Echo du vide + Scaim

Ciel sombre. Dénué d’étoile. Sur la silhouette, s’abat son infernal noirceur. Ebène. Qui pèse davantage son poids. Ça fait un moment. Qu’il en ressent un sur les épaules. Moins qu’il y a quelques semaines, mais toujours là. Sur lui. L’ombre trainante. Différente de celui qu’il était. Parfois morose. Il a plus envie de tout ça Scott. Plus envie d’être un inconnu. Il a besoin de se retrouver. De taire l’anxiogène. Il a d’abord commencé par faire son deuil. De quelque chose qui n’existera jamais. Puis, d’apprendre à se vider la tête. A profiter de cette dernière année, tout en ne négligeant par ses études. Le seul point sombre à tout ça, c’est la distance. Celle qu’il ressent avec lui. Inséparable. Pourtant, trop séparable depuis leur rentrée. Les moments passés avec, il l’est compte sur ses dix doigts. Trop peu. Echo du vide. Pas qui se répercute dans l’immeuble. Il s’apprête à rentrer dans son appartement, mais au dernier moment, il bifurque. Monte chez lui. Il est presque sûr qu’il ne dort pas. Toujours à roder. Comme lui. L’esprit trop plein. Poignée saisie, il ouvre la porte. Cherche du regard le double.

@Scott Guerin -- le corps sous le jet. l'eau ruisselle le long des muscles. séance de sport tardive. l'envie de te défouler. agresser le derme contre le sac. s'eccorcher les poings pour ne plus réfléchir. parce que tu penses trop. tout le temps. à elles. à lui. lui qui se fait loin, encore. distance vous sépare. pour ça que tu te sens seul, naim ? toujours. le vide. toxique. trop présent. peut être. t'entends la porte qui s'ouvre. nour qui rentre. la tête qui passe le bois, corps habillé de la serviette. ha. et tu ricanes en sortant, l'ombre trouve la lumière face à lui. je pensais que c'était nour. serviette à la taille. mais non c'est l'ours du dessous. le corps s'approche de lui, le poing qui s'avance, pour le saluer. ton scott.

Vapeur stagne encore, autours de sa silhouette. Entoure sa taille, la serviette. Signe qu’il sort à peine de sa douche. Juste à temps pour le voir entrer. Oxygène. Est-ce qu’il le sait Naim ? A quel point, il l’aide à respirer ? Encore plus ces derniers temps. Pourtant, il le ressent encore. Ce poids invisible. Celui de la distance qui prend trop de place. Arrivé à sa hauteur, le brun le frappe de son poing qu’il sent meurtrie. Les phalanges qui l’éraflent. Surement à cause du sport. Chose qu’il aurait dû ralentir, mais il écoute rien Naim. “T’étais pas censé ralentir l’sport ?” Parle de but en blanc.

@Scott Guerin -- le poignet heurté le sien et l'attaque s'écrase. ebenes tombent sur tes phalanges rouges. ça va, je suis pas crevé au sol. et tu joues sur le terrain de la taquinerie. cherche l'humour. pour désamorcer la bombe. ça va j'te dis. charbonneuses se font plus sincères. pupilles se croisent. le rassurer, ne pas qu'il s'inquiète. pour toi. pas besoin. si ? t'en sais rien. malaise plane, à demi teinte.

ça va. Insiste sur les mots, mais sans qu’ils est un impact. Il est différent. Encore plus depuis sa rupture avec Ruby. Comme si l’équilibre qu’ils avaient tous trouvés, avait pété à cause des fins. A cause d’eux-mêmes. Toujours attiré par l’auto destruction. Sans pouvoir réellement contrôlé les ravages qu’ils s’infligent. Et nous ? Ça va ? Question qui flotte dans son putain de crane. Provoque la sensation désagréable dans l’estomac. Lui qui se contracte. “ T’serais pas en train d’me mytho ?” Détourne ses pensées. Les émeraudes braquées sur son meilleur ami. Lourdes. “Mais vas-y, j’vais t’croire. S’tu dis que ça va. Alors ça va.” Appuie le regard. Un instant. Puis, le contourne aisément pour se diriger vers le salon.

@Scott Guerin -- et tu le sais au fond, qu'il te croit pas. par coeur. comme ça que vous vous connaissez. sans l'ombre au tableau. pourtant. malaise plane. confirme quand il change le sujet. quand il ne rebondit pas sur tes mensonges. poings maltraités, affichés sans s'en cacher. l'habitude de ne rien masquer. l'habitude qu'il t'engueule, scott. trop habitué, peut être. l'ombre s'éclipse, rejoint le salon sans que t'es le temps de répondre. mots restent sur les lèvres. les pas qui suivent, dérivent vers le frigo. cuisine ouverte. néon froid éclaire le visage. phalanges attrapent deux bières. décapsuleur attrapé rapidement. silence se perce des bulles, crépitent sur le goulot. verre tendu. y'a quoi ? t'es pas con. il est là. sans parler. habituel pourtant, mais tu l'sais, là, que c'est pas normal.

Carcasse imposante, s’écrase dans le canapé. Retire au passage sa veste. Elle qui sent encore le tabac mêlé à son parfum. De ses opales, il l’observe répéter le manège habituel. La bière dégainée du frigo. Rituel qui dure depuis dix ans. Leur confère une routine qui ne laisse aucun doute sur leur relation. Fusionnelle. Souvent trop. Alors, quand il y a un changement, il le sent. A moins que ça soit un mauvais ressenti qui persiste. Perturbe sa vision sur la situation. D’un geste, il attrape la bouteille froide. Sur son derme, il les ressent, les gouttes d’humidités. S’accroche à sa peau. Et puis, vient la question. Celle dont il aurait dû se douter. Il le connait Naim. Et putain que c’est chiant. De pas pouvoir faire semblant. De pas réussir à cacher quand ça se passe pas là haut. Quand son esprit tourne en boucle. Doute. “Rien.” Menteur. Avale une gorgée comme pour se donner du courage. Pour mentir. Sauf, qu’il bifurque. Sème un indice. “T’es pas trop là en c’moment.” Lui non plus, mais ça, il va le taire.

@Scott Guerin -- la question. simple. logique. résonne comme nécessaire quand ses mots trouvent tes pensées. pas trop là. une gorgée pour assimiler les maux, s'engloutissent dans l'amertume ambrée. toi non plus. le cul si trouve le tissus du siège. serviette pour seul vêtement. le corps se redresse, coudes reposent sur les genoux, dénudés. parles, t'veux me dire quoi. c'était le pacte. de se parler. dire les choses. ne pas s'éloigner.

Pres de lui, il prend place. Se tisse davantage, le malaise. Entre eux, s’étire. Il en a presque la gerbe. Dans le sofa, il s’enfonce. Pose ses yeux sur le dos doré du brun. Lui qui parle. Qui le connaît que trop bien. De travers, il avalerait presque. Pression installée dans l’estomac. Tire sur le plexus. Sur le dossier, la nuque prend appuie. Fixe le plafond pour ne pas avoir à le regarder. Pour avoir les couilles de parler.   « J’te sens distant. » Jet d’acide. Celui des mots. Depuis quelques temps, il s’oblige. À parler. À s’ouvrir. En conséquence, il en paye le prix. Ressens la désagréable impression d’être ridicule.

@Scott Guerin -- et tu ricanes, rire s'étouffe entre les lèvres. les regards qui se fuient, comme la peste. tu l'sais que c'est pas le moment de le regarder, l'ours. celui qui ne sort jamais de sa tanière émotionnelle. où les pensées sortent trop peu, pour toucher la lumière. mais tu ricanes, parce que c'est drôle, tout ça. j'pense la même chose pour toi. la bière aux lèvres. attrape le goulot des lippes. une gorgée de l'ambre amère. on s'voit pas. j'sais même pas avec qui tu traines en vrai. la jalousie qui pointe son nez. à t'dire que s'il n'est pas avec toi, il zone ailleurs. comment t'es censé respirer, s'il (re)commence à t'filer entre les doigts, guerin ?