el famoso black friday (( klaussie #1 ))

el famoso black friday, novembre 2024
Boston, Massachusetts, USA

Cassie n’avait jamais été une adepte des foules ni de l’agitation, mais le Black Friday avait un étrange pouvoir d’attraction. Cette année, elle s’était levée aux aurores, déterminée à mettre la main sur une machine à café haut de gamme qu’elle avait repérée depuis des semaines pour remplacer l’ancienne que sa sœur avait. Ce modèle était exceptionnel, capable de faire de parfaits cappuccinos en quelques secondes – le rêve pour ses matins précipités. La promotion, elle, était alléchante et éphémère, et elle savait qu’elle n’était pas la seule à l’avoir repérée. Elle se faufila dans le magasin bondé, bravant la foule qui se pressait dans les allées. Chaque pas l’amenait un peu plus près de l’étagère convoitée. Elle aperçut enfin l’appareil en question, parfaitement aligné avec ses semblables, mais alors qu’elle tendait la main pour le saisir, une autre main se posa sur le même modèle. Cassie releva les yeux, rencontrant le regard perçant de quelqu’un d’autres, d’à peu près son âge, à l’air aussi déterminé qu’elle. “Je l’avais vu en première,” lança-t-elle, avec un sourire vaguement ironique.



#rplibre

Si ce n'était pas pour le caprice de ses deux cadets débordés par leurs affaires, Klaus ne se serait même pas dérangé à venir un jour de Black Friday pour choper spécifiquement une machine à café, déjà en rupture de stock dans les six autres magasins avant même l'ouverture des portes tant les ventes en ligne ont explosé ; et Klaus, il a autre chose à faire que courir après une machine. Ouiii mais tu compreeends, celle-là elle fait ci et çaaa ; la belle affaire. Levé aux aurores et d'une humeur déjà bien maussade à l'idée d'affronter une foule en délire, Klaus attend l'ouverture, comme beaucoup de monde, et sous-estime grandement l'engouement. Bousculé de part et d'autre, il songe à tourner les talons et partir, mais se fait violence pour se rendre au moins jusqu'au rayon. Et c'est là qu'il la voit, la dernière boîte. Passablement irrité par la situation, il s'en approche rapidement et croise le regard d'une blonde qui a exactement le même geste que lui. Main posée sur le carton, Klaus dévisage la jeune femme, fermé à toute expression de sympathie, et... récupère simplement la boîte, un peu sèchement. Ce n'est pas mon problème. L'indifférence dans le ton de la voix, ce n'est effectivement pas comme ça que les affaires marchent. Tant qu'elle n'a pas payé pour, cet objet ne lui appartient pas.

el famoso black friday, novembre 2024
Boston, Massachusetts, USA

Cassie sentit un pic d'irritation l'envahir. Elle n’était pas du genre à chercher les conflits, mais ce type venait littéralement de lui arracher la dernière machine à café sous le nez. Elle avait attendu patiemment, supporté la foule, et même failli renverser quelqu’un en essayant d’atteindre cette boîte. Et maintenant, cet inconnu aux manières aussi rugueuses qu’un bréchet de dinde venait ruiner tous ses efforts. “Excusez-moi,” lança-t-elle en croisant les bras. “Mais je crois qu'on va devoir discuter de ça.” Cassie serra les dents. Elle avait affronté bien des situations inconfortables, mais celle-ci était particulièrement frustrante. Surtout après les semaines qu’elle venait de passer, à jongler entre ses obligations, sa vie personnelle et une tentative ratée de cuisiner une tarte à la citrouille pour une récolte caritative. Ce n’était pas sa journée. “Vous savez quoi ?” commença-t-elle, la voix basse mais vibrante de colère. “Ce n’est pas seulement une question de ‘premier arrivé’. C’est une question de respect. Vous avez vu que j'étais là avant.” Cassie sentit ses joues chauffer, mais elle ne se démonta pas. “Je ne suis pas du genre à me laisser marcher dessus. Vous savez quoi ? Gardez-la, si vous tenez tant à passer pour le type qui écrase tout le monde pour une machine à café. Je trouverai une autre solution.” Elle tourna les talons avec une dignité feinte, son esprit bouillonnant. Elle était à deux doigts de lui dire ce qu’elle pensait réellement, mais quelque chose l’arrêta. Peut-être était-ce l’esprit de célébration qu’elle essayait désespérément de préserver. Peut-être que cette machine ne valait pas un esclandre. Ou peut-être était-ce le moment pour elle de faire sortir toute la colère qu’elle avait en elle. Changeant d’avis, elle se retourna pour revenir vers l’homme et lui prendre la machine à café des mains.



@Klaus Park

Toute cette tirade sur son attitude, les critiques ouvertes sur ce qu'il devrait et ne devrait pas faire, ça l'irrite davantage. Lui qui est pourtant si stoïque, le voilà qui sent les mots l'atteindre et ça le fait soupirer, presque rouler des yeux. Premier arrivé, premier servi, si elle ne s'est pas service, c'est son problème, il fallait être plus réactive. Mots qu'il est tenté de lui balancer, mais qui ne traversent pourtant pas ses lèvres alors qu'il préfère la laisser se fatiguer à lui faire la morale ; et quand il pense qu'elle le laisse enfin tranquille, elle revient à la charge et profite d'un moment d'inattention pour lui chiper la machine d'entre les mains, le prenant de court. Et là, elle a droit au regard glacial et au ton qui va avec. Il fallait être plus réactive au moment où vous l'avez vue, mais je constate que vous n'avez aucun scrupule à arracher des mains les possessions d'autrui. Mais malgré sa froideur, il ne veut pas être trop brusque non plus envers elle ─ physiquement parlant, les mots, il s'en fiche un peu. Alors en guise de réponse, il fait le même geste, les deux mains se reposant sur la boîte pour tirer dans sa direction, sans quitter la blonde du regard.

el famoso black friday, novembre 2024
Boston, Massachusetts, USA

Cassie serre un peu plus fort les doigts autour de la boîte, comme si la machine à café était devenue un symbole de victoire dans une bataille absurde. Mais cette absurdité, elle la sent au fond d’elle, tout comme une pointe de honte qui refuse cependant de remonter à la surface. Le regard glacial de l’homme face à elle la fait frissonner, mais pas au point de lâcher prise. Elle n’a pas fait tout ce chemin, bravé une foule enragée pour repartir les mains vides. « Possessions d’autrui ? » réplique-t-elle, un sourire ironique sur les lèvres. « Désolée, mais je crois qu’on a pas encore passé la caisse, donc techniquement, elle appartient toujours au magasin. » Elle tire un peu plus sur la boîte, sentant la résistance de l’homme, mais elle ne cède pas. Ce n’est pas qu’elle en ait un besoin vital, mais c’est devenu une question de principe. Peut-être parce que, dans ce moment précis, elle sent un mélange d’adrénaline et de nostalgie l’envahir, lui rappelant des disputes de son enfance avec son frère, pour savoir qui aurait la dernière part de tarte au potiron lors des fêtes. Ce n’est pas très mature, elle le sait, mais la situation a une étrange saveur familière. « Et puis, vu le mal que j’ai eu à arriver jusqu’ici, j’estime avoir autant de droits que vous sur cette fichue machine. » Elle croise son regard, y lisant à la fois exaspération et défi, et un soupir finit par lui échapper. Peut-être qu’elle aurait dû lâcher prise, mais non. Elle refuse. Pas après tout ça. Les bruits de la cohue autour d’eux s’effacent presque, comme si le monde s’était réduit à cette boîte et à cet affrontement silencieux. Pourtant, au fond d’elle, une voix plus calme lui murmure qu’il y a plus important dans la vie. Que cette machine à café ne changera pas grand-chose, ni à son quotidien, ni à celui de l’homme face à elle. Une image furtive traverse son esprit : celle d’un chalet enneigé, où des gens rient autour d’un feu, une tasse de chocolat chaud aux canneberges dans les mains. Elle pense à la gratitude qu’elle pourrait ressentir si elle était à cet endroit, loin de cette folie, à se rappeler que ce genre de combat est futile. Mais Cassie ne vit pas dans ce chalet, et l’homme en face d’elle est toujours là, prêt à tirer un peu plus sur la boîte. Un combat puéril, mais qu’aucun des deux ne semble prêt à abandonner. « Écoutez, on fait quoi ? On se bat en plein milieu du magasin, ou on trouve un compromis ? » finit-elle par lancer, en levant les yeux au ciel. « Parce que franchement, je commence à me dire qu’aucun de nous ne mérite cette foutue machine. »



@Klaus Park

Elle rétorque des mots qu'il applique lui-même dans ses arguments, et il sait qu'elle n'a pas tort. Habituellement, la fierté, ce n'est pas son genre, et l'égo n'est définitivement pas quelque chose qu'il gonfle gratuitement, lui qui n'a pourtant aucun mal à reconnaître ses torts. Mais là, il sent que c'est différent ; parce qu'il n'a de base pas envie d'être ici, pas envie d'affronter la foule, et pas envie de se prendre une montagne de reproches quand il rentrerait les mains vides. Il ne craint pas les crises de son frère et de sa soeur, mais s'il peut les éviter, il le fait, d'autant plus qu'il n'aime pas les décevoir ou ne pas être capable de leur donner ce qu'ils veulent. Ils comptent sur lui, et pour cette raison, Klaus ne se démonte pas, même si la boîte lui échappe un peu ─ c'est qu'elle est tenace, la blonde en face. Vous l'aviez abandonnée et être revenue à la charge, j'estime qu'au moment où vous avez tourné les talons, vous avez perdu le droit de la réclamer. Mais elle suggère l'idée d'un compromis. S'il n'est pas fermé à l'idée, Klaus peine tout de même à l'imaginer. Et quel serait le compromis ? C'est une machine, on peut difficilement repartir avec la moitié chacun, ou faire une garde alternée. Drôle de concept. Il soupire, agacé. Écoutez, j'ai pas non plus envie de me battre pour cette machine, mais elle est en rupture de stock ailleurs, et c'est spécifiquement cette machine là qui est attendue, pas une autre. Ne pourriez-vous pas faire preuve de flexibilité et en choisir une autre ? Ce n'est... qu'une machine à café. Au moins c'est dit, ce n'est même pas pour lui qu'il est là ; donc les concernés ne font même pas le déplacement. Ils sont plutôt en train de s'arracher d'autres objets dans d'autres magasins, à n'en point douter...