i don't believe in humans (jay)

✦ @Ji-hun Hwang  / tw : ras. Chasse les grains de sable sur ses paupières, celles laissées par le marchand. Elle se lève et panique. La pièce est plongée dans l’obscurité. Il n’y a qu’elle. Elle seule. Où sont-ils passés ? Elle jette la couverture et défonce la porte. Un couple de retraité la regarde de haut en bas. Elle les sépare pour s’aventurer vers l’accueil de ce qui semble être un motel. Dans l’aquarium, elle détecte Jay. Elle s’agite pour attirer son attention et cela fonctionne. L’adrénaline cogne contre ses artères. Elle souffle et remonte son jean sur ses hanches « Ouais » Elle était encore dans les nuages, mais elle essayait d’enregistrer le programme à venir, ne comprenant que la moitié énoncée. « Joseph c’est le gars bizarre que j’ai vu hier ? Celui qui prend un café là ? Je crois qu’il ne m’aime pas » À quoi bon connaître ces détails. Elle s’en fichait. Elle n’avait qu’une seule chose en tête, libérer sa mère. Peu importe les moyens employés et les gens qui participeraient à cette virée vers le néant. Le cerveau qui pédalait lentement, elle fit descendre son regard sur ses orteils « Je ne portais jamais de chaussures petite, j’suis pas sensible » Holly fouetta la fumée de la cigarette le plus possible, mais elle fut intoxiqué après plusieurs secondes d’apnée. « Pourquoi vous fumez tous ici ? Vous m'énervez » Elle baragouina quelques phrases incompréhensibles et hocha la tête pour le petit déjeuner. « Je vais voir ce qu’ils ont et je me débarbouillerais après » La demoiselle pénétra dans l’établissement et salua le gérant qu’elle n’avait pas encore rencontré. Elle suivit les indications et se retrouva devant une table recouverte de nourriture. Du salé, du sucré. C’était démentiel. Un vrai festin l’attendait. Elle croqua dans une viennoiserie et se servit un verre de jus de fruits. Elle alternait entre solide et liquide. Son ventre se gonfla tant elle avait mangé. Elle sortit de la pièce avec des miettes tout autour de la bouche et traversa le corridor menant à la chambre. Elle y entra et entendit l’eau de la douche couler. « Jay, je suis ici, t'es tout nu ?  »

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Massachusetts
Morning, Tuesday 27th August
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Sourire amusé, Joseph n'avait pas forcément d'opinion à exprimer, il avait été simplement paniqué à l'idée de faire tous les kilomètres que cette petite aventure allait demander. Cigarette sortie, bouffée décompressante pour lui, poison enfumant pour Holly. À la question crachée, Ji-hun n'eut pas de réponse à lui donner, car il avait fumé avant même d'avoir quitté sa Corée – la faute à ses camarades de l'armée qui l'avaient initié. Il avait paru que ça réchauffait quand l'hiver s'installait, comme beaucoup d'autres choses qu'il avait testées pour oublier la douleur de ses os gelés. Il la regarda fixement disparaître par l'entrée, avant de dévier ses yeux bridés sur le parking vidé. Dernière taffe aspirée, le filtre écrasé sous la chaussure avant d'être jeté. Chambre retrouvée après une centaine de pas effectués, il entra dans la salle de douche qui s'y trouvait, se déshabilla pour se jeter sous le jet. Eau d'abord glacée, elle mit un temps fou à l'embrasser d'une chaleur adaptée. Il se frotta de toute part à l'aide du petit savon qu'on leur avait laissé. Il n'entendit pas sa partenaire de voyage arriver, ni lui parler. Ce ne fut que lorsque sa toilette fut terminée qu'il comprit qu'une personne était entrée – pas besoin de trop réfléchir pour savoir qui c'était, le motel était loin d'être bondé. Boxer enfilé, il regroupa ses affaires sur son avant-bras séché, et rejoignit la chambre à coucher, serviette pour frictionner ses cheveux mouillés. Vas-y, c'est ton tour, il la pressa. S'il s'était montré avant d'être complètement apprêté c'était pour ça. Pas de temps à perdre à ce point-là, rien ne les attendra. Le tas de vêtements il posa, sur le bord du lit il s'installa. La journée promettait d'être longue, il ne fallait pas attendre que la nuit sonne le gong. Tu feras attention, au départ c'est un peu froid, il minimisa. Et puis, ils allaient devoir faire avec ce qu'ils avaient, pas le temps pour faire du shopping, même s'il préférerait. Son regard se posa sur sa cadette, alors qu'il tatonnait sur le lit pour trouver ses chaussettes.

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✦ @Ji-hun Hwang  / tw : ras. Elle n’a pas envie de choisir. Elle engloutit tout ce que ses yeux trouvent appétissant. Elle éructe discrètement, se remplit la panse avant qu’elle se retrouve enfermer dans un d’ces carrosses modernes. Elle ne prête pas attention aux restes de crème aux commissures de ses lèvres, ni à la tache de jus d’orange sur son tee shirt. Elle déguerpît de la salle et frotte la peau de son ventre tendue. Elle entre ensuite dans la chambre, s’efforce de prévenir cet être merveilleux qui a visiblement été touché par son histoire. L’eau coule. Cascade perpétuelle. Aucune réponse. Elle tourne dans la pièce, tel un lion en cage. Elle patiente en rongeant ses ongles et après quelques minutes d’attente, Jay apparaît. Il est toujours aussi charmant, prévenant, poli. « Même pas peur ! » Elle pénétra dans le sauna, referma derrière elle et caressa le miroir recouvert de buée pour apercevoir son reflet. Elle souligna ses cernes de ses doigts puis elle disparut dans la douche. Elle se débarrassa énergiquement de la saleté qui recouvrait son derme. Puis, elle se rhabilla et réapparut dans la chambre. Ses cheveux gouttaient encore sur la moquette orange. « C’est parti, on se casse l’ami ! » Jay était visiblement pressé et c’était tout à fait compréhensible. Il avait toute une vie quelque part. Holly retrouva ses chaussures à l’endroit indiqué par le brun et ouvrit la porte d’entrée. Lorsque Jay s’approcha pour s’extraire de cette pièce coincé dans les années 70, Holly l’attrapa par le poignet pour attirer son attention « Je sais pas qui t’a élevé Jay, mais je les remercie du fond du cœur. Tu es quelqu’un de bien, je suis tellement reconnaissante » La belle referma aussitôt la parenthèse émotion et fila à la voiture où elle s’y engouffra jusqu’à la prochaine étape. Encore quelques heures et elle devrait accepter que sa mère s’en aille.

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Morning, Tuesday 27th August
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Visage taché qui le fit buguer, marque du jus d'orange sur le seul t-shirt qu'elle ne pouvait que posséder, les chaussettes furent difficiles à identifier dans tout ce linge qu'il avait posé. Il n'eut pas le temps de l'informer des dégâts causés – de toute façon, elle finirait bien par le remarquer. La porte de la salle de douche fermée, il reprit le rythme pour s'habiller. Pantalon ceinturé, sous-shirt passé avant de boutonner la chemise froissée. Comme demandé, Holly ne mit pas grand temps pour s'apprêter, elle sortit aussi vite qu'elle était entrée. Élan donné par l'exclamation qui s'était échappée, il se dirigea également vers l'entrée, chaussures dans lesquelles glisser avant qu'il ne vienne à être intercepté. J'ai commis énormément d'erreurs desquelles je dois me faire pardonner, il avoua, n'en dit pas plus que ça. La chambre quittée, il descendit les marches de l'escalier, montra le véhicule qu'il avait commandé. J'arrive, il prévint, retourna à l'accueil pour saluer Joseph et le remercier de l'aide qu'il leur a ait apporté. Il revint en trottinant, s'installa dans la voiture et valida les informations tout en s'attachant. On fera une pause à mi-parcours pour se soulager, il signala, on arrivera dans la nuit. Qu'est-ce que vous voudrez faire une fois qu'on aura atteint la Caroline du Nord ? Est-ce qu'elle voudra se reposer ou délivrer sa mère d'abord ? Il se tut, respectera ce qu'elle avait prévu. Ce ne fut qu'après une vingtaine de kilomètres parcouru que vint une réflexion inattendue. Quelque chose m'échappe, il n'articula que peu du fait des pensées qui se mettaient à tournoyer, pourquoi l'avoir enfermée si c'était pour... Il s'arrêta, ne savait pas quel mot il fallait employer pour ça. Pour finalement décider de s'en séparer, il la questionna. Il ne comprenait déjà pas le concept de la garder, puisque ça empêchait l'âme de reposer. La paix, ainsi, lui était retirée et dans des cauchemars, elle pouvait venir hanter. Qui l'a mise là-dedans, il parla de la grosse cruche dans laquelle ses cendres étaient constamment secouées.

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✦ @Ji-hun Hwang  / tw : décès. Elle n’avait pas encore d’intérêt pour l’apparence qu’elle renvoyait. Holly, c’était une fleur sauvage, gâtée par la nature, qui n’avait pour le moment jamais eu besoin d’artifices pour vivre. Elle n’avait pas réfléchie en s’en allant sur les routes. Aucun vêtement, juste ce qu’elle portait actuellement. Elle devrait attendre la fin du voyage pour se changer. Ou peut être qu’il restait quelques vieux tee shirt dans sa malle au bout de son lit. La brune était transportée par l’élan de Jay. Elle ne pouvait plus faire demi tour. Elle ne put s’empêcher également de remercier celui qui lui permettrait d’enclencher le processus de deuil. Elle ne comprit pourquoi son interlocuteur lui confia une culpabilité dévorante. Elle ne releva pas cette confession perturbante et lui sourit tendrement avant de disparaître de la chambre. Holly s’engouffra dans la voiture et vérifia que sa mère était toujours dans son sac. Jay la rejoignit rapidement et elle serra l’urne contre elle. « Je veux juste rentrer à ma maison. C’est tout ce qui compte » Le trajet reprit et Holly ne lâchait plus le vase qui contenait celle qui l’avait mise au monde. Elle était occupée à revivre certains souvenirs lorsque Jay l’interrompit sans le savoir. La demoiselle le regarda longuement. Un silence les sépara. « Euh .. C’était pour la transporter plus facilement. On a pas le droit de jeter un corps dans l’océan ou de le faire brûler dans son jardin. En fait j’en sais rien. C’est sûrement pour permettre de se laisser le temps de lui dire au revoir correctement. Quand on se sent prêt, on disperse les cendres et .. et on se dit qu’elle .. » L’émotion la percuta de plein fouet. Elle sentit les larmes monter de son cœur brisé et une première perle coula le long de sa joue. Elle l’essuya aussitôt d’un geste rapide et ne parvint pas à reprendre sa phrase suspendue. « Tu as de ces questions toi ! T’es encore pire que moi ! » Holly s’enfonça un peu plus dans son siège et baissa son regard trouble sur l’urne cachée dans son sac à dos. « Elle était folle ma mère, mais je l’aimais comme ça. Je sais pas pourquoi elle a voulu qu’après sa mort, je rentre dans le moule. Peut être que je devrais lui désobéir et la rejoindre pour toujours.. »

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Morning, Tuesday 27th August
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Grosse cruche serrée, seulement le tissu du sac pour les séparer, Ji-hun ne comprit pas le concept de ces cendres enfermées, l'âme qui tournait autour sans jamais pouvoir être libérée – à quoi ça rimait de les garder ? Question posée, début de réponse donné, d'ores et déjà compliqué à assimiler, puis pas terminée ; qu'elle ? Tête aussitôt tournée vers la demoiselle, alors qu'auparavant il analysait le paysage de ses prunelles. Larme qui se permit de s'échapper, dans son regard mouillé, tout son monde semblait s'être écroulé. Il ne fut pas gêné de la voir pleurer, dévia juste son regard pour lui laisser un semblant d'intimité – il n'était pas doué pour consoler. Silence accordé à l'endeuillée, la dernière phrase eut le don de le contrarier. Je t'interdis de dire ça, il s'exclama, un peu plus sèchement, laissant comprendre la gravité de ses paroles dans sa voix, pourtant il n'hurla pas. Il y a des gens qui rêveraient d'avoir la vie qu'on a, il ajouta, regard figé sur un bout du GPS, il croisa les bras. Par respect pour eux, il pensait que ça ne se disait pas. Je ne sais pas de quel moule tu parles, mais ça fait un peu plus de deux ans que je suis arrivé ici sans rien connaître de cette société, il lâcha un peu de son histoire privée quand, jusqu'ici, il avait été plutôt mystérieux sur qui il était, alors j'en ai rencontré des complications quand il a fallu que je m'adapte à toutes ces nouveautés. Des hauts et des bas qu'il n'osait plus compter – et c'en n'était pas terminé, même si c'était moins éprouvant que lorsqu'il avait commencé. Je ne vois pas pourquoi tu ne pourrais pas y arriver, il conclut, les yeux toujours fixés sur ce petit véhicule miniature qui était en train de voyager à mesure que les kilomètres étaient avalés, d'autant que je suis certain que ce n'est pas pour rien si ta mère te l'a recommandé. Comme son père l'avait soutenu quand il avait eu la possibilité d'être parrainé ailleurs que dans le Sud de la Corée, pour s'éloigner au plus loin du Nord qui finira par tenter de les retrouver ; Père, est-ce que vous aussi, vous êtes en sécurité ? Il soupira, fut pris d'un coup de froid.

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✦ @Ji-hun Hwang  / tw : ras. Elle n’est plus dans l’épais brouillard du déni. Sa mère n’est plus que poussière. Elle reste toujours dans ses pensées, mais elle n’est plus présente pour lui souhaiter une bonne nuit ou pour lui faire la morale. La brune s’effondre subitement. Jay est le déclencheur, mais il n’est pas le coupable. Ce n’est pas lui qui a fait dégénérer les cellules de sa pauvre mère. Elle souffre terriblement et le fait savoir maladroitement. Plus rien n’a de sens sans elle. Elle était son tout. Elle rêvait parfois de s’échapper, de la quitter et de ne plus se retourner vers cette vie sous cloche, mais dès qu’elle s’éloignait, elle paniquait. Aujourd’hui, elle voudrait seulement pouvoir la retrouver et naviguer dans le marais avec elle. Dangereusement attirée par la mort, Jay réplique froidement. Holly frémit et se cramponne un peu plus à son sac sur ses genoux. Elle n’a plus les mots. Elle est en apnée. Elle le regarde sur le côté, apeurée et déroutée par sa réaction. Elle n’a pas idée de ce qu’il peut raconter, d’où il veut en venir, mais elle se retrouve dans la majorité de ses propos. Intriguée, elle tourne son visage vers lui et affronte son regard plus étiré que le sien. Holly n’avait encore jamais vu un homme différent de ses origines. Elle crut comprendre qu’il n’était pas originaire du pays. Qu’il avait dû endurer une longue période d’adaptation. Elle le scruta durement, car il l’avait secoué et qu’elle devait accepter cet affront. Elle serra les dents et reporta son attention sur le paysage. « Je m’excuse si je t’ai offensé. Je parle avec mon cœur et je ne mesure pas toujours la portée de mes mots. » Elle posa sa tempe contre la fenêtre et le chagrin l’emporta. Des larmes dévalèrent son minois de poupée. Elle n’avait plus la capacité de maintenir le barrage. Elle ne sanglotait pas, mais elle se vidait de son eau. « Tu sembles avoir vécu le même séisme que moi, peut être même pire. J’espère que j’arriverais à être aussi forte que toi dans les mois qui arrivent. Tu viens d’où Jay ? Je comprends pas pourquoi tu sembles aussi révolté par mes mots .. »

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Morning, Tuesday 27th August
mentions pensée suicidaire, exécution

Pas d'offense, juste de l'inexpérience. La vie était faite de bien des nuances, il fallait simplement faire preuve de patience – l'ignorance ne faisait pas la défaillance, elle entrera forcément dans la danse, sans pour autant que comportement elle ne change. Il paraît qu'on doit mâcher ses mots avant de parler ici, il dit, quand on devait tourner sept fois sa langue dans un autre pays, tu n'as pas une expression dans ce genre-là toi aussi ? Ji-hun reporta son attention sur Holly, remarqua que tombait en flots de sel les perles. Il expira lentement en observant la demoiselle. Ne te retiens pas de pleurer, il paraît que ça peut aider dans certains cas, il la motiva à tout laisser sortir, ainsi peut-être que les maux pourraient s'enfuir. Les kilomètres furent avalés, pas beaucoup tout compte fait, mais assez pour qu'il vienne à oublier que quelqu'un avait pensé à se suicider à ses côtés – ou plutôt à fermer les yeux sur ce qui s'était passé. Je ne suis pas révolté, il fit, se calant un peu plus contre le dossier, j'essaye de tirer les gens vers le haut, quand je peux. Avec lui, c'était l'objectif qu'on s'était donné quand plus grand-chose d'espoir il y avait de le voir rester – pratiquement destiné à être renvoyé dans un pays où on l'aurait tout de suite exécuté. Il en avait été à se demander par quel procédé ils choisiraient de le torturer. Je viens d'un endroit fermé, affamé et déshumanisé, ou t'as juste le droit d'être heureux d'obéir ou de crever, il lâcha après s'être évadé dans ses pensées, vers celle qui fut autrefois sa Corée, celle à qui il aurait tout donné sans hésiter. Libertés volées, mises sous clé, dans un coffre scellé, les siens ne savaient même pas que le mot avait existé. Comme tant d'autres du vocabulaire qui avaient été retirés – la langue avait aussi été remaniée pour n'offrir aucune chance à la population de revendiquer. Tu devrais te reposer, il lui suggéra, ça passera plus vite. Lui, en tout cas, s'exécuta de suite.

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✦ @Ji-hun Hwang  / tw : ras. Elle était fortement instable. Au bord de la rupture. Elle n’avait plus de limite. Elle laissait les mots courir hors de sa bouche. Elle ne maîtrisait rien. Son coeur saignait si fort qu’elle avait fait allusion au pire. Jay avait réagit. « On peut aussi tourner sept fois sa langue dans sa bouche, c’est que maman me disait » Holly ne put contenir le chagrin qui se précipitait au bord de ses globes oculaires. Les larmes roulèrent sur ses joues, créant des sillons humides sur sa peau claire. Elle finit par débloquer ses mâchoires et les sanglots s’échappèrent. Elle ne parvenait plus à faire taire la peine qu’elle avait emmagasiné depuis qu’elle s’était réveillée contre le corps froid de sa mère. Elle expulsa la douleur qui enchaînait son coeur et s’intéressa ensuite au brun qui avait fait un très grand détour pour elle. Dans le malheur qui altérait son humeur, Holly ne put s’empêcher de sourire. « Tu y arrives bien, t’es pas si mauvais, tu veux travailler dans le social ? » Elle sécha son émotion de ses doigts et l’écouta lui expliquer ses origines. Elle l’imaginait vivre dans une pièce d’où il ne pouvait sortir. Une prison. Elle était peut-être en présence d’un bandit. D’un être qui s’était repenti après avoir vécu dans une cage. Elle encercla un peu plus son sac à dos et colla l’arrière de sa tête au siège. Elle ferma ensuite ses yeux et le trajet fut entrecoupé de pauses jusqu’à ce que le panneau Caroline du Nord soit enfin franchi. Holly comprit qu’ils étaient désormais tout proche. Elle allait devoir lui dire adieu. Elle était sur le point de se séparer d’elle. Pour toujours. Elle n’était plus elle-même, elle n’avait plus les idées claires. Holly était piloté à distance. Elle se sentait détachée d’elle-même. Elle repérait géographiquement où elle était, bien qu’elle n’était jamais sortie de Fairfield. Son courage se désagrégeait peu à peu. « On pourrait s’arrêter manger quelque chose ? Un truc sucré, qui pourrait me réconforter .. » Les kilomètres se réduisaient bien trop vite désormais. La pluie s’abattait depuis une dizaine de minutes, gouttes se fracassant violemment sur la tôle de ce véhicule mortuaire. Holly préférait que l’averse se calme avant de s’approcher davantage du marais. « Si on ne peut pas, c’est pas grave .. »

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Massachusetts
Morning, Tuesday 27th August
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Travailler dans le social, ce n'était clairement pas dans l'idéal. Lui, il avait envie d'écrire des conclusions expérimentales, le retirer de son domaine de prédilection lui serait fatal. Il refusa, en dit un peu sur lui et, ses paupières, il ferma. Pas envie d'en dire plus que ça, d'autant qu'il était sorti d'une conférence qui traitait de ce sujet-là, et il avait besoin d'une pause sinon il ne survivrait pas. Bras croisés sur son poitrail, il ne pensa plus à cette vie pleine de batailles, sommeilla sans expression faciale – faire le mort, il l'avait appris quand il avait été un vassal. Plusieurs arrêts, plusieurs changements de véhicule durant le trajet et le compte en banque de Ji-hun diminuait. Pas assez pour le mettre à mal, c'est ce qu'il pensait. Pancarte de la Caroline du Nord enfin dépassée, heureusement d'ailleurs, parce que la soirée était déjà tombée. Peut-être même la nuit, mais il n'osait pas regarder ce que le cadran affichait. Demande formulée, besoin d'un coup de boost sucré. Il regarda où ils étaient, peut-être qu'un pub avait ce qu'elle désirait ? Vous pouvez nous déposer ici, il demanda au chauffeur, même si peu sûr qu'il y ait encore des desserts à cette heure. Pas d'autre choix de toute façon, il ne semblait pas y avoir quelque chose d'autre à l'horizon. Voiture garée, course validée, porte ouverte sur la rue artificiellement illuminée. Attention à ta tête, il vint instinctivement poser sa main pour lui éviter de se cogner, rapidité d'action apprise à l'armée – sens de l'observation et de la réaction qu'on pouvait lui envier. Ça nous fera du bien de nous mettre debout au comptoir, j'ai mal aux fesses à force de rester assis sur une banquette, il complimenta l'idée, même s'il se doutait que ce n'était pas pour ça qu'elle l'avait presque supplié. Il s'avança à son côté jusqu'à l'entrée, lui ouvrit l'accès et la suivit juste après. C'était bondé, mais il restait un petit espace où ils pourraient s'engouffrer. Main posée contre sa colonne vertébrale, il la guida jusqu'au plan de travail. Le Nord-coréen joua des coudes pour faire de la place, et posa ses bras sur la surface. Je te laisse regarder le menu, il l'invita à le prendre et le porter à sa vue – de son côté c'était tout vu : un petit whisky, pour lui. .

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