ghost (paxia)

Trois semaines. Vingt-et-un jours à attendre un message, un signe, un mot. Mais rien. Le vide. Paxton avait disparu de sa vie comme il en était entré : sans explication, sans préavis, comme un souffle emporté par le vent. Laia avait fini par abandonner l’idée de sauver ce qui, peut-être, n’avait jamais réellement existé. Elle s’était accrochée à une ombre, et il était temps de lâcher prise. Alors, elle avait repris ses habitudes, cherchant un semblant de paix dans ces footings tardifs, à la tombée de la nuit. Vingt-deux heures trente. La plage est presque déserte, l’air salé emplit ses poumons, et la musique dans ses oreilles couvre le murmure des vagues. Elle court, laissant chaque pas emporter un peu de cette douleur sourde qu’elle garde au fond d’elle. Mais soudain, son souffle se coupe. Là, devant elle, une silhouette se dessine dans la pénombre. Son cœur s’emballe, et avant même qu’elle ne puisse y penser, un murmure échappe à ses lèvres. — Paxton, Elle croit rêver. Sa voix se brise sur ce prénom, l’écho de trois semaines d’absence, de silence.

@Laia Duque - Ressac dans les oreilles. Se fracasse les vagues, sur le sable glacé. Balance ses embruns. Eux qui finissent propulsés dans l’atmosphère. Porté par le vent. Se mêle au blond délavé de ses cheveux. S’accroche jusqu’à y laisser son sel. Lui, le naufragé. Rode encore aux heures nocturnal. Prie à sa manière, celui qui n’a jamais cru au divin. Apaise l’âme. La tête trop pleine. Ici, il n’a pas besoin de se jouer des autres. Il peut le retirer le masque jovial. Redevenir le garçon. Sans artifice. Il inspire l’odeur marine. Elle qui l’imprègne. S’immisce en lui. Peut-être suffisant pour trouver le sommeil ce soir. Pour ne pas penser à la galère. Aux choses qui ne se passent pas comme prévu. L’imprévu pourtant se dessine. En un murmure, il prend forme. Porté à lui. Tourne alors, l’ovale. Dans la pénombre, discerne le visage. Faible lueur d’un lampadaire lointain. Eclaire ses traits à elle. L’énigmatique gamine. Aussi perdu que tout le monde. Apporte à elle, le souvenir du plan qu’il lui a mis. A l’attente qu’il avait forcé. Devinant la présence de celle qu’il ne rejoindrait pas. Pourtant, la voilà. Après trois semaines, le destin se joue encore d’eux. S’amuse avec les pions. Il pourrait presque en entendre le rire moqueur. “Toujours à roder.” Remet le masque. Sourire narquois sur les lippes. Joue à celui qui ne lui a jamais posé de lapin. Comme si de rien n’était.

Le vent marin s’engouffre dans les mèches de Laia, glacé, emportant avec lui le reste de sa colère, de son amertume. Trois semaines de silence et de questions sans réponse. Elle pensait avoir tourné la page, avoir enterré cette attente qui la rongeait. Mais le voilà, silhouette effleurée par la lumière lointaine, comme une apparition que la nuit aurait fait surgir pour elle seule. Sa voix, douce et tranchante à la fois, s’élève dans l’air froid. “Toujours à roder.” Comme si rien ne s’était passé. Comme s’il n’avait jamais disparu, jamais laissé ce vide béant qu’elle a tenté de combler sans succès. Elle le regarde, et quelque chose en elle vacille, comme une vague qui se brise et se reforme, incapable de résister à l’attraction de cet horizon lointain qu’il représente. Elle pourrait lui en vouloir, lui cracher tout ce qu’elle a accumulé de rancœur et d’incertitudes. Mais les mots restent coincés dans sa gorge. À la place, elle inspire profondément l’air marin, laissant les vagues emporter ce qu’elle n’a pas réussi à dire. — Tu sais, J’aurais pu rester sur le quai, là où tu m’as laissée, murmure-t-elle enfin, les yeux rivés sur lui, comme si son visage était la seule chose stable dans cette nuit sans fin. Elle s’approche, bravant le sourire narquois, effleurant du regard le masque qu’il porte avec tant de facilité. Une douceur brisée dans la voix. — Mais je suis là. Toujours là. Encore face à toi.

@Laia Duque – Rappel du passé. Franchit la barrière. Mots vivants par la voix. Ancien pas si lointain. Trois semaines. Une éternité pour lui. Présence rejetée dans un coin de sa tête. Avec elle, il enterre les questions qu’elle soulève. La prise de tête qu’il ne veut pas. Silencieux, il reste. Secondes éternelles. S’étende dans l’atmosphère marine, le temps. Les opalines cristallines sur l’ovale de celle qui s’approche. Remonte à sa face, la déclaration balancée. Les doutes. Peut-être qu’il y aurait eu moins d’impact, si dans l’histoire, son frère n’aurait pas été concerné. Mais il l’est. Et ça fait toute la différence. Depuis longtemps, il aurait dû se détourner d’elle. Seulement, il est là. Alors même qu’il choisis la fuite, le destin se joue de lui. La fait passer pour Damoclès au-dessus de sa tête. Sourire nonchalant sur les lippes, flotte toujours, mais déserte ses orbes. Devenues trop sérieuse. Insécurité. Mal à l’aise, parce qu’elle a raison. Elle est toujours là Laia. “ T’as mis un dispositif de traçage sur ma bécane ?” Il tente l’ironie pour se sortir de cette situation. Pour combler son manque de confiance.

Laia le voit, ce masque qui se fissure, cette façade de légèreté qu’il brandit pour ne pas affronter ce qui vibre entre eux, ce qu’il repousse sans cesse. Elle laisse un léger rire lui échapper, un rire qui n’a rien de joyeux. Elle le fixe, ses yeux scrutant chaque trait de son visage, ce visage qu’elle connaît trop bien, qu’elle a tenté de fuir, tout comme lui, sans y parvenir. — Non, Paxton, murmure-t-elle doucement, son regard plongeant dans le sien. — J’aurais aimé pouvoir te laisser tranquille, t’oublier… mais on dirait bien que le destin en a décidé autrement. Elle s’approche encore, sentant la tension crépiter entre eux, comme les vagues qui s’écrasent sur le rivage. Sa voix se fait plus basse, plus vulnérable. — On a beau fuir, toi et moi… on se retrouve toujours au même point, pas vrai ? Comme si quelque chose, quelque part, refusait de nous lâcher. Elle laisse les mots flotter, attendant, espérant peut-être une réponse qui pourrait enfin apaiser cette tempête en elle.

@Laia Duque – Marche silencieuse. Sur le sable, ses pas la fait se rapprocher de lui. Ses mots sont presqu’un murmure. Eprouve la sensation qu’elle rend ça solennel. Inconfortable. Il l’est. Immobile. Face à celle qu’il n’arrive pas à comprendre. Echos des mots de son frère. L’impression qu’elle se fou de leur gueule. “Ou juste le hasard.” Insolence plate. Ne ressort pas vraiment. Camoufle une fois de plus, la tension dans laquelle il commence à s’immerger. Tout ça. Cette complexité. Ça le fou mal Pax. Il préfère la légereté. Les retrouvailles lointaines. Sans réel but. Les attaches c’est pas son truc. Trop occupé à essayer de survivre. A vivre sans le passé familial qui s’interpose. Il est instable Pax. Pas par choix. Pas pour s’envoyer en l’air avec une tonne de nana. Non, il est juste sur cette corde raide. Il essaie de ne pas tomber. Même s’il lui arrive de tanguer. De flirter avec le ravin;

Ses mots sonnent creux, comme une excuse à laquelle il s’accroche pour ne pas s’engager, pour ne pas se laisser atteindre. Et pour la première fois, Laia se sent lasse, comme si cette course-poursuite entre eux touchait à sa fin. Elle inspire profondément, laissant l’air frais de la mer apaiser ce qu’il reste de sa colère, de sa déception. Peut-être qu’elle s’est trompée, qu’elle a voulu voir quelque chose de plus dans ses silences et ses retours sporadiques. Il n’était pas venu à leur rendez-vous. Elle s’était accrochée à l’idée qu’il y avait là un aveu, un rappel brutal que tout cela n’était qu’une illusion qu’elle s’était forgée seule. — Tu dois avoir raison, murmure-t-elle, sa voix presque un souffle emporté par le vent. — Peut-être que c’est juste ça, le hasard. Elle se détourne légèrement, son regard se perdant dans la nuit, vers l’étendue sombre de l’océan. Elle n’a plus envie de se torturer pour des réponses qu’il n’a pas l’intention de donner. Elle a besoin d’avancer, de se détacher de cette histoire qu’elle a construite seule dans l’attente de quelqu’un qui n’est jamais réellement là. — Je crois que j’ai compris, ajoute-t-elle, plus pour elle-même que pour lui, la voix à peine audible.

@Laia Duque – Change le regard. Un voile qui s’appose. La fait devenir lointaine. Sans doute fatigué de tout ça. D’eux. Du gamin. Il est plutôt doué pour s’éloigner des gens Pax. Même si ça le blesse. Ou pas. Il le fait quand il le juge nécessaire. Fixe sur l’océan. Se dérobe de lui. Assourdissant est le bruit des vagues. Martèlent contre son crâne. Silence plane un peu. Lui aussi, regarde l’eau sombre. Lueur lunaire sur sa surface. Il retire enfin le masque. Main dans les poches. «  Compris quoi ? » Ton devenu sérieux. Il attend la sentence. Abandonne tout la responsabilité sur ses épaules à elle. Parce qu’il la sent venir. La fin de ce qui n’a jamais réellement commencé.

Laia observe Paxton, et pour la première fois, elle le voit sans masque, sans ces sourires narquois qui cachent le vide. Juste lui, silhouette brisée sous la lumière froide de la lune. Un instant suspendu, un instant où elle pourrait presque croire qu’il est là, vraiment là, prêt à écouter. Mais elle sait que ce n’est qu’une illusion, une dernière danse dans cette histoire qui n’a jamais eu de commencement. Elle inspire, laissant le silence couler entre eux, un silence lourd de toutes les choses qu’elle aurait voulu lui dire, mais qui n’auraient jamais trouvé d’écho. — Que tu n’es qu’un mirage, Paxton, murmure-t-elle, les mots s’échappant d’elle comme des aveux arrachés. — Un mirage que j’ai poursuivi, pensant qu’il y avait quelque chose à atteindre, quelque chose de réel. Mais tu es insaisissable… comme ces vagues, là, qui viennent et repartent, sans jamais vraiment rester. Elle détourne le regard, fixant l’océan sombre, comme s’il pouvait laver ses doutes, ses douleurs. Parce que c’est fini. Parce qu’elle n’a plus la force de poursuivre ce mirage qui lui échappe sans cesse, de courir après quelqu’un qui ne veut pas être rattrapé.

@Laia Duque - Un mirage. Comparaison donnée. Surement que pour eux, il était le seul mot capable de le définir. C’est tellement plus simple pour lui. D’en avoir le rôle. De fuir toutes complexités relationnelles. Sur son profil, il sent son regard. Il y a quelque chose dans sa voix. De la déception ? Pas nouveau. Il déçoit souvent Pax. Brule certaines étapes. Se jette à corps perdu dans la quête de survie. Mettant à côté, tout ce qui pourrait le rendre heureux. Peut-être. Il en a pas la place le blond. Il ne veut pas en laisser une. Trop effrayé de voir ce qu’il pourrait découvrir. “C’est pas pour moi.” Tombe la vérité. Enveloppe sa voix, le sérieux. Inspiration prise. Tourne son corps vers elle. “ Regarde moi Laia.” Le pouls qui s’emballe. “J’suis qu’un gamin. J’ai rien à donné. Reprend sa respiration. Se fait moins agité. “ Alors, ouais. Arrête d'perdre ton temps avec moi.”