whats poppin ft. Gabe

T’aimais clairement pas parler de ton accident, et tu voulais éviter d’aborder le sujet, mais tu savais Gabe curieux et tu trouvais, ça légitime en tant qu’ancien fan de savoir pourquoi il n’avait plus la chance de te voir sur les circuits de courses. Un long soupir s’échappe de ta bouche alors que tu lui en parles sans évoquer les détails, simplement en précisant les conditions actuelles, laissant un long silence se suspendre dans la pièce par la suite. Tu hausses les épaules alors que tes doigts tapotent nerveusement ton verre. T’allais éviter de te resservir pour le moment, ne voulant pas sombre doucement dans une ambiance un peu trop arrosée et dévoiler des choses que tu voulais garder secrètes. — Hmm… Que tu maronnes dans un râle peu convaincu. — Pas pour moi l’Indy ou la Nascar. Il est vrai que tu aurais clairement pu basculer dans une autre catégorie, remporter des prix autres qu’en formule. Mais c’était ton rêve à toi, devenir champion du monde de F1 et tout s’était brutalement arrêté parce que ton pote avait perdu le contrôle de sa monoplace. Tu ne savais pas la faute à qui, dans le fond, tu t’en foutais… C’était lui le coupable et tu n’arriverais jamais à la digérer, même si ta mère t’avait dit qu’il t’avait rendu visite à l’hôpital, ça ne changerait rien, ça n’excuserait rien. Énième soupir, tu finis par écouter Gabriel et ses histoires de cœur attentivement. T’étais pas le mieux placé pour lui donner des conseils, mais… t’avais été amoureux et tu savais ce que ça faisait de perdre son premier amour et de la voir heureuse avec quelqu’un d’autre. Ça te foutait en rogne, mais tu ne pouvais rien y faire. T’allais pas t’imposer et ruiner son couple pour qu’elle t’en veuille jusqu’à la fin des temps. — Laisses pas tes peurs prendre le dessus mec… Si t’as envie d’être avec elle alors fonces ? Parles-lui de tout ça et fais lui comprendre que tu veux que ça marche cette fois-ci. Tu marques une petite pause, finissant par te servir à nouveau de l’alcool. Jouer les entremetteurs ça donne soif. — Si y’avait pas eu cet incident, vous seriez sûrement toujours ensemble. J’trouve que ça a l’air d’une bonne fille. Elle pouvait ne jamais rien te dire et te laisser dans l’ignorance totale jusqu’à ce que tu l’apprennes de la bouche de quelqu’un d’autre. Et même si tu détestais les tromperies et tout ça, t’avais visiblement quand même du respect pour elle. — C’est juste des préjugés à la con ça… De pas se remettre en couple avec une exe. J’pense que tu souffrirais beaucoup plus de la perdre encore une fois en la laissant s’échapper que de retenter quelque chose.

Gabe écoutait attentivement Orion, son regard scrutant les émotions qui traversaient son visage. Il pouvait sentir la lutte intérieure de son ami, ce combat silencieux entre le passé et le désir d’aller de l’avant. Quand il évoqua son accident, une légère tristesse assombrit l’atmosphère. Gabe savait que c’était un sujet délicat, mais il se sentait honoré que le pilote partage même une fraction de son histoire. « Je suis désolé que tu aies dû vivre ça, » murmura-t-il, la compassion imprégnant sa voix. Il n’y avait pas grand-chose d’autre à dire, mais il voulait qu’il sache qu’il était là, prêt à écouter. Puis, il se tourna vers ses propres dilemmes relationnels, et Gabe se redressa légèrement, prenant note de chaque mot. Les conseils qu’il donnait venaient du fond du cœur, car il savait ce que c’était de laisser la peur dicter ses actions. « T’as raison », répondit-il après un moment de réflexion, un sourire léger sur les lèvres. Il se mordit la lèvre, hésitant. « J’ai juste peur de tout foutre en l’air, de perdre encore une fois quelque chose de précieux, mais je n’arrive pas à ignorer ce que je ressens pour elle. » Il se ressaisit, prenant une gorgée de son verre, avant de poursuivre, son ton devenant un peu plus déterminé. « Je vais lui en parler... un jour. Peut-être. » En posant son verre, il se pencha légèrement en avant, regardant son ami droit dans les yeux. « Et toi, peut-être que je pourrais te revoir sur une piste, un jour ? »

Un long soupir révélateur s’échappe de tes lippes alors que tu abordes ce que tu appelles le sujet interdit. Il faut dire que t’aimais pas en parler et t’aimais encore moins avoir la pitié du monde pour ce qui t’était arrivé. Tout ce que tu voulais, c’était oublié toute cette histoire, mais à chaque fois que tu passais la porte d’un cabinet médical, tous les flash-back te revenaient en tête et tu avais du mal à faire la part des choses. Tu avais alors quelque peu déconnecté, regardant ce verre sur la table comme si ton âme s’était évadée de ton corps un instant. En fait, tous les souvenirs remontés à la surface jusqu’à ce noir lugubre et ce bourdonnement dans les oreilles qui semblaient actuellement si réels. Tu finis par te gratter la gorge, revenant à toi avant de tirer une légère grimace. Oh ça, tu aurais préféré simplement parler de filles avec Gabe, mais, en tant qu’ami, tu ne pouvais pas le laisser dans l’ignorance la plus totale. Tu passes alors ta main dans tes boucles châtaines, quelques-unes tirant plus vers le blond foncé, tu ne sais pas vraiment pourquoi. — J’sais pas en vrai. Peut-être que tu me verras plus en team principal ou un truc du genre que pilote a proprement dit. Ou alors j’essayerai de faire des Grand Prix historiques, qui sait. Puis tu attrapes ton verre avant de le boire cul sec, même si ce n’était pas le meilleur alcool pour ça. Mais bon, t’allais pas demandé à Gabe de sortir un truc beaucoup plus fort par simplement plaisir personnel. — Qui ne tente à rien n’a rien Gabe ! Que tu souffles, la gorge brûlante sous le malt qui la tapissait. — Moi, j’te dis que si t’es vraiment amoureux d’elle alors ne perd pas trop de temps pour la faire tienne. Et essaye de positiver ! Tu vas te remettre avec et ça va bien se passer. Puis sur le ton de plaisanterie et un petit sourire espiègle en coin de lèvres, tu ajoutes. — Et ne traînez pas pour me faire un neveu ou une nièce après ça. J’peux pas t’entraîner toi à devenir pilote de F1, t’es trop vieux, mais j’peux le ou la rendre super fort !

Gabe écoutait son ami avec une attention silencieuse, bien qu'il ait senti le poids de la conversation se poser sur leurs épaules dès le début. Ce long soupir qui avait échappé à ses lèvres en disait long, et Gabe avait senti que cette conversation allait aborder des sujets sensibles. Il respectait cela, laissant l'autre parler à son rythme, sans forcer. Quand il avait mentionné l'idée de peut-être devenir team principal ou de se tourner vers les Grands Prix historiques, Gabe avait hoché la tête, comprenant la nécessité de se projeter autrement. Gabe avait toujours eu un profond respect pour ce pilote, et le voir encore jongler avec ces pensées le touchait plus qu'il ne le montrait. En entendant le « Qui ne tente à rien n’a rien », Gabe sourit légèrement, bien que ce soit un sourire emprunt de complicité et d'un peu de mélancolie. Il connaissait bien cette phrase, l'ayant souvent prononcée lui-même dans des moments d'incertitude, et il savait à quel point elle pouvait aussi masquer des doutes profonds. Il sentit la brûlure dans la gorge de son ami en le regardant descendre son verre d'un coup sec, et il aurait voulu lui dire que parfois, ce n'était pas si simple d'aller de l'avant, mais il garda cela pour lui.  Mais ce fut la dernière remarque, celle concernant son amour pour Clémence, qui fit sourire Gabe un peu plus franchement. Il se mit à rire doucement en secouant la tête, amusé par l'idée de recevoir un conseil de ce genre, surtout de lui. « Moi, un neveu ou une nièce, hein ? » Il leva les yeux au ciel en rigolant. « J’sais pas si on est pressés à ce point-là, mais qui sait, peut-être qu’un jour t’auras l’occasion de l’entraîner à devenir pilote. » Gabe réfléchit un instant, repassant mentalement les conseils de son ami. C'était vrai qu'il avait des doutes parfois. Ce n'était pas toujours facile de croire que les choses allaient bien se passer entre lui et Clémence, surtout avec tout ce qu'ils avaient traversé ensemble. Mais il l'aimait profondément, et c'était sans doute la seule certitude qui le maintenait à flot. « J’essaye de positiver, tu sais. Mais ça fait peur parfois. On a déjà traversé tellement de trucs. Mais t’as raison. Je devrais me battre pour elle. » Il reprit une gorgée de son propre verre, plus lentement cette fois, et reposa son regard sur son ami. « Et toi, les amours alors ? »

Tu plaisantais grandement, mais en fait, tu voulais surtout détendre l’atmosphère et éviter de trop penser à ton accident et tout ce qui en suivait. T’en avais marre de devoir être suivi et de devoir passer des batteries de tests pour savoir si tu allais bien et tu avais beaucoup trop de médicaments à prendre que bon, t’avais juste pas envie d’emmerder le monde avec tes soucis de santé. Alors quand t’avais évoqué un bébé pour t’occuper, t’avais finis par exploser de rire. Haussant les épaules, tu l’écoutes parler de façon plus guillerette, un peu plus détendu. Tu le connaissais peu encore, du moins, pas à travers ton casque, mais tu appréciais le voir heureux comme ça. — J’commence à me faire vieux moi, laisse-moi être en forme pour en faire un ou une champion.ne de formule 1 ! Mais tu taquinais ton ami bien évidemment, il n’était en rien pressé à quoi que ce soit, qu’il s’occupe déjà de reconquérir sa dulcinée et ça serait le top. — J’déconne, après j’vais jouer à la Play avec qui genre ? T’auras un bébé dans les bras, tu pourras plus rien faire à part des biberons ou changer des couches… T’avais pas hâte toi-même de rentré dans le club très fermé des potes qui lâchent les soirées et la console pour passer du temps avec leurs copines et leur petite famille tout mignonne. Tu savais pas te gérer toi tout seul, t’allais sûrement pas pondre un mioche maintenant. Puis tu t’enfonces un peu dans ta chaise, commençant à faire un petit moment de bascule, tentant le diable avec la gravité. Bras croisés, tu fronces les sourcils dans une pure réflexion. — Justement ? T’as traversé plein de trucs avec elle et tu l’aimes toujours autant et j’pense qu’elle aussi sinon vous ne serez pas autant collés ensemble. Donc fonce et te prends pas trop la tête sur les questions ou si t’as peur comme j’te dis, parles lui en ! Toujours en équilibre sur ta chaise, tu souris en coin avant de passer ta langue sur ta lèvre inférieure suivit d’une aspiration, signe de mal-être. — Rien ahah... J’suis tellement con que je cause à mes ex, mais bon, j’ai pas le temps pour les meufs moi entre les cours et mes examens… On verra plus tard quoi. Autant a ton mariage, je serais toujours célibataire !

Il se laissa aller, taquinant son pote avec un sourire narquois. « Tu rigoles, mais je te verrais bien sinon team principal. J’espère t’y as pensé. Et évidemment, t’as intérêt à être dans LA bonne équipe. » Gabe sourit encore. En se balançant sur sa chaise, les bras croisés, il se pencha en arrière, une légère moue sur les lèvres. « Les bébés ça dort non ? » Ca dort oui, mais ça pleure aussi beaucoup. Tout dépend des bébés. Mais pourquoi se mettaient-ils à parler de ça ? Gabe ne se voyait pas encore père. Encore un enfant dans l’âme. « Ouais t’as surement raison. On verra. Au pire, si je me prends un vent, je viendrais pleurer dans tes bras. » Car oui, il avait du mal à imaginer que Clémence puisse vouloir la même chose que lui. L’impression d’être le seul à penser à tout ça, à imaginer un futur avec elle. Mais Orion avait raison : il devait lui parler pour en être sûr. Et ne pas attendre quinze foutues années. Quelle idée stupide. « A tes exs ? Au moins tu sais ce que tu as perdu… et ce que tu pourrais récupérer. » Il ne pouvait pas lui faire la morale là-dessus. « Tu veux terminer avec une petite italienne avoue ! En plus, tu serais sur le devant, en tant que garçon d’honneur… Elles te verront toutes. »

La chaise basculante dangereuse vers l’arrière, tu manquais te perdre ton équilibre à plusieurs reprises avant que tu ne te redresses, les mains venant se plaquer contre tes cuisses dans un geste rapide et franc. Le nez qui se plisse dans une petite grimace, tu hausses les épaules avant de rire légèrement. — Ouais, j’y ai pensé en vrai, mais à part McLaren, tu vois, j’suis pas trop chaud d’aller ailleurs quoi. Je les connais tous et je suis habitué avec eux. Que tu souffles, ne sachant pas trop de quoi pouvait être faite ta future carrière. Puis après tout, tu ne voulais pas trop y penser. Tu ne voulais pas de faire de faux espoirs en t’imaginant déjà à la tête d’une écurie, mais tes pensées revenaient doucement sur Gabe avec un rire sincère. — J’sais pas mec, mais attends, on va demander à Google. Puis tu te saisis de ton téléphone, curieux aussi de savoir un peu le train de vie d’un nourrisson. Scrollant rapidement, tu cliques sur une page avant de te mettre à rire. — Bon, ça pionce beaucoup visiblement, mais ça a l’air de toujours vouloir bouffer aussi ! Puis, tu verrouilles ton mobile, le reposant sur la table avant que ta langue ne claque sur ton palais. — Mais t’as une relation assez intime avec elle ? J’veux dire… Pas forcément au lit. Mais vous agissez comme un couple en privé, non ? Parce que tu voulais savoir d’où, venait ces craintes qu’il avait et qui le faisait douter d’une potentielle officialisation avec sa belle ? À sa place, t’aurais pris ton courage à deux mains, même si tu n’aimais pas te sentir en position de faiblesse. Les épaules faisant encore un mouvement vers le haut, les sourcils arqués, tu savais que ce n’était pas vraiment une bonne idée, surtout pour Carla, avec qui tout avait été trop rapide et intense. — Bah… Un peu comme toi avec Clémence, ouais… Et y’a trop de choses que je regrette donc bon. Mais encore une fois Gabe avait ce don de détendre l’atmosphère. Tu ne savais pas d’où est-ce qu’il puisait toute cette bienveillance, mais qu’il garde ! Les yeux qui se plissent, tu souffles doucement. — Dommages que t’aies pas une petite sœur hein. Tu plaisantais, t’allais sûrement pas tenter le diable avec la sœur d’un pote ! Fallait être complètement cinglé pour risque de se mettre un ami à dos à cause d’une histoire d’amour. — T’as pas un truc à manger sinon ? J’t’avoue là j’ai le ventre vide, si je continue à enquiller les verres de whisky, ça va finir, que je te fasse appeler ta femme et que je lui balance moi les trucs que t’as sur le coeur… Et t’étais certain qu’il n’en avait pas envie.

Gabe se pencha en avant, un sourire en coin. Ce genre de discussions, bien qu’un peu chaotiques, lui rappelaient pourquoi il aimait passer du temps avec ses potes : ils parlaient de tout et de rien, en équilibre constant entre la légèreté et le sérieux. Il attrapa son téléphone et répondit avec un clin d'œil. « Ouais c’est ta petite famille quoi. » Il se leva, laissant ses mains glisser sur ses cuisses dans un geste mécanique. Direction la cuisine pour improviser un encas. En fouillant dans les placards, il réalisa qu’il ne s’était pas souvent posé ces questions. Ses relations n'avaient jamais été assez stables ou sérieuses pour qu'il se demande comment les présenter officiellement ou réfléchir aux "règles du couple."  Il lança un regard par-dessus son épaule. « Je sais pas si on agit comme un couple… on a toujours été plus ou moins aussi proche. Ça me parait juste … naturel avec elle. » Il haussa les épaules, essayant de faire passer son propre ressenti sous une couche de légèreté. Il posa deux assiettes sur la table avec des restes de pizza et quelques chips. « Tiens, c'est pas du grand art, mais ça calera l’estomac. » Gabe reprit place, l’esprit encore mi-amusé, mi-songeur. « Mais y a une exe en particulier ? » Un sourire malicieux s’afficha sur son visage. « J’ai pas de petite sœur, mais pas mal de cousines ! »