Kinda Outta Luck - Olive

L’après-midi libre, je pourrais en profiter pour aller patiner mais j’ai envie d’autre chose aujourd’hui. Je sais que je vais passer au moins deux heures de ma journée de demain sur la glace alors aujourd’hui, c’est vers l’escalade que je me tourne. C’est un sport qui me permet d’user du haut de mon corps aussi et j’en ai besoin, refusant souvent de faire les exercices dont j’aurais besoin pour avoir un peu plus de muscle dans le haut du corps. Arrivée à la salle d’escalade, je regarde les niveaux présents sur la fiche explicative et me lance de défi de m’occuper des appui jaune aujourd’hui. Selon la couleur, la difficulté est plus ou moins difficile et c’est un niveau médium qui m’attend aujourd’hui, de quoi me challenger quelque peu. En bonne sportive que je suis, je déteste rester dans ce qui est confortable et cherche toujours le prochain défi. Pour aujourd’hui, je l’ai trouvée sans grande difficulté. Après un passage par les vestiaires, je sors avec un legging noir, un t-shirt un peu ample et ces chaussons d’escalade horrible qui serrent mes pieds. J’ai l’habitude des patins qui font qu’on ne voit pas la forme du pied alors là, c’est étrange. Je trouve cela vraiment étrange qu’il y ait autant de souplesse dans le tissu et dans la semelle mais c’est nécessaire afin de pouvoir se cramponner aux appuis et de ne pas chuter. Je m’attache comme il faut avec l’aide de Rony et me lance dans l’escalade du mur de plusieurs mètres. Concentrée dans la tâche, je ne fais que ce que l’on m’a appris : avoir trois points d’appuis autant que possible et ne jamais hésiter à se lancer un peu pour attraper le suivant. Étant assez grande, je n’ai pas besoin de pratiquer des sauts de kangourou et c’est rassurant. Je crois que je ne tenterai jamais le niveau noir par peur de finir le nez cassé dans le mur d’escalade. Arrivée en haut, souriante et prête à me lancer dans un niveau un peu plus complexe, j’exerce un léger mouvement pour me décaler du mur et glisser avec l’aide de la corde. On dirait un petit lapin qui fait ses petits sauts parce que le but n’est pas de donner mon poids complet à la personne en bas avec la corde en mains. Cependant, à mon premier geste, je me rattrape sur les mêmes appuis. Rony ? Je crois que la corde est coincée. Que je souffle un peu fort en tirant sur cette dernière, regardant la poulie sans voir quelque noeud que ce soit. J’essaye à nouveau et cette fois-ci, baisse le visage vers le sol. Je vois rien qui bloque mais… Je suis incapable de descendre. Voilà ce que je comptais dire quand mon regard croise celui de João. Je soupire fortement et lâche fortement et froidement, perdant ma chaleur habituelle Laisses moi descendre. Je ne demande même pas où est Rony, ce n’est pas le plus important.

Lorsque je baisse les yeux vers le sol et que je croise ton regard, mon corps s’enflamme. Pas comme il a pu le faire de nombreuses fois lors de notre relation mais plutôt de colère. Je suis même étonnée que la corde ne prenne pas feu et me libère de ce traquenard dans lequel tu m’as piégé. Comment ça, non ? Que je souffle en ne lâchant pas ton regard, mes mains toujours bien agrippées aux prises jaunes. Je me demande si des gens nous regardent mais moi, je suis incapable de laisser mon regard glisser sur autre chose que toi. Je vois avec quelle aisance tu me maintiens là-haut et ça m’agace encore plus. J’ai envie de tout sauf de te parler, João. À ce moment précis, j’ai plutôt envie de te lancer ma chaussure au visage pour que ça te distrait et que tu me laisses descendre sur le sol. J’ai envie de te dire que je ne sais pas de quoi tu veux qu’on parle, parce que je n’ai rien à te dire, mais tu ne me laisses pas le choix de rester dans le doute. Utilises ton cerveau si t’as encore quelques neurones fonctionnels et tu sauras pourquoi je t’ai quitté ! Que je lance, hargneuse, et agacée qu’il n’ait pas fait le lien. Il connaît ma position sur la question, sur le fait que je ne peux pas m’afficher avec un consommateur de drogue, qu’elle soit douce ou dure. Je ne suis plus patineuse à haut niveau mais je travaille avec des enfants et continue toujours de conquérir à échelle locale. Il le sait tout ça, il sait ce que cela peut avoir comme effet sur une carrière. Je suis déjà celle qui a tout perdu du haut de ses quinze ans, je n’ai pas envie que ses choix de vie impactent la mienne. Et si je n’avais pas vraiment cherché à savoir ce qu’il se passe autour de nous, des voix arrivent à mes oreilles et des visages entrent dans mon champ de vision. Laisses moi descendre João. Je déteste me donner en spectacle de la sorte et je commence à avoir mal aux fesses et aux mains. Le harnais commence vraiment à me serrer sous les fesses et ce n’est pas agréable. Je déteste le chantage en plus de cela. Alors laisses moi retrouver le sol et je verrai si j’ai envie de te parler. Tu penses pouvoir me forcer à le faire mais s’il y a bien une chose que tu devrais savoir, c’est que plus aucun homme ne me forcera à faire quoi que ce soit dans ma vie.