aurais bien ignoré les nouveaux arrivants dans le restaurant. Mais là, ce n’était pas un arrivant banal. Non, c’était Jay. Qu’est-ce qu’il venait foutre ici? Impossible qu’il ait réservé une table le même jour que moi, à la même heure, tout près de ma propre table. Je croisai bien vite son regard, et je me sentis bouillir à l’intérieur. La colère, mais aussi la jalousie, que je ne m’avouais pas. Il voulait me frustrer? Eh bien il avait réussi ! Pendant un instant, je perdis le fil de la conversation avec mon compagnon de la soirée, puisque je ne pouvais quitter mon regard et mon attention du «couple» voisin à notre table. Je savais que Jay avait organisé ça dès l’instant où je m’étais enfuie de la plage. Pas possible autrement. Mais…est-ce que je devais faire comme si de rien était et jouer mes propres cartes en draguant ouvertement mon surfeur musclé? Ou m’excuser et partir immédiatement? D’une manière ou d’une autre, ma soirée était gâchée. Je décidai de jouer les cartes de la première option, puisque Jay en faisait de même. Je me penchai alors par-dessus la table pour être plus près du visage de mon cavalier, lui laissant même un peu découvrir le décolleté de ma robe rouge, disant d'une voix sensuelle : « Dis-moi…tu me feras visiter ton appartement ce soir, j’espère? Tu m’fais trop craquer…! » Je tournai mon regard de côté pour observer Jay qui je savais avait très bien entendu, et lui fis un clin d’œil mélangeant malice, colère, jalousie et victoire.

Aucune autre femme que Dixie réussissait à me mettre dans cet état de jalousie, aucune autre fille ne parvenait à me rendre aussi dingue. Quand j'ai appris qu'elle avait un rendez-vous avec un autre homme, je ne pouvais rester dans mon coin sans agir, d'ailleurs je n'ai jamais pu regarder Dixie sortir avec un autre homme, c'était trop dur, trop difficile. Je ne saurais dire pourquoi, je ne saurais décrire ma relation avec ma meilleure amie. Depuis l'adolescence elle m'attire, physiquement, mais pas seulement. Dix' était une très belle femme, magnifique même, une pulsion s'emparait de moi à chaque fois que je croisais son regard, mais ce que je ressentais pour elle allait au-delà de l'attirance physique, même si cela en faisait partie. Je ne saurais trouver le mot qui conviendrait à ce que je ressens pour elle, de l'amitié ? Une attirance physique ? Ou bien de l'amour ? Amour, ce mot m'a toujours effrayé, c'était peut-être cela que je ressentais réellement pour Dixie, mais je n'ai jamais su l'avouer si tel est le cas. Une chose est sûre, quand je la vois avec un autre homme, aussi proche qu'avec son surfeur, ce n'est pas seulement de l'amour que je ressentais, mais bien de la jalousie. Je savais pertinemment qu'elle m'en voudrait de gâcher son rendez-vous, qu'elle n'allait en aucun cas apprécier la présence féminine à mes côtés, mais je me devais de mettre mon grain de sel lors de son tête-à-tête.

La fille qui m'accompagnait n'était en aucun cas la raison de ma présence dans ce restaurant, elle était surtout le moyen de rendre Dixie jalouse et lui faire comprendre que son surfeur n'était pas l'homme qui lui fallait, l'homme qu'elle voulait. Je sentais le regard de Dixie sur moi, c'est pour cette raison que j'envoyais un clin d’œil furtif à ma compagne de ce soir. J'abordais un faux sourire sur mon visage, un sourire destiné à la jeune femme assise juste en face de moi, le serveur nous apportait la carte et de quoi patienter, c'est-à-dire un très bon vin, je n'ai pas perdu de temps pour lui en servir un verre, sans lâcher la raison de ma présence ici du regard, Dixie. Après mettre servi à mon tour un verre, je commençais à en boire une gorgée, mais très rapidement ma gorgée repartait directement dans mon verre, pas très glamour je sais, mais entendre les mots que Dixie avait pour cet homme et la voir découvrir son décolleté pour lui m'a mis hors de moi. Ma cavalière me regardait en rigolant, elle ne connaissait pas la raison de mon comportement, mais me voir recracher mon verre l'avait fait rire, et bien soit. « Excuse moi, j'ai bu de travers. » Je me sentais ridicule, comme-ci je n'avais pu me retenir, la jalousie avait presque pris le contrôle de mon corps. Je ne voulais pas en rester là, je fermais les yeux quelques instants en faisant semblant d'écouter mon rendez-vous de ce soir, mais mon esprit était très clairement ailleurs. Je la voyais commencer à boire son verre, mais délicatement je me suis penché vers elle pour déposer ma main sur son verre, avant de dire d'une voix charmeur. « Une si jolie femme que toi ne devrait pas boire une vulgaire bouteille de vin, j'arrive je vais l'échanger contre une bouteille de champagne. Une beauté comme toi mérite ce qui se fait de mieux. » Je me suis levé de ma chaise, avec la bouteille de vin dans les mains, je commençais à partir en direction du serveur, cependant je ne voulais pas rendre cette bouteille, du moins pas rempli. Je savais très bien que j'étais sur le point de faire mettrait Dixie dans une colère noire, mais je devais d'éloigner cet homme d'elle. Discrètement et bouteille en main, j'avançais innocemment vers son rendez-vous galant, mais très rapidement je fis semblant de trébucher sur lui, vidant 'accidentellement' le contenu de la bouteille sur lui. Une fois la bouteille vide je me remettais debout face à lui, un léger sourire de satisfaction sur mon visage. « Merde, excuse moi, j'ai pas fait exprès. Tu devrais peut-être aller te changer avant que ça tache hein ? » Les clients nous regardaient étrangement, mais j'étais fier de mon coup.

Moi qui n’arrivait plus à comprendre mes propres sentiments, j’avais pensé que mon plan de mentionner à mon meilleur ami Jay que j’avais un rendez-vous avec un autre ce soir afin de voir quelle serait sa réaction m’aiderait à enfin définir ce que je ressentais de mon côté. Depuis ma plus tendre enfance que je connaissais Jay, et je l’avais vu évoluer autant dans le meilleur que dans le pire. Dans le meilleur, en pouvant observer combien il devenait chaque année toujours un plus beau jeune homme. Sexy, beau, craquant, attirant, mais aussi toujours plus attachant au niveau caractère, ou du moins avec moi. J’avais toujours pu remarquer, sans me l’avouer, qu’avec les années, à partir de l’adolescence, il y avait eu un rapprochement entre nous deux, un rapprochement bien subtil. Mais je l’avais vu également évoluer dans le pire ; la drogue. Ça avait été tellement dur pour moi de le voir tomber dans l’enfer des substances illicites, puisque même s’il me le cachait et que j’arrivais à le deviner, je ne comprenais pas pourquoi il faisait ça, et ça avait été également le début de nos nombreuses engueulades, avant que tout sombre et que je ne quitte le Portugal avec mon grand frère, Logan.

Le fait de voir que Jay était présent également au même restaurant que moi pendant mon rencard à moi me mettait hors de moi. Pourquoi fallait-il qu’il vienne constamment gâcher chacun de mes rendez-vous avec un garçon? D’un côté, j’espérais toujours qu’il vienne le gâcher, parce que jamais je n’étais réellement intéressée par ceux avec qui je me trouvais. Je sais que j’avais blessé Jay lorsque j’avais été en couple avec Sören, mon ex petit-copain mafieux qui m’avait abandonnée sèchement il y a environ sept semaines de cela. Je savais que je l’avais blessé parce que jamais il n’avait arrivé à gâcher ma relation avec lui. J’avais toujours cru être réellement amoureuse de Sören, mais je m’étais durement trompée. Ce n’était pas du tout ça, l’amour. L’amour avec un grand A, je ne suis même pas encore certaine de ce que c’était. Du moins, je crois… Si je le savais, seul moi et Jay savions que je ne voulais en aucun cas me l’avouer, ayant bien trop peur de ce que ça pouvait représenter. Enfin bref, pour en revenir à mon rendez-vous galant au restaurant de ce soir, Jay avait essayé de me rendre jalouse en invitant de son côté une fille parfaite et en la complimentant, alors je lui avais bien entendu retourné la monnaie de sa pièce en dévoilant mon décolleté à mon surfeur et en lui disant que j’aimerais bien visiter son appartement dans la soirée, dans lequel cas celui-ci m’avait répondu par un clin d’œil coquin. Mais je ne pensais pas que mon meilleur ami répliquerait une nouvelle fois, même si je l’espérais, au fin fond de moi-même. J’arrivais à entendre toute la conversation de Jay, tentant d’écouter d’une oreille peu attentive mon rencard, qui me dévorait presque du regard. Soudainement, Jay se leva de sa table, se dirigeant vers nous. Je portai mon attention sur le surfeur, essayant de voir ce que mon beau meilleur ami ferait. Je n’eus pas de temps à attendre, puisque Jay arrivait avec sa bouteille de vin rouge et la laissa tomber «accidentellement» sur mon surfeur. Oh putain, il n’avait pas vraiment fait ça. « Oh, la poisse... T'en fais pas, c'est pas grave mec. Je vais aller nettoyer ça à la salle de toilettes. Ma belle, excuse-moi quelques minutes... » Il se leva en se dirigeant vers les toilettes. Il y serait probablement pour une dizaine de minute, voire quinze. Je lui offris un sourire, puis lorsqu'il fut disparus, je me levai sèchement en serrant les poings. « Jay ! C'est quoi, ton problème? T'en as pas marre de venir gâcher mes rencards, toujours? Pourquoi tu fais ça? T'es jaloux, c'est ça!? » J'étais dans une colère noire. Vraiment. « Et ne me dis pas que c'était un accident, ça! Tout ça, c'en était pas. Tu t'es trouvée une fille sur le coin d'la rue pour venir me surveiller, et tu as fait exprès pour renverser ta bouteille de vin. Merde, Jay! Tu m'détestes à ce point pour m'empêcher d'avoir une vie palpitante avec un garçon? » Nous étions près l'un de l'autre, j'avais les poings posés sur la table, et je respirais de colère.

Dans la vie, des amis j'en avais, des potes de soirées, des connaissances et tous ce genre de relations, j'en avais par dizaines, mais des amis qui comptaient pour moi, très peu. Dixie faisait partie de ce groupe de personnes que j'aimais plus que tout, c'était d'ailleurs pour elle que j'étais ici, pas seulement dans ce restaurant, mais à Harvard. Lorsqu'elle est partie avec Logan, j'avais comme l'impression de mourir à petit feu, consommé par la perte de mon meilleur ami Pedro et le départ de Dixie et Logan. Leur présence me manquait, c'est à ce moment-là que la drogue s'était emparé de mon âme. Ma meilleure amie était en quelque sorte ma raison de vivre, celle pour qui je me levais le matin et je me couchais le soir en espérant la revoir le lendemain et c'est ainsi depuis notre plus jeune âge. Mais ressentir ce genre de choses pour une personne, est-ce vraiment de l'amitié, ou est-ce plus que ça ? Nous n'avons jamais réussi à mettre ce mot sur notre relation, nous n'avons jamais réussi à connaître l'étendue de notre amitié. C'était tellement dur d'être si loin d'elle et ça l'ait encore plus lorsque je suis à ses côtés, mais qu'elle regarde un autre homme à ma place. Lorsque je voyais un autre homme avec Dixie, je ne pouvais rester de marbre et ne rien faire. Savoir qu'elle pourrait finir la nuit avec lui, me rendait malade. Elle valait largement mieux que ça, elle n'est pas qu'un physique, elle est un tout et je l'ai appris au fil des années. Je connaissais tout d'elle, j'étais présent lorsqu'elle était qu'une adolescente et déjà à cette période, je savais que la femme que je voulais, c'était elle, pas seulement dans mon lit, mais avec moi. Elle m'a toujours attiré et cela ne fait que croître au fur et à mesure des mois et des années, ce n'est pas un surfeur qui pourrait changer la donne.

Je refusais d'imaginer ne serait-ce qu'un seul instant ma meilleure amie dans le lit de cet homme, c'était impensable. Elle voulait me rendre jaloux ? Elle a réussi avant même d'entrer dans ce restaurant. Le seul moyen que j'ai trouvé pour la rendre jalouse à mon tour, c'était d'inviter une jeune fille dans le même établissement qu'elle et son copain du soir. Je connaissais Dixie mieux que n'importe qui, je savais très bien qu'elle n'apprécierait pas que je m'invite dans le même restaurant qu'elle, le même soir et à la même heure, mais surtout avec une fille belle et charmante. Elle refusait tout comme moi de s'avouer les sentiments qu'elle avait à mon égard, elle refusait d'admettre qu'au fond d'elle, elle aimerait plus qu'une relation 'meilleur ami' avec moi. Cependant aucun de nous deux n'osera faire le premier pas vers l'autre pour lui avouer ses sentiments, voilà la raison de notre jalousie mutuelle. Bref, son rendez-vous du soir avait plutôt bien pris l'accident de la bouteille, tant mieux, je ne voulais pas d'une bagarre en plein restaurant, je voulais seulement l'éloigner de Dixie, ce qui était chose faite. Et comme je l'avais imaginé, ma meilleure amie n'avait en aucun cas apprécié ma manière de faire, s'approchant de moi, ses yeux remplis de colère, mon envie de l'avoir été encore plus fort. De suite elle m'a demandé si je faisais ça par jalousie, bingo, mais je ne pouvais lui avouer la vérité. Je montais moi aussi le ton, tout en plongeant mon regard dans le sien. « Jaloux ? Jaloux de lui ? Au lieu de lui montrer ton décolleté, tu l'as regardé ne serait-ce qu'une seconde ? J'suis pas jaloux de ce mec. Et si tu veux tout savoir, non je ne l'ai pas fait exprès. » Ma compagne de la soirée, se leva elle aussi de sa chaise, elle ne savait pas qui était Dixie et le pourquoi de ma présence ici. « Pour qui elle se prend pour te parler comme ça elle ? Tu l'as connais ? » Connaissant parfaitement le caractère de Dixie, je savais qu'elle n'allait pas se laisser faire si facilement par elle. Je prenais le temps de lui répondre, mais la présence de Dixie était bien plus importante qu'elle, très rapidement je m'adressais une nouvelle fois à ma meilleure amie. « Oui, c'est mon amie. Et Dix', tu n'as jamais mentionné dans quel restaurant tu allais te rendre avec ton surfeur du dimanche. Comme tu n'étais pas disponible parce que tu m'as en quelque sorte laissé tomber pour ce crétin, je devais bien trouver quelque chose à faire ce soir. Et elle a bien voulu de moi, contrairement à toi. Et franchement, qu'est-ce que tu lui trouves ? » En lui posant cette question, je plaçais très innocemment ma main sur son poing toujours sur la table en espérant que ça la fasse réagir, peu importe de quelle manière, j'espérais seulement qu'elle réagirait.

Depuis bien longtemps, j’avais cette impression que la vie était mal faite. En réalité, ce n’était pas simplement une impression, mais bien une entière certitude. Tout premièrement à commencer par mon adoption. Certes, j’avais eu une enfance heureuse entourée de mes deux grands frères et de mes deux parents forts aimants, ainsi que de Jay qui avait toujours été mon meilleur ami et de d’autres amis avec qui j’avais eu la chance de grandir également, au Portugal. Mais plus je vieillissais, plus les malheurs de la vie se faisaient sentir dans ma vie ; la découverte de mon adoption, la perte de l’un de mes deux grands frères, ma fuite vers les États-Unis avec Logan en abandonnant Jay, mon meilleur ami. Peut-être que ça n’en a pas l’air, mais ça avait été très dur pour moi d’avoir à le quitter comme cela, sans un aurevoir, alors que l’on tenait très fort l’un à l’autre et aussi parce que je me sentais mal de le laisser seul comme ça après avoir perdu son meilleur ami à lui, mon frère. Puis, j’avais sombré dans l’alcool, la drogue, le striptease. Je ne sais pas pourquoi ni comment tout ça était arrivé, mais c’était arrivé, et même si je remonte peu à peu l’échelle, fuyant le fond du gouffre, il n’en reste pas moins que si l’on me pousse à tomber, il ne me sera pas difficile de sombrer de nouveau comme avant. Cependant, présentement, la vie était toute aussi mal faite qu’avant, puisque mon malheur, que j’appelais aussi bonheur, n’était nul autre que Jay. Je ne saurais comment décrire notre relation, mais j’avais cette impression que Jay était en réalité ma drogue, mon besoin essentiel, sauf que je n’arrivais pas à me l’avouer, à le lui avouer. Alors, en sa présence, je n’arrivais qu’à faire des conneries, pour essayer de le garder près de moi. Pour tenter de l’empêcher de voir d’autres filles, ce qu’il faisait aussi.

Ce n’était pas de voir mon meilleur ami qui m’attirait bien plus que ce que je pensais au même restaurant que moi lors de mon rencard qui me mettait hors de moi, même si ça n’aidait pas. C’était de le voir avec cette fille qui ressemblait plus à une cruche qu’à une fille intelligente à son bras. Cette jalousie me grugeait de l’intérieur chaque fois que je croisais son passage ou son simple regard de dieu. J’avais mes faiblesses et ma principale ne comportait que trois petites lettres toutes simples : Jay. Juste avant que celui-ci ne vienne renverser sa bouteille de vin «accidentellement» sur le surfeur qui m’accompagnait, j’avais rêvé être à la place de cette fille idiote qui se tenait devant lui. Être à sa place et pouvoir passer une bonne soirée en compagnie de Jay qui était en réalité plus qu’un simple meilleur ami à mes yeux. Pourquoi je rêvais de ça? Il fallait que ça cesse, tout de suite, puisque ça me faisait terriblement mal, comme si on me serrait le cœur. Oui, la vie était mal faite, et elle me faisait carrément chier.

Enfin bref, maintenant Jay avait réussi à me mettre hors de moi de toutes les manières possibles, et je n’arrivais plus à me contenir. Sa proximité avec moi accélérait mon rythme cardiaque de beaucoup et me serrait la gorge, mais je ne pouvais tout de même pas le laisser paraître, alors j’augmentais mon ton de voix, et me fichais du regard des autres clients du restaurant axé dans notre direction. « Tu es pathétique, Jay Gilson! Tu me demandes si j’l’ai regardé? Ha-ha! Toi t’as regardé cette fille qui t’accompagne? Elle doit avoir des seins bien plus gros que son cerveau, quoi! » Mes poings étaient toujours fermés et serrés sur la table. Si j’avais été normale, si j’avais su quels étaient mes sentiments, si je n’avais pas autant d’orgueil, j’aurais directement embrassé Jay, sans plus attendre. Au diable mon rencard. Mais non, là… Tout simplement non, je pouvais pas. Surtout que son rendez-vous à lui s’approchait de nous et m’insultait en faisant comme si je n’étais pas là. Alors là, si elle se croyait tout permis parce qu’elle était en compagnie du plus beau mec que la Terre pouvait contenir, elle se mettait le doigt dans l’œil. « Ma chérie, tu sauras que je s’suis juste en face de toi, pour ton information. Alors si t’as pas la frousse, t’as qu’à me parler en face. Et puis j’t’ai pas sonnée, alors dégage avec que tu reçoives mon poing au visage. » Voilà. Bien dit, bien fait. Elle avait qu’à dégager, maintenant, parce que c’est pas moi qui partirais et s’il fallait, je n’hésiterais pas à mettre ma menace à exécution. Sans me gêner, comme d’habitude, je répliquai à Jay : « Je te l’ai pas dit, c’est vrai, mais tu as très certainement dû t’organiser pour trouver où j’allais ce soir. Je te connais parfaitement, tu t’en souviens, ça? Et tu me demandes sincèrement ce que je lui trouve? Il est sympa, il est marrant, il est mignon, séducteur, et il n’a pas froid aux yeux. Ah oui et lui, il n’attend pas que d’autres m’invitent avant de le faire de lui-même…» Cette dernière phrase était une pique lancée indirectement à mon meilleur ami mais qui était bel et bien destinée à lui. J’espère qu’il la comprendrait… En sentant ses mains se poser sur mes poings fermés, je le regardai dans les yeux, et c’est là que je sentis mon regard s’humecter de larmes. Je réagissais ; je comprenais, mais je ne l’avouais pas encore. Au même moment, je voyais mon surfeur sortir des toilettes et revenir à notre table, mais je lui fis signe de la main que j’allais dehors quelques minutes. En faisant claquer mes talons, je me dirigeai vers la porte afin de sortir respirer l’air frais pour me calmer un peu, si j’y parvenais toutefois… Il avait réussi : il avait réussi à gâcher ma soirée, et il avait réussi à me faire fuir afin que je ne passe pas du temps avec mon rencard.

On a l'impression que le but principal d'une vie, c'est d'être heureux, que vous soyez riche, pauvre, grand ou petit, le but est d'être heureux. Mais comment être heureux sans cette chose qu'on appelle l'amour ? Je n'ai jamais trouvé ce fragment de ma vie, je n'ai jamais trouvé l'amour avec un grand A, du moins je ne l'ai jamais avoué. Toute ma vie j'en ai eu des coups d'un soir, des relations jamais sérieuses, mais dans toutes ces relations et toutes ces coucheries sans lendemain, un seul nom me trottait dans la tête, celui de ma meilleure amie, Dixie. Chaque fois que j'étais avec une fille, je ne pensais qu'à elle, comme-ci elle me hantait à chaque instant de ma vie. Quand je faisais l'amour avec une autre, c'était avec elle que je voulais être, et si ce fragment qui me manque pour être heureux, c'était elle ? Elle est à la fois celle qui me rend fou, dingue et jaloux, celle qui m'a en quelque sorte abandonnée en quittant le Portugal sans me dire adieu, mais elle est aussi celle qui réussissait à me rendre heureux uniquement par un sourire de sa part. Je ne sais ni pourquoi ni comment, mais je sais qu'elle est importante dans ma vie et j'espère qu'elle le sera encore longtemps. Mais comment lui dire ? Comment lui faire comprendre, mais surtout comment me l'avouer à moi-même ? L'attirance que j'éprouvais pour elle remontait à très loin, ça nous était presque impossible de voir la réalité en face, impossible d'avouer nos sentiments car si tout ce que nous avons construit depuis notre enfance, si notre amitié si forte, se détruisait à cause de cela ? Nous nous étions déjà perdu une fois, je refusais de la perdre une seconde fois et pour de bon. Le meilleur moyen serait donc de refouler ce que nous ressentions l'un pour l'autre ? J'en avais bien peur. En la voyant aux bras d'un autre, je ne pouvais pas lui dire clairement que je refusais de la voir avec lui, car au fond de moi j'éprouvai autre chose que de l'amitié pour elle. Mon seul moyen de le combattre, s'était de rendre à mon tour Dixie jalouse et quel autre moyen que de me rendre au restaurant qu'elle avait réservé avec lui, aux bras du genre de fille qu'elle détestait le plus au monde. Est-ce que j'aimais la voir jalouse, triste et quelques fois la larme à l’œil à cause de moi ? En aucun cas, la savoir mal, je rendais moi aussi mal. Néanmoins, ça me déchirait encore plus le cœur de la laisser en tête-à-tête avec un surfeur sans personnalité, sachant très bien que ce dernier n'avait qu'une envie, coucher avec elle avant de l'ignorer complètement le lendemain.

Je ne pouvais laisser faire cela, c'est pour cette raison que je me retrouvais face à face avec elle, ses yeux plongés dans les miens, sa colère me transperçant comme la lame d'une épée. Le ton de sa voix montait d'une octave à chacune de ses phrases, axant les regards sur nous, mais je m'en fichais car les gens ne m'intéressaient pas, c'est elle qui m'intéressait. « Je suis pathétique ? Si tu veux .. Mais pourquoi t'en prends-tu à elle hein ? Je croyais que ton problème c'était ma maladresse en faisant tomber accidentellement ma bouteille sur ton plan cul du soir .. Donc c'est quoi ton problème ? Ça .. Ou le fait que tu sois jalouse de me voir avec elle? » Au fond de moi, j'espérais qu'elle m'avouerait enfin ses sentiments, mais je ne me faisais pas d'illusion, le bonheur n'est jamais présent quand on l'attend. Mon rencard du soir en avait profité pour mettre son grain de sel et remettre de l'huile sur le feu, je n'ai pas apprécié sa façon de parler à Dixie, mais je ne pouvais rien lui dire, au risque de prendre ouvertement la défense de mon amie, bien que j'aurais aimé le faire mais mon orgueil m'en empêchait. Je l'avais laissé répondre à mon rendez-vous, je savais pertinemment qu'elle ne se laisserait pas faire et j'avais eu raison. La remarque de Dixie l'avait touché dans son égo, elle était offusquée et me le fit comprendre, mais je m'en moquais. Elle pouvait même partir ça ne me dérangeait pas, la seule raison pour laquelle j'étais venu avec elle ce soir, c'était pour obtenir l'attention de Dixie, chose faite. La chose seule que je voulais faire, c'était de prendre sa main et l'embrasser comme j'ai toujours voulu le faire, l'embrasser pour que toutes ces prises de têtes soient enfin derrière nous, mais je ne le pouvais pas. Elle en profitait pour vider son sac, ses mots étaient tellement difficiles à entendre et la voir si triste et en colère était presque insoutenable. C'est alors que son surfeur revenait des toilettes, Dixie lui fit comprendre qu'elle voulait prendre l'air, je n'ai pas hésité une seule seconde à la suivre, laissant mon rencard en plan, sans même la prévenir. Lorsque je fus dehors, j'attrapais le bras de Dixie pour la retourner vers moi, quelques larmes coulaient sur sa joue, je déposais doucement mes doigts dessus pour les essuyer, même si je voulais faire plus que ça. « Dixie .. S'il te plaît arrête .. Tu n'as rien à faire avec lui, je suis sûr qu'il t'a déjà oublié et qu'il essaie de draguer une serveuse. Dixie .. 'Je t'aime'. Voilà ce que je voulais lui dire, comme il y a quelques années, avant d'apprendre le décès de mon meilleur ami, mais ma jalousie reprenait le pas. « Et puis merde, j'en ai marre Dixie. Pourquoi tu fais ça ? Pourquoi tu gâches ta vie avec des types comme lui ? Que tu m'aies laissé tomber au Portugal, je veux bien l'oublier, que tu ne m'aies pas avoué ton boulot avant Harvard, je veux bien en faire abstraction .. Mais merde que tu foutes ta vie en l'air pour des mecs qu'en veulent qu'à ton cul, je ne peux pas. » Mes mots étaient peut-être crus, mais je voulais la faire réagir, je voulais lui ouvrir les yeux, au risque de la mettre en plus en colère.

Pourquoi est-ce si compliqué, cet organe qu’on appelle le cœur? Pourquoi ne sert-il pas qu’à nous faire vivre en santé, au lieu de nous obliger à constamment nous poser des questions sur ce truc qui s’appelle l’amour? Bien que certaines personnes réussissent à avoir le dessus sur leur propre cœur, parvenant même à deviner quels sont leurs réels sentiments, leurs émotions, leurs peines, leurs douleurs et leurs joies, une grande majorité des gens, comme moi, aimerait bien faire taire tout ça, puisque c’est tellement douloureux. Oui c’est douloureux, surtout lorsqu’on est entre les deux catégories ; qu’on sait quels sont nos sentiments, mais qu’on n’arrive pas à les dévoiler, à les avouer au grand jour. C’était tout moi, ça. Et celui qui faisait battre mon cœur comme pas possible, celui qui me faisait souffrir à la fois de me rendre heureuse, celui qui me rendait jalouse dès que je le voyais avec une autre fille dans les bras, c’était Jay. Jay Henrique Gilson. Je me souviens très bien de ce jour où il m’avait retrouvée à Cambridge, par un heureux, ou plutôt malheureux hasard, au Nirvana où je travaillais, un bar de stripteaseuse. C’est là qu’avaient réellement commencées les engueulades, même si ce n’était pas très nouveau pour nous. C’est là aussi que j’avais été tellement heureuse de le revoir, parce que mon cœur n’avait fait qu’un bond dans ma poitrine à la simple vue de ses yeux, parce que la proximité de nos deux visages à cet instant-là avait été si intense que nos lèvres s’étaient enfin presque touchées pour de vrai. Mais c’est malheureusement là également que j’avais eu la plus grande déception de ma vie ; que mon cœur s’était finalement serré, se terrant au fond de moi, que mes larmes avaient commencé à couler sur mes joues, et que j’avais pensé à cet instant là qu’en réalité, Jay ne m’aimait pas comme je l’aimais. Ça faisait quatre ou cinq ans de ça, et je me rappelle très bien encore que c’est bien la seule fois où je me suis littéralement et entièrement avoué les sentiments que je portais à l’égard de mon beau portugais. Et maintenant, j’avais tellement peur que si je me l’avouais de nouveau, comme à cette soirée au Nirvana, que Jay se sauve de moi comme il l’avait fait à cet instant-là et qu’il me fasse souffrir…que je le fasse souffrir…

Jamais je n’avais connu l’amour. Enfin, j’avais été amoureuse et en couple une seule fois, il y a de cela quelques mois, mais sans plus. Moi, ce qui me connaissait, c’était les relations d’un soir, d’une nuit. Les nuits de baise avec des amis ou avec des inconnus. Mais je me rendais maintenant compte, surtout depuis que Jay était arrivé à Cambridge, à Harvard, que c’était lui que je voulais, plus que tout, par-dessus tout. J’étais une combattante ; je l’avais toujours été même si je laissais souvent tomber les bras, sauf qu’en présence de Jay, et principalement lorsque je le voyais aux bras d’une autre fille, je ne pouvais rien faire d’autre qu’abandonner. Ma jalousie écrasait rapidement cet amour avec un grand A que j’éprouvais. Ou plutôt, la jalousie et l’amour que je ressentais se liaient bien contre moi pour me faire réaliser que le seul homme que je n’arrivais jamais à oublier, que je n’arrivais jamais à laisser partir dans les bras ou le cœur d’une autre, c’était bien Jay, mon meilleur ami. C’était bien plus que mon meilleur ami, ça je le savais. Ça je le comprenais. Et ça, ça me faisait chier parce que ça m’effrayait plus que n’importe quoi. « Je m’en prends à elle parce que…je…parce que voilà, j’croyais que t’avais plus de goût que ça, c’est tout…! Oh… et puis va donc terminer ta soirée dans son lit, elle attend juste d’écarter les jambes pour qu’tu viennes y fourrer c’que t’as entre les jambes! » Voilà, je venais de perdre la face devant lui. Je venais presque d’avouer que j’étais entièrement jalouse, parce que oui je l’étais terriblement, mais j’aurais aimé mieux qu’il n’en sache rien. Et en plus de ça, je venais probablement de l’insulter lui, alors que c’est pas du tout ce que je voulais. Rien qu’à cette pensée, mes larmes avaient rapidement grimpé jusqu’à couler le long de mes joues. Je voulais m’enfuir, très loin, de tout et de tout le monde, mais surtout de Jay, parce que l’amour, si c’était bien ça, que je ressentais à l’égard de mon meilleur ami me faisait tellement mal. J’y arrivais plus, je voulais sauter dans ses bras et l’embrasser en lui dévoilant tout ce que je ressentais pour lui, pour qu’on oublie toutes ces engueulades, toutes ces crises de jalousies. Mais j’y arrivais pas. Je m’enlignai donc vers la sortie pour prendre l’air. S’il fallait que j’abandonne mon surfeur sans l’avertir, je le ferais. Une fois dehors, j’entendis la porte d’entrée du restaurant claquer derrière moi, puis sentis un bras me tirer vers ce qui était en réalité…Jay. Qu’est-ce qu’il faisait dehors? Pourquoi m’avait-il suivi? Pourquoi n’était-il pas avec son rencard en train de la complimenter encore et encore? Il essuya mes larmes, ce qui ne put que faire bondir mon cœur dans ma poitrine. Des petits moments comme ça avec lui, j’aimais tellement ça. « Quoi, Jay…? Je m’en fou, qu’il aille draguer une serveuse, j’men fou de lui… C’est pas lui que j’veux… » C’est toi. Mais ça, je ne lui dis pas. Je ne voulais pas, je ne pouvais pas, bref, je n’allais pas lui dire. Il fallait que je sache, avant. Les paroles de mon meilleur ami me firent l’effet d’une affreuse douche froide. « Ils en veulent peut-être qu’à mon cul, et puis? Pour moi, ils ne représentent rien. Il ne sont rien, à mes yeux. J’en ai marre aussi, tu sais? Y’a pas que moi la fautive dans l’histoire! J’en ai marre que tu me fasses la morale comme ça. J’en ai marre que tu doives toujours gâcher mes moments intimes avec des mecs. J’en ai marre que… » Oui, j’avais dit ça presque en criant, en suppliant, et oui, à chacun de mes mots je m’étais rapprochée petit à petit de lui, ne calculant plus la distance entre nos visages. Je respirais difficilement en le regardant dans les bras, en observant ses lèvres qui me donnaient tant envie depuis si longtemps… Mais je n’allais pas faire le premier pas. J’avais envie de me jeter dans ses bras et de le serrer fort contre moi, de pleurer enfin, de lui dire tout ce que j’avais sur le cœur et de lui avouer au grand jour mes sentiments. Mais non, mon égo, mon orgueil, ma douleur, ou peu importe ce que c’était m’en empêchait. « Jay… » J’avais dit son nom dans un presque supplice, plongeant mon regard baigné de larmes dans le sien.

Dans la vie, si vous n'avez pas de courage, vous n'avez rien. Pour réussir dans la vie, vous devez avoir le courage de vous lever le matin, le courage de faire face à tous les malheurs qui vous tomberont dessus dans votre vie, mais moi ce courage, je ne l'avais pas et je sais que je ne l'aurais pas avant de l'avoir elle. Mais pour l'avoir, je devais détenir le courage de lui avouer mes sentiments, malheureusement ce courage je ne le possédais pas. Toute ma vie j'avais attendu qu'elle m'ouvre son cœur, empêchant le mien de faire le premier pas, force est de constater que cela n'arrivera probablement jamais. Je n'arriverai jamais à comprendre comment faire pour refouler un amour presque impossible, avoir le courage de voir les choses en face et de comprendre que jamais je réussirai à avoir l'élue de mon cœur. Et l'élue de mon cœur, c'était elle, Dixie Hawson, ma meilleure amie, la fille que j'avais vu devenir femme en l'espace de quelques années. Cette fille avec qui j'ai toujours tout partagé, peine comme bonheur, mais qui depuis quelques années, tout devient plus compliqué. Elle était et restera toujours ma meilleure amie, la femme avec qui j'aime passer du bon temps, mais elle restera aussi celle qui me fait mal, celle qui me détruit de l'intérieur sans le vouloir, sans même le savoir. Elle est comme un virus qui me consume petit à petit, un virus qui m'anéantit au fur et à mesure qu'il s'approche de mon cœur, plus Dixie parvient à le faire battre, plus je sens celui-ci me faire mal et se déchirer en mille morceaux. J'ai toujours espéré que tel un virus, elle parviendrait à détruire toutes les noirceurs qui entouraient mon cœur, pour pouvoir lui avouer enfin ce que je ressentais pour elle. Mais voilà, il m'a toujours manqué quelque chose : le courage. L'amour peut être une chose magnifique, comme elle peut être cruelle, elle peut vous rendre heureux, comme malheureux, la vie est tellement paradoxale. J'aimais Dixie, mais le courage de l'avouer était inexistant, pourtant les occasions de le faire ne m'avaient pas manqué : durant notre adolescence, avant son départ précipité, lors de nos retrouvailles, après sa séparation ou encore maintenant, mais toutes ces occasions ne se sont jamais abouti, toutes ces occasions de lui ouvrir mon cœur ont fini comme une bouteille à la mer.

Connaître l'amour ne m'intéressait pas, si ce n'était pas avec elle. J'en avais marre d'avoir des relations d'un soir, de voir le regard des femmes sur moi sachant que la seule que je désirais vraiment était dans le lit d'un autre. Ce n'était pas la vie que je m'étais imaginé, je me voyais vivre dans mon Portugal natale avec elle, Logan pas loin de nous, nous aurions vécu heureux comme dans les contes des fées, mais je savais que cela n'arriverait jamais, malheureusement pour moi. Bien qu'au fond de moi, je ne perdais pas l'espoir qu'un jour, Dixie m'avouerait ses sentiments. Je n'avais pas le courage nécessaire pour lui déclarer ma flamme, mais j'avais l'espoir d'attendre qu'elle fasse le premier pas. En la voyant en larmes face à moi, j'espérais que ce moment arriverait enfin. Elle me déclara qu'elle se fichait de voir son surfeur draguer à droite et à gauche, qu'elle en attendait un autre, mais si cet autre c'était moi ? Si cet autre homme qu'elle voulait vraiment, c'était moi ? Je ne savais pas réellement, je me remettais en question et je me devais d'avoir une réponse à cette question, où ne serais-ce qu'une pièce de puzzle, pour que je puisse reconstruire le reste moi-même. « Alors si ce n'est pas lui que tu veux, pourquoi tu perds ton temps avec ce gars ? Si c'n'est pas lui que tu veux, pourquoi tu ne le laisses pas s'occuper des cruches sans cervelle .. » Elle méritait mieux que lui, elle méritait quelqu'un qui l'aimait vraiment, moi. Mais comment lui dire ? Comment je pouvais lui dire que l'homme qui lui fallait, c'était moi ? Même si j'avais du mal à me l'avouer, je savais que le seul homme qui parviendrait à rendre Dixie heureuse, c'était moi. Certes ce n'était pas en l'empêchant d'avoir des rapports avec d'autres hommes que j'arriverais à la rendre heureuse, lui faire de la peine, ce n'était pas ce que je souhaitais, mon but c'est seulement de voir son visage me sourire, voir les muscles de sa bouche formée un sourire, la voir heureuse, l'embrasser et pouvoir vivre au jour le jour sachant qu'elle serait à mes côtés jusqu'à la fin de mes jours. J'aurais aimé que notre histoire soit similaire à celle que l'on voit dans les films, qu'au bout d'une heure et quelques minutes, le héros embrasse la fille parfaite sous un soleil couchant. Suis-je naïf ? En tout cas, ce n'était pour le moment pas le cas, elle était très loin d'être heureuse à cause de moi, mais sans moi et mon besoin permanent de l'éloigner des autres hommes, que serait sa vie . Passer de lit en lit, sans aucun sentiment, être utilisé comme un objet sans remords. Non, ce n'était pas ce que je voulais pour elle, même si ça devait l'éloigner de moi, je voulais la voir heureuse et de préférence, avec moi même si c'était encore loin d'être le cas, elle m'avait très bien fait comprendre qu'elle en avait marre de mon comportement, elle était à bout, je m'en voulais mais voilà ma jalousie et mon besoin profond de l'avoir été bien trop puissant. « Tes moments intimes avec des mecs ? T'es sérieuses Dix' ? Ils se servent juste de toi, ils veulent seulement leur plaisir avant le tiens. J'te connais, je sais que ce n'est pas ce que tu cherches, je sais que tu cherches autre chose que ça .. Je sais car tu mérites mieux que ça, mieux qu'un plan cul, mais tu ne veux pas me comprendre, tu veux pas voir que t'es autre chose qu'un foutu plan cul, en tout cas pour.. » Pour moi .. Tu es tellement plus que ça pour moi. Je n'arrivai pas à lui dire, je sentais juste son visage s'approcher du mien, ses lèvres à seulement quelques centimètres des miennes, je sentais son souffle sur mon visage et ses yeux tellement magnifiques me fixer, mon cœur battait comme jamais il n'avait battu auparavant, l'envie de tout plaquer pour l'embrasser était tellement forte, mais je ne pouvais pas, je n'y arriverai pas. Elle était dehors, dans sa robe rouge qui lui allait tellement bien, qui la rendait encore plus belle qu'elle ne l'était, je déposais doucement ma main sur son épaule découverte, en la regardant au fond des yeux. « Pourquoi tu fais ça Dix ? » Pourquoi tu m'attires tellement, pourquoi tu me donnes envie de tout foutre en l'air pour toi, sans que je puisse te le dire.