jude & billie ⊕ good old days

Je savais que n'importe quoi pouvait entraîner une vanne de la part de Jude, alors c'était à mes risques et périls que je lui montrais la photo que j'avais prise avec La Bête juste avant de le rejoindre. Bien sûr, il ne manqua pas l'occasion d'en glisser une petite, me faisant lever les yeux au ciel et lui taper l'arrière du crâne. Puis je me mis à rire, bien entendu, mais le compteur était remis à zéro entre nous deux, balle au centre, comme on dit. Dès que les portes s'ouvrirent, notre visage changea radicalement d'expression. La taquinerie fut délaissée pendant un instant, tandis que nous nous imprégnions de l'atmosphère ambiante. Chaque détail avait été pensé, je me demandais brièvement si la poussière et les toiles d'araignées étaient fausses, ou s'ils avaient trouvé ça en accord avec le thème au fil des années et que le staff de nettoyage avait décidé de le laisser. À priori, c'était plutôt la première hypothèse. Quoique .. J'aperçus le cast member à "l'accueil" qui faisait avancer les gens et ne pus m'empêcher de rire en le voyant toiser tout le monde, probablement bien dans son personnage. Sa tenue était d'époque ; comme je le disais, tout semblait avoir été pensé, même le livre ouvert et posé avec des lunettes sur une table, dans la décoration. « On ne va pas mourir Billie. On va dans la quatrième dimension, c’est cool non ? » Je lui lançai un regard assassin, la panique montant de plus en plus en moi.  « Si on va vraiment dans la quatrième dimension, alors oui. Si on meurt, c'pas cool ! » Nous suivions les gens hors de la bibliothèque après avoir vu une petite vidéo et en voyant les marches, je sautai sur le dos de Jude, m'agrippant contre son gré à son cou et ses hanches. « Faut que j'économise mes forces avant de mourir. Porte-moi ! » Non, je ne voulais pas économiser mes forces. Oui, je voulais juste l'emmerder. Quand nous arrivions au bout de la ligne, un nouvel homme habillé comme un groom d'antan nous attendait pour commencer à nous placer. L'ambiance si bien entretenue me fit rire et je pouffai au creux de ma main, nous attirant les "foudres" du groom snobinard. « Je crois qu'on a officiellement été désignés comme victimes, » soufflai-je à Jude tandis que le gars plaçait d'autres gens.

J’adorais déjà l’ambiance. J’avais beaucoup entendu parler de ce manège quand il avait été construit dans le parc parce qu’on avait fait beaucoup de pub autour de celu-ci. Beaucoup de gens le qualifiait comme le manège le plus effrayant de tout Disneyland et j’avais du mal à y croire. C’est vrai, comment un simple ascenseur qui tombe pouvait être effrayant ? Okay, ça devait faire un petit quelque chose, mais au point d’être le manège le plus flippant… j’avais du mal à comprendre. Or, rien qu’en rentrant dans l’hôtel où nous faisions la file d’attente, je commençais à comprendre. Il y avait une ambiance toute particulière qui nous mettait tout de suite dans le truc et la petite vidéo dans la bibliothèque, ça permettait de bien nous mettre en condition. En sortant de la bibliothèque, je disais à mon amie que au pire, nous allions aller dans la quatrième dimension mais ça ne semblait pas la rassurer beaucoup plus. « Si on va vraiment dans la quatrième dimension, alors oui. Si on meurt, c'pas cool ! » Je ris légèrement et je la regardais, ayant un peu du mal à y croire. Elle semblait flipper, mais genre…. Vraiment flipper. Je cachais alors un énorme sourire et je lui lançais d’un air taquin, « Nooooon, tu flippes là non ? Oses me dire que tu flippes pas ! » Je suivais les gars dans la file d'attente quand elle me lança, « Faut que j'économise mes forces avant de mourir. Porte-moi ! » Je n’eus même pas le temps de réagir qu’elle était déjà sur mon dos, à ma plus grande surprise. Da fuck ?! « Hey mais t’es sérieuse là ? », demandais-je en grognant alors que je continuais à marcher, n’ayant pas trop le choix que de porter mon amie sur mon dos. Nous arrivions en face des ascenseurs et là, je dois avouer que je ne me sentais pas beaucoup plus rassuré. Bien sûr, Billie se fit remarquer en riant et je lui lançais un regard noir, ne comprenant pas parce que je pensais vraiment qu’elle avait peur, alors pourquoi elle ricanait comme une gamine ? « Je crois qu'on a officiellement été désignés comme victimes, » J’hochais la tête, laissant les mecs nous placer devant l’ascenseur. « La faute à qui ? », demandais-je à Billie en levant les yeux au ciel. « J’te préviens si on meurt ici… j’t’en voudrais toute ma vie.. enfin… toute ma mort.. » Je cachais un sourire et l’ascenseur s’ouvrit, nous laissant alors prendre place à l’intérieur. Je m’asseyais à ma place et je regardais avec de gros yeux la simple petite ceinture de sécurité. Je la bouclais et je regardais Billie, « Attends, c’est ça le truc de sécurité ? C’est irresponsable ! » Moi, paniqué ? Ouais, un peu. Un peu beaucoup.

« Nooooon, tu flippes là non ? Oses me dire que tu flippes pas ! » Sceptique du fait que lui ne soit pas en train d'entrer en panique totale, je lui lançai un regard peu avenant en haussant un sourcil, comme pour lui prouver que je savais qu'il était dans le même état que moi. Pas besoin de faire le coq, je savais très bien ressemblait son expression de panique, pour l'avoir vue plusieurs fois depuis que je le connaissais. Par exemple cette fois à Cancun, où je l'avais laissé se démerder pour commander en Espagnol quand nous avions voulu manger au McDo. J'esquissai un bref sourire à ce souvenir. En montant sur son dos sans son accord, je savais qu'il y avait une forte possibilité qu'il me jette par terre, ou qu'il m'engueule, ou qu'il me pince les cuisses pour me forcer à descendre. Bref, des centaines de possibilités. À ma grande surprise, il ronchonna un peu mais continua de me porter jusqu'en haut. Comme quoi, les gens peuvent toujours vous étonner. Pour l'enquiquiner un peu plus, je lui pinçai gentiment l'oreille puis descendis de son dos une fois arrivés en haut. Le groom nous prit alors pour victimes et je rigolai dans mon épaule calmement, mais Jude le remarqua et leva les yeux au ciel. Je le bousculai du coude et continuai de rire doucement lorsqu'il - pour changer - m'accusa. « La faute à qui ? » Il avait l'air exaspéré - et complètement paniqué désormais, ce qui me fit encore plus rire. « Pas la mienne, désolée. » Je le vis lever les yeux au ciel du coin de l’œil, alors je l'imitai. « J’te préviens si on meurt ici… j’t’en voudrais toute ma vie.. enfin… toute ma mort.. » Les portes de l'ascenseur s'ouvrirent alors et Jude y entra le premier, tandis que je lui répondais en levant à mon tour les yeux au ciel. « Très subtile. Si on meurt, on s'fera des combats de culpabilité en Enfer. Si, si, toi et moi on se retrouvera en Enfer ! » J'étais tellement occupée à remballer Jude que je me mis à chercher le harnais au-dessus de ma tête, machinalement. Au moment où je me demandais pourquoi mes mains ne trouvaient rien, j'entendis un bruit de ceinture qu'on bouclait, puis Jude qui commença à se plaindre, outré. « Attends, c’est ça le truc de sécurité ? C’est irresponsable ! » Wait, what ? Complètement paniquée, je tournai la tête vers lui et l'observai maintenir une pauvre petite ceinture noire. C'était ça qui était censé nous empêcher de nous écraser contre le plafond ? Dans mon dos, j'entendis un imbécile plaisanter sur le fait que quelqu'un avait déjà réussi à se détacher pendant le ride ; je me tournai pour lui lancer un regard assassin puis me remis droite. Je bouclai ma ceinture avec précautions, tirant sur la languette jaune quinze fois pour vérifier la fiabilité. « Putain, on va mourir écrasés contre une grille. » Je lançai un coup d'oeil à Jude, qui avait l'air aussi désespéré que moi. Le groom nous fit lever les mains puis tirer sur les languettes pour vérifier que tout le monde était bien attaché. Puis il parla, mais j'étais tellement occupée à paniquer que je ne captais que quelques infos. « Vos chambres sont désormais prêtes ... Pas de photos, pas de vidéos ... Veuillez garder vos bras, vos jambes et vos pieds ainsi que votre repas, à l'intérieur de l'ascenseur. » Bien que je sois tétanisée, je ris en entendant la dernière partie. Tout devint noir, nous montâmes un peu et une vidéo commença à nous distraire. Puis mon estomac alla toucher mon cerveau.

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