Lou E. Gray-Howard ✱ Taylor Warren

Mon histoire

Je t'aime. Moi non plus. Rien, plus rien. Le silence, le vide, le froid. Je t'aime. Enfin je crois, enfin j'en suis sûr. Je te déteste, reviens, non pars. Reste là bas, loin de moi. Je pense à toi. Je t'oublie, puis non. Tu es là, tout près de moi. Puis plus rien. Arrête de jouer, laisse mon coeur... Ne m'abandonnes pas. Donnes moi ta peau, tes lèvres, tes seins, tes reins, tes cheveux, ton souffle. Tout, donnes moi tout. Quoi ? Je t'échange  mon âme pour un fantasme. Je t'aime, pas toi ? Si, aimes moi. Aimes moi je t'en prie ou je ne suis plus rien. Je me meurs sans toi.. Tu reviens ? Non pars, pars. Laisses moi sans me laisser. Tant pis. Je rêve de toi, je cauchemarde. Imagines moi. Je t'aime, on se déteste. On est fort minable. Quelle douce contradiction, je t'aime et c'est pour ça que je te déteste.



Danser. Pourquoi ? Pour parler en silence, pour dire les choses sans prononcer un mot. Pour ne pas briser le silence, celui que tu as laissé peser sur ma vie après ton départ. Danser pour avoir à faire quelque chose et ne pas rester à végéter dans ma chambre si glauque sans nos rires, sans nos discussions, sans nos gémissements. Danser, c'est comme cracher à la gueule de ton absence. C'est remplir un vide qui grandit de jour en jour dans ma poitrine. C'est s'épuiser jusqu'à la mort. C'est aussi arrêter de penser. Penser à toi. Le matin, le midi, le soir.. Maintenant. Danser, c'est s'interroger, aller au plus profond de l'amour que je te porte. Au plus profond de ton idéal. C'est me noyer dans ta personne sans que tu sois présente. Tu ne seras plus jamais présente, tu es partie. Tes promesses se sont envolées. Pas de lettre, pas de visite, pas de message. Rien. Juste le manque et la distance. Danser, avec la magie au pied. Écraser le temps, n'être plus qu'un élément du tout. De notre tout. Je danses pour ce qu'on a vécu, ce qu'on aurait pu vivre encore. Je danse ce que nous étions, était. Ce qu'on sera toujours. Ce qu'on aurait pu devenir. Je danse ma détresse, ma douleur, mon amour, mon amour, mon amour... Tu le seras toujours. L'orchestre s'est tu, tu es partie. Abandonnée sur la piste, je regarde les couples se faire se défaire mais moi je reste seule. Tu es hors de ma vue, mais je sais que l'amour qui nous lie te fera rester seule aussi. Je l'espère, je le prie. Je suis égoïste. Peut-être devrais-je te laisser aimer à nouveau. Non ! Non non ! Tu ne peux pas, on doit rester ensemble pour l'éternité Gwen. On se l'est dit.

Peut-être suis-je étrange. Peut-être que c'est inhumain de rester aussi longtemps coincée ainsi dans une relation surement inexistante. Si, elle existe, encore. Encore et encore. Un ans, Deux ans, trois ans, quatre ans, cinq ans... Encore. Tu as beau être loin de moi Gwen. Je t'aime, non en fait. Si. T'aimer est si douloureux. Sentir le tranchant de mon amour blesser ma chaire est jouissif. Je ne peux m'en passer. Peut-être suis-je masochiste. Surement. La douleur qui accompagne mon amour ne peut pas être néfaste. Et puis, c'est tout ce qui me reste, en plus des quelques photos que tu as laissé. Le désir aussi, la frustration. La folie. Suis-je folle ? Peut-être. Folle de toi, j'en suis sûre. Alors je danse. Jour et nuit, heure après heure. La danse, une pensée triste, une poésie muette. J'écris des poèmes avec mes pas, je fais vivre les mouvements inexistants de notre relation. Tu l'as enterré vivante et je me débats pour la faire revivre. Elle revivra. Ma démarche n'est elle pas romantique ? Si, elle l'est. Chaque muscle de mon corps opère à faire de nous un couple plus fort encore. T'en rends-tu compte à l'autre bout du pays ? Sens-tu entre nous le lien de notre amour plus fort encore ? Je raconte notre histoire par de souple mouvement de corps. Gwen, Gwen... Tu m'aimes ? Je t'offrirais volontiers une danse si tu étais présente. Celle-ci est si importante à mes yeux maintenant. C'est le lien qui se tisse entre nous, sans mots, sans danger. Juste l'amour, toi, moi, la danse. Le paradis. Six ans, sept ans... Je ne sais pas où en est ta maladie. Je ne sais pas si tu vas bien, si tu vas mal. Je ne sais pas. Je ne sais plus. Tu me manques, en fait non. En fait si. Parfois j'entend parler de toi, mon coeur accélère. Puis s'arrête. Je n'apprend rien. L'ascenseur émotionnel auquel je suis victime creuse plus profondément l’orifice que j'ai à la poitrine. Ce trou dans lequel battait auparavant mon coeur. Entendre ton prénom est devenu un supplice. Je veux rester seule avec ton souvenir. Reviens, reviens Gwen. Je ne peux pas partir, si.. Non. Reviens si tu m'aimes. Tu ne reviens pas. M'aimes-tu ? Je t'aime. Je te déteste, tu es mon enfer personnel et ma porte d’échappatoire est la danse. La danse, Gwen, la danse, Gwen. C'est ça ma vie, ça à répétition, pour toujours. Pour toujours.

Boum. Une bombe a explosé, l'idée même que tu sois blessée ne m'a pas effleuré. Non, rien ne peut t'arriver puisque je t'aime. La joie malsaine de punir les gens d'Harvard qui t'ont volé à moi, suite à ton départ de la clinique ,m'a fait doucement rire. Puis j'ai compris. J'ai compris que peut-être tu étais blessée, peut-être que tu étais morte. Morte, morte, morte... L'idée de te perdre m'a fait comprendre à quel point les années passées sans toi était ... Les pires de ma vie. Je suis partie, si ce n'est pas toi qui vient à moi. C'est moi qui vais venir. Attends moi Gwen, j'arrive.