Up is down, left is right, your eyes tell the sad story of your life ft. Lilia (26.09)

Up is down, left is right
Your eyes tell the sad story of your life

Lilia's place, Cambridge
Evening, Thursday 26th September
abus d'alcool - folie - envie de vengeance
  - conn. sexuelle - culture patriarcale

Refus exprimé de s'adonner aux retrouvailles de deux corps l'un à l'autre habitués, il laissa le Nord-coréen étonné, incapable de parler pendant quelques secondes alors qu'il regardait Lilia sans l'écouter. Laisse tomber, il lui répéta que ce n'était plus la peine d'échanger, elle et lui ne semblaient pas se comprendre, inutile de continuer pour davantage s'énerver. Il n'avait pas la force de se battre, trop outré et alcoolisé, il valait mieux qu'il parte. Il laissa planer l'idée qu'il finira par trouver un endroit pour se masturber avant qu'il ne soit appelé pour la Corée, sa main, au moins, pourra le lui accorder à défaut de sa bien-aimée. Fait balancé plus pour l'attaquer que parce qu'il avait besoin de se vider. S'il lui avait soumis son envie, c'était parce qu'il ne savait pas combien de jours elle sera de nouveau loin de lui. Il partit vers l'entrée, bien décidé à se chausser, rester ici n'avait plus aucune utilité si ce n'était se prendre en pleine face des leçons de morale qu'il n'avait jamais demandées. Mais elle s'interposa, encore une fois. La doctorante bloqua la porte de sortie, se mit devant lui ; qu'est-ce qu'il lui prit ? Le biochimiste mordit l'intérieur de ses joues pour ne pas lui hurler de dégager, ferma ses poings pour ne pas violemment la pousser, mais ses yeux le trahissaient plus que jamais. Il avait besoin de souffler, respirer un air non pollué par une fille de riches qui se pensait plus intelligente qu'il ne l'était ; et qu'est-ce qu'il s'en voudra d'ainsi l'avoir traitée, une fois la colère retombée. Une douche, fit-il, sourcils relevés. Il se mit à rigoler un petit instant devant cette énième absurdité avant de soudainement se stopper. Il l'obligea à reculer du peu de pas qu'il lui restait quand lui s'avança pour la coincer contre la porte d'entrée. Les deux bras l'empêchant de s'évader, il la regarda droit dans les yeux, les lèvres fortement pincées. Ses expirations étaient puissantes, au point de s'écraser sur son visage de poupée. Il laissa quelques secondes trainer avant de lui conjurer : ne me donne plus d'ordres. Plus de forme impérative utilisée lorsqu'à lui elle se permettait de s'adresser. Je ne rigole pas, il prévint Lilia, parce que peut-être que la prochaine fois il ne se retiendra pas. Du regard il se refusa de la lâcher, jusqu'à être certain que le message était bien passé. Les paumes quittèrent le bois contre lequel elles s'étaient posées, et il finit par s'éloigner. Une à une les chaussures furent retirées à l'aide de ses pieds, et il tourna les talons sans un mot accordé, se rendit dans la salle de bains - dernière fois qu'il acceptait d'exécuter. L'homme n'avait jamais à se plier aux exigences d'une femme, encore moins lorsqu'il était l'aîné. Il fit couler l'eau, avant de se déshabiller, à commencer par son haut. Il entra une fois la tiédeur validée de doigts tendus sous les jets activés, et laissa les milliers de gouttes tomber sur sa peau aux muscles contractés.

@Lilia Arnault & @Ji-hun Hwang
mise en page par (c) lovebug

@Ji-hun Hwang ✧ Lilia resta figée quelques instants, les mots de son homme résonnant encore dans sa tête. Elle avait perçu la violence de son regard, la tension dans son corps, et elle savait qu’il luttait contre ses propres démons. Pourtant, malgré tout l’amour qu’elle lui portait, elle ne put s'empêcher de frissonner lorsqu'il la coinça contre la porte, son souffle chaud et irrégulier percutant son visage. La proximité imposée, la tension dans ses muscles et l'intensité de son regard la troublaient plus qu'elle ne voulait l'admettre. Elle avait toujours su que Jay était un homme passionné, mais jamais il n'avait été aussi imprévisible, aussi consumé par une rage qu'elle peinait à reconnaître. «Arrête…» balbutia-t-elle, sa voix à peine audible, tremblante malgré elle. «Tu.. me fais peur là.» Ces mots semblaient suspendus dans l'air entre eux, lourds de signification, mais aussi chargés d'une émotion qu'elle n'avait pas l'habitude d'exprimer face à lui. Elle avait toujours été forte à ses côtés, mais à cet instant précis, elle se sentait vulnérable, déstabilisée par l'homme qu'elle aimait et qui, dans cet excès de colère et d'alcool, devenait presque un étranger. Lilia cherchait désespérément à capter un fragment de l’homme doux et protecteur qu’elle connaissait, mais ce soir, tout semblait brouillé par sa souffrance et son désir de vengeance. Elle avait toujours su qu’il luttait contre ses propres démons, mais cette fois, ces démons prenaient forme devant elle, et elle ne savait pas comment les apaiser.

Elle le regarda par la suite partir vers la salle de bains, et entendit le bruit de l’eau commencer à couler. Elle inspira alors profondément, cherchant à calmer son propre cœur, battant sous le poids des émotions. Elle savait qu’il souffrait, que la douleur et l’alcool l’avaient fait réagir ainsi, mais cela n’excusait pas tout. Elle ne voulait pas se plier à la peur, ni à sa colère. Elle attendit quelques minutes, puis décida de le rejoindre. Sans un mot, elle poussa doucement la porte de la salle de bains entrouverte. La vapeur enveloppait déjà l’espace, et elle distingua la silhouette du beau brun sous les jets d’eau. Il semblait plus calme, l’eau coulant sur ses épaules tendues, ses muscles encore contractés par la frustration. «Tu sais… je ne t’ai pas donné d’ordres… je ne veux pas te contrôler, ce n’était pas mon intention.» Dit-elle doucement, sa voix portant à peine au-dessus du bruit de la douche. Elle s’approcha légèrement, se tenant à quelques pas de lui, respectant son espace. «Je ne suis pas contre toi. Je suis avec toi, même quand tu es en colère, même quand tu me repousses… Et même si tu penses que je ne peux pas comprendre ce que tu traverses, je veux essayer. Mais je ne peux pas si tu me fermes la porte à chaque fois…» Elle chercha son regard à travers la buée, espérant qu’il comprendrait.

Up is down, left is right
Your eyes tell the sad story of your life

Lilia's place, Cambridge
Evening, Thursday 26th September
vengeance  

Ji-hun lut la crainte dans les yeux de sa bien-aimée mais il décida de s'éloigner uniquement lorsqu'il fut certain que sa volonté avait été assimilée. Plus d'impératif, rien qui ne lui soit exigé. Il rejoignit la salle d'eau, laissa couler les jets sur sa peau. Les gouttes massaient son crâne perturbé, dans lequel la morale semblait faner, mais n'avaient aucun impact sur son corps contracté, muscles paraissant figés depuis la nouvelle qu'on lui avait annoncée. Un besoin de frapper fort pour que tout finisse par se débloquer. Il ne saurait dire combien de temps il était resté immobile à cogiter, mais l'intensité de sa réflexion était telle qu'il n'entendit pas la porte être poussée, ni Lilia entrer. Peut-être que cette voix, il était en train de la rêver ? Ajoutée parmi tant d'autres pour tenter de le rendre complètement cinglé. Ce ne fut que lorsqu'il put la deviner tout près qu'il accepta qu'elle puisse être vraie. À mi-phrase il tourna la tête dans sa direction, l'écoutant clamer qu'elle sera là en toute occasion, si au moins il la laissait l'aider à mettre en place de plus humbles actions. Et je ne peux te laisser la porte ouverte si tu me refuses de le faire suivant mes règles, indiqua-t-il clairement qu'il ne les reverra pas à la baisse, derrière ça, une raison toute bête.il sera forcément l'un des prochains. De ceux sur qui ils voudront mettre la main. Ils n'étaient pas sympathiques, ces Nord-coréens. Il savait que ça allait arriver, plusieurs des siens avaient disparu tout autour du globe sans qu'on ne puisse l'expliquer, et ils n'étaient jamais rentrés dans le pays qui les avait acceptés. Nombreux Speakers avaient reçu des lettres anonymes leur ordonnant d'arrêter de parler, liberté d'expression qu'on voulait leur retirer. Qu'ils proviennent de Chine ou du Nord de la Corée, l'importance à retenir était qu'ils étaient en danger, et le doctorant faisait partie de ceux qui refusaient de la fermer. Ce sera eux ou moi, il affirma, sans peur de ce qui arrivera, mais il ne voulait pas être celui que le pays attrapera et punira pour avoir fui il y a quelques années de ça ; est-ce que tu comprends maintenant pourquoi ? Il la fixa, longuement son regard la questionna. Et puis il se permit d'attraper soudainement son bras, la tirer à lui, et tant pis pour les vêtements qu'elle portait à ce moment-là. Il n'était plus tout seul sous les jets, un membre l'entourait pour l'empêcher de s'échapper si elle le désirait, de ses doigts libres il emprunta la main pour la plonger dans ses cheveux bruns. Je ne veux pas que tu me repousses comme ça, il informa – ce n'était pas comme s'il avait vraiment le choix de tout ça. Tête baissée pour que leurs fronts puissent se coller, il osa ajouter : il n'y a qu'en toi que je peux puiser l'énergie qui pourrait me manquer; ... une fois qu'il aura atterri au Sud de la Corée.

@Lilia Arnault & @Ji-hun Hwang
mise en page par (c) lovebug

@Ji-hun Hwang ✧ Lilia se sentit à la fois désarçonnée et impuissante face à la détresse de Ji-hun, mais lorsqu'il la saisit pour l'attirer sous les jets d'eau, son instinct la poussa à rester calme malgré la situation imprévisible. Elle frissonna sous le contact de l'eau tiède qui imbiba ses vêtements, mais l'urgence de la scène éclipsait l'inconfort. Elle n’avait pas anticipé cette réaction, pas plus qu’elle n’avait su comment naviguer entre l’homme qu’elle aimait et l’ombre de colère qui semblait le consumer. Les yeux rivés aux siens, elle pouvait lire la tourmente, cette confusion qui le déchirait entre sa soif de justice et la peur palpable d’être le prochain à disparaître. Il se sentait traqué, impuissant, et elle le comprenait enfin, ce lien entre son refus de se calmer et la menace bien réelle qui planait au-dessus de sa tête. Chaque mot qu’il prononçait faisait écho à une douleur qu’elle ne pouvait qu’effleurer, mais qu’elle voulait désespérément apaiser. «Je comprends... Je comprends alors pourquoi tu veux te battre. Mais tu ne pourras rien faire si tu te laisses consumer par cette rage.» Murmura-t-elle, sa voix adoucie par l’émotion, tout en caressant ses cheveux humides de ses doigts tremblants. Son regard, malgré la crainte qui persistait en elle, ne fuyait pas le sien. «Je suis là, je serai toujours là Jay.» Elle resserra son emprise sur lui, espérant qu’il puisse ressentir à quel point elle était ancrée dans cette promesse. Elle ne reculerait pas, elle ne l’abandonnerait pas, mais elle ne pourrait pas non plus le suivre dans cette spirale autodestructrice. Leurs front se frôlèrent, cette fois d’une douceur et d’une tendresse infinie. «Reste avec moi…» Lilia savait que ce n’était qu’une petite lueur d’espoir qu’elle essayait d’allumer au milieu de son chaos intérieur, mais c’était tout ce qu’elle pouvait offrir pour l’instant. Il était celui qui devait décider s’il saisirait cette main tendue ou s’il plongerait dans les ténèbres qui menaçaient de l’engloutir.

Up is down, left is right
Your eyes tell the sad story of your life

Lilia's place, Cambridge
Evening, Thursday 26th September
none  

Lilia fut attirée et il se refusa de la lâcher, bras entouré à la taille fine à laquelle il s'était si souvent accroché. L'eau fraîche continua de se déverser, trempant les vêtements qu'elle n'avait pas eu le temps de retirer, mouillée jusqu'aux os et par la proximité réchauffée. Ji-hun l'informa qu'il avait le sentiment qu'elle pourrait lui échapper, à cause de cette traque qu'il n'avait pourtant pas initiée. Et pourtant, il n'avait qu'elle en qui puiser la force de ne pas abandonner, en qui puiser l'envie de ne pas patienter tranquillement le jugement dernier. Parce qu'il y avait tant de projets desquels ils n'avaient pas eu le temps de parler, il ne pouvait se résoudre à laisser sa place tant il savait l'aimer. Les doigts finirent par s'agripper à ses cheveux comme désiré, et les fronts décidèrent de se rapprocher, promesse soufflée de la femme qu'il voulait pour l'éternité.  Il la serra plus fort, de deux bras qu'il plaça autour d'elle, le bas de son visage porté vers l'avant dans le but d'embrasser la demoiselle, mais il s'arrêta lorsqu'une supplique parvint à son oreille. Il ouvrit les paupières qu'ils avaient momentanément fermées, et finit par la dévisager. Il avait beau savoir que ça lui ferait plaisir, il ne pouvait se résoudre à lui mentir. Il ne répondit rien, soupira longuement le Nord-coréen, puis se recula laissant tomber la main de ses cheveux bruns. J'ai terminé, il lâcha avant de la contourner, laissant la douche au cas où elle voudrait l'utiliser. Il emprunta une serviette dans le meuble d'à côté, puis essuya son corps, le dos tourné ; elle avait raison, il valait mieux qu'il aille se reposer, plutôt que de continuer à échanger sur un sujet sur lequel ils n'allaient jamais avancer. Il laissa Lilia, dans l'incompréhension de ce qui se passait - un coup chaud, un coup froid, et se retira dans la chambre où il dormira. Dans l'une des armoires, des changes avaient été empilés à force de rester, il prit de quoi s'habiller, gardant le silence jusqu'à ce qu'il aille s'allonger. Bras derrière la nuque, tête sur l'oreiller, il fixa le plafonnier dont la lumière éclairait la chambre à coucher et patienta le retour de sa bien-aimée. Malgré l'alcool, malgré les kilomètres parcourus, il n'avait pas l'impression d'être fatigué, signe que les insomnies allaient s'abattre sur la qualité de son sommeil, comme par le passé. Il n'en dit rien, persuadé de pouvoir gérer - après tout, ne l'avait-il pas déjà fait ?

@Lilia Arnault & @Ji-hun Hwang
mise en page par (c) lovebug

@Ji-hun Hwang ✧ Lilia resta un instant figée sous l’eau, le regard perdu là où Jay se tenait quelques instants plus tôt. Ce même homme qu’elle croyait connaître, mais qui semblait se transformer devant elle, opaque, inaccessible. Quand il avait tourné les talons sans un mot, quelque chose en elle s’était fissuré, laissant la frustration s’insinuer sous sa peau, en même temps que l’eau glaciale qui imprégnait ses vêtements. Un tremblement la secoua, et elle sentit les larmes qu’elle contenait monter irrésistiblement. Ce poids, cet amour auquel elle s’accrochait de toutes ses forces, semblait lui échapper sans qu’elle puisse rien y faire. La gorge nouée, elle laissa finalement libre cours à son chagrin, se déversant en même temps que les gouttes sur son visage. Elle finit par retirer ses vêtements trempés, chacun semblant plus lourd que le précédent, comme s’ils emportaient avec eux un peu de cette peine qui l’envahissait. Elle resta un moment sous l’eau, laissant la chaleur l’apaiser, avant de se laver lentement, presque mécaniquement, en essayant de rassembler les morceaux de son calme.

Une fois sortie de la douche, la jeune femme se sécha et enfila une tenue confortable dans sa chambre. Elle se dirigea, par la suite, vers la cuisine, ses pas résonnant dans le silence de l’appartement. Ouvrant un placard, elle prit une bouteille de vin et se servit un verre, le liquide écarlate contrastant avec le calme apparent de la pièce. Elle porta le verre à ses lèvres et prit une longue gorgée, cherchant dans l'amertume du liquide une échappatoire à la douleur qui lui nouait le ventre. Mais la chaleur de l'alcool ne suffit pas à dissiper la tension. Tout en elle semblait prêt à exploser, chaque muscle tendu, chaque pensée bourdonnant sous la surface. Puis, sans qu’elle ne le réalise vraiment, sa main se crispa, et le verre qu’elle tenait se brisa soudainement, éclatant sous la pression de sa prise. Les morceaux de verre tombèrent en un tintement aigu sur le sol, dispersés en éclats. La brunette se figea, un instant abasourdie par son propre geste, puis, les larmes reprenant de plus belle, elle se baissa pour ramasser les débris, ses mains tremblant de frustration et de peine. Finalement, elle ne put plus retenir ses sanglots. Elle s’assit, accroupie au milieu des morceaux brisés, et pleura à chaudes larmes, ses épaules secouées par une tristesse qu’elle n’avait plus la force de dissimuler.

Up is down, left is right
Your eyes tell the sad story of your life

Lilia's place, Cambridge
Evening, Thursday 26th September
none  

Habillé d'un des pyjamas qu'il avait laissés, à force des nombreuses nuits lors desquelles il était resté, Ji-hun s'en alla s'allonger, sur le dos et bras joints sous sa nuque en guise de double oreiller. Il laissa les jets de la douche qu'il pouvait encore entendre rythmer le temps qui continuaient de s'écouler alors qu'il fixait le plafonnier sans - presque - cligner. Il eut le temps de penser à la demande de sa bien-aimée à laquelle il ne pourra jamais répondre par l'affirmatif comme elle semblait le souhaiter, parce qu'une part de lui savait qu'il n'y avait qu'un seul moyen pour faire comprendre aux espions nord-coréens qu'ils ne devaient pas trop faire les malins, mais comment le faire comprendre à Lilia quand sa morale avait été régie par le modèle français et américain ? Alors, il ne dit rien, attendit patiemment qu'elle vienne se poser auprès de lui jusqu'au petit matin. Elle apparut finalement de la salle de bains, seul moment où il délaissa le plafonnier de ses yeux bruns. Il la regarda se changer, immobile, aucun mot articulé, pas même lorsqu'elle préféra rebrousser chemin plutôt que de venir lui réclamer un câlin. De nouveau la lumière de la chambre à coucher fut la seule distraction sur laquelle il put compter, se sentant incapable de fermer les paupières pour se reposer. Il resta pensif, peut-être préférait-elle rester dans son coin ? Il ne vit aucun mal qu'elle ait besoin de rester loin. Alors il laissa les secondes passer, puis les minutes défiler, n'entendit rien de ce qui pouvait se dérouler dans les pièces d'à côté, jusqu'à ce qu'un bruit de verre ne vienne à lui parvenir, le fasse sursauter ; et les pleurs qui finirent par se faire remarquer. Lilia, il l'appela, l'oreille attentive à ce qu'elle lui répondra. Mais rien, pas une voix. Il hésita puis du lit se retira. Il parcourut le petit couloir jusqu'au salon, découvrit sa compagne au milieu du résultat de sa frustration - de sa déception. Qu'est-ce que t'as fait, il la réprimanda, arriva à grandes enjambées pour constater les dégâts. Il s'accroupit, prit ses mains pour voir si elle était blessée et, dans sa peau, quelques morceaux s'étaient logés. Ça ne semble pas être profond, il affirma après qu'il ait inspecté la paume avec attention, je vais pouvoir les retirer avec une pince à épiler. Celle qu'elle devait avoir dans l'un des tiroirs où il n'avait jamais fouiné. Il releva son regard sur le visage de sa bien-aimée, pinça ses lèvres fortement en voyant les perles dégringoler. Pleure pas, il la supplia alors que sa chevelure fut caressée par ses autres doigts, ne te fais pas mal à cause de moi. Il savait être la cause de tout ça. Hm, il lui demanda de confirmer qu'elle n'allait plus s'énerver, pulpes descendues pour venir toucher le faciès de sa dulcinée, pouce prêt à attraper chaque goutte qui se permettrait de couler.

@Lilia Arnault & @Ji-hun Hwang
mise en page par (c) lovebug

@Ji-hun Hwang ✧ Lilia sentit sa gorge se nouer en entendant ses pas approcher, incapable de lever les yeux vers lui. Elle était accroupie, les mains tremblantes, observant d’un regard vide les débris de verre éparpillés autour d’elle, le vin rouge s’étalant en fines rigoles sur le sol. Elle ne s’attendait pas à ce qu'il vienne la trouver, et lorsque ses doigts solides se refermèrent doucement sur ses poignets, elle sursauta légèrement, mais se laissa faire, incapable de résister. Son toucher était précis, attentionné, et pourtant, elle sentit un déferlement de tristesse se mêler à la colère en voyant à quel point il prenait soin d'elle dans un moment comme celui-ci, alors que quelques minutes plus tôt, tout semblait si fragile entre eux. Elle se laissa doucement faire, ses larmes reprenant de plus belle malgré sa tentative de garder la tête haute. Quand il caressa sa chevelure, elle ferma un instant les paupières, ses traits se détendant légèrement sous cette tendre attention, bien qu’elle sente que son cœur était toujours lourd. Les mots murmurés pour la rassurer, pour lui demander de ne plus pleurer, ne faisaient qu’aggraver son malaise, un mélange d’amour et de frustration qu’elle n'arrivait pas à réconcilier. Elle ouvrit enfin les yeux, et son regard croisa le sien. Dans ses yeux, une tristesse profonde qu’elle ne prenait plus la peine de dissimuler, ses larmes traçant des lignes brillantes sur ses joues. Elle hoqueta entre ses larmes, repoussant sa main et essuyant maladroitement ses joues de sa main gauche tremblante, elle balbutia, presque comme une excuse . «Je…je…vais..bien…» Mais sa voix n’avait plus de force, et ses mots semblaient vides, des échos sans conviction. Elle détourna alors les yeux, observant les débris de verre éparpillés autour d’elle, le vin qui s’étendait en traînées sombres sur le sol comme une preuve irrévocable de ce qu’elle venait de faire. Elle resta ainsi, figée, une fraction de seconde, réalisant pleinement l’ampleur de son geste impulsif. Son regard se perdit dans le désordre, avant de finalement tourner la tête vers le jeune homme, l’expression éteinte, presque absente. «Je vais tout ranger, » murmura-t-elle d’une voix monocorde, sans oser soutenir son regard plus longtemps. «Tu peux retourner dormir. Désolée de t’avoir réveillé…» Elle se releva lentement, rassemblant mécaniquement les morceaux de verre, chaque geste empreint d’une lassitude profonde. Elle essayait de garder la tête froide, de reprendre le contrôle de ses émotions, mais à chaque éclat de verre ramassé, une nouvelle larme coulait, trahissant la façade fragile qu’elle tentait de maintenir.

Up is down, left is right
Your eyes tell the sad story of your life

Lilia's place, Cambridge
Evening, Thursday 26th September
none  

Paumes inspectées au milieu du verre brisé, Ji-hun constata qu'il n'y en avait qu'une qui avait été blessée, morceaux enfoncés dans la peau sans gravité. Il était persuadé qu'ils pourraient être retirés avec une pince à épiler, et il jura de l'aider à les enlever, aussi minutieusement qu'il le faisait lors des travaux liés à sa spécialité. Il fera attention, notamment parce qu'elle avait toute son affection. Mais Lilia refusa, objectant par ce « je vais bien » qui le recala. Il la dévisagea, chacun de ses traits inspecté pour tenter de comprendre ce qui la bloqua - elle ne le regardait même pas, pas avec cette intensité qu'il lui connaissait en tout cas. Il arrêta les caresses - et tout le reste. Il accepta qu'elle le repousse sans riposter, parce qu'il ne savait pas si ça pouvait tout arranger ou tout empirer. Ses réactions jusqu'ici n'avaient pas été appréciées, alors il valait mieux de ne pas forcer, d'exécuter au moins cette volonté qu'elle articulait de vouloir, seule, entièrement, se débrouiller. Sa main glissa de sa chevelure et il l'observa poursuivre l'aventure. Recherche des bouts cassés malgré sa peau écorchée, comme si, dans le récipient tombé, elle y voyait là la seule façon de pouvoir recoller les morceaux de leur couple fissuré. Très bien, il murmura, regarda silencieusement Lilia qui ne trouva pas la peine de faire de même pour cette fois. Elle choisit l'indifférence de ce qu'il comprenait là, malgré les larmes qui en disaient long sur ce qu'à l'intérieur il se passa. Comme tu voudras, il ajouta après quelques secondes à patienter, lui offrir l'opportunité de le retenir plutôt que de l'éjecter. Il finit par se relever, éviter les traces de rouge que le vin avait dessiné et repartit dans la chambre à coucher, sans se retourner, comme elle le lui avait suggéré. Il s'allongea de nouveau, tenta de faire fi des sanglots. Il se tourna, à la porte montra son dos. Allongé de côté, il observa l'oreiller sur lequel, peut-être, elle ne viendra jamais se reposer, préférant le canapé ou la chambre d'ami qui se trouvait à côté. Pour autant, il ne changera pas d'avis, il se battra pour les siens, il leur avait promis, même si, pour ce faire, il devra mettre de côté sa vie - la mette probablement en danger aussi.

@Lilia Arnault & @Ji-hun Hwang
mise en page par (c) lovebug