Torrann ♦ Truly, madly, deeply.

En voyant les larmes perler au coin de ses jolis yeux, il me fallut une seconde pour me reprendre. Je devais à tout prix me souvenir de qui j'étais. Et surtout, me rappeler que je n'étais pas Kovu et que si je ne lui avais pas ressemblé, jamais Torrey n'aurait poser les yeux sur un type comme moi. Je n'étais pas assez bien pour elle, je n'étais pas assez stable, pas assez fidèle, pas assez sentimental. J'avais beau joué mon rôle à la perfection, ce n'était qu'un masque, celui que j'étais vraiment pourrait ressortir à n'importe quel moment. Lui aussi avait besoin de s'exprimer. Je caressais sa nuque alors qu'elle lovais son nez dans mon coup. Un sourire fugace passa sur mes lèvres alors qu'elle me murmura les mots fatidiques. Ceux que j'aurais aimé ne jamais entendre de ses lèvres. J'aurais dû continuer à être distant comme au début. J'aurais dû la détacher peu à peu de son amour perdu. Je n'étais pas un sale type, je voulais qu'elle soit heureuse malgré la perte de celui qu'elle aimait. Malheureusement pour moi, les choses ne se passaient pas comme prévu. Je glissais mes doigts le long de son menton pour planter mon regard dans le sien. Après une seconde, mes lèvres effleurèrent les siennes, nos corps se balançant toujours au rythme silencieux de nos coeurs. Je ne pouvais pas lui dire ces mots-là. Alors, je laissais le silence et ce baiser lui faire oublier que je n'avais rien répondu.

Je surpris la déception sur son visage mais Torrey n'était pas du genre à montrer ses faiblesses. Pourtant, elle ne pu s'empêcher de me questionner. Seulement voilà, je n'avais pas de vraie réponse à lui fournir. Je n'étais pas un de ces types qui se livrent sans détour qui peuvent parler de leurs sentiments comme s'il s'agissait de la météo. Je ne savais pas ce que c'était l'amour maternel ou même une amitié réelle. Et puis il y avait le mensonge. Comment pourrais-je lui dire que je l'aimais alors que je ne fais que lui mentir depuis le début. Et surtout pourquoi répondre alors que je sais que ce n'est pas Eachann qu'elle aime mais le Kovu de ses souvenirs. Je fermais les yeux et retirais sa main de ma joue. "Je vais bien, je t'assure." Un mensonge de plus ou de moins. "C'est juste que je m'inquiète pour Lily, elle m'aura à nouveau oublié quand nous rentrerons." Si j'avais pu, je me serais bien envoyé un poing dans la figure. Cet instant aurait été parfait pour tout avouer et rentrer à Cambridge, préparer mes cours pratiques et sortir avec un tas de filles. Pourquoi étais-je toujours là ? Pourquoi ne pouvais-je simplement me détacher d'elle ?

OK, sur ce coup-là, je me sentais un peu minable. J'étais tellement convainquant que Torrey avala tout de même ma piètre excuse. Quand elle se dirigea vers la salle de bain, je retins à grand peine un soupir soulagé. Je grimaçais et me laissais tomber sur le lit, les bras croisés derrière la nuque, le regard rivé au plafond. Mais qu'est-ce que je foutais là ? Les pensées se bousculaient dans ma tête. La majorité consistait à trouver un échappatoire et le reste me criait de déguerpir, de rentrer à la maison. J'aurais très bien pu sortir là tout de suite sans me retourner. Mais voilà, quelque chose m'en empêchait. Et si je trouvais ce quelque chose, il allait passer un sale quart d'heure. Putain de sentiment !

Le silence. Non. Il y avait le tic tac de l'horloge et une rumeur diffuse qui provenait probablement de l'étage en dessous. Le "silence" donc m'enveloppait, le regard rivé au plafond lisse et presque parfait. Les petites imperfections sautaient aux yeux mais j'aimais bien ce plafond dans son imperfection. Il était comme moi : solide mais imparfait dans son rôle. Je grimaçais. Pourtant, toute considération de ce genre m'abandonna quand, attiré par le léger grincement de la porte de la salle de bain, je me redressai. Elle était là, sublime, éblouissante, absolument incroyable avec cette petite moue à la fois innocente et pleine de sous entendu. Je lui souris, incapable de faire quoique ce soit d'autre. D'un seul regard, je l'englobais toute entière. Brusquement, ce t-shirt me paru de trop. D'un pas, je la rejoins, glissant mes doigts sur sous le tissu, l'embrassant dans la nuque. "Je crois que ce t-shirt est à moi... J'en ai justement besoin." Je lui lançais une moue malicieuse avant de l'embrasser, la serrant contre moi.