attenzione ─ Rainier & Ace

La théorie du déplacement de la douleur, mh ? Ace se figea dans son mouvement, sachant parfaitement à quoi il faisait référence. Il sembla encaisser la remarque quelques courtes secondes, avant de se remettre en mouvement et poser quelques fruits. C'était forcé qu'on le questionne à ce sujet, il ne s'en étonnait pas, en vrai, mais parfois, les questions le prenaient un peu de court. Il ne s'était pas attendu à ce que Rainier le fasse ici et maintenant, et la curiosité qu'il affichait derrière n'était pourtant nullement déplacée. L'état d'Ace était quelque chose qui serait certainement mortel pour lui. Ace soupira en répondant, plus par lassitude qu'autre chose. « Un mal de chien. Chaque respiration nasale m'donne l'impression  que la moitié d'ma tête va exploser parler tire sur la lèvre. » répondait-il honnêtement en posant de nouveaux fruits. « Mais c'est temporaire. La douleur va durer quelques jours puis après ça va disparaître. » Il se baissa à nouveau, posant enfin les yeux sur son royal ami. « Tu vas me demander pourquoi et qui ? »

Il est vrai que tu ne savais pas ce que c'était de te retrouver dans cet état, sans doute parce que tu ne serais plus là pour en parler si cela devait arriver. C'était un monde qui était totalement inconnu pour toi, alors tu essayais d'imaginer, même si cela restait très loin de la réalité. Tu restas de marbre alors que Ace t'expliquait ce qu'il ressentait. Tu hochas la tête, comme pour dire que tu avais compris. Tu te gardas bien de lui lancer un regard compatissant ne sachant pas comment ce serait perçu. "Tu mets régulièrement de la glace dessus, quand tu es à l'hôtel? J'en mets immédiatement quand je me cogne, ce qui limite les dégâts." Cela n'empêchait pas les ecchymoses de fleurir sur ton épiderme mais ça soulageait beaucoup. "C'est ce que je vais faire pour ma hanche." Tu avouais à demi-mots que tu douillais et que tu allais faire tes soins une fois rentré à l'hôtel...enfin, quand vous aurez fini de ramasser tout ce bazar. "Je ne peux pas prendre d'aspirine, pour la douleur, parce que ça fluidifie le sang." Pour quelqu'un qui avait des problèmes de coagulation cela pouvait s'avérer assez problématique. Tu pinças les lèvres en entendant la question d'Ace. "Est-ce que c'est important de savoir si c'est Pierre, Paul, Jacques qui a fait ça?" Tu demandas, un peu décontenancé par sa question. "J'imagine que tout le monde a dû te poser la question, tout comme j'imagine à quel point ça doit être tannant de toujours devoir te justifier?" Tu étais un spécialiste, pour ce qui était d'esquiver les questions auxquelles tu n'avais pas envie de répondre. Et ces derniers temps, il y avait bien des sujets sur lesquels tu ne voulais pas qu'on t'interroge alors ce n'était pas pour faire subir cela aux autres. Tu pris un tas de bananes pour aller les mettre dans la cagette à côté de toi.

« J'en ai mis au début ouais. » confirmait-il en faisant tomber des oranges malgré lui. « Merde... » Il se penchait à nouveau pour les ramasser, mais écoutait toujours Rainier, et en apprenait ainsi un peu plus sur sa condition. Il leva les yeux un instant vers lui, puis vers sa hanche, avant de regarder ce qu'il faisait avec ses oranges pour ne pas les refaire tomber. « Ça m'a l'air bien chiant. » Non pas qu'il était un gros consommateur d'aspirine, mais il comprenait pourquoi dans certaines circonstances, c'était chiant de ne pas pouvoir en prendre. Les bras chargés, il se leva à nouveau pour déverser les fruits devant lui, sur la table, afin de commencer à les trier, lâchant quelques mots en italiens à la propriétaire. « Va bene, va bene ! ». Ace répondit ensuite, un peu vaguement, à la question de Rainier. « En vrai, ça va. Les gens sont assez discrets. Ils insistent pas, et c'est tant mieux, ça n'en vaut pas la peine. » D'une part parce que ça ne les regardait pas, mais aussi parce qu'ils n'y gagneraient rien. Ni eux, ni lui, si ce n'était satisfaire une curiosité morbide et prendre le risque de se trouver mêlé à des histoires qui ne les regardaient pas. Ace lança un coup d'oeil à son équipier alors, observant ses gestes et réorientant le sujet sur lui. « Comment t'as su que t'étais hémophile ? Genre, ça se sait rapidement quand t'es bébé ? J'y connais rien. »

Tu relevas qu'il avait utilisé l'expression au début et cela te fit hausser un sourcil. "Et pourquoi tu n'as pas continué à en mettre, de la glace?" Tu interrogeas, le regard inquisiteur, comme si tu allais le gronder comme un enfant pas sage s'il confirmait avoir arrêté. Tu ne trouvas rien à redire quand Ace dit que ça lui avait l'air bien chiant. Toi, contrairement à lui, tu avais appris à vivre avec parce que tu n'avais pas eu le choix. Ce n'était pas comme si tu avais vécu un quelconque événement qui t'avait rendu ainsi, tu étais né comme ça. "Et tu penses que ça peut s'arranger?" Tu demandas, respectant la volonté d'Ace de ne pas trop en divulguer sur le pourquoi du comment. À tes yeux, tout ce qui importait, c'est que ton ami puisse se tirer d'affaire et que ces histoires étaient derrière lui. En effet, tu n'avais pas besoin de connaître les détails, parce que ça ne changera pas grand-chose à la finalité. Tu t'arrêtas en plein mouvement quand il te demanda comment tu as su. "Le gène est présent dans ma famille depuis des lustres, c'est la reine Victoria qui en était porteuse et qui l'a transmis à sa descendance. Connaissant les risques de transmission, mes parents ont fait faire des analyses à titre de prévention. Ma sœur jumelle n'est pas hémophile mais elle est porteuse du gène et moi...je n'ai pas eu de chance à la loterie, c'est tombé sur moi." Tu plaquas un sourire crispé sur ton visage. "Tu penses qu'ils n'ont pas attendu qu'il m'arrive quelque chose, ils ont donc anticipé." À défaut de quoi les conséquences auraient pu être désastreuses. Tu jetas un coup d'œil autour de toi, satisfait de voir votre avancée. "Je crois qu'on se débrouille pas trop mal non?" En tout cas, ça avait l'air bien plus facile que réparer ce fichu bateau, qui lui vous a donné du fil à retordre.

« Flemme. » avait répondu Ace au sujet de la glace. Purement et simplement. Au moins, il était honnête. « Mais j'ai l'habitude, j'fais de la boxe, à Boston. » Il haussait les épaules à la question suivante, et il était évident qu'il ne voulait même pas daigner s'attarder sur le sujet. Parler du conflit qui lui avait causé cet état ne l'intéressait pas, et ils avaient mieux à faire, de toute façon. Ace écoutait ensuite l'explication sur sa condition, découvrant ainsi qu'il avait une soeur et comment ça se transmettait ─ du moins dans les grandes lignes. Rien de bien facile, et il ne pouvait que se réjouir, de son côté, qu'il n'avait pas à se plaindre de la moindre pathologie. « J'vois. Merci de l'explication. J'aurais certainement pu faire ma recherche sur le net mais j'préférais l'entendre de ta bouche. » Puis le dernier fruit était ramassé, et ils se faisaient remercier, avant qu'Ace ne se tourne vers Rainier. « Allez, filons. On va aller t'chercher de la glace pour ta hanche, le reste de la rue peut bien se débrouiller sans nous. » Et comme s'il ne lui laissait pas le choix, il passa à côté de lui en plaquant sa main sur son dos, en douceur, l'invitant à le suivre.