The Fables [Raineng

Tu l'avais ressenti à plusieurs reprises cette année, ce sentiment d'impuissance face aux événements qui s'étaient déchaînés en cette seconde partie d'année. Les présidences n'avaient que peu de pouvoir, tu avais très mal vécu la convocation chez la Doyenne où vous avez pris une soufflante alors qu'aucun d'entre vous n'était responsable du saccage des maisons. C'était donc avec un pincement au cœur que tu avais rendu ta couronne à la fin de l'année, tout en ayant à l'esprit que c'était une autre t'attendait, bien plus lourde. Tu secouas la tête d'un air navré lorsque tu ramassas un emballage de ce qui semblait être une barre de chocolat. Les gens étaient vraiment des porcs, tu songeas non sans amertume. L'outrage disparut dans le sac poubelle et tu continuas ta besogne. Comme pour la rendre moins pénible, tu entendis un musicien de rue jouer les premières notes d'un morceau, de ce qui semblait être de la guitare. Tu ne connaissais pas cet air que tu te surpris à écouter quelques instants, avant de reporter ton attention sur la conversation. Tu ne savais pas quoi penser de tout ça, visiblement personne n'avait été mis au parfum de tout ce qui se tramait.   "Je suppose que vous en saurez plus très bientôt, ils ne peuvent pas laisser la rentrée se faire sans rien dire." Tu pouvais supposer que tu auras des nouvelles par Lilia ou Benedikt, à plus forte raison que Benedikt vivait sur le campus et qu'il était aux premières loges. "Dans tous les cas je vais suivre cette histoire, je suis curieux de connaître le fin mot de cette histoire." La curiosité du journaliste sans doute. Pendant ce temps là, quelqu'un annonçait l'arrivage de fleurs pour décorer la fontaine une fois nettoyée.

Réussi : 4/5
@Sheng Lao Xian

En tant que - futur - journaliste tu ne résistais jamais à un mystère. Il n'y avait rien de plus frustrant que de ne rien savoir, ne rien comprendre, au delà du sentiment d'impuissance que ces événements provoquaient. Ce qui t'intéressait, c'était de connaître le mobile, car tu avais du mal à imaginer que quelqu'un puisse s'adonner à ce genre d'acte gratuitement. Il y avait forcément un message, mais lequel? Et pourquoi vous en particulier alors que vous ne faisiez pas de vagues, habituellement? Le vandalisme c'était tout de même autre chose qu'une simple vengeance entre étudiants. Entre-temps tu avais fini de ramasser les détritus et tu t'arrêtas un moment pour regarder tout autour de toi ce qu'il restait à faire. "Avec tout ce que nous avons dû réparer et nettoyer depuis que nous sommes en Sicile, nous serons entraînés au cas où." Tu commentas non sans cynisme parce que bien entendu tu espérais, comme tout le monde, qu'une telle chose ne se reproduise jamais. Puis, finalement Sheng changea de sujet, pour aborder un autre thème. Ce n'était pas la première fois que tu en parlais avec un autre étudiant de ta maison, quelques mois auparavant, Zephyr était venu en échanger avec toi. Tu regardas longuement l'autre Adams, comme pour le sonder. Ainsi, Haiwee et lui pensaient à passer à la vitesse supérieure? Tu soupiras longuement, ne sachant pas quoi répondre. Tu ne voulais pas être rabat-joie, en répondant que c'était l'enfer, que tu vivais mal cette nouvelle dynamique familiale, qu'en tant qu'homme, tu avais changé. Pour autant tu ne voulais pas le dissuader de concrétiser ce projet si tel était son souhait. Ce n'était pas parce que toi, tu le vivais mal que tu devais en dégoûter les autres. "Tu veux la réponse honnête ou la réponse politiquement correcte?" Tu demandas finalement, réfléchissant d'ores et déjà à la façon dont tu allais amener les choses si toutefois Sheng optait pour la réponse honnête.

Réussi : 4/5
@Sheng Lao Xian

Tu aimerais pouvoir dire que ce n'était effectivement que du bonheur, qu'on devrait être reconnaissants d'avoir reçu un si beau cadeau de la vie, que ta vie n'avait aucun sens avant cette naissance et tu étais censé être tant un père présent qu'un compagnon soutenant. Certes, la pression était moindre que celle qui pouvait bien peser sur les femmes mais elle existait quand même, il fallait jouer la comédie du bonheur et donner l'image de la famille parfaite, une de celles parfaitement instagrammables et qui donnaient l'impression aux autres d'être nuls tant ça avait l'air simple. Pour les bien-pensants, rien que ta présence ici sans eux ferait de toi un père indigne, qui préférait aller s'amuser plutôt que de prendre ses responsabilités au sein de sa toute nouvelle famille. Tu souris bien malgré toi, malgré la gravité de la conversation lorsque Sheng refusa que tu lui serves la soupe habituelle, peut-être parce que quelqu'un était enfin prêt à entendre un discours différent, moins lisse, plus réaliste. "C'est difficile." Tu dis alors, en essayant d'expliquer ce que tu vivais depuis six mois sans pour autant sombrer dans le pathos. "Avoir un enfant ça change la vie oui, et personne ne se l'imagine tout à fait avant de l'être pour de bon." Et parfois cela ne se passe pas comme on l'avait imaginé, fantasmé. "Une femme a le temps de sa grossesse pour se rendre compte qu'elle va être mère parce qu'elle va la vivre dans sa chair. Le co-parent...le co-parent ne le devient qu'à partir du moment où on lui colle son enfant dans les bras pour la première fois et parfois...on ne ressent pas l'amour inconditionnel qu'on est censé ressentir au premier regard." Tu avais conscience que tes mots n'étaient sans doute pas rassurants mais c'était exactement ce que tu avais vécu. "Je pense que c'est un tel bouleversement qu'il faut absolument être sûr de vouloir des enfants." Toi, au final, tu ne l'étais pas tant que ça. Tu avais assumé parce que c'était arrivé, mais c'était en réalité la pire idée du monde. Au passage, tu avais pris un filet pour ramasser la vase qu'il y avait au fond de la fontaine pour les mettre dans un seau, non sans froncer le nez à cause de l'odeur nauséabonde qui s'en dégageait.

Réussi : 5/5
@Sheng Lao Xian