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Cela faisait maintenant une semaine. Une semaine que j’avais revu celle qui faisait battre mon cœur à la chamade, une semaine que j’avais été travaillé. Depuis une semaine, sept jours, cent soixante-huit heures, je n’avais pas été à Harvard, je n’avais pas vu la femme de ma vie, je n’avais pas eu de contact avec le monde humain. J’étais éloigné de monde, mais je le voulais bien, je le demandais même. Des gens étaient venus frapper à ma porte, durant cette semaine, mais je n’avais ouvert à personne. Bien trop occupé à réfléchir à mon futur, à mon passé et encore plus à mon présent. J’avais franchement besoin de faire le point, de réfléchir à tout ce qu’il s’était passé la semaine passée. J’avais revu celle qui avait alimenté tous mes rêves, celle qui était la cause de mes cauchemars et la seule et unique personne avec qui j’avais des souvenirs, avec qui je voulais des souvenirs. Toutes ces choses, je n’avais jamais pensé les imaginer. Je ne savais pas qu’un jour j’allais ressentir ces sentiments que je détestais éprouver, à l’heure actuelle. Si je l’avais su, j’aurais tout fait pour éviter la rencontre avec Hurricane. J’aurais tout fait pour ne pas la voir, pour ne pas tomber amoureux d’elle au premier regard. Mais ma foi, la vie avait décidé de me rendre bon, de me rendre heureux ce jour-ci, et je ne devais pas l’insulter pour cet acte de générosité, je devais remercier la vie, je devais remercier toutes les choses qui firent mon bonheur, une fois Hurricane et moi présentés. Ce qui était étrangère, c’était le fait que le bonheur nous ai suivi, tout le temps de notre relation. Oh oui, durant ces deux années passées à s’aimer passionnément, rien n’avait pu rendre mes sentiments plus faibles, plus démunis. Je n’avais jamais ressenti l’absence d’amour, quand je plongeais mon regard dans le sien. C’était d’ailleurs pour cela, pour toutes ces choses, que j’étais persuadé qu’elle était la femme de ma vie, mon âme-sœur.
Ah… l’âme-sœur. Ça semble si beau, quand on l’entend, et c’est pourtant si moche, dépourvu de beauté. Tout le monde, croit, un jour ou l’autre, avoir trouvé la perle rare, la personne qui vous ai destinée jusqu’à la mort, mais rares sont les gens qui tombent sur la vraie personne. Moi, je ne m’en étais rendu compte que trop tard. Comme ma mère me l’avait dit, lorsqu’elle avait déménagé, on se rend compte que trop tard des sentiments, puis on regrette de ne pas les avoir relaté plus tôt… Toujours est-il que moi, j’avais dit mes sentiments à Hurricane, je lui avais ouvert mon cœur comme jamais je ne l’avais ouvert et comme jamais je n’aurais pensé l’ouvrir, mais pourtant, je m’étais fait avoir. On m’avait toujours dit de faire attention, quant à l’ouverture des portes de mon cœur, je n’y avais pas prêté attention et je m’étais fait niquer, en beauté. Je ne pensais franchement pas que la jeune blonde était de ce genre-là, elle paraissait si… si sage, si gentille, tout l’inverse de ce qu’elle m’avait laissé comme impression, quand elle avait osé partir de ma chambre, alors que j’étais dans le coma.
Quand j’étais dans le coma, les choses étaient noires. Je ne voyais rien, mais j’entendais tout. C’était une sensation affreuse. C’est à ce moment-ci que je m’étais rendu compte que la vue était quelque chose d’essentiel. Je ne pensais pas pouvoir être capable de vivre, sans yeux. Enfin, ce n’était pas vraiment le sujet… Ce que je voulais dire, c’était que ne pas voir, c’était une chose, cependant, Dieu merci, j’avais toujours mes oreilles. Pendant un mois, un putain de long mois, j’avais dû me taper les pronostics des médecins qui me voyaient déjà dans un cercueil, j’avais dû subir les crises de larmes d’Hurricane sans pouvoir essuyer les perles salées de son visage. Ce qui m’avait ramené en paix avec moi-même, avec mes convictions sur cette Terre de merde, c’est l’inhumanité des Humains. L’Homme se voit comme un être bon, il se dit prêt à aider son prochain. Conneries. L’Homme ne voit pas plus loin que son nombril, ce n’est pas qu’il ne peut pas, c’est qu’il ne veut pas. La Terre est tellement moche, tellement sale. Les gens sont inégalement répartis et pendant que certains se plaignent de ne pas pouvoir s’acheter la dernière Porsche car il leur manque un petit million, d’autre se plaignent de vraies choses, de besoin humains qu’ils ne peuvent pas assouvir comme manger ou boire.
Comme tous les jours depuis une semaine, je me sentais apaisé et j’avais passé une bonne nuit, bien que légèrement torturé encore par la discussion que nous avions eue. Je voulais bien faire les choses cette fois-ci. Même si j’étais conscient de l’avoir déçue, je ne pouvais pas aller chez elle, aussi tôt après l’avoir retrouvée, c’était beaucoup trop frais pour moi, les blessures n’étaient pas encore pansées. On dit souvent que les plaies ouvertes du cœur sont guéries avec le temps… C’était une théorie intéressante, mais j’avais besoin de savoir combien de temps, il allait me falloir, sinon quel remède emprunter ? L’amour ? Excellent choix, mais peut-être me faudrait-il une bonne dose de courage avec ça. Je repensais à ce qu’elle m’avait dit, et je me sentais foutrement traître. J’avais l’impression de l’avoir trompée, alors que j’avais juste retardé le jour durant lequel j’irais la voir, chez elle. Je me souvenais de ce qu’elle m’avait dit, et heureusement d’ailleurs, parce qu’une fois partie, j’étais resté des heures assis sur ce banc, à me demander si oui ou non je devais y aller. Perdu. Je repensais à sa voix douce, me dire décrire sa maison. « Tiens… Prend la, viens à la maison. C’est dans Central Square, tu verras il y a un jardin et une petite balançoire. Elle est facilement reconnaissable. » J’avais pris mon courage à deux mains, je devais aller la voir et je devais trouver une réponse à ma question… Qu’est-ce qu’elle pouvait bien foutre dans une maison avec une balançoire ? Je savais qu’elle avait toujours gardé cette âme d’enfant, mais je ne savais pas cette dernière aussi développée. J’étais donc devant cette porte, après avoir passé le jardin, en train de me résigner à frapper. Je ne savais pas si elle allait vouloir me laisser entrer. Elle devait m’attendre depuis sept jours, se demander si cette fois, c’était moi qui avais fui ou non. Je la plaignais, mais moi, j’avais passé plus de cinq années dans le silence. C’était fait, j’avais frappé à cette porte sans m’en rendre compte… Boom.
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