Helpless encounter ft. Bastien

Depuis toutes mes galères je me suis promis de ne plus me prendre la tête quand les gens ne vont pas dans mon sens. Où quand ce que je peux leur offrir ne suffit plus. Cet été franchement j’ai eu ma dose de dramas, et de problèmes. J’ai juste envie de vivre sans prise de tête et en toute légèreté. La discussion avec Bastien m’a néanmoins affectée plus que je le voulais. Mais aujourd’hui je fais ma journée comme si de rien n’était. Je l’ai pas croisé de toute la matinée et je pense que c’est mieux ainsi. J’me balade dans le square du campus. Je décide de me poser dans l’herbe, mes écouteurs dans les oreilles. Finalement c’est pas une journée si degeulasse. J’ai compris à mes dépends que quand on prend les choses avec légèreté ça fait de suite moins mal. La musique cogne contre mes tympans, je ferme les yeux, puis les rouvrent juste pour voir le ciel, les nuages. Ce temps d’automne, je l’apprécie. Je pensais juste passer une après-midi sereine.

Il y a des moments où je me dis que je devrais juste fermer ma gueule et là, cette discussion que j'ai eu avec Gabriel, ça en fait parti. Je sais au moins qu'il ne pense pas comme moi et c'est correct. Je ne m'imposerai pas dans sa vie s'il ne veut pas de moi. Ça a le mérite de ne pas me laisser dans le doute et d'être fixé, mais j'avoue que ça m'atteint beaucoup plus que j'aurais aimé. Mais c'est la vie, je ne peux rien y faire. Ça me fait mal, vraiment mal, mais au moins, j'ai la chance de pouvoir me dissocier de mes émotions. Chance, bon, c'est peut être un malheur puisque ça va frapper fort quand elles vont revenir. Un problème pour plus tard. En attendant, j'ai décidé de sortir ma carcasse et aller me promener un peu. Trouver la force de sortir ces derniers temps est tellement difficile, mais j'y suis arrivé. Je me promène donc dans le square du campus, laissant mes pas me guider là où ils voudront bien. Après un moment, mon regard est attiré par une personne installée au sol. Gabriel. J'aurais du me douter que je finirais par le croiser. J'aurais juste aimé que ça ne soit pas si tôt. Je soupire en me demandant quoi faire, mais je décide de m'en approcher, presque instinctivement. Je dirai bien ce que je veux, j'aime être proche de lui. Je l'observe un bref instant avant d'oser prendre la parole. [color=#85a8e3]Hey... J'peux te déranger un peu ? T'as le droit de me retourner si tu veux.[/color[ Je ne veux pas qu'il se sente obligé de me parler s'il en a pas envie.

Quand mon regard se pose sur Bastien, je me mets en position assise. Le seul réflexe que j’ai c’est d’enlever mes écouteurs en le regardant hébété. Pardon, tu disais quoi ? Je lui montre mes écouteurs dans ma main, une moue gênée. Je tapote le sol de mon autre main pour lui indiquer de s’assoir même si je n’ai pas entendu sa requête. Bastien reste une personne plus qu’importante dans ma vie. La seule personne en réalité de cet été qui ne m’a pas lâchée, trompée, humiliée ou abandonnée à dire vrai. Je le regarde s’installer à côté de moi. Je recroqueville mes jambes pour les entourer de mes deux bras. Je suis pensif, légèrement stressé. Une discussion par messages je gère, mais une discussion en face à face c’est de suite plus poignant. Aucune chance de cacher une quelconque émotions pour le coup. Je m’éclaircit la gorge avant de reglisser mes yeux sur lui. Tu voulais qu’on parle de quelque chose ? Je ne préfère pas relancer les hostilités par moi-même comme hier, j’ai envie qu’il prenne le taureau par les cornes cette fois-ci.

Je frotte ma nuque un peu embêté par la situation. J'ai envie de parler de ce qu'on a discuté hier, mais ai-je la force de m'embarquer là-dedans ? Je soupire en le voyant retirer ses écouteurs. Donc j'ai parlé dans le vide. Bon, au moins il m'invite à le rejoindre donc ça répond un peu à ma question. Je prend donc place à ses côtés Jdemandais juste si je pouvais te déranger un peu. Je passe une main dans mes cheveux, replaçant ceux-ci vers l'arrière. Parler de quelque chose... Je sais de quoi je voudrais parler et ça me prend par la gorge. Je mords ma lèvre inférieure en sentant les émotions qui veulent refaire surface. Pourquoi maintenant ? Pourquoi alors que je l'ai face à moi ? Je commence par hausser les épaules. Ai-je vraiment envie de parler de ça ? Aussi bien, ce sera réglé. Comme si c'était si simple. J'ai juste besoin de savoir que ça changera pas entre nous.. J'ai pas envie de mdire que j'ai ruiné notre amitié quoi. J'ai beau essayer de contenir mes émotions, je n'arrive pas à cacher la crainte dans ma voix. Gabriel est quelqu'un de trop important dans ma vie pour que je puisse simplement l'effacer de celle-ci. Et moi étant moi, je vois toujours le pire. Je m'imagine qu'il va être dégouté et vouloir me sortir de sa vie. Je soupire en baissant la tête, regardant simplement mes mains, jouant nerveusement avec mes doigts. Ce que je peux détester quand je me fait émotif comme ça.

J’hoche la tête de haut en bas. J’acquiesce de fait, que Bastien peut venir se poser à mes côtés. Sa présence ne me dérange pas. je pense que finalement il est nécessaire de discuter de tout. Je l’écoute et la cassure dans sa voix cache une grande fragilité. Il semble fébrile et attristé par toute cette histoire. Je le regarde, une moue sur le côté, les bras toujours ballants mais posés sur mes jambes. Je souris d’un seul coup. Bastien, arrêtes de te prendre la tête. Tu n’as rien ruiné. Je ne peux pas t’en vouloir d’avoir des émotions, des sentiments. Je me râcle la gorge, avant de venir poser une main sur son épaule. Je tiens beaucoup à toi. J’ai juste vécu trop de choses qui m’empêche de me donner à cents pour-cent. Je baisse ma main et fixe l’horizon cette fois-ci. Toujours compliqué pour moi de parler de cet été rempli de déceptions. Avec un autre timing, je serai tombé amoureux de toi. La phrase sort toute seule, je calcule pas vraiment ce que je viens de dire. Je fronce les sourcils, comme un con. Il faudrait vraiment que j’apprenne à réfléchir avant de l’ouvrir.

Je soupire de nouveau en entendant la réponse de Gabriel. Arrêter de me prendre la tête, c'est un gros effort qu'il me demande là. Cette incapacité que j'ai à contrôler mes émotions, l'intensité que j'en ressens, ça m'empêche de ne pas m'en faire avec tout ça. J'ai cette peur de perdre les gens autour de moi, de ruiner les faire fuir sans le vouloir. Mais au moins, de l'entendre dire qu'il tient à moi, cette main posée sur mon épaule qui vient marquer la sincérité de ses paroles, ça me rassure. De savoir que ça n'empêchera pas notre amitié de rester, c'est un certain réconfort. Tu me connais, j'ai cette capacité à overthink et m'inquiéter pour tout... Mais je comprend totalement et je respecte ça. J'peux pas non plus te forcer à te lancer dans quelque chose que tu n'es pas prêt à entreprendre. Je lui adresse tout de même un sourire empli de sincérité. Je respecte le fait qu'il ne veuille pas de tout ça, qu'il ne puisse se donner à cent pour-cent. Il a son vécu, je ne peux lui en vouloir pour tout ça. Par contre, mon sourire s'efface sans que je puisse le contrôler en entendant ce qu'il me dit. Ça fait comme un coup de poignard direct au coeur de l'entendre dire qu'il aurait pu être amoureux de moi si ça avait été à un autre moment. Que suis-je censé faire avec ça ? Maudire le temps de ne pas être bon ? M'en vouloir de ne pas avoir su choisir un meilleur timing pour lui parler de ce que je ressens ? Je baisse la tête, regardant le sol en cherchant à contenir la peine qui m'envahit à ce moment. Je vois... C'est tout ce que j'arrive à prononcer, la boule dans ma gorge m'empêchant d'aller plus loin dans mes mots l'espace d'un instant. Il me reste qu'à espérer que ce temps viendra un jour.. Ou que j'arrive à mettre de côté ce que je ressens. Comme si ça allait être aussi simple.

Je comprends ce qu’il peut ressentir. Avant toutes les merdes qui me sont tombées sur les épaules cet été, je faisais que réfléchir. Je me remettais toujours en question, et je me demandais toujours ce que je pouvais faire de mieux, moins mal etc. J’avais l’impression de toujours gêner les gens, j’avais l’impression de perdre mes potes, ma famille. Mais en réalité j’ai mal parce que j’ai perdu Wes. Et que tout comme Bastien, mon timing était plus que naze, et que je ne pouvais rien faire. Je ne pouvais même pas m’en prendre à moi même. Enfaite il y avait aucun coupable, et ça me faisait chier. Pourquoi tu réfléchis tout le temps ? Et la dernière fois par messages tu m’as dis que tu déréalisé, comment ça t’arrives ? Je peux comprendre mais étant donné que je ne vis pas la même chose que lui. Parfois je me dis que je suis pas vraiment légitime à dire que je le comprends, si je n’ai pas vraiment tous les points de compréhension. Je le vois se renfermer après ma phrase. Et ça je le savais déjà. Quel con, putain. Je peux être vache parfois. Je serai prêt à me cogner le crâne, puis la bouche pour me rappeler à quel point, l’intelligence n’est guère présente dans l’entièreté de mes propos. Je suis désolé Bastien. Je sais pas pourquoi j’ai sorti cette phrase. Je baisse à mon tour la tête, trifouillant avec mes mains l’herbe en dessous de mes cuisses. Je veux pas que tu espères. Je ne veux pas non plus que tu penses que t’es pas un mec incroyable. On vit tous des trucs pas cool, j’ai juste besoin de guérir. Je parle avec honnêteté à ce mec, que j’affectionne beaucoup trop.

j'avoue que je suis perdu, je ne sais pas quoi penser de tout ça. Je me dis que j'aurais du me taire, mais aurait ce été là meilleure option ? Me taire et ainsi je pas savoir ce qui m'attend ? Probablement pas. Je fronce un peu les sourcils au questionnement de Gab. Il est vrai que j'explicite que très peu ce qui se passe dans ma tête. Dur de comprendre quelqu'un qui se comprend pas si bien. Si ok y va sur le plan médical, c'est à cause que mon cerveau s'est développé différemment et l'amygdale, qui régule les émotions, ne fonctionne pas convenablement. J'ai tendance à tout ressentir beaucoup trop fort. Et pour la déréalisation, ça arrive quand les émotions sont trop intenses pour les endurer. Ça fait juste... Arriver comme ça. Une minute j'ai une tempête d'émotions et la minute d'après, ça déconnecte complètement. Je sais pas comment expliquer, c'est juste un mécanisme de défense envers moi-même quoi.. C'est bien la première fois que quelqu'un demande à comprendre comment ça fonctionne dans ma tête et je ne sais pas comment l'expliquer. J'espère au moins que mes paroles font du sens pour lui, autrement j'essaierai de trouver une autre façon d'expliquer. La tête baissée, mon regard se porte sur mes mains alors que je joue nerveusement avec mes doigts. Je sais pourquoi il a dit ça, ça avait besoin de sortir, c'est tout. Certes, c'était peut être pas la meilleure chose à me dire, mais c'est comme ça. T'en ressentais sûrement le besoin. Un petit rire ironique m'échappe quand je l'entends dire qu'il ne veut pas que j'espère ni que je crois ce genre de chose de moi. Il en demande beaucoup je trouve. La, tu me demandes de ne pas être moi. Dis-je avec une teinte d'humour. Je ne veux pas qu'il se sente mal à mon égard, mais j'ai déjà de la misère avec mon image personnelle, donc c'est fréquent que je pense mal de moi-même. T'en fais pas pour moi, j'vais m'en sortir. Est-ce honnête comme paroles ? Je ne sais pas moi-même.

Je l’écoute plus qu’attentivement quand il me décrit ce qu’il ressent quotidiennement. J’ai déjà entendu parler de ça en réalité lors de mes stages en psychiatrie, mais aussi en cours de neurosciences. Instinctivement ma main vient se poser sur sa cuisse, j’ai juste le besoin instantané de lui montrer qu’il n’est pas seul dans la galère, et que je veux bien le soutenir coûte que coûte. T’inquiètes tu m’as très bien expliqué. Et franchement je comprends mieux. Et comment tu fais pour le gérer ? tu te laisses le temps de déréaliser et de tout ressentir ? Où tu luttes ? Je me tourne finalement légèrement vers lui toujours assis dans l’herbe. J’hoche la tête en l’écoutant me rassurer. Ce mec est incroyable. Je ne te demande pas de te faire passer pour un autre. Je te dis juste qu’on m’a brisé le coeur cet été. Et que j’ai besoin de guérir. Qui sait, peut-être que tu pourrai être ma guérison. Je le regarde en souriant timidement. Où peut-être qu’à l’inverse tu vas finir par te lasser, d’un connard dans mon genre ? Mes mains se lèvent automatiquement, paume vers le ciel pour marquer ma supposition. Je me rapproche de lui, assis face à face. T’es pas honnête Bastien. Mes paroles claquent contre ma langue. Ce mec, m’attendrit, il me rend compréhensif et patient. Chose dont j’ai pas l’habitude, chose qui me fait limite flipper. Putain, dans quoi je m’embarque encore.

Je baisse les yeux sur sa main en soupirant silencieusement. Ce simple contact est rassurant. Je suis soulagé de l'entendre me dire que mes explications sont claires. Et le fait qu'il essaie de me comprendre, ça a quelque chose d'agréable, de soulageant. Je lui souris légèrement, peut être un façon de montrer que j'apprécie l'effort de me comprendre. Ça dépend des jours. Des fois j'me laisse aller et je récupère un coup d'émotions ensuite. D'autre fois j'essaie de mon mieux de rester présent mentalement, même si c'est pas toujours facile. C'était difficile parfois de ne pas me laisser aller en dissociation, déréalisation. C'est un mécanisme de défense après tout, une façon d'éviter de faire des conneries qui serait regrettable. Je frotte non visage en essayant de garder une humeur relativement bonne, malgré la situation. Être celui qui aiderait à sa guérison, j'aimerais bien pouvoir faire ça pour lui, même si au final ce n'est que pour rester amis, sans plus. Je veux juste pouvoir être là pour lui, l'aider comme je peux. Si j'peux t'aider d'une quelconque façon, je le ferai. Un rire m'échappe, me lasser du connard qu'il est. J'aime les connards, c'est totalement mon type. Impossible, j'adore les connards en ton genre. Alors tu vas être pris avec moi. De toute façon, même si je voulais m'en éloigner, je n'y arriverais. Je hausse les épaules, en effet, je ne suis pas honnête. C'est l'habitude, je dis aux gens que je vais bien aller, mais c'est rarement le cas. Mais j'ai l'habitude de le débrouiller seul. Ça va, t'en fais pas avec ça. Penses plutôt à toi. Il faut qu'il pense à lui-même avant de penser à moi, ça c'est certain.