good luck, babe ! (haiwee&willow)

Au lieu de me flageller pour cet inconvénient technique, j’écoute la jeune femme et décide de partir sur ce qu’elle propose. Après tout, peut-être que ça me détendra assez pour oublier ces résultats que je pourrais de toute façon consulter dès que je serai rentrée à l’hôtel. Euh ouais… Un sourire se dessine sur mon visage en la voyant s’asseoir face à moi. Je ne sais pas trop ce que l’on va bien pouvoir se dire pendant ce moment mais peut-être que je vais découvrir une facette de la demoiselle que je ne connais pas. Pour tout dire, je ne connais que ce dont Wendy m’a parlé - et lors de notre moment au pied de l’Etna - et autant dire que cela équivaut à… rien de bon et tout a peut-être été un peu… exagéré. Et sinon… Tu passes de bonnes vacances ? Ah ouai. La banalité de la conversation risque de nous retourner l’estomac. Mais je ne peux m’empêcher de répondre avec sérieux, après avoir balayé de la main ses mots concernant le réseau. Plutôt pas mal oui. Je suis là avec des amies pour un enterrement de vie de jeune fille. Mais je crois que c’est plutôt la future mariée qu’elles veulent toutes enterrer. Même lors de mes vacances universitaires, je ne faisais pas autant la fête. Et quel est le plaisir de voyager pour ne rien voir d’autres que les clubs bondés ? J’aime faire la fête mais j’ai mes limites. Et toi ? T’en profites pour… Te ressourcer ? Je n’ose pas le dire, ne sachant même pas de quoi elle aurait besoin de se ressourcer. Pour affronter Wendy ? Ça me semblerait logique mais en étant dans la même ville que la rousse, ce n’est pas le plus efficace. Le serveur s’approche et je commande un latte au lait d’amandes avant de glisser les yeux sur Haiwee.

Elles ne sont pas amies. Elles ne se connaissent même pas vraiment. Mais elles sont là, à la même table, à faire semblant. Bien sûr, la brune n’en oublie pas de se méfier, et c’est probablement pour cette raison qu’elle se contente de surface, de banalités. Même si son cœur de journaliste conserve des envies de creuser. Est-ce que Willow Pfizer est réellement vide et sans cœur ? « Plutôt pas mal oui. » Tant mieux, elle imagine, et hausse les sourcils, compréhensive, « Je suis là avec des amies pour un enterrement de vie de jeune fille. » Un mariage… C’est plus fort qu’Haiwee, elle adore cette image, le romantisme comme plus beau mirage, « Mais je crois que c’est plutôt la future mariée qu’elles veulent toutes enterrer. » Soudainement, c’est beaucoup moins romanesque dans son esprit. Parce que l’expression utilisée, elle l’a bien compris. Enfin, à demi. Et ne voit pas forcément le pourquoi, justifiant tout ça. Peut-être parce qu’elle n’a pas été élevée dans la même société et que pour elle, l’union de deux personnes qui s’aiment reste un instant sacré. Cela dit, elle n’est pas franchement experte, elle n’a connu que ceux de sa tribu contre un seul ici depuis qu’elle est une fille perdue. « Et toi ? T’en profites pour… » Se retrouver, essentiellement. Profiter d’instants avec Sheng, après une année difficile, des hauts et des bas qu'elle n'aurait jamais cru devoir affronter, des mois à garder pour elle à quel point elle s’en voulait d’avoir perdu leur bébé… Et même si elle se dit qu’elle a été mise au courant par Wendy… L’explication de sa faiblesse, la tristesse qui voile son regard, qui malgré tout reste, ce n’est pas à Willow qu’elle compte l’avouer, non, ici elle se contente de commander un café latte et d’articuler, « Découvrir le monde. » parce qu’elle ne le pouvait pas avant. Parce qu’elle a cru qu’elle ne pourrait jamais le faire, durant longtemps. Une occasion de se moquer d’elle, de son histoire, elle lui sert sur un plateau d’argent. « Tu m’expliques le principe d’enterrer la mariée ? » L’intérêt. En le lui demandant, elle ne croit pas, se risquer à beaucoup, faire la discussion en s’instruisant sur les us et coutumes, d’une pierre deux coups.

Je sais bien que nous n’avons pas forcément grand chose en commun Haiwee et moi mais je sais aussi qu’elle n’est pas si cruelle que Wendy veut bien le faire croire. J’adore la rousse et je la défendrai envers et contre tous mais je sais aussi quand elle a tort et qu’il est l’heure de lui remettre les idées en place. Je crois que c’est bien ça, le code des copines : se soutenir mais savoir se dire quand on merde complètement. Le plus important c’est ça : reconnaître sa responsabilité. Assise, boissons commandées, il faut combler ce vide qui commence presque à peser. Je suis douée avec ceux-là en temps normal mais là, c’est difficile. Je crois qu’il y a tellement de préjugés et de ressentiments entre nous deux que c’est un peu comme un chien sur le bitume brûlant : désagréable à voir et douloureux pour lui. Découvrir le monde. J’acquiesce légèrement, c’est quelque chose que je comprends, ayant toujours pris la moindre opportunité pour découvrir le monde, pour visiter de nouveaux horizons bien que je passe trop de temps en Europe. La preuve en est là : j’y ai vécu seize ans, j'ai visité tout ou presque les pays du continent mais je suis encore là, après y être déjà passée cet été. Tu m’expliques le principe d’enterrer la mariée ? Notre boisson arrive rapidement et je place mes mains sur la tasse où se trouve mon latte. Normalement c’est pas la mariée qu’on enterre mais sa vie de jeune fille. Mais j’ai des copines vraiment limite et avec un humour qui laisse à désirer. Elles préfèrent enchaîner les sorties jusqu’à pas d’heures, ce qui fait que la future mariée est au fond du trou tout le reste de la journée. Je ne comprends pas le but mais ce n’est pas moi qui décide. Mais sinon, le but d’un enterrement de vie de jeune fille, c’est plus ou moins de profiter de sa dernière soirée en tant que femme considérée célibataire. Légale, t’es célibataire, mariée, veuve ou divorcée. Il n’y a pas de case ‘en couple’ sur la plupart des formulaires. Du coup, ce moment est supposé marquer le passage du célibat au mariage. Je tourne la cuillère dans mon café et souffle Si tu penses que c’est un principe un peu idiot, sache qu’on est deux. Je ne comprends pas vraiment le but. Je pense que c’était symbolique à un moment mais que maintenant, c’est juste une excuse pour se retrouver et profiter entre copines, ce qui est quelque peu triste de mon point de vue. Depuis quand a-t-on besoin d’une excuse pour passer du temps entre amies ? Quand on veut, on peut, non ?

C’est l’expression qu’elle n’a pas vraiment comprise, mais lorsque Willow commence à le lui expliquer, elle réalise qu’elle n’a pas dû bien s’exprimer. « Normalement c’est pas la mariée qu’on enterre mais sa vie de jeune fille. » Oui mais… Comment elles ont décidé de l’enterrer ? Elle imagine un bizutage, quelque chose de pas très glorieux, à dire vrai. Et par l’idée de brimades, même pour rigoler, elle avoue être mal à l’aise, la Haiwee. « Mais sinon, le but d’un enterrement de vie de jeune fille, c’est plus ou moins de profiter de sa dernière soirée en tant que femme considérée célibataire. » Profiter de sa dernière soirée, elle l’entend à peu près, le sens caché, même si elle se doute bien que profiter n’a pas la même définition selon à qui le mot est adressé. « Légalement, t’es célibataire, mariée, veuve ou divorcée. » qu’elle lui précise, comme si elle n’avait pas compris la subtilité de l’appellation célibataire. « Il n’y a pas de case ‘en couple’ sur la plupart des formulaires. » Elle acquiesce, « Du coup, ce moment est supposé marquer le passage du célibat au mariage. » toujours en train de hocher le visage de haut en bas… « Si tu penses que c’est un principe un peu idiot, sache qu’on est deux. » Puis elle se pince les lèvres, à dire vrai, elle ne peut pas nier qu’elle a apprécié l’élan de gentillesse de Willow, qu’elle prenne le temps de lui expliquer, mais elle ne peut pas s’empêcher d’en profiter, ne serait-ce qu’un tantinet, « Willow… » amorce en douceur, les yeux malgré tout rieurs, « je te demandais de m’expliquer pourquoi et comment elles comptaient l’enterrer. » ce qu’elle voulait ce n’était pas la définition complète d’un enterrement de vie de jeune fille, elle a vu assez de comédies romantiques pour savoir ce que c’est. Mais pour l’adoucir face à la petite moquerie de l’amérindienne, elle demande, plus sérieuse, « et le principe du mariage, t'en penses quoi ? » Tu trouves que c’est idiot, Willow ?

L’explication donnée, je souris à Haiwee, me demandant si j’ai été assez clair. Willow… je te demandais de m’expliquer pourquoi et comment elles comptaient l’enterrer. Eh bien, visiblement, la clarté c’est moi qui en manque. Ah. Je soupire légèrement et lève les bras au ciel Tu vois, ça ça m’apprendra à me fier à tout ce que Wendy me dit. Parce qu’elle lui a répété de nombreuses fois qu’elle n’était pas faite pour ce monde, qu’elle était à côté de la plaque la plupart du temps. Mais c’était sûrement il y a bien longtemps. Et le principe du mariage, t’en penses quoi ? Bonne question. Y a le principe et la réalité, c’est bien ça qu’on oppose ? Alors, déjà, pour ma copine… C’est soirée après soirée, les doses d’alcool ingurgitées feraient peur à un hépatologue… Et je suis incapable de les suivre. Avoir une gueule de bois continu et être incapable de fonctionner ? Trop peu pour moi. Et le mariage… Je sais pas trop.  Le principe, je le trouve beau. Aimer quelqu’un et lui faire confiance au point de vouloir prendre son nom, partager sa vie pour toujours en faisant un serment devant Dieu… Sur le papier, c’est beau. Et j’ai vécu avec le plus bel exemple de mariage qui existe. Mais je t’avoue que je trouve ça un peu… archaïque. J’ai pas besoin de promettre des trucs devant un type qui dit avoir un lien avec le bon Dieu pour aimer et être fidèle. Je ne suis pas contre l’idée mais ce n’est pas ce vers quoi je me dirigerais directement. Je serai très heureuse sans cela. La seule raison pour laquelle je pense que je me marierais à l’heure actuelle, c’est pour la relève de taxe la première année. Je ne mens pas, c’est quand même super intéressant quand on y pense. Mais redemande moi ce que j’en pense le jour où j’aurai quelqu’un dans ma vie. Je ne peux m’empêcher de rire légèrement. Je suis littéralement à l’autre bout du globe pour fuir quelqu’un sur qui j’ai un crush. Même pas de sentiments, juste une affection particulière. Et toi ? T’en penses quoi ? C’est sûrement un rite de passage hyper important pour elle. Elle a tout l’air d’une grande romantique…

« Tu vois, ça ça m’apprendra à me fier à tout ce que Wendy me dit. » Et elle n’ose pas imaginer tous les clichés qu’elle a pu raconter à son sujet. Le seul problème, c’est que Wendy s’est arrêtée à sa première impression, ne prend jamais en compte le fait, que l’amérindienne puisse apprendre et évoluer.

Et quand elle explique finalement pour son amie, la vérité, c’est que ça ne fait pas rêver Haiwee. L’alcool, elle n’en est pas très fan, le nombre d’excès qu’elle en a fait, c’est sur le bout de ses doigts qu’ils peuvent se compter. Cet enterrement, elle le trouve, sans même y être conviée, écœurant. Mais une fois ce détail expliquer, c’est le reste qui l’intéresse. Parce qu’elle n’arrive pas à voir Wendy comme une romantique – elle est d’ailleurs persuadée qu’elle ne l’est pas et que l’amour, elle ne connait pas – alors est-ce que celle qui est, probablement, sa plus proche amie est son contraire ou bien est-ce qu’elle lui ressemble ? « Et le mariage… Je sais pas trop. Le principe, je le trouve beau. » Son contraire, alors, même si elle ne sait pas trop. « Aimer quelqu’un et lui faire confiance au point de vouloir prendre son nom, partager sa vie pour toujours en faisant un serment devant Dieu… » Haiwee, ça lui parle, c’est ce qu’elle veut. « Mais je t’avoue que je trouve ça un peu… archaïque. » Ce mot, dans sa bouche, elle le trouve quasiment logique, « J’ai pas besoin de promettre des trucs devant un type qui dit avoir un lien avec le bon Dieu pour aimer et être fidèle. » C’est sur, mais c’est tout le reste, la signification, des sentiments partagés, la promesse. « La seule raison pour laquelle je pense que je me marierais à l’heure actuelle, c’est pour la relève de taxe la première année. » Elle ne peut pas se retenir de pouffer, elle rectifie, elle est tout simplement comme Wendy. Moins dure, peut-être, mais c’est le froid de cœur qui ressort vainqueur. « Mais redemande moi ce que j’en pense le jour où j’aurai quelqu’un dans ma vie. » Oui, elle imagine que ça change tout. Lorsqu’on a la bonne personne. Celle qui nous inspire l’éternité. « Et toi ? T’en penses quoi ? » Elle inspire longuement, à essayer de déterminer comment elle peut se retrouver ici et maintenant à discuter de ça avec elle. A quel moment cette journée a pris cet étrange tournant ? « J’ai… » elle débute, l’ongle de son pouce grattant sa tasse de café, elle hésite, ne sait pas si c’est avisé de faire preuve de sincérité… Mais le mensonge, Haiwee n’a jamais maitrisé, « J’ai été élevé par une communauté qui oblige le mariage, » qui pratique celui arrangé, mais il coule dans ses veines, le désir d'être déclarée un jour femme de sa moitié, « c’est tout ce que j’ai toujours connu, » avant Boston, évidemment, « je croyais que les mariages d’amour n’étaient pas… Que ça finissait par venir avec le temps. Ou que l’affection ressemblait à ça. » A un homme qu’on connait depuis toujours, une relation platonique, amicale, qui se transforme en amour. « Maintenant je sais que j’espère me marier parce qu’il m’aime et moi aussi. » Parce qu’elle veut passer avec lui, l’entièreté de sa vie. Même si parfois, elle n'est pas sûre qu'il le veuille aussi...

Je sais bien que Wendy a toujours une version des faits qui l’arrange. Pas qu’elle mente ou manipule la vérité mais comme dans toutes les histoires, il y a plusieurs versions. Il y en a une par protagoniste. Et si les événements sont similaires, la manière dont ils sont ressentis et vécus est bien différente. Je le sais, je l’ai toujours su mais je m’en rends encore plus compte aujourd’hui avec Haiwee. Wendy ne l’a jamais dépeinte comme une femme socialement intégrée, Pocahontas plutôt paumée. Force est de constater que je me suis laissée bernée par ma meilleure amie. Je ne lui en dirai rien parce que ça ne me regarde pas, préférant me faire un avis sur la brune de moi-même. Et notre discussion ne meurt pas comme je pensais qu’elle allait le faire. On est même pas en train de ressusciter un truc qui n’a aucun intérêt. Le mariage est une institution qui ne m’intéresse pas mais je ne sais pas ce qui en sera du futur. S’il y a un an ou deux, on m’avait demandé si j’allais excuser un homme qui m’a ghosté pendant des mois, j’aurais ris et dis que non, incapable de m’imaginer excuser la manque de communication de qui que ce soit. Mais aujourd’hui, je suis ici parce que mon coeur a raté un battement de trop et s’est déréglé en entendant les mots de Ford lors de nos retrouvailles. Comme il a su me perturber dans le passé, il a réussi à le faire à nouveau et à bousculer tout ce dont j’étais convaincue sur le ghosting. Ce n’est pas que je change mais plutôt que je réévalue mes options et avec le temps, elles sortent de leur trajectoire initiale. Pour quelque chose de mieux. Mais pour le moment, cette envie de me marier, elle est bien loin de moi. J’ai… Je la regarde, buvant une gorgée de ma boisson, la laissant prendre le temps qu’il faut pour continuer sa phrase. Je n’ai pas mieux à faire avec l’internet aussi stable que nos chances de se faire empoisonner avec ce café. J’ai été élevé par une communauté qui oblige le mariage. C’est tout ce que j’ai toujours connu, je croyais que les mariages d’amour n’étaient pas… Que ça finissait par venir avec le temps. Ou que l’affection ressemblait à ça. Le retour dans le passé, les unions forcées et imposées par les parents. Un peu comme la plupart des grands noms que je croise depuis mon arrivée aux États-Unis. Il y en a qui sont bloqués en 1700 et c’est dommage, surtout pour ceux de mon milieu. Pour Haiwee, ça ne m’étonne pas vraiment mais cela va avec sa religion, son éducation, avec la communauté où elle a grandi. Ici, c’est quelque chose qui ne devrait pas arriver, à moins de vouloir punir son enfant et encore. Qui voudrait punir et gâcher la vie de son enfant ? Si c’est une motivation que vous jugez valide, vous ne devriez pas en avoir, d’enfants. Voilà ce que je pense réellement. Maintenant je sais que j’espère me marier parce qu’il m’aime et moi aussi. J’acquiesce à ses mots et souffle Je te le souhaite. Mais je ne suis pas sûre que ça arrivera. De ce que je sais, elle n’est pas tombée sur le bon, sur celui qui pourrait lui promettre l’éternité. Enfin, si. Mais la fidélité ? C’est différent. De toute façon, ici, personne ne t’obligera à épouser quelqu’un contre ta volonté. Ce n’est pas possible. C’est même illégal. Il doit y avoir une publication des bancs et même si nous ne sommes pas amies - à peine connaissances - je me ferai un plaisir de m’opposer à une quelconque union qu’elle ne désire pas. Et je suis assez intelligente pour savoir qu’il s’agira de n’importe quelle union qui n’implique pas Sheng. T’étais promise à quelqu’un là-bas ? Je ne sais même pas d’où elle vient. C’est un peu comme si Wendy décrivait ça comme une porte secrète sur une réserve ostracisée. Et en attendant sa réponse, je me replonge dans ma boisson. Je risque d’en apprendre des choses.

Aimer et être aimée en retour, et l’écrire, à l’encre indélébile… Liés pour l’éternité. Elle est peut-être naïve, mais oui, c’est bien ce qu’elle désire. « Je te le souhaite. » Elle en reste bouche bée, ne s’y attendait pas, si bien qu’elle regarde Willow avec les sourcils froncés, doutant de sa sincérité. A cet instant précis, la rousse semble si différente de Wendy.

Elle ne sait donc pas quoi lui répondre, elle se contente de détourner le regard, d’observer son café, ce n’est même pas dans une autre dimension qu’elle a basculé, c’est l’univers tout entier qui paraît déconner. « De toute façon, ici, personne ne t’obligera à épouser quelqu’un contre ta volonté. Ce n’est pas possible. » Oui, elle l’imagine… Alors aux mots de Willow, elle opine. « T’étais promise à quelqu’un là-bas ? » A cette question, elle se retrouve une nouvelle fois surprise, peut-être parce qu’elle lui semble encore très intéressée, nullement moqueuse, simplement curieuse. « J’ai… oui. » elle répond aussi naturellement que possible même si c’est une vérité archaïque. « Depuis ma naissance, en réalité. » Et elle a refusé ce destin, elle a envoyé valser tout ce que ses parents désiraient. « Le plan c’était de faire mes études et de rentrer. » Mais la vie en a voulu autrement, parce qu’on ne peut rien contrôler. Et quand elle termine son café, elle lui souffle, « Le wifi de l’hôtel fonctionne mieux. » et elle veut bien marcher avec elle jusque là bas, si elle le veut.

Ma meilleure amie et moi avons beaucoup de points en commun mais nous avons aussi énormément de points qui divergent entre l’une et l’autre. Si la méchanceté est dominante chez elle, c'est un trait que je cultive avec qui le mérite. Être méchante pour le simple plaisir de l’être ne me ressemble pas. Je n’y éprouve aucun plaisir quand ce n’est pas mérité. Et mes actions, j’aime qu’elles soient informées. C’est pour cela que je m’intéresse à ces questions, ces problématiques que je ne rencontrerais pourtant jamais. Mais si un jour, j’ai besoin de la briser en lui disant qu’elle abandonne les gens derrière elle, elle aussi, je pourrais lui parler de ce fiancé promis qu’elle n’a jamais revu et ne reverra jamais. Enfin, je n’en suis pas sûre mais quand elle parle de plan, je suppose qu’elle ne le suit plus maintenant. Est-elle définitivement désolidarisée de tous ceux qui sont restés là-bas par envie, par obligation ou par conviction ? Et alors que je m’apprête à lui poser d’autres questions, je suis surprise par la fin abrupte de cette discussion. Mais c’est ainsi. Je bois la fin de mon café et souffle Oui, j’aurais peut-être jamais dû le quitter, l’hôtel. Mais je n’en aurais pas tant appris sur la jeune femme. Un sourire sur les lèvres, je laisse un billet de vingt euros sur la table et glisse mon ordinateur ainsi que mon cellulaire dans mon sac à main. Lanière autour de l’épaule, je lui emboite le pas, continuant de badiner légèrement en direction de l’hôtel. Et lorsque l’on arrive à l’hôtel, je lui adresse un sourire. T’es vraiment pas si mauvaise que ce que le monde aurait voulu te faire penser. Félicitations. Elle a changé, elle a évolué mais elle est toujours d’une douceur qu’une vie loin d’ici a pu lui apprendre. Elle n’est pas respectée à sa juste valeur par qui que ce soit mais ça, c’est un sujet pour un autre jour. Pour le moment, je me dirige vers ma chambre et quitte ma tenue pour un maillot de bain et une jolie couche de crème solaire. Sur mon balcon, je profite du soleil et du wifi qui est littéralement, d’un autre niveau de celui que l’on a en ville.

rp terminé.