is it the end of the road ? [rosace]

Suffisant. Pas entier, mais suffisant. Mais de qui elle parle ? Il fronce les sourcils, blessé par sa propre pensée ; de qui elle parle ? De lui ? De son Ace imaginaire ? De l'Ace brisé qui vrille pour rien ? De celui de mercredi ? Ou celui d'hier soir, dont elle n'a pas connaissance ? Elle s'éloigne, et il la laisse partir. Il reste planté là, comme un con, à regarder le sol, et quand il relève le nez, c'est pour regarder le paysage qui n'a rien d'apaisant ; alors il s'en détourne et revient vers sa moto. Il regarde où va Rose du coin de l'oeil, mais ne la rejoint pas. À la place, il s'assoit par terre, dos au soleil, et... attend. Les genoux posés sur les coudes, la tête basse, honteux, à songer à tous ses échecs, auxquels s'ajoute une tentative avec Rose.

Trop perdu dans ses sombres pensées pour la remarquer, il sursaute presque en voyant sa silhouette apparaître dans son champ de vision ; ses yeux s'ouvrent en grand, et il n'a pas même le temps de parler qu'elle l'enlace. Et c'est peut-être le geste qui le rattrape ; parce qu'il y réagit rapidement, et passe ses bras autour d'elle. Il l'attrape avec force, ses doigts s'agrippant à ses vêtements, et se noie contre elle. « Je suis désolé... » Elle est revenue, encore. Il le sait, il fait pitié à côté, c'est toujours elle qui rattrape le coup, alors il s'accroche encore plus fort, la voix étouffée dans ses vêtements. « J'vais aller mieux. Je veux aller mieux. J'en ai marre. Juste marre de ma tête. » Le coeur qui s'emballe, semblant taper plus fort que toutes les fois d'avant.

Rose s'asseoit, et Ace pose son front sur son épaule. Il se rassure avec sa présence, soupire dans ses bras. Il a besoin de quelques longues secondes avant de relever le visage pour pouvoir la regarder dans les yeux, et sa main se pose sur sa joue pour essuyer les quelques traces de larmes qu'il voit. « Je suis pas l'homme que tu vois en moi. Pas encore. J'suis faible, colérique, impulsif, rancunier. Paranoïaque, instable. Et je vais merder, plus d'une fois. Je veux juste... » Il inspire, puis expire. « Je veux juste pas que mes erreurs nous détruisent. C'est moi qui dois te rejoindre. Te rattraper. Pas toi qui dois t'abaisser à mon niveau. »

« J'le suis. » qu'il s'empresse de répondre, malgré la tristesse sur le regard. « J'veux pas que tu t'imagines que t'es pas suffisante. Quand tu t'attaches les cheveux... quand tu réfléchis à comment t'habiller... quand même tu roules des yeux parce que j't'ai pas écoutée et que ça te gonfle de répéter, ou quand tu souris en sortant des cours... J'suis heureux. » Sa deuxième main se pose sur l'autre côté de son visage. « Je suis juste... pas prêt... pas apte à pouvoir remplir ce rôle... je vais briser nos promesses... encore et encore. Je veux pas disparaître de ta vie, je veux juste... du temps. » Le temps qu'il apprenne à se connaître davantage, qu'il sache ce qu'il a et comment le combattre ; qu'il affronte son père, s'en défasse, qu'il surmonte sa colère contre cet homme invisible, se pardonne ses ratés.

« Te quitter ? » Il souffle avec un léger sourire. Ça ne l'amuse pas vraiment, mais avec juste ce choix de mot, elle verbalise quelque chose qu'ils ont refusé de nommer, à ses yeux. « Ça me crèverait le coeur qu'on ne se parle plus. Qu'on s'ignore. Je peux juste pas te mettre en cage et t'isoler. » Sa main droite remonte un peu sur son visage, le caresse du bout des doigts en replaçant quelques cheveux sauvages. « Je te veux toujours autant. T'embrasser, te toucher, t'admirer. Mais je vais devoir le faire... d'un peu plus loin. Pendant un temps. C'est tout. »