ghost (paxia)

Ses mots tombent, lourds et définitifs, comme une sentence. “C’est pas pour moi.” Il le dit, enfin, la vérité crue et sans détour. Mais Laia sent autre chose dans ce silence, quelque chose de plus fragile, quelque chose qui pulse sous sa peau, caché derrière son masque. Elle lève les yeux vers lui, l’observant, cherchant à percer cette armure qu’il porte avec tant d’assurance, mais qui semble trembler, fissurée par des choses qu’il n’avouera jamais. “Regarde-moi Laia.” Elle le fait, plongeant dans ses yeux, cherchant des réponses qu’il refuse de lui donner, se heurtant à cette barrière qu’il érige entre eux, comme pour se protéger de lui-même. — Et si t’avais tort, Paxton ? murmure-t-elle, sa voix douce mais ferme, le défiant de la fuir encore une fois. — quelque chose à donner, mais que tu refusais de le voir ? Elle s’approche d’un pas, sentant le battement de son propre cœur s’accélérer, se heurtant au silence de la nuit. Elle sait qu’elle prend un risque, mais elle ne peut plus reculer. Pas maintenant. — Peut-être que tu crois que t’es qu’un gamin, un mirage. Mais moi, je vois quelqu’un qui s’épuise à fuir ce qui pourrait le rendre vivant. Tu dis que c’est pas pour toi, mais alors pourquoi t’es là, hein ? Pourquoi tu me regardes comme si tout ça comptait ? Elle marque une pause, son regard accroché au sien, cherchant le moindre signe, la moindre hésitation. Elle sait qu’il a peur, elle le sent dans son souffle, dans la tension de ses épaules. — Si vraiment tu veux que je parte, dis-le, Paxton. Mais dis-le en me regardant dans les yeux.

@Laia Duque – Impression de tourner en rond. De revivre la précédente discussion. Incapable de savoir ou aller. Tournée vers lui, elle se rapproche. “Sérieux ..” Rire nerveux. Se frotte le front du pouce. Le regard qui se détourne un instant. Se rive au loin. “Pourquoi faut qu’tu compliques tout hein ? T’as juste à t’contenter d”ça, mais non, t’en faut plus.” Le regard à nouveau sur elle. Elle s’entête Laia. Pousse toujours plus loin. Il pourrait faire ce qu’elle lui demande, mais sa conscience se réveil. Pas envie de la laisser seule au milieu de la nuit. Même si elle le prend déjà le risque. A la place, il détourne. “J’veux rien d’toi Laia.” Ton plus posé. Enfonce la lame pour s’assurer de la faire reculer.

Les mots de Paxton claquent, tranchants, comme une gifle dans le silence de la nuit. “J’veux rien d’toi Laia.” Elle sent la lame s’enfoncer, froide et cruelle, plantée avec cette précision brutale qu’il sait si bien manier. Son cœur vacille, le poids de ses paroles écrasant l’espoir fragile qu’elle s’était encore permis de garder. Elle reste immobile, le regard rivé sur lui, cherchant quelque chose derrière cette façade, une faille, une once de regret. Mais tout ce qu’elle voit, c’est ce masque, cette distance qu’il impose entre eux, et elle comprend enfin. Il la repousse délibérément, se protège derrière cette carapace de mépris pour ne pas affronter ce qu’ils pourraient être. C’est plus facile pour lui de fuir que de se risquer à se dévoiler. Un rire amer lui échappe, emporté par le vent, et elle secoue la tête, comme pour effacer cette image de lui qui s’est gravée dans sa mémoire. — T’as raison, Paxton, peut-être que je complique tout. Peut-être que j’ai voulu voir quelque chose là où il n’y avait rien. Peut-être que je suis juste qu’une gamine trop naïve. Elle inspire profondément, forçant son regard à se détacher de lui, ses épaules se redressant sous le poids de cette vérité qui l’écrase. Elle n’a plus de force pour s’accrocher à ce mirage, pour tenter de briser les murs qu’il s’obstine à ériger. — T’inquiète pas, souffle-t-elle, son ton glacial malgré la douleur. — Je vais pas te compliquer la vie plus longtemps. T’as gagné. Elle tourne les talons, laissant derrière elle la silhouette de Paxton, mais elle arrive pas à courir, la lame est plus douloureuse qu’elle ne l’aurait imaginé.

@Laia Duque - Lâche. Sans doute. Il la regarde partir. Ne répond pas à ses mots, parce qu’il n’y a rien à dire. Il n’est pas capable de lui donner plus. Pas capable de la faire courir. C’est pas un mauvais Pax. Il pourrait en profiter. Lui faire du mal, mais c’est pas lui. Une part de lui a envie d’y aller. De pas la laisser se retourner seule, mais l’autre est plus forte. Lui murmure de ne pas bouger. De la laisser s’éloigner. De lui laisser le choix de mettre un terme à tout ça. Alors il reste là. Suit de ses opalines, la silhouette qui se fait de plus en plus petite.

Chaque pas éloigne Laia un peu plus de lui, de cette silhouette figée dans la nuit, trop immobile pour la rattraper, trop silencieuse pour prononcer les mots qu’elle aurait voulu entendre. Elle ne se retourne pas, même si une part d’elle espère encore, contre toute raison, sentir sa main se poser sur son épaule, un murmure dans l’obscurité qui la retiendrait, qui lui prouverait qu’elle compte pour lui, qu’il a autre chose à offrir que ce mur de silence et de fierté blessée. Mais rien. Juste le vide, le bruit des vagues qui efface leurs voix et leurs mots, le sable froid sous ses pieds qui porte son corps sans plus d’hésitation. Elle respire profondément, chaque inspiration emportant avec elle un fragment de lui, une illusion qu’elle a portée bien trop longtemps. Elle n’a plus rien à attendre. Plus rien à espérer. Et ça fait mal, terriblement mal.