when you wake up next to him in the middle of the night (ace)

Hargneux ! Voilà l’adjectif que j’essayais de trouver dans les tréfonds de mon âme. Je ne peux m’empêcher de jouer, de le pousser un peu pour voir à quel point il peut être désagréable. Et puis, c’est un joli retour de flamme pour m’avoir imposé son macaroni. En tout cas, le garçon que tu viens de décrire à l’air charmant. Si tu le retrouves, préviens-moi. Je me demande presque s’il n’est pas malade, bipolaire ou souffrant de dissociation parce que je ne vois pas le garçon que ma cousine m’a dépeint quelques fois. Non, c’est tout l’inverse, un peu comme s’ils étaient deux et qu’elle était sur le côté pile de la pièce et que je me tapais le côté face. Ils t’ont menti. Ils en ont du avoir marre de ses grands mots et m’ont balancé dans la gueule du loup comme un agneau face à un lion. Et nous deux, on ne finira pas comme Bella et Edward dans Twilight, the lion will not fall in love with the lamb, let me tell you about this. En tout cas, le ton redescend quelque peu et c’est bien moins lourd et difficile pour moi. Je n’ai jamais été une grande fan des disputes et des relations houleuses, préférant la discussion pour dissiper la colère qu’autre chose. Je fronce les sourcils quand il m’accuse d’avoir fermé comme une bourrine en arrivant. T'étais là, t’as bien vu comment j’ai fermé la porte. Je soupire fortement et descends du lit pour me diriger vers la porte. À pas feutré, je me glisse à ses côtés. T’as ouvert le loquet au moins ? Que je demande en pointant le verrou du doigt. Je ne l’ai pas vu faire mais puisqu’il fait toujours noir dans la chambre, dure d’être sûre de ce qu’il a fait ou pas. Je fais tourner le loquet… Dans le vide. Il tourne des deux côtés sans jamais s’arrêter. Je pense que le mécanisme a pété dans la porte. C’est une blague, ce n’est pas possible autrement. Non, vraiment, là ça fait beaucoup. Ça va de mal en pis et je ne donne pas cher de ma peau si ça continue comme ça. Génial, génial, géniaaaaaaaaal. Que je souffle, la voix montant rapidement dans les aigus au fur et à mesure de mes ‘génial’. C’est tout sauf génial. On est coincé dans ce taudis hanté. Et me voilà en train de tourner en rond au milieu de la chambre, le palpitant qui se déchaîne, l’angoisse qui monte doucement. Je veux retourner dans le passé, piquer une crise et rentrer chez moi avant que tout ça commence.

Oui, il était là quand la porte s'était refermée, et quand le choc s'était aussi lu sur leurs visages. Impossible qu'Olive soit la responsable de cette porte bloquée, mais Ace râle quand même,  le soupir exaspéré venant défendre sa position quand la blonde le questionne. Évidemment, me prends pas pour plus con que j'le suis. Facile à dire, mais compte tenu de son attitude, la vérité c'est qu'il sait qu'il donne cette impression d'être capable de se montrer aussi... distrait. Comme pour l'inviter à s'y rater, convaincu qu'elle ne parviendra pas à ouvrir la porte à son tour, Ace se décale, regard consterné alors qu'il lui fait signe de s'approcher et s'y risquer. Et la supposition, après qu'elle constate le problème, pourrait faire sens, si. Ouais sauf qu'il devrait y avoir un mouvement de poignée, et y'en a pas, la porte est juste bloquée comme si on l'avait taillée dans ce mur. Et puis... le ton semble changer. Ace écoute ses "génial" à répétition, remarque le changement de ton dans la voix, et une certaine... agitation, qu'il n'aurait pas pensé trouver chez elle. Une chance pour lui que le noir ne l'intimide guère ─ le travail l'avait conduit à bosser dans des endroits peu éclairés pendant des heures ─ mais le côté hanté du lieu ne l'enchante pas. Alors il repousse l'idée, autant pour lui, que pour la raisonner, elle. Hanté ? Pfft, c'est juste un coup de pub. Ça existe pas, et et ils nous font sûrement un mauvais coup. Puis il se retourne vers la porte, ressaisit la poignée qu'il tourne... et donne un coup d'épaule sec. Puis un deuxième. Putain... ! Un un troisième, bien plus violent. Ace fronce les sourcils, interloqué, et recule de quelques pas pour regarder la porte. Il pige pas ; elle n'a même pas bougé d'un millimètre. Impossible de dire ça de vive voix sans déclencher une potentielle panique, alors Ace fait volte-face, traverse la pièce en passant à côté d'Olive, et file vers la fenêtre aux rideaux fermer, avant de tirer dessus. Y'a quoi, derrière ?

Pour plus con qu’il l’est… Au moins il avoue qu’il l’est, con. Ce qui est presque une victoire que je me garde de fêter. Peut-être que je n’hésiterai pas à appuyer sur ces mots et leur signification plus tard, lorsque l’on sera sorti de cette chambre, de cette prison glorifiée. Après tout, on a une douche fonctionnelle - avec de l’eau chaude ou je suis sûr que je l’aurais entendu pester de l’autre côté du mur - un mini bar à disposition et j’ai ma liseuse pour m’occuper une bonne partie de la soirée. Le seul gros bémol est cette activité à laquelle je me suis inscrite et qui ne devrait pas trop tarder à commencer. Mais pour le moment, j’essaye surtout de me calmer et de ne pas me laisser dépasser par tout ce qu’il se passe. Son constat m’effraie et je suis incapable de me raisonner assez rapidement. Et dans ces moments, mes pensées prennent le dessus et je ne suis plus capable de contrôler quoi que ce soit. Je ne dois pas laisser l’angoisse prendre le dessus mais c’est difficile. Ils ont aucun intérêt à nous faire un mauvais coup. La chambre c’était assez. Que je souffle sèchement, incapable de retrouver mon calme pourtant légendaire. Comme quoi, mes émotions peuvent aussi s’avérer être un frein à mes interactions sociales. C’est quoi si c’est pas hanté hein ? Parce que là, je vois pas ! Ou alors l’équipe de l’hôtel y met vraiment du sien pour faire flipper ses clients… C’est trop poussé pour que ce soit l'œuvre d’un être vivant. Ils n'ont aucun intérêt à faire ça. Personne reviendrait sinon. Jouer sur le côté hanté ramène de la clientèle. Mais ça ? Pas trois fois sûre que lui ou moi refoutions les pieds ici. Assise dans un coin, les bras autour de mes jambes, je le laisse tenter de défoncer la porte. Je ne suis pas capable de l’aider, le cerveau complètement dans la brume et la panique montant graduellement. C’est un peu comme si ça avait commencé au niveau de mon coeur et que la brume s’élargissait, comme le brouillard acide et toxique dans Hunger Games. Les limites ? Celles de mon corps. Je le suis du regard et quand il tire sur les rideaux, j’ai envie de pleurer. Il n’y a pas un pet de lumière et malgré les journées qui finissent bien plus tôt, il devrait avoir quelque chose, ne serait-ce que la lumière produite par la lune. Me dis pas que c’est une fausse fenêtre et que tout est muré. Parce que je crois que là, c’est le début de la fin. Le début de ma fin.