Emozioni. - Amoryx

Je serre mon sac à dos alors que je sors du taxi en face du domaine des Morelli. Amore ne sait pas que je suis là, en France, près de chez lui. Parce que ce sont ses parents qui m'ont demandés de venir. Comment refuser ? Ce crétin est parti de Boston sans me prévenir et pendant des jours, j'étais morte d'inquiétude. Pleurer, ce n'est pas moi. Mais mon corps le voulait, bloqué par le psychique. Je regarde à travers les fenêtres, la surprise risque d'être courte s'il me voit. Son père sort et me fait comprendre qu'il n'est pas encore revenu. Je peux monter dans une chambre d'amie déposer mes affaires, même si on sait tous que je vais filer dans la chambre d'Amore le moment venu. C'est alors qu'on me prévient qu'il arrive. Le bonheur et la colère se mélangent dans mon excitation. Je descends l'escalier en trombe et me cache derrière le volet de la porte qui s'ouvre à peine une seconde plus tard. Sa silhouette se défile sous mes yeux et je suis partagée entre deux émotions. Ses parents ne sont dans le hall alors je vais rester moi-même. Je lui porte un coup derrière les genoux pour le faire tomber au sol et je viens m'asseoir sur son ventre. -- Ciao, mi sei mancato, sai? (Bonjour, tu m'as manqué, tu sais ?)

Tout a l’air plus solaire ici, même si ton moral est enveloppé par la grisaille. Rester ici et pour toi la meilleure solution pour te tenir éloigner de la vie de ta sœur et les tas d’autres problèmes et pour une fois tu choisis l’isolement et la solitude à la colère pour ne blesser personne. Les portes ouvertes de l’université de management que tu cibles viennent de s’achever et tu es sur le chemin du retour. Le chauffeur de ton beau-père te dépose devant la propriété. Tu descends de la voiture, la brochure de l’université qui dépasse légèrement de la poche arrière de ton jeans. Ouvrant la porte de la villa, tu te retrouves surpris d’un coup que tu reçois dans les genoux. Rapidement, tu perds l’équilibre, te retrouvant rapidement sur le dos, les yeux écarquillés en reconnaissant la silhouette qui s’installe sur ton ventre ; Moitié que tu as abandonné, tu es sûr qu’elle va te le faire payer.  — Ciao, pazza, non voglio sapere.¹  Avec agilité, tu bascules légèrement sur le côté, attrapant son bras pour inverser la situation en un clin d’œil. En un instant, Phenyx se retrouve allongée sur le dos, toi au-dessus d’elle, ton visage à quelques centimètres du sien. Tu laisses deux doigts glisser lentement sur ses lèvres, étalant intentionnellement son rouge à lèvres écarlate, un sourire provocateur aux lèvres. — Hai mangiato un clown, amore ? ²

Quel sentiment néfaste pour mon âme de voir l'homme que j'ai failli perdre déjà par deux fois, sous mes yeux, alors qu'il avait disparu. Même si j'ai eu des réponses à mes messages, cela n'a pas calmé mon inquiétude. Je serre les dents avec l'envie de lui jeter mon poing au visage. -- Bastardo !(Bâtard !) je réplique, toujours guidée par la colère. C'est le sentiment qui domine. Et qui m'affaiblit, Amore en profite. Je n'ai pas le temps de réagir, me voilà sous lui. Nos visages proches, j'ai envie de lui mordre la bouche pour lui retirer son petit sourire. D'autres, il les baiserait. Moi, il me martyrise ! Je secoue la tête en retard alors qu'il vient de jouer avec mon maquillage. Je dois être horrible ! -- Sei tu il pazzo ! (c'est toi le taré!) Je me dandine comme un ver pour le repousser. -- Ti odio, mi hai abbandonato! (Je te déteste, tu m'as abandonné!) je crie sans me soucier de qui peut nous entendre. Je n'en ai rien à faire. Depuis toutes ces années, j'étais là pour lui. Deux fois, j'ai cru le perdre. Et à cause de CA, il part encore en vrille. Je sais qu'il a besoin de renouveau. Mais je lui en veux. Je tiens à lui et je veux pas le perdre. Même si mes mots ont été plus ironiques dans son ton quand je lui ai dit qu'il me manquait, cette part de vérité existe. Je tiens à ce crétin. -- Che stronzo! (Quel connard) J'attrape mon sac plein de vêtements et je le tape avec. -- Rhaaa.... Testa di cazzo !!! (Tête de bite!!!) Est-ce que quelqu'un peut m'arrêter ou je vais commettre un meurtre ?

Il aurait fallu que tu t’enfuis en courant pour éviter les foudres de la blonde mais au lieu de ça, tu es resté planté là sur elle à la narguer bêtement, sans doute parce que tu as sous -estimé sa colère. Phenyx n’est pas la seule que tu as abandonné, pourtant elle aurait dû être l’exception à la règle. Flammes de colère qui crépitent dans ses prunelles. Tu sais pourquoi elle est comme ça, pourquoi elle est en rage, pourquoi elle hurle comme ça. Tu lèves ton bras devant ton visage pour te protéger du sac qui t’arrives dessus avec une force insoupçonnée. — Porca miseria, ma smettila!¹ Tu serres les dents quand le sac te frappe encore. Tu finis par l’attraper en plein vol avec une main pour le jeter sur le côté. Les ténébreuses la fixent avec froideur alors que les mèches rebelles ébènes tombent sur ton front. Les dégageant d’une main nerveuse, tu termines par te relever. Tu continues de la regarder, là, le maquillage un peu défait, la colère au bord de ses lèvres.  — Non ti ho abbandonato, quindi piantala con queste stronzate e alzati.² Et de force tu la tires par la main pour la relever. Tu ramasses son sac et tu lui fais signe de te suivre, mieux vaut éviter de faire une scène devant tes parents. Tu montes les escaliers, atteint rapidement ta chambre et une fois à l'intérieur, tu refermes la porte derrière vous avec précaution. Jetant son sac au pied du lit, tu pousses un long soupire avant de t'asseoir sur le lit :  — Era l'unica soluzione. Non ti ho avvisato perché sono andato via di colpo. Ero completamente saturo, capisci? Rose sta con un pezzo di merda che trova ogni scusa possibile per trattarla da stupida. Ho dovuto gestire tutto il casino con la mia strega di ex e... ho rischiato di finire in galera. A Boston non c'è più niente di buono per me. ³ Et si ça avait été trop pour toi, si l'aurait été pour elle.

Je me déchainais, je ne pouvais pas me retenir. Mes émotions se présentaient comme ça. J'évacuais ma rage sur la raison de celle-ci. Il agissait sans penser aux conséquences de ces actes. Il ne pensait pas à ceux qui l'aimaient et au moins, ne l'avaient pas déçus. ça m'énervait qu'il se focalise sur ceux qui le blesse. Au fond, je sais qu'il est sensible mais je ne voulais pas le prendre avec des pincettes. Il a 27 ans, bordel ! Quand il récupère mon sac pour l'éloigner de nous, je ne bouge plus, haletante, le regardant alors qu'il me disait qu'il ne m'avait pas abandonné. Je me recule, le regard toujours assombris. J'essuie le bord de mes lèvres comme je le pouvais. Je regarde autour de nous avant de le suivre. Qu'il le veuille ou non, je pense que ses parents nous ont un peu entendu. La porte se referme, ma colère se calme un peu. Quand il se livre, je ne dis plus rien. Je l'écoute pieusement. Tous ces événements se succédaient trop vite et au fond, je comprenais ce qu'il ressentait. Mais sa dernière phrase me blesse. Et ramène cette colère à la surface. -- Non vi è rimasto nulla di buono a Boston? (Il ne te reste plus rien de bien à Boston ?) Je serre les poings, mon regard se durcit alors que j'essayais de ne pas exploser. Je suis un peu violente sur les bords. Mon impulsivité égale sûrement celle d'Amore. C'est pourquoi je n'ai pas pu retenir la gifle que je lui mets. -- Artemis, la tua famiglia e... che diavolo ne sarà di me? Non sono niente di buono per te? La nostra amicizia è durata più di dieci anni e io mi sono ridotta a qualcosa di brutto per te? Perché sei ancora mio amico se non sono niente di buono? Io ti sostengo, ti sono stato vicino ogni volta che ho potuto. E... ho sopportato la tua sfilata di donne. Tu sei il mio mondo e io credevo di essere il tuo. Cazzo.... Capisco che quello che hai passato è difficile, che hai sofferto... Ma non dimenticare che ci sono ancora persone che tengono a te e che ti sosterranno, e per di più che non ti faranno del male... beh, non moralmente.* après mon monologue, je reprends ma respiration, passant une main dans mes cheveux, je décide de me glisser dans la salle de bain attenante. Je voulais effacer l'effet clown de mon visage. Et le laisser reprendre ses esprits. S'il ne me jette pas dehors après toute cette violence. ça faisait longtemps que je ne m'étais pas lâché sur lui comme ça.

Cette escapade en France est le moyen pour toi d’échapper à tes problèmes. Et si c’était toi le véritable problème ?  Ce n’est qu’un répit superficiel auquel tu goûtes ici et tu en as conscience. Ton estomac est toujours aussi noué. Ton esprit toujours aussi tourmenté. Et puis, il y’a cette fois qui ne cesse de te répéter en boucle que la troisième fois est peut - être la seule et unique solution pour guérir de tout ça. Tu encaisses la gifle de la blonde sans un mot, la joue marquée par la brûlure du coup. Tu restes immobile un instant, le regard baissé. La profondeur de ses mots bousculent toutes tes pensées égoïstes. Focalisé sur ta douleur, tu n’as pas pensé à celle de ton amie d’enfance. Tu relèves les yeux, mélange de culpabilité et de colère assombrit ton regard. Respirant profondément, les épaules lourdes, tu sembles sur le point de dire quelque chose avant de te raviser. Alors que Nyx s’isole dans la salle de bain, tu prends un instant pour rassembler tes pensées. Passant une main tremblante dans tes cheveux, presque en retrait face à la force de sa colère et de tout ce qu’elle vient de dire. Tu tentes de chercher les mots justes, ceux qui pourraient exprimer l’angoisse qui te ronge sans davantage blesser la blonde. Hésitant, tu te lèves finalement et la rejoins dans la salle de bain. Sur le pas de la porte, ton épaule s’appuie sur l’encadrement de la porte. Ta main frotte machinalement ta joue encore chaude de sa colère : — Non voglio perderti, Nyx. È l'unica cosa che so in questo momento. ¹ Tu soupires en secouant la tête. Et pour le reste, tu ne sais rien parce que tu es complètement paumé.  — Ti chiedo … perdono. ² Les mots sortent avec difficultés. T’as pas l’habitude de mettre ta fierté de côté comme ça. Tu t’approches doucement pour être certain de pouvoir l’éviter si elle t’en colle une autre. Ta paume se pose délicatement sur son dos :   — Sei anche il mio mondo. Lo sarai sempre. Mi credi quando te lo dico, almeno ? ³ La main remonte sur son épaule puis tu t'approches encore alors que tes doigts entourent sa mâchoire font en sorte que son visage te fasse face. — Ho bisogno di respirare... di allontanarmi da tutto questo per un po'... Ma non significa allontanarmi da te, da noi. ⁴ Lueur sincère dans les yeux, tes prunelles se plantent dans les siennes. Tu t'en veux d'avoir autant merdé.

Je prends un gant de toilette pour retirer au maximum mon rouge à lèvres. Je mets pas de fond de teint ou ce genre de chose. Pas pour simplement voyager. Alors je suis à présent présentable alors que je remarque la silhouette torturée de mon meilleur ami dans l'entrebâillement de la porte. Ces mots renversent complètement la vapeur dans ma tête. Ce sont des mots que j'entends très peu. Et je ne pense pas qu'il les prononce à beaucoup. Je m'adoucis. Quand il s'approche, je vois bien qu'il redoute ma réaction, je n'ai pas été tendre avec lui mais je sais bien que c'est ce qu'il faut. Un coup de fouet mental. Je souris, accompagnant un rire nerveux. Putain, je déteste quand il me parle comme ça. -- Certo che ti credo. Anche se il mondo intero fosse contro di te, sarei comunque al tuo fianco, ti crederei.¹ Je remonte mes mains sur ses avant-bras, me rapprochant de lui autant qu'il se rapproche de moi. Son souffle chaud arrive jusqu'à mon visage. J'avais besoin de cette partie de nous. Son étreinte qui me réchauffe. Pas autant que ces mots. -- E io ti perdono. Non posso odiarti a lungo, mi rovinerebbe.² Mes doigts serrent ses vêtements quand il me dit ça. J'ai détesté qu'il soit mal. Et je sais qu'il a besoin de cette parenthèse. -- So fin troppo bene che avete bisogno di una pausa. La prossima volta, rapiscimi con te. Perché la prossima volta verrò a cercarti. In tutto il mondo, se necessario. Ti inseguirò per trovarti, Amore.³ Mes lèvres se tordent alors que je rapproche mon visage. -- Les enfants, vous avez faim ? Le repas est prêt ! et se recule finalement. Je garde Amore contre moi alors qu'elle arrive au niveau de la porte de la salle de bain. Je pose ma tête contre le torse de l'italien. -- On arrive. Je soupire et tends les bras pour prendre ma distance. Mes pensées veulent s'évader. Sa mère repart quelques instants plus tard alors que je la suis seulement pour revenir dans la chambre.

Ta joue brûle encore mais tu prends sur toi parce que c’est Nyx. La douleur que tu ressens, tu l’as sûrement mérité parce qu’elle a dû ressentir la même doublement quand tu t’es tiré du jour au lendemain sans un mot. Peut-être que les dégâts provoqués seront irréparables. La fierté de côté, tu fais ce que tu peux. Tes excuses sont sincères et la culpabilité est bien présente. Pire, quand tu penses que tu devrais lui parler de ce fameux mariage. Peut-être pas aujourd’hui, parce que tu n’es pas certain qu’elle puisse encaisser une autre de tes conneries. Tu es soulagé de constater qu’elle ne te repousse pas. Son corps se rapproche du tien. La proximité est rassurante pourtant tu as l’impression que vous n’avez jamais été aussi loin l’un de l’autre qu’à cet instant. Ses mains longent tes avant-bras. Le temps s'arrête autour de toi quand tes prunelles osent s’aventurer dans les siennes. Dents pincent l’intérieur de ta joue alors vos souffles s’entremêlent presque. Ses paroles ravivent les remords en toi. T’as merdé, Amore. Encore. La voix de ta mère interrompt le moment qui annonce le repas. Tu tournes la tête en sa direction puis laisse Nyx se défaire de toi. Elle quitte la salle de bain avant toi et tu suis. Tu retournes dans la chambre. Tu prends place sur le bord du lit, le matelas s’affaissant légèrement sous ton poids. Avec un soupir presque imperceptible, tu tires  la brochure de l’université de ta poche et la pose sur la table de chevet — Basta scendere se hai fame, io passo questa volta.¹ Traversant la chambre silencieusement pour ouvrir la fenêtre. Tu te postes devant et D'un geste habitué, Tu glisses une main dans ta poche, en sort une cigarette, et l’allume d’un coup de briquet sec. La première bouffée de fumée emplit tes poumons, ne t'apporte même pas le semblant de réconfort que ça t'apportait avant. Plus rien n'a de goût finalement depuis quelques jours.

J'étais reconnaissante envers sa mère d'être arrivée. Ces mots m'ont amenés à désirer un moment qui ne devrait pu avoir lieu. Plus depuis ça. Je voulais prendre mon temps pour descendre, je n'en ai pas envie mais il fallait rester poli. Mon regard est attiré par ce qu'il pose sur la table de chevet. Il me parle mais je prends tout de même ce qu'il a posé. La vie privée, je connais pas trop avec lui. -- Starò bene.¹ Je pense le rejoindre à la fenêtre mais ma curiosité va jusqu'au bout de ses intentions. Je vois le fascicule d'une université française. Je n'aime pas ce que je vois. Je voulais être calme, je lui ai pardonné et je pouvais pas tout résoudre en le frappant. Sauf qu'il prévoit de quitter Harvard quand je vois ça. C'est ce que je crois mais je veux lui donner une chance de m'expliquer. -- Che cos'è questo? Stai davvero lasciando Harvard? Dopo tutti gli sforzi che hai fatto per arrivare qui? Non lasciare che quella strega distrugga la tua vita. Vali più di quanto tu possa immaginare, Amore.² Je laisse choire le papier sur lui alors que je viens me tenir contre la fenêtre. Je montre clairement que je suis sérieuse mais pas au point de le frapper à nouveau. La conversation est sérieuse. -- Pensavo avessi detto che non mi avresti lasciato.³

Maintenant que Nyx est ici, tu n’as plus aucun moyen d’éviter ses questions. Des questions auxquelles tu n’es toi - même pas capable de répondre. Ton esprit est encore embrouillé. Tu ne sais pas vraiment ce que tu fais, ni ce que tu comptes faire pour que les choses aillent mieux et que la situation soit plus vivable. Tu ne sais pas. Tu ne sais rien. Le bâton de nicotine entre tes doigts, tu expires un nuage de fumée qui se mêle à l’air de l’extérieur. La brochure attire son attention et toi, tu es comme résigné cette fois. Elle s’approche, laisse choir la brochure sur toi que tu sasis. Tu n’as pas d’autre choix que d’être honnête avec elle. Ce n’est de toute façon pas une nouvelle que tu voulais lui cacher : — La mia decisione non è ancora presa, Nyx… Mio patrigno mi ha proposto di andare alle porte aperte, ed è quello che ho fatto… Non è per causa sua. Per me, è morta e sepolta. Mio padre ha pagato migliaia di dollari per evitarmi la galera. Devo fare le cose come si deve e non so se riuscirei a farle bene a Boston, con tutto quello che ci succede, capisci? Non hai nemmeno idea del casino che ho nella mia maledetta testa. ¹  Tu tires de nouveau sur ta cigarette comme si ça allait faire redescendre la pression.— Non ti sto chiedendo di capirmi. Non so se riuscirai a farlo comunque.²  Expires la fumée dans un soupir. Personne ne sait l'faire, te comprendre.