Even the worst run is better than no run at all ~ Dahlia

Il hocha la tête, même s'il n'était pas vraiment d'accord. « Il faudrait déjà que j'arrive à trouver comment courir en fondamentale... » A chaque fois, il était épuisé en une minute, alors il ne voyait pas encore comment, un jour, il parviendrait à courir toute une après-midi sans s'épuiser ni trop s’essouffler. Pour lui, cela semblait être un véritable pouvoir magique des coureurs !
« 30 minutes ça me paraît énorme ! » ajouta-t-il ensuite, prenant un air faussement plaintif. Il fallait bien essayer d'amadouer sa fille avec un petit regard de chien battu et en faisant semblant de souffrir le martyr, n'est-ce pas ? « Est-ce qu'on pourrait se donner 15mn comme objectif en premier lieu ? » Pour le moment, il avait besoin de marcher toutes les 2 à 3 minutes alors... Il paraissait qu'avec le bon entraînement, on progressait vite, mais quand même ! Il avait un peu peur d'en faire trop !

Il rit ensuite doucement. « Tu sais, pas besoin de terminer un objectif pour me faire pleurer de joie. Rien que cette petite matinée en compagnie de ma fille me rend terriblement joyeux ! » Et il pleurerait plus lorsque Dahlia sera fière de lui que lui-même. Il courut de plus bel. C'était bien de parler d'objectifs et de fierté, mais il fallait se bouger pour les atteindre ! Il courrait aussi vite qu'il le pouvait, puis se calmait un peu. Dahlia se mettait à son niveau, pour ne pas le décourager, mais surtout l'accompagner. Il appliqua les conseils, tentant de se détendre. « Comme ça, c'est mieux ? » demanda-t-il en respirant comme un bœuf. Dieu merci, il n'avait pas encore de points de côté. « Merci pour tes conseils en tous cas, ma chérie...  Qu'est-ce que je ferais sans toi!» dit-il ensuite doucement.

« D'accord ! » répondit-il lorsque sa fille lui expliquera qu'ils travailleraient le fondamental plus tard. Un kilomètre ? Cela sonnait peu et pourtant, cela lui paraissait irréalisable à ce moment-là de son entraînement. Quand on débutait, c'était toujours la même rengaine de toute façon. Lorsqu'il avait préparé son premier plat, il avait aussi cru qu'il ne serait pas capable de bien faire...Et pourtant, aujourd'hui, les gens lui demandaient pourquoi il n'était pas chef de cuisine !
« Oh ! Ok ! Bon si je peux marcher, ça me va... Je ne vais pas m'en priver. » Et en effet, toutes les minutes environ, il se mettait à marcher, moyennement vite, pour reprendre son souffle et trouver le courage d'aller de l'avant. Ce n'était vraiment, mais alors vraiment pas évident.

« Tu me feras quand même un câlin avant de rentrer ? » demanda-t-il, prenant ses petits yeux de chien battu, la tête sur le côté, l'air fragile. Malgré le fait qu'il avait dépassé les cinquante ans, cette mine fonctionnait toujours aussi bien que lorsqu'il était jeune garçon. C'était magique ! Surtout avec sa fille, il pouvait l'attendrir plus facilement que n'importe qui d'autre. Alors qu'il se lançait pour la énième fois dans une course effrénée (d'après lui, n'est-ce pas), la question de Dahlia le sortit un peu de sa concentration et de sa fatigue. « Je sais pas... Au moins une heure ? » dit-il, exagérant bien le ton de sa voix. Il savait que cela ne faisait pas autant de temps, mais ses jambes et ses poumons avaient la sensation que cela faisait des heures.

Ils continuèrent ainsi l'entraînement, Leslie sous les conseils et l'oeil avisé de sa fille, son gentil coach personnel. Certes, elle était gentille, mais sévère, elle attendait de lui qu'il se donne à fond, et il ne comptait pas la décevoir de sitôt ! Pour son bébé, il était prêt à tout, si bien que la motivation d'une meilleure santé passait au second plan après la joie de sa fille de voir son père pratiquer une activité qu'elle aimait.
« Quatre... mi...minutes ? » dit-il, à bout de souffle. « Je vais essayer ....de....de les faire... sans m'arrêter... » dit-il ensuite. Malheureusement, trente secondes plus tard, n'en pouvant plus, il se mit de nouveau à marcher. C'était une marche rapide certes (enfin rapide pour lui, pas pour Dahlia, entendons-nous), mais une marche quand même. Cependant, il ne tarda pas à reprendre. Et lorsque sa coach lui indiqua qu'il lui restait 30 secondes, il donna tout ce qui lui restait, se lâchant totalement pour aller le plus vite possible.

Et enfin, le temps imparti pour la course fut écoulé. Il pouvait être fier de lui, n'est-ce pas ? Il reprenait son souffle, continuant à marcher, parce qu'il savait que s'asseoir serait la pire des idées. Il se laisserait tomber par terre une fois que son cœur aurait retrouvé son rythme normal au repos.
« Alors, est-ce que tu es fière de ton papa quand même ? » demanda-t-il lorsque sa respiration était redevenue normale. Il savait que c'était une toute petite victoire, mais il fallait bien commencer par quelque chose. Il avait donné son maximum, il avait fait l'effort d'aller jusqu'au bout. Il était content et il tourna la tête en direction de Dahlia, un immense sourire sur les lèvres.