Je pousse la porte du gymnase avec une légère appréhension. L’odeur de cuir et de sueur m’envahit aussitôt. C’est la première fois que je me retrouve dans un endroit comme celui-ci, et je dois avouer que ce n’est pas vraiment un terrain familier pour moi. Mon regard balaye la salle où des sacs de frappe pendent lourdement du plafond, des gens s’échauffent déjà dans un coin, et le son rythmé des coups contre les gants résonne. Une grande salle, mais paradoxalement, je me sens à l’étroit. Je me demande ce qui m’a poussé à venir ici, peut-être l’envie d'essayer quelque chose de différent, de défouler cette énergie nerveuse qui me ronge depuis un moment.
En avançant vers le centre, je repère le coach, une armoire à glace avec des épaules imposantes et un regard perçant. Il nous attend, moi et une autre nouvelle recrue.
"Vous deux, venez ici," nous lance-t-il d’une voix grave mais amicale. "Première séance, alors on va commencer doucement."
Je hoche la tête en silence, tentant de ne pas laisser transparaître mon inexpérience. Je suis ses mouvements du coin de l'œil pour essayer de ne pas paraître trop perdu, même si mon cerveau est déjà en ébullition.
Le coach nous explique les bases – comment se tenir, comment frapper, comment éviter les coups. Ses mains massives corrigent parfois ma posture, mais je sens bien que j’ai encore beaucoup à apprendre. Mes coups sont maladroits, trop rigides. Je frappe le sac avec plus de volonté que de technique, et le résultat est loin d’être convaincant.
Je jette un coup d’œil vers la jeune femme. Elle semble plus naturelle dans ses mouvements, peut-être qu'elle a déjà pratiqué un peu avant. Ça me met une certaine pression, mais je tente de ne pas me laisser distraire. Concentration.
Le coach nous observe, passant d’un élève à l’autre, et je me demande ce qu'il pense. Puis il nous fait signe de nous arrêter un moment, le regard sérieux. "Ok, c’est pas mal pour un début. Mais rappelez-vous, la boxe, c’est pas que des poings. C’est mental, avant tout. Vous devez apprendre à lire l’autre, à anticiper. On va y aller doucement, un peu d’exercice à deux, vous allez vous observer et ajuster vos mouvements."
J'échange un regard avec elle, sentant que c’est le moment où les choses sérieuses vont commencer.
(Ian Beaumont)