attenzione ─ Rainier & Ace

Nouvelle sortie à deux ce matin, avec l'envie d'explorer les rues médiévales qui étaient finalement bien plus fraîches que les modernes. Le soleil de plomb aurait pu les mettre K.O, et Ace avait même hésité un instant à ne pas sortir pour éviter que ses blessures ne soient trop exposées au soleil, mais une bonne dose de crème solaire sur le visage après la cicatrisante suffit, ainsi que la casquette qui, définitivement, était son accessoire principal ces derniers jours. Rainier avec lui, les deux hommes marchaient, et Ace commentait l'efficacité de Rainier lors de l'épreuve des pizza. « T'avais juste la dalle et voulait manger hein ? » taquinait-il. Pas de mauvaise humeur ou mauvaise ambiance, Ace semblait même retrouver son côté jovial en dépit de ses expressions faciales bien plus limitées. Jusqu'à ce qu'un cycliste en roue libre dans la descente crie pour attirer l'attention des passants, hurlant quelque chose dans italien. Ace se retourna, puis en voyant que le vélo ne s'arrêtait pas, tira sur la bras de son équipier pour le reculer en même temps que lui. La rue entière fut prise d'un mouvement de panique et nombre de personnes percutèrent les étals, eux inclus, causant des chutes de produits divers et causant encore plus d'agitation. Derrière eux, un état de fruits et légumes ─ encore ?! ─ laissait tomber des fruits et Ace tenta rapidement de rattraper une pastèque avant qu'elle ne se fasse la malle. « Non ! Ah, bordel ! » Quel carnage. « Bastardo ! » lâchait-il au vélo qui, bien sûr, ne l'entendait pas.

Aujourd'hui tu avais eu l'idée d'aller au marché pour aller acheter des pomodori à utiliser dans une recette de cuisine. Comme tu l'avais démontré lors de l'épreuve des pizzas la bouffe c'est ton rayon. Seulement ton niveau d'italien étant ce qu'il est, tu avais réclamé les fameuses pomodori, en te disant que comme son nom l'indique, il s'agissait de pommes de terre, quelle ne fut pas ta surprise - et ta consternation - de voir que le marchand était en train de prélever quelques tomates parmi les légumes disposés en pyramides sur les étals. Pour être un raté c'était un raté, et le séjour étant loin d'être fini, tu admettais que tu en connaîtras d'autres, même si ce n'était pas une fatalité. Tu déambulais dans les allées en compagnie de Ace, ton sac de tomates sous le bras. Tu te tâtais à aller chercher une baguette à la boulangerie du coin, dans l'optique de faire un sandwich pour le déjeuner. Tu te voyais déjà rajouter de la mozzarella et du jambon speck. Et, s'il restait de la tomate et de la mozza après avoir confectionné ton sandwich, tu feras une salade de tomates avec du vinaigre basalmique en accompagnement. "On peut dire ça." Tu acquiesças à la remarque de ton coéquipier. "J'avoue que ma préférée était la Savoyarde, ça me rappelle mes vacances à la montagne, en France." Même si ton aventure s'était arrêtée à Boston pour le moment, tu avais eu l'occasion de vivre à plusieurs endroits, bien loin de ton Danemark natal. "Cela dit, être le roi de la pizza n'empêche pas de me planter quand je fais mes courses, j'ai acheté des tomates alors que je demandais des patates, à la base. Je ne savais pas que pomodori voulait dire tomate, sérieux!" Tu déploras en montrant le kilo de tomates que tu avais achetées par inadvertance. Tout à te plaindre de ta bourde, tu n'avais pas vu le cycliste qui arrivait derrière vous. Tu ne compris rien à ta vie quand Ace te saisit par le bras pour te ramener vers les étals et ainsi dégager la voie. Tu te laissas emporter mollement, comme une poupée de chiffon, t'évitant ainsi le pire. Considérant ton hémophilie, te faire renverser aurait été catastrophique. Tu n'étais cependant pas tiré d'affaire pour autant car ta hanche heurta le bord d'un étal, provoquant une pluie de fruits et légumes qui se déversèrent sur la chaussée. "Merde!" Tu t'écrias, en écho au juron de Ace, alors que la rue se transformait en un joyeux foutoir. "Rien de cassé?" Tu t'enquis, en inspectant brièvement Ace. Tu sentais la douleur dans ton flanc, tu allais sans doute avoir un bel hématome pendant plusieurs jours, voire semaines mais tu ne t'en souciais guère pour le moment, tu te penchais déjà pour ramasser ce que tu pouvais.

La pastèque lui échappait et Ace la laissait rouler, préférant se retourner vers Rainier qu'il avait entendu taper l'étal. « Ça va, et toi ? Pas blessé ? » s'enquit-il. Il le regarda de haut en bas, un peu inquiet, mais a priori, il ne semblait rien y avoir de grave. Il n'était pas médecin, mais compte tenu de la condition de Rainier, il n'était pas certain qu'un trois fois rien ne le soit vraiment, avec lui. Après avoir été assuré que ça irait, Ace soupira, cherchant à se détendre, et regarda le bordel autour d'eux. « La rue est un vrai foutoir maintenant... » Et tout le monde s'attelait à ramasser les affaires tombaient. Ils ne pouvaient donc décemment pas y échapper, et la petite vieille derrière son étal semblait avoir du mal à se baisser à répétition de surcroit. Suivant Rainier dans son mouvement, Ace se pencha à son tour et commença à ramasser les fruits au sol. « Force pas trop, si ça va pas, dis le moi ok ? » lançait-il à son équipier.

Tandis que tu reprenais tes esprits tu te demandais ce qu'il était advenu du cycliste. Pour qu'il déboule ainsi dans la ruelle légèrement en pente, il ne devait pas y avoir de freins sur son vélo. De toutes les façons  il avait semé un sacré bazar, bon nombre d'étals avaient été renversés et des gens bousculés. Grâce au réflexe de Ace, tu n'en faisais pas partie. "Merci, au fait. Je t'en dois une." Tu n'avais que mal à la hanche, une fois à ta chambre d'hôtel tu mettras dessus un bloc de glace pour faire dégonfler le tout - à défaut d'avoir un sac de petits pois sous la main - mais les conséquences auraient été bien pires si tu t'étais fait renverser. Ce n'était cependant pas le moment de t'apitoyer, la rue était en effet sens dessus-dessous à en juger par tous les marchands qui commençaient à ramasser leurs affaires. "Laisse-moi deviner, il va falloir les aider?" Un peu plus, un peu moins, de cela, tu en avais l'habitude désormais. Cette fois, il semblerait que l'effort soit collectif compte-tenu de l'ampleur des dégâts. Exactement de la même façon que tu t'étais inquiété quand Ace s'était fait piquer par la méduse, le voilà qui s'inquiétait pour toi. "T'inquiètes ça va." Tu dis bravement, même si te baisser était légèrement douloureux, mais la douleur restait supportable. Tandis que tu ramassais les premiers fruits, tu jetais des coups d'œil fréquents au co-capitaine des ananas. "Et toi, ta jambe, ça va mieux?" Tu contre-attaquas, le regard suspicieux. Au delà de votre baignade parmi les méduses, tu comptais bien le faire parler concernant les bleus qu'il avait sur la tronche - c'était autant la curiosité du journaliste que celle de l'ami qui était titillée- et tu te promettais de ne pas trop en dire histoire de garder des cartouches en réserve. C'était donnant-donnant.

Ace n'était pas aveugle et voyait bien que Rainier galérait un peu à se baisser, mais il ne savait pas si c'était juste dû au choc et que ce n'était rien d'inquiétant, ou si au contraire son hémophilie jouait un rôle là-dedans et qu'il devrait davantage s'inquiéter. Il ne s'y connaissait malheureusement pas spécialement sur sa condition, si ce n'était qu'il valait mieux pour Rainier qu'il ne saigne pas. On lui avait expliqué quelques nuances aussi, mais de là à pouvoir les comprendre... c'était peut-être encore trop flou pour lui. Alors il se contentait de garder un oeil sur lui. La question lui fut retournée, à un détail près : Rainier voulait savoir pour sa jambe. « Ma jambe ? » Ace sembla confus au départ, avant de se rappeler de la piqûre de méduse. Il ramassait une pastèque en même temps. « Aah... ouais ça va. J'y pense même plus pour être franc. » Surtout qu'il avait suffisamment mal à la tronche pour complètement ignorer les rares picottements à sa cheville. Et puis, ça faisait quelques jours, déjà. « J'sens plus rien, même. » Pastèque posée, il se baissait à nouveau, sans réfléchir au fait qu'il avait déjà par deux fois ramassé des fruits au sol en moins de 24h.

À toi aussi il t'arrivait de faire le bonhomme parce que tu détestais qu'on te prenne en pitié. Qui plus est, tu n'étais pas en sucre et tu ne voulais pas être traité comme si c'était le cas. Alors tu taisais ta douleur, même si, dans ta situation, ton silence pouvait être dangereux. Tu n'avais pas le temps de penser à la collision, l'adrénaline pulsait dans tes veines et te donnait l'énergie suffisante pour te consacrer à ta tâche, c'est à dire ramasser les fruits. Force est de constater que Ace était bien plus efficace que toi, tout du moins pour l'instant. Tu en profitas pour demander à ton coéquipier comment allait sa jambe. A première vue, il ne semblait pas savoir de quoi tu pouvais bien parler. Forcément qu'il n'y pensait plus, il s'est fait casser la gueule depuis. Tu avisas les contusions qu'il avait au visage. "La théorie du déplacement de la douleur, mh?" Tu glissas un regard vers le jeune homme, l'observant encore. "Ils ne t'ont pas loupé." Pas une question, juste un constat, car on pouvait considérer que toi aussi, tu ne t'était pas loupé. "Ça fait mal?" Ce n'était pas tant de la curiosité malsaine que de la curiosité tout court parce que en réalité tu ne t'étais jamais retrouvé dans ce genre de situation et tu n'avais pas spécialement envie de tester non plus.