donne la signification du prénom, y'a l'effet d'un sourire sur ma tronche. l'espèce d'rictus qui remonte l'coin de mes lèvres, convaincu par une certaine magie qu'la référence est bien bonne. boule de poils qui porte un bien joli nom. un hochement d'tête, pour acquiescer que le choix est bon. pas avoir un seul mot à dire sur l'prénom quand c'pas chez moi que ce chat vit, que j'ai aucun lien avec elle. sauf d'être cet inconnu qui l'a sauvé des griffes d'un grand méchant derrière l'buisson. des histoires à la con que j'invente, encore. j'regarde avec une putain d'envie la manière dont ses doigts s'enfoncent dans l'poil doux. la manière dont la bête réclame l'amour, la manière dont il donne sans même hésiter un quart d'seconde. pourquoi j'peux pas avoir ça, moi aussi ? ça fout un goût immonde dans la gorge, mais ça donne un coup dans l'bide, l'genre agréable, l'genre à se relever l'sourire à la gueule. c'est ça ou les mots du garçon, qui donnent cette impression. toujours l'inconnu de noodle. un nouveau hochement d'tête, mais cette fois, j'ouvre la bouche derrière : cool. mot adoré, lâché pour l'dire, que c'est sympa d'garder cette image collé à la peau. toujours quelqu'un pour un chat j'pourrais ne jamais revoir dans l'quartier, ira s'paumer ailleurs que par chez moi. y'a encore sa voix qui résonne, parce qu'il s'fait tard. alors j'relève la tête, accorde trois secondes d'contact visuel avant de me lever du banc. oui, sûrement. parce que j'ai pas l'heure, parce que le téléphone est enfoncé dans la poche du sweat, et qu'une de mes mains vient l'enfoncer un peu plus quand j'fourre les deux dans mes poches. geste habituel. merci. toi aussi. retourner la faveur, sortir une main pour lui faire un signe d'main, salut que je répète, que j'copie sur lui. puis il s'éloigne, et moi, j'fais pareil. à rentrer dans l'immeuble, l'envie qu'une présence m'suive aussi, laissant c'moment au passé. pas penser, qu'un jour, y'aura encore c'chat à mes pieds, et c'gars dans un coin d'mon crâne. pas penser, aux débuts d'une potentielle amitié.
(Neo Jang)