« Hé ! Je te ferai remarquer que si on aime manger, y a rien de plus sexy qu'un bon petit lardon bien gras et de qualité sautillant sur la poêle ! » Leslie posa une main contre sa bouche, riant silencieusement à ses propres bêtises. Au moins, Andy se prenait au jeu, et cela faisait plaisir. Le cas contraire aurait rendu la situation un peu gênante en vérité...

« Ne t'en fais, pour ne courir pas vite, je ne cours vraiment pas vite ! Si je devais échapper à quelqu'un, je n'aurais aucune chance. Pour le moment, mais un jour, je finirai bien par m'améliorer ! » Si Andy avait vu son magnifique sprint à approximativement 5 kilomètres à l'heure, il aurait sans doute commencer à la taquiner un peu là-dessus. Bon, Leslie allait forcément s'améliorer car son coach – à savoir sa fille – était intransigeant et demandait de lui rigueur, concentration, sueur, larme et sang. Non, pas les trois derniers, il ne fallait pas abuser ! En vérité, ce qui lui manquait encore c'était la constance dans ses entraînements. Bien souvent, il omettait de faire une sortie course à pieds alors que celle-ci était prévu... Tout cela parce qu'il avait préféré faire de la pâte pour une brioche, ou potasser son site de recette favori.

Alors qu'ils continuaient de déguster les lasagnes, ils en vinrent à parler des loisirs d'Andy, cette fois-ci. Celui-ci avait des hobbies tout à fait stylés, comme sa personne d'ailleurs. Il avait vraiment l'air d'être quelqu'un qui aimait les choses techniques, claires et précises. Il faisait un métier qui demandait beaucoup de rigueur et de concentration, il pratiquait la natation, qui demandait là aussi de la discipline, mais aussi beaucoup d'apprentissage de la technique, et pour finir, il jouait du piano. Une petite ouverture sur l'Art qui plaisait grandement à Leslie. Ce dernier ne manqua donc pas de lui demander de lui jouer un petit morceau.

Il haussa les épaules à la question de son interlocuteur. « Oh, je ne sais pas, tu aurais pu vouloir garder ta musique favorite dans ton jardin secret... » dit-il, battant des cils, l'air aguicheur. Ils terminèrent finalement le dîner et débarrassèrent soigneusement le tout. Leslie eut alors la belle surprise de sentir les lèvres d'Andy contre sa joue, et ses doigts sous son menton. Aussitôt, il ressentit une chaleur certaine dans son bas-ventre, comme électrisé.
« Avec plaisir... » répondit-il, dans un murmure, attrapant rapidement la main fuyante de son amant pour y déposer un petit baiser à son tour, relevant les yeux pour croiser les siens.

Finalement, il s'installa sur le canapé, d'où il pouvait voir le profil d'Andy et admirer le musicien qui vivait en lui de façon claire et nette. Il sourit et hocha la tête lorsque son interlocuteur lui expliqua ce qu'il allait interpréter. Du Chopin, bon choix.
Lorsqu'Andy commença à jouer, Leslie fut totalement emporté. Il le regardait, l'admirait même, les yeux posés sur son visage et non sur les doigts agiles qui parcouraient le clavier. Subitement, il le trouva encore plus beau, encore plus doux. Il lui semblait, l'espace de quelques instants, apercevoir en lui quelque chose qu'il attendait sans le savoir. La mélodie était belle, bien que mélancolique, mais Andy, lui, était resplendissant. Soudainement, le cœur de Leslie se mit à battre de plus en plus fort, alors qu'il savourait ce moment de pure félicité qui l'envahissait. Sans comprendre pourquoi, ses joues se rougirent et il ressentit une excitation et une joie extrême le ravir, une sensation qu'il n'avait pas ressenti depuis des dizaines d'années. Il avait peur de ce que cela voulait dire.

Lorsque la musique prit fin et que le son du piano ne devînt qu'un souvenir, il fallut plusieurs secondes à Leslie pour reprendre ses esprits et calmer cette impression de trop plein qui l'avait saisi. Il commença donc à applaudir doucement, le sourire aux lèvres.
« C'était magnifique ! » commenta-t-il, sentant le désir monter en lui. Il se leva ensuite, quittant le canapé, pour venir simplement s'emparer des lèvres de son amant pour la soirée, avec une avidité extrême.

Leslie n'avait clairement pas pu se retenir, emporté par un élan de désir qui l'avait frappé de plein fouet, s'emparant de son corps et de son âme. Bercé par le Nocturne de Chopin, il lui avait semblé vivre une expérience en-dehors de son corps, son esprit rejoignant un instant quelque chose qui émanait d'Andy dans toute sa splendeur. Un lien invisible, qui avait réveillé en lui un bonheur éteint. Le regard lourd et le souffle court, il s'était approché d'un geste de la banquette où était situé son amant, l'embrassant avec fougue et avarice, leurs lèvres dansant l'une contre l'autre, leur langue allant se chercher dans une chorégraphie endiablée. La chaleur le submergea et les hormones se mirent à bouillir dans des veines plus que brûlantes.

« Tu n'as pas idée de l'état dans lequel je suis maintenant... » souffla-t-il. C'était comme s'il avait été endormi pendant des années et que son corps se réveillait subitement, pris d'un désir contre lequel il ne pouvait guère lutter. De toute façon, même s'il le pouvait, il ne le voudrait pas, se laissant totalement aller à cette délicieuse sensation. Le regard que lui porta Andy eut tôt fait d'attiser les braises encore davantage, sans compter le contact de ses mains chaudes sur ses joues.

Ils s'embrassèrent de nouveau, langoureusement, prenant le temps de se savourer. Se relevant tous deux comme un seul, ne se séparant pas une seconde, ils surent rapidement qu'ils n'arriveraient jamais à prendre leur mal en patience pour aller trouver le confort du lit d'Andy. La chambre paraissait subitement bien trop loin pour être alléchante et ce fut le canapé, dans la salle de séjour, qui finit par être le témoin de leurs ébats.