THE PHANTOM OF THE ... LIZZIE BORDEN HOUSE | XIVER

Le mois d’octobre touche à sa fin, avant dernier jour de ce dernier, et avec lui va s’envoler toute la magie d’Halloween qui a su les bercer. Cette année, faute de lui avoir dit en début de cette période qu’elle ne savait pas si elle appréciait cette fête, ils se sont amusés à se rendre dingue. S’effrayer, d’abord à petites doses, et très vite, elles ont dégénéré, les choses. Leur amusement n’a eu de cesse de s’accroître, un crescendo digne des meilleurs films d’horreur.

Ce soir, toujours dans l'idée de se faire donner quelques frissons, ils ont décidé de passer la nuit au Lizzie Borden House. L’année dernière, c’était dans cet hôtel qu’elle avait gagné – avec son équipe – le défi meetbex, de fait, elle avait proposé à Sheng de s’y essayer. Tout de même plus sereine à l’idée de vivre cette presque expérience immersive à ses côtés. Forcément, elle se sent d’avance un peu plus en sécurité.
Après avoir récupéré la clef de leur suite, ils montent ensemble à l’étage, et à chaque petit détail destiné à les effrayer, elle sourit, Haiwee. Conscience que ce n’est pas la réalité, même si c’est très bien fait. Il ouvre la chambre, et elle dépose ses affaires au pied du lit avant de se retourner vers lui. « Au fil des années, tu me vends de plus en plus de rêve. » qu’elle lui lance, les commissures griffées par un sourire, et se penchant sur son sac pour récupérer de quoi se mettre à l’aise pour la soirée, qu’elle compte passer au lit après… son spectacle prémédité, « Je vais me changer. » elle annonce en se dirigeant vers la salle d’eau.

Alors une fois dans la salle de bain, d’abord, elle se change vraiment, quitte son jean et son pull pour les troquer contre la nuisette sélectionnée. Puis juste après, la brune met en place son plan, sa dernière farce, son apothéose. Sa vengeance parce que lui, il n'y était pas allée de mains mortes. Avec insectes et autres... Face au miroir, elle lance un regard à son reflet, soupir un coup pour se donner un brin de courage et espère qu’elle fera son petit effet. Les capsules qu’elle a achetées dans la journée, elle les cale entre ses joues et ses dents. Une ultime œillade envers son visage, et puis elle se dirige vers la porte de la pièce, quand sa main se pose sur la poignée, elle mord de toutes ses forces, et ouvre, affolée… La respiration altérée, elle s’étouffe avec le sang lorsqu’elle tente de prononcer, « Sh-eng…je.. » elle crachote encore un peu, elle se retient au chambranle, s’essouffle, laisse la substance amarante dégouliner sur ses lèvres, son débardeur, avant de s’effondrer. Plus morte qu’une vraie, à peu près. 

« Putain. » Elle ne peut la voir, sa réaction, parce qu’elle reste dans son rôle de celle qui est en train de mourir, qui vient tout juste de chanceler et de s’évanouir. Peut-être que c’est son seul regret, par rapport à sa mise en scène, de ne pas pouvoir lire sur son visage ce que ça lui ferait si réellement elle était affectée. L’étendue malsaine de sa curiosité.

Les paupières à peine entrouvertes, elle perçoit sa silhouette se précipiter sur la sienne, et c’est un tout autre sentiment qui commence à poindre en elle, lorsqu’elle entend sa voix paniquée ; « Hey, HEY. Haiwee. » C’était certainement une blague un peu trop poussée. Mentalement, elle s’intime de ne pas la faire durer trop longuement. Elle s’en veut d’avance, forcément, le vice chez elle, n’est pas un trait qui s’est développé naturellement, « Allez. HAIWEE. » qu’il intime, une paume heurtant sur sa joue à répétition… Elle ouvre les yeux faiblement, se heurte à la détresse qui pare l’expression de son compagnon. Quelque part, il ne faut pas en douter, ça lui crève le cœur de lui avoir fait subir ça. Elle aurait boudé à l’inverse, n’est-ce pas ? Et d’un autre côté, elle en tire une étrange satisfaction. Un ressenti qui s’apparente à la fierté. Un brin de sadisme insoupçonné s’étant emparé d’elle, durant cette courte durée. « J’ai… » qu’elle débute, afin de faire se terminer la comédie, c’est de toutes ses dents ensanglantées, qu’elle lui sourit, « gagné. » la petite bataille pour tenter d’effrayer l’autre. Mais parce qu’elle est malgré tout victime de sa culpabilité, et que l’incompréhension est maintenant l’émotion maîtresse de son faciès ainsi qu’une pointe de ce qu’elle croit être de la contrariété face à sa blague d'un goût mauvais, elle accroche sa nuque d’une paume, avant d’aller trouver ses lèvres, l’embrasser, passionée, en synonyme d’un Pardon muet.  

Leurs lèvres se séparent et la brune ensanglantée s’essaie à sourire avec tendresse dans une tentative de se faire pardonner. Seulement, lui, ferme les paupières et s’essaie à canaliser sa contrariété. Le temps d’un soupir, elle reste muette et l’écoute tandis qu’il intime, « Ne me refais plus de blague dans l’genre, » Sans mot dire, à la vue de sa réaction, elle est évidemment d’accord, et elle n’a pas besoin de le lui préciser.

Malgré tous les ressentiments hostiles qu’elle a éveillés en lui, il lui prête main forte pour qu’elle se redresse. Une fois sur pieds, il l’interroge dans la foulée. « Comment t'as eu cette idée... » légitime comme question, elle-même se demande comment cela a pu faire sens dans sa raison. Du coup, elle grimace un tantinet, avant de se décaler – non sans une dernière caresse, sur son épaule afin de répéter le fait qu’elle est désolée par ce simple geste – ce n’est que lorsqu’elle se poste dans la salle de bain, porte ouverte, observant son reflet, prête à se débarrasser du faux sang qui a dégouliné et de sa nuisette souillée, qu’elle s’aventure à s’expliquer… « J’ai cherché ce qui pourrait te faire vraiment peur, » et elle a eu du mal à trouver, le croyant inébranlable, à la vérité, avant que ne germe l’idée dans son esprit, « et je me suis dit… » que peut-être, la peur de la perdre dormait quelque part à l’intérieur de lui.

Il s’échappe de l’embrasure de la porte durant quelques secondes, alors elle reste attentive au moindre bruit, craintive qu’il puisse la délaisser, au gré de la saveur amère qu’aurait laissé sur lui sa blague déplacée. Cependant, après une courte durée, il réapparait, et le regard fixé sur l’étendue de sa plaisanterie, elle va chercher celui de son compagnon qui lui aussi, tout en délaissant sa trousse sur le côté de l’évier, observe son reflet. « Tu t’aies dit que t’allais vérifier ce dont tu doutes depuis toujours, » il suppose une fois qu’ils sont bercés par le bruit de l’eau qui s’écrase contre la vasque émaillée. « Ce n’est pas… » tout à fait ça.

Les mains cramponnées au lavabo, elle baisse les yeux, contemple le filet d’eau, à tenter de mettre de l’ordre dans ses pensées… Un fait pour lequel la brune éprouve de la difficulté. Car peut-être que oui, c’était ce qu’elle désirait. Savoir qu’il serait dévasté par la perte d’Haiwee. « Disons que mise à part ça, je ne voyais pas ce que tu pourrais craindre. » Preuve qu’elle n’avait pas vraiment besoin de vérifier… Bien qu’elle l’idéalise un tantinet, elle a conscience qu’il n’est pas homme à se laisser facilement perturber. Petites bestioles, déguisements mauvais, elle avait conscience qu’il n’en serait pas effrayé. Que ça ne parviendrait pas à le heurter. Alors elle demande en revenant trouver ses yeux, « Tu m’en veux ? » Oui, forcément qu’il le fait ne serait-ce qu’un peu.

Le gant humidifié entre les doigts, il expire avec force, ce qu’elle interprète comme un véritable mécontentement. De fait, elle mordille ses lèvres, culpabilisant. Néanmoins, il se rapproche d’elle, épouse le creux de son omoplate avec l’ovale de son visage… De son regard, il balaie avec impudeur le décolleté de la brune, qui ose un petit sourire à la suite de ce geste, un brin rassurée parce qu’il n’est pas hostile à la proximité. Et ses lèvres s’étirent encore plus lorsqu’il lui révèle la vérité ; « Juste parce que tu as gagné, » alors aussi simplement que ça, les traits de l’amérindienne se parent instantanément du soulagement… Et son cœur, c’est plus fort qu’il bat. Elle respire à nouveau, n’est-ce pas ?

Alors ses phalanges vont trouver les siennes, récupèrent le tissu détrempé, avant qu’elle ne se retourne vers lui. Le dos contre le lavabo, elle incline la tête avant d’aller tapoter les commissures des lèvres de son amant qu’elle a souillé de son baiser. Méticuleusement, elle essuie, efface les factices stigmates… « Mais tu as le droit de le dire, tu sais. » Possible qu’elle soit un peu trop gourmande, seulement, c’est tentant et elle a conscience qu’une occasion telle que celle-là n’arrive pas souvent, « Que tu as peur de me perdre. » qu’elle importe, même si elle ne va pas jusqu’à espérer qu’il va utiliser ces mots-là. Naïve, certes, mais pas idiote.