when you wake up next to him in the middle of the night (ace)

J’ai souvent des envies de faire des petits week-end ici et là pour me reposer, pour déconnecter mais ce n’est que trop rarement possible. Entre mes études et le boulot, il est rare que j’ai deux jours off d’affilés. Alors, quand c’est arrivé, j’ai sauté sur l’occasion de réserver une nuit au Lizzie Borden house. J’en ai entendu beaucoup de très bonnes choses et je dois avouer que j’ai vraiment hâte de passer la nuit ici. Une maison d’hôte hantée sur fond de mystère non résolu ? C’est pour moi. Je viens de commencer une série de livres - Truly Devious de Maureen Johnson - et me voilà passionnée par les histoires non résolues. Devant la réception, j’appuie sur la cloche pour attirer l’attention du personnel et c’est une grande blonde mal coiffée qui me sourit et se dirige vers moi. Informations données, je pose ma main sur ma valise, un peu suspicieuse de l’endroit et de la vibe que je ressens en étant ici. Mon regard ne cesse de glisser de l’employée aux murs, au plafond et même au sol, mais je n’arrive pas à capter ce qui cloche. J’ai cependant ma réponse. C’est le système de réservation qui déconne. Comment ça, vous n’avez qu’une chambre pour deux clients ? Surbooking, un bug dans le système, on a tous les deux réservés en même temps, à quelques secondes près. Bah donnez moi la chambre, je suis là avant lui et il a dû réserver après moi. Que je souffle rapidement, n’ayant aucune idée que c’est en fait moi qui a réservé après lui. Un large frisson parcourt mon échine et je souffle Une grande suite vous dites ? Bon, j’accepte… À condition d’être remboursé une partie de mon séjour ici. De toute façon, si je refuse, je n’aurais plus qu’à rentrer à la maison et j’aurai dépenser de l’argent pour rien. La personne a déjà accepté la proposition ? Que je demande en reprenant ma carte après avoir été prélevé la somme pour la nuit, avec le petit-déjeuner.

« Vous vous foutez de ma gueule ? » Arrivé plus tôt que prévu, et la réception lui annonce cette mauvaise nouvelle. Les yeux d'Ace expriment autant la colère et que le choc, alors qu'il est supposément forcé de passer la nuit avec une parfaite inconnue qui a réservé la chambre en même temps que lui. Ou quelque chose du genre. Mais le ton monte. « J'en ai rien à foutre de vos problèmes techniques, trouvez une solution. » L'agressivité dans la voix. Il veut être seul. Royalement seul. C'est la raison pour laquelle il a fuit Boston le temps de deux petits jours et d'une nuit : ne voir personne, ne parler à personne, ne croiser personne. Les problèmes s'accumulent dernièrement et même si les marques de main autour de son cou ont presque disparu, quelques bleus demeurent toujours visibles, notamment au niveau de son nez dont la guérison est toujours en cours. Pas l'air commode ni franchement amical avec sa casquette enfoncée sur le crâne et sa tenue de survêtement, renforçant l'image du gars prêt à exploser pour rien. Alors ils insistent pas à la réception et lui assurent qu'il sera tranquille pour son séjour, avant de le conduire jusqu'à sa chambre. Une suite. C'est grand, spacieux, propre, malgré les rumeurs de fantômes et autres dingueries du genre. Le sac est posé au pied du lit non sans un soupir alors qu'il songe à tout cet acharnement contre lui. Et ça empire quand une quarantaine de minutes plus tard, alors qu'il est en train de préparer ses affaires pour la douche, il entend la bruit reconnaissable de la porte de chambre qui se débloque. « Huh ? » Il se retourne, serviette à la main, et observe la silhouette qui apparaît dans l'encadrement de la porte. Et là, deuxième surprise de la journée, alors que son visage s'écarquille. Il fait rapidement le lien entre la petite valide, la porte qui s'ouvre et la personne, et il comprendre que c'est elle qui a réservé la même chambre. « Putain c'est pas vrai, dites-moi que je rêve... » Les yeux se lèvres au ciel avec le corps qui accompagne un mouvement de dépit, la serviette jetée sur le lit avec désinvolture. Vie de merde, karma de merde. La vie s'acharne, y'a pas d'autre explication à cette poisse immense. Et à peine arrivée, elle se prend déjà des réflexions alors qu'il braque à nouveau les yeux sur elle. « Tu t'es plantée de chambre, casse-toi, celle-ci est prise. » Mauvaise humeur quand tu nous tiens...

Le chaudron présent sur le comptoir attire mon regard. Une drôle de brume en sort et je me demande s’ils ont vraiment un mélange de produits pour fabriquer cela ou si c’est un dôme d’encens qui brûle là-dedans. Je m’en approche en attendant la réponse de la réceptionniste. Elle vérifie le tout sur son ordinateur et m’indique que la personne avec qui je vais devoir partager cette suite est déjà arrivée donc la solution est simple : je rentre chez moi ou je partage. Dans un long soupire, j’accepte de partager puisqu’il est hors de question que je fasse demi-tour maintenant. Ça devrait le faire puisque je ne compte pas passer mon temps dans la chambre de toute façon. Il y a ce mystère à résoudre, ça fait partie du deal, avec les fantômes qui viendront sûrement me rendre visite pendant la nuit. L’employée m’indique le chemin à suivre pour retrouver ma chambre et me dit aussi de suivre le sentier de bâtons de cannelle. Je me demande vraiment si elle ne se fout pas de moi mais en montant les étages, je remarque les bâtons et la forte odeur qu’ils dégagent. Arrivée à la chambre, je me prends au jeu et souffle Sorbet citron. Comme si la Grosse Dame d’Harry Potter était là et me laissait entrer chez les Gryffondors. J’espère y rencontrer quelqu’un qui pourrait y être - si tout cela existait - mais je lâche ma valise quand je me rends compte que mon Ronald Weasley est un putain de Serpentard. C’est une blague. Que je ne peux m’empêcher de souffler, incrédule face à la situation. Il fallait que je tombe sur Ace. Comme s’il n’y avait pas assez de personnes sur cette planète et dans cette putain de ville. J’aurais encore préféré tomber sur João, c’est pour dire. Je m’abaisse pour ramasser ma valise et ferme la porte derrière moi, traînant les pieds jusqu’au petit bureau sur lequel je dépose mes affaires. Et quand sa voix arrive jusqu'à moi, avec la haine qui va avec, je me tourne en arquant un sourcil. La galanterie, tu connais pas ? Le comble, moi qui ne supporte pas les hommes qui agrémentent leurs soit disant bonnes actions sous ce prétexte. On a réservé la même chambre et t’es au courant. Alors fais pas l’idiot Ace parce que ça va être compliqué sinon. Fais comme si j’existais pas, Fantomas. Il sait faire de toute façon.

Une blague, oui, très clairement. Pas assez de personne sur Boston, ou tout l'État pour que ça soit sur elle qu'il compte ─ même s'il reconnaitrait sans problème que ça aurait pu être pire, si ça avait été Lena par exemple. Passablement de mauvaise humeur et pas enclin à jouer les bon samaritains, ni même se soucier des répercussions que ça aurait sur sa relation avec Enola, Ace songe plutôt à l'échange glacial de messages auxquels il a eut droit, et ses bras se croisent sur son torse alors qu'il regarde Olive avec dédain. « J'connais, mais j'ai pas envie pour toi. Et faire comme si t'étais pas là ? » La provocation est prise au mot. « Ok. » Sans la lâcher du regard, plus parce qu'il est agacé qu'autre chose, il croise ses bras pour que chaque main attrape un bord de son t-shirt, et soudainement, il retire le vêtement pour le lâcher sur le lit. « T'existes pas alors, hein ? » La provocation dans le regard, alors qu'il retire sa ceinture, lui faisant bien comprendre qu'il compte aller jusqu'au bout. Ce qu'il fait progressivement, même, qu'elle regarde ou pas, se disant qu'elle va sans l'ombre d'un doute foutre le camp pour s'éviter cette situation inconfortable ─ et en vrai, il souhaite qu'elle détourne le regard, mais il est bien trop borné pour s'arrêter à mi-chemin sans que son égo prenne une claque. « Ma chambre... mon confort... J'fais ce que je veux. » Nu comme un ver, la serviette précédemment posée maintenant dans sa main, il se tire vers la salle de bain où il claque sèchement la porte pour disparaître derrière. Et une fois à l'intérieur, c'est un gros soupir qui lui échappe. Il allume l'eau, laisse couler, mais ne s'y glisse pas de suite, prenant d'abord le temps de réfléchir un peu à la situation et se demander si finalement, il a pas juste envie d'appeler un taxi pour rentrer plus vite. Ouais, mais... elle a couté cher, cette nuit d'hôtel. Et puir, partir serait accorder une victoire à Olive. À cette pensée, Ace grogne de frustration et file sous l'eau dans l'espoir de se calmer un peu.

Bon sang, j’aurais pu tomber sur une belle blonde ou un homme grognon qui se serait mis dans un coin avec son livre mais non, c’est sur Ace que je suis tombée. Vraiment. Et si partager la suite ne me semblait pas complètement impossible, je me dis que là ça va l’être. Et même si nous ne partagerons pas le même lit, je n’ai aucun doute sur le fait qu’il trouvera tous les moyens au monde pour m’énerver ou m’effrayer. Il faut donc que je reste la moins émotive possible. Moi qui pensait me reposer avant et après le mystère à résoudre, il semblerait que je vais passer un séjour en Enfer. Ça colle avec le lieu mais quand même, l’expérience immersive n’était pas nécessaire. Autant ne pas s’adresser la parole pour éviter toute joute verbale inutile. Sauf que lorsque je le vois enlever son t-shirt, je souffle Mais qu’est-ce que tu fous là ? Non parce que je ne suis pas une des nombreuse fille qu’il doit sauter juste en montrant un peu de peau. Il me faut bien plus que cela pour avoir envie de qui que ce soit. Visiblement le respect aussi n’existe pas putain. Que je souffle en levant les yeux au ciel. T’essayes d’impressionner qui là ? Que je finis par avancer, en grimaçant. Mes yeux restes collés sur son visage parce que je refuse de subir cette agression. Et dire qu’Enola l’apprécie énormément. Je crois qu’avec cette mascarade, elle risque de lui fermer la porte au nez la prochaine fois qu’il s’approchera d’elle d’une manière ou d’une autre. La porte claque et je sursaute, revenant à la réalité, le visage qui se décontracte. Je me redresse et m’approche de la porte de la salle de bains pour hurler Tu sais quand même que ça, c’est légalement qualifiée comme une putain d’agression sexuelle ?! Ce sont mes actions avec NOW qui me l’ont appris et c’est pour cela que je me bats continuellement. Pour que ce genre de choses arrêtent d’arriver, que les femmes arrêtent de se retrouver face à ce genre de choses sans leur consentement. J’arrive pas à le croire putain. Dépassée, sentant la colère monter un peu plus à chaque seconde, je me dirige vers le lit, attrape un coussin et hurle dedans. C’est le seul moyen de libérer mes endorphines et de ne pas l’attendre de pieds fermes pour lui expliquer que son comportement est abusif sur bien des plans. Il n’avait pas tort, il a vraiment des problèmes.

De l'autre côté de la porte, Ace roule des yeux en l'entendant. Une agression sexuelle ; pas fier de son coup le bougre, certes, mais trop énervé pour songer à ce qu'il vient de faire avec calme et lucidité. Il se pense justifié dans son comportement se retourne pour... répondre à la porte, avec la même agressivité. « Pardon !? J't'agresse alors que c'est toi qui débarque dans ma chambre quand je me change !? » Il modifie les faits ; elle a pas toqué, s'est invitée dans la chambre sans crier garde alors qu'il était à poil, tranquillement. Persuadé que cette version des faits passerait, il râle encore un coup, « J'vais traîner cet établissement d'merde en justice ouais... » avant de se diriger vers la douche qu'il allume. Et là, sous l'eau, plus de pie qui lui casse les oreilles. Il passe la tête sous l'eau, savoure l'eau froide qui le réveille et le fait frissonner. Sa douche ne prend pas excessivement longtemps, mais il traîne un peu pour calmer ses nerfs et songer à la situation. Déjà que cette fille l'irrite, savoir qu'ils partagent la même chambre le met encore plus sur les nerfs ; mais le pire est probablement qu'elle est peut-être aussi têtue que lui et qu'aucun des deux ne voudra courber l'échine devant l'autre en allant dormir ailleurs. Quand il finit par sortir, il n'entend rien de l'autre côté de la porte ─ tant mieux. Cheveux séchés rapidement avec la serviette qu'il vient ensuite passer autour de sa taille, il finit par ouvrir la porte de la salle de bain ; seulement le sort a décidé de s'acharner, ou peut-être que les mauvais esprits du lieu hanté s'amusent, car à peine a-t-il ouvert la bouche pour sortir une nouvelle provocation que les lumières s'éteignent brutalement. Plongés dans le noir, soudainement, on entend Ace pousser un profond et long soupir. « Putain... fallait vraiment qu'ils nous fassent un coup pareil... » Puis il se déplace, comme le laissent entendre ses pas et le son de sa voix. « Reste où t'es, j'ai pas envie d'me voir trébucher et me vautrer sur toi, ces trucs là c'est bon pour les films mais moi ça va me gonfler. » Puis le pied tape contre le coin du lit. « Aïe─ putain d'lit... » Bon, elles sont où ses affaires ? Et son téléphone ?

J’essaye de relativiser et de me dire que ce n’est qu’une nuit, que si je peux l’éviter et passer du temps à résoudre l’énigme du Lizzie Hotel, ça serait tout aussi bien. Après tout, qu’est-ce qu’une nuit de sommeil qui sera de toute façon de mauvaise qualité vu la manière dont la vieille bâtisse craque de tous les côtés. Injecter de la joie et des pensées positives dans cette découverte. Vraiment, on pourrait en tirer de merveilleuses choses et une sacré expérience sociologique mais c’est sans compter sur l’humeur exécrable et infecte d’Ace. Je l’entends me répondre et lève les yeux au ciel. Je suis pas dans TA chambre, je suis dans NOTRE chambre ! Que j’hurle à travers la porte. Il a du mal avec la possession, ce type, ce qui va vraiment rendre la cohabitation difficile. J’ai l’habitude de partager ma chambre après des années de compétitions alors ça ne me gêne pas tant que ça, dans le fond. Mais il y a la forme et là-dessus, on y est pas du tout. Je sors mes affaires de ma valise, prenant mes aises sur une partie de chambres et je m’installe confortablement sur le lit, les jambes croisées en tailleurs, un livre de romance entre les mains. J’entame le troisième chapitre dans le silence le plus pesant lorsque le loquet de la porte saute. Mes muscles se tendent en un claquement de seconde mais je fais comme si de rien n’était, préférant me concentrer sur l’apparition de Will, ce merveilleux bodyguard qui risque de me faire tourner la tête rapidement. Sauf que les plombs sautent et nous sommes rapidement plongés dans le noir. Je déteste cela. Vraiment. Mes trois coéquipiers du Meetbex pourraient en témoigner. Tétanisée, je tente les exercices de respirations que l’on m’a appris il y a quelques années et souffle Les propriétaires des lieux sont de mon côté, ils ont pas voulu que tu me brûles la rétine une seconde fois. Étonnement, être piquante et critique, ça me va mieux que d’être dans le moment. Et lorsqu’il entre en contact avec le lit, je grimace rapidement. Ça, ça fait mal. Mais vraiment, à mes yeux, c’est un doux retour de notre ami le karma. Le lit a demandé à ce que tu lui dises pardon. Que je souffle d’une voix posée, cachant le fou-rire qui tente de se glisser entre mes lèvres. Il a demandé si ça allait aussi mais surtout que tu lui demandes pardon. Je pince mes lèvres et prie que la lumière ne revienne pas tout de suite parce qu’il doit être en train de m’assassiner du regard et je crois que si c’est le cas, je vais éclater de rire.

Notre chambre, mon cul c'est la nôtre. Refus total. Ace n'approuve pas. Et même dans le noir, alors qu'il se fait mal et manque de se casser la figure, il pense toujours pareil. Il tient sa serviette d'une main pour éviter qu'elle ne lui tombe, et ses fringues retombent sur... le sac. En partie. A moitié par terre, surtout, soupirant fortement pour être certain qu'Olive comprenne sont agacement. « S'ils planquent des caméras dans les chambres, ça expliquerait pourquoi ils nous ont foutus ensemble. » Lâché à la volée, le sous-entendu qu'ils pourraient être observer et que les propriétaires ont des mauvaises intentions. Il ne croit pas à ses propres paroles, mais il sait que le risque zéro n'existe pas. Et c'est quand Olive peut entendre des bruits de tissus qui glissent sur la peau, qu'Ace répond pour le reste. « Le lit avait qu'à bouger son coin au lieu d'être sur mon passage... » Bruit de fermeture éclaire. « ... et mes orteils vont bien, t'as pas à t'en faire, ils ont vécu pire. » Finalement, pas tant dérangé par le noir, Ace tâtonne les alentours, fouillant à l'aveugle jusqu'à trouver son téléphone. Il appuie dessus et s'éclaire sauvagement la tronche en une grimace, avant que son regard ne s'habitue ; et quelques secondes après, c'est le flash qui éclaire la zone. Portant juste une veste et un pantalon de survêtement, Ace abaisse légèrement sa lumière pour ne pas éblouir sa... camarade d'infortune - ? - alors qu'il reprend la parole. « Tu comptes rester là ou on va leur sonner les cloches à deux pour avoir des chambres séparées ? »

Deux clébards autour d’un seul et unique bout de viande, refusant de lâcher. Voilà ce que l’on est tous les deux. C’est un peu comme cette scène dans Twilight où Jacob se rebelle contre l’Alpha de la troupe. Nous sommes ridicules et je m’en rends compte mais je suis incapable de lâcher l’affaire. Je ne suis pourtant pas connue pour être la plus tenace dans ce genre de situations mais à cas extrême, réaction encore plus extrême. Ils doivent être en train de bouffer des popcorns en se foutant de notre gueule. Ou de la sienne vu qu’il vient de se taper le pied dans le lit. Est-ce qu’ils jouent avec les fusibles ? Est-ce que c’est comme ça qu’ils font croire aux gens que les lieux sont hantés ? Borf, je m’en fous moi de tes orteils, c’est le lit qui demandait. J’hausse les épaules alors que nous sommes toujours plongés dans le noir le plus complet. Un rictus se dessine sur mon visage quand celui de mon compagnon d’infortune se fait aveugler par le flash de son propre cellulaire. Vraiment, c’est du pain béni pour moi et je dois dire que ça me détend légèrement. Il semblerait que le grand méchant loup ne soit qu’un loup tout simple et que son allure effrayante et désagréable ne soit qu’un masque. T’as pas déjà essayé en arrivant ? Que je demande en relevant le visage du livre que je lisais jusque-là, cachée derrière ma liseuse numérique. Je sais pas, tu crois vraiment que ça va changer quelque chose ? Je n’ai pas trop bataillé en arrivant, c’est vrai, mais je suis sûre qu’il leur a fait la tête au carré et qu’en me voyant arriver, ils se sont dit que je me démerderai avec lui. Ce n’est vraiment pas professionnel et je ne me gênerai pas pour leur laisser un commentaire peu glorieux sur Google et Tripadvisor. Mais pour le moment, j’suis plus défaitiste qu’autre chose. Enfin, résignée. Voilà le bon mot. Mais si t’as envie d’aller tirer des oreilles, je t’accompagne, juste pour voir si t’es vraiment aussi… Irrespectueux ? Imbu de ta personne ? En dehors de la réalité ? Je ne sais pas alors je bouge la main dans sa direction pour le désigner tout entier. Avec tout le monde. Vraiment, avec Enola, il ne l’est pas. Ou alors ma cousine est complètement folle et s’il y a bien d’une chose dont je ne doute pas, c’est de son état d’esprit.

Ace lâche un énième soupire, les joues gonflées. L'agacement, presque palpable, n'est pas feint, mais définitivement exagéré. Les émotions à fleur de peau depuis quelques temps, il faut dire qu'Olive n'a pas la chance de le croiser de bonne humeur. S'il aurait pu se montrer plus conciliant en temps normal, là, c'est pas le cas. D'autant qu'avec le mouvement de main qu'il distingue dans l'obscurité, la condescendance n'est pas cachée, et pleinement assumée. Il fronce les sourcils, et se tourne face à elle, croisant les bras avec la lumière du flash qui bouge un peu. Aussi quoi ? Agréable ? Courtois ? Poli ? Amical peut-être ? Débordant d'élégance, de charisme, d'amabilité et d'empathie ? Ouais, vachement. Le sourire qui étire ses lèvres accentue la provocation au travers de son attitude, et il se plante là, délaissant temporairement l'idée d'aller se plaindre aux responsables. Évidemment que j'me suis pris la tête avec eux en arrivant. Ils m'ont assuré que j'allais être seul et tranquille, et qu'ils allaient s'occuper de l'autre personne. Et de toute évidence... Sa main se dégage pour désigner Olive de haut en bas, le regard suivant le mouvement. Ils savent pas y faire, ou ont menti. Probablement des deux, en vrai. Ace imagine bien, vu l'attitude hésitant de ces gens, qu'ils lui ont tout rejeté dessus en se disant qu'il allait bien se débrouiller avec la blonde ici présente. Sauf qu'Ace n'a pas envie de faire de la place, ni pour elle, ni pour personne. Et sans un mot de plus, il se détourne d'elle pour retourner vers l'entrée de la chambre. Il récupère sa carte pour la ranger dans sa poche et pose sèchement la main sur la poignée de la porte. Qui ne bouge pas. Elle semble bloquée, et Ace essaie encore un peu de la baisser, puis il tire, pousse, râlant contre elle, causant un vacarme qui indique qu'il y a un problème. Un nouveau problème, plutôt. Putain d'porte. T'as fermé comme une bourrine quand t'es arrivée ou quoi ? Elle est coincée. Plus facile d'accuser la jeune femme, quand bien même il sait que ça ne peut pas être elle.