Je n'ai jamais été bon pour les présentations. Mais je me lance, je m'appelle Artémis, oui oui Artémis, comme la déesse de la chasse, la classe n'est-ce pas ? Vous connaissez sans doute ma famille, tout du moins mes trois frères qui sont déjà à Harvard depuis quelques temps déjà. Oui le nom de Zacharias ne doit pas vous êtres inconnu, je suis le quatrième frère de cette famille d'origine Grecque. Nous avons grandi à Athènes dans une famille pauvre, mais je ne m'en suis jamais plains. J'ai toujours su que l'argent ne tombait pas du ciel, j'ai toujours su que gagner de l'argent et nourrir une famille n'est pas donné à tout le monde. Nourrir quatre fils et une fille n'était pas chose aisée, mais ma famille reste avant tout, la chose la plus importante dans ma vie. Je suis le second de cette famille, le premier étant mon frère aîné répondant au doux prénom d'Emrys, un prénom que vous connaissez bien n'est-ce pas ?
Je n'ai pas grandi avec une fourchette en or dans la bouche, mais j'ai grandi avec une famille qui même sans argent, valait de l'or à mes yeux. Dès ma naissance j'ai senti l'amour de ma mère et la protection de mon grand-frère. Certes il était très jeune, mais sa présence me rassurait, certains enfants ont besoin d'un doudou pour se sentir en sécurité, je n'avais qu'à voir mon grand-frère pour savoir que tout irait bien. Ensuite, quelques années après est venu au monde mon premier petit frère. Priape, un prénom que vous connaissez tout aussi bien que celui d'Emrys. J'avais de la chance d'être ni trop jeune de mon grand-frère, ni trop vieux de mon jeune frère. Je me sentais proche d'eux, tout comme je me sentais proche de ma mère. Mon père s'était autre chose, je savais qu'il m'aimait, qu'ils nous aimaient tous, mais il était très souvent sur le dos d'Emrys. J'étais trop jeune pour comprendre la pression que mon frère avait sur les épaules, pour moi tout allait bien. Les années passent et je me sens toujours aussi bien dans ma famille, auprès de mes parents et de mes deux frangins, jusqu'à ce qu'un quatrième arrive. Le plus jeune, le petit Denys. Une tribu, voilà ce que nous étions tous. Une vraie petite tribu et je me sentais bien autour d'eux, bien que j'ai toujours été un peu plus proche d'Emrys, me sentant dans mon cocon à ses côtés. Je ne peux pas dire que mon enfance ait été difficile à cause du peu d'argent que nous avons, ce serait mentir. Nous n'avons jamais manqué de rien, il faut dire qu'être les uns avec les autres nous rendait plus fort. C'est dans ses moments là que tu te dis que rien ne peut t'arriver, que rien ne pourra jamais détruire votre famille. Que chacun d'entre nous sommes liées comme les doigts de la main, mais dans une main, il y a cinq doigts et nous ne sommes que quatre. Un problème qui fut vite réglé avec la naissance de la belle Thalya, un prénom de princesse pour une petite reine. Thalya était une petite princesse aux yeux de chacun de ses frères, la seule fille de la fratrie. Les années passèrent sans que rien d'extraordinaire arrive dans la vie. Je suis toujours aussi proche d'Emrys, même si ce dernier ne semble pas toujours heureux, si bien qu'il essaie de le cacher en notre présence. Je n'ai jamais vraiment su pourquoi tout cela, je savais qu'il ne voulait pas en parler, j'ignorais donc tout cela. Emrys a toujours été comme un modèle, voir même un jumeau. Si mon enfance n'était pas très riche niveau argent, elle l'était niveau amour grâce à lui. Avec Denys c'était autre chose, nous nous aimons, c'est certain. Mais une petite guerre a toujours été présente entre nous deux. Jalousie fraternel ? Très certainement. Mais cela ne nous empêchait pas de nous aimer. Un coup jaloux car l'un est trop proche d'Emrys, un coup l'autre trop jaloux car son frère est plus proche que lui de Priape. Même l'amour à ses faiblesses. Nous pensions que rien ne pouvait nous séparer, rien jusqu'à l'inévitable.
Un jour comme un autre, alors que je me préparais à aller en cours avec Priape, j'aperçus ma mère en larme. Je n'ai pas hésité une seule seconde et je suis venu vers elle, lui demandant ce que ses larmes voulaient dire.
« Rien Artémis, ta soeur est juste un peu malade. » Un peu malade ? Je savais qu'elle me cachait quelque chose, on ne pleure pas quand sa fille a un rhume. Je suis tout de même partie en cours, mais je n'avais qu'une chose en tête, qu'est-ce qu'avait ma soeur ? Le soir même, je la vois dans les bras de mes parents en larme, mes frères un peu plus loin. Emrys me prend seul et c'est à ce moment-là que j'apprends que Thalya était atteinte d'une leucémie. J'ai compris à ce moment-là que ma mère voulait me cacher la gravité de la chose. J'ai essayé de retenir mes larmes, mais savoir que la vie de la princesse est en danger m'était insupportable. Je suis parti en courant dans ma chambre, seul pensant au pire. Emrys et Priape sont venus me réconforter. La belle vie que je m'étais imaginé avec ma famille n'était qu'un rêve, une illusion. Je sentais qu'Emrys s'éloignait petit à petit de la maison, au fur et à mesure bien que nous restions toujours aussi proche. Les mois passent, l'inévitable approche. Je me souviens d'un soir où je me suis retrouvé seul avec ma soeur, ses yeux me fixant, ses yeux tellement doux et beau transpercent le blanc de mes yeux, elle me lâcha un simple. « Tu ne m'oublieras pas ? » Sur le coup ses paroles étaient comme une épée qui me transperce le coeur, elle aussi savait que sa vie ne tenait qu'un à fil, pour seule réponse je lui ai dit que rien ne nous arrivera, qu'on trouvera un moyen de la soigner. C'est la seule fois de ma vie où je n'ai pas réussi à tenir ma parole.
Un matin ensoleillé j'entends dans le salon les sanglots de ma mère. Je suis sorti de ma chambre en courant et c'est une fois en bas que j'aperçus mes parents en larmes, ainsi que mes frères. Sans un mot, j'ai compris. Je n'ai pas pu tenir ma promesse, j'avais promis à ma soeur qu'on pourrait la soigner, mais en ce jour si ensoleillé mais si sombre à la fois, la princesse s'est éteinte. Aucun parent et aucun frère ne devrait avoir à subir le décès sa petite soeur, quelques jours plus tard, nous nous retrouvons tous, de noirs vêtus devant son cercueil. Aucun d'entre nous n'arrivaient à garder ses larmes en soit et c'est ce jour-là que je comprends que plus rien ne serait comme avant. Emrys quitta le domicile familiale, cependant je ne lui en ai jamais voulu. Priape commença à tomber dans la drogue, mais j'étais là pour l'aider. Quand à mon Denys, notre relation était toujours aussi étrange, à la fois rivale, mais nous nous aimions tellement. Sans le vouloir je prenais la place d'Emrys auprès de nos jeunes frères. J'ai aidé Priape du mieux que je pouvais et j'essayai d'être aussi présent pour Denys. Mais à quinze ans, vivre avec le décès de sa soeur et le départ de son frère n'était pas facile à vivre. Je devais moi aussi partir, je devais moi aussi prendre mon envol. J'avais un rêve, j'ai toujours su que je voulais m'engager dans l'armée. En seulement quelques mois, après quelques papiers de signer avec mes parents, me voilà officiellement engager dans l'armée quittant à mon tour le domicile familial, laissant derrière moi mes deux jeunes frères.
Ce n'est pas sans émotion que j'ai fait mes premiers pas dans l'armée. J'ai commencé comme tout jeune, en bas de l'échelle avec des jeunes de mon âge. Mais je me suis vite fait une place de choix aux yeux des plus gradés que moi. Je pouvais entendre au son de la voix d'Emrys au téléphone qu'il était fier de moi, fier de mon choix de m'être engager avec l'armée. Car oui, malgré la distance je suis toujours resté proche de mes trois frères, s'échangeant lettres ou appels très fréquemment. J’enchaîne petite mission sur petite mission, entraînement sur entraînement, sans jamais rien lâcher. Je refusai d'abandonner, je voulais être meilleur chaque jour, je ne voulais rien lâcher pour moi et pour Thalya. Me voilà approchant de mes dix-huit ans, je monte un peu en grade tout en gardant contact avec les miens. J'avais quelques amis proches au sein de mon unité, mais surtout je fis la connaissance d'une jeune infirmière de mon âge. Une belle blonde au regard de braise. Au départ elle m'ignorait totalement, peut être parce que je n'étais pas son genre ? Non, je suis un Zacharias. J'avais qu'une envie, pouvoir parler avec elle, pouvoir ne serais-ce que connaître son prénom, je devais trouver un moyen de la voir, un moyen de me retrouver seul à seul avec elle seulement quelque instant. Un matin, j'avais un entraînement avec mon unité et c'est en courant sur le terrain que j'ai trouvé comment lui parler, comment me retrouver seul avec elle. Je ne suis pas du genre à simuler une blessure pour gagner une journée de repos, je suis un bosseur acharné, mais j'avais tellement envie de la voir que j'ai simulé une blessure à la jambe. Le commandant m'envoya donc auprès de l'infirmière pour vérifier ce que j'avais, au fond de moi je m'en voulais, je savais que je n'avais rien mais je désirais tellement la rencontrer. Me voilà face à elle, elle était tellement belle, tellement ravissante. Elle me demande ce que j'ai, je lui raconte donc que je me suis blessé en courant. Elle a tout de suite comprise que je simulais. Elle voulait de suite le dire à mon supérieur, pensant que j'ai fait ça pour gagner du repos, je ne pouvais la laisser faire, je risquais ma place à cause de ça. Je lui ai raconté la vérité, que j'ai fait ça dans l'unique but de la rencontrer. Sa réponse ? Un éclatement de rire. Je ne savais pas comment prendre cela, se foutait-elle de moi ou se sentait-elle flatté ? Elle s'est ensuite assise sur sa chaise, prise un papier pour écrire quelque chose dessus. Une permission de repos, en effet elle a joué le jeu pour m'éviter le pire.
« Bien essayé. » Bon, j'ai pris ça pour un vent. Tant pis, j'ai au moins essayé. Les semaines se sont passées, rien de bien intéressant jusqu'au jour où mon unité et moi devions partir en randonné, une sorte de petites missions détente avec l'infirmière en cas de blessure. Tout le long j'ai pris le temps de parler avec elle, elle a accepté de faire connaissance avec moi et de fil en aiguille quelque chose s'est construit.
Nous avons fini par se mettre ensemble, comme quoi il ne faut jamais rien lâcher dans la vie. Elle était un peu une force pour moi, certes nous n'avions pas beaucoup de temps pour nous, j'avais un emploi du temps strict mais qu'importe. Les années passent petit à petit, j'apprends au fur et à mesure que chacun de mes frères entrent chacun leur tour à Harvard, je suis fier d'eux. Quand à moi, je continus mon petit bonhomme de chemin. Malheureusement il y a quelques mois sur le terrain, je me blesse gravement à la jambe. Après cet incident j'ai dû passer un séjour à l'hôpital durant quelques longues semaines, mais je ne voulais pas le dire à mes frères, je ne voulais pas leur donner ce poids sur le dos. J'ai donc pris sur moi et sur cette charmante infirmière qui est à mes côtés depuis quelques années maintenant. Cependant j'apprends que ma blessure, même si elle commence à se soigner, ne me permet pas de revenir sur les terrains durant encore de long mois, peut être même une année. Je ne peux pas concevoir de ne rien faire durant tout ce temps. C'est en toute discrétion que j'envoie une demande d'inscription à Harvard afin de rejoindre mes frères et de faire des études de droit ainsi que de sport, pour dans un premier temps récupérer un grade plus élevé lorsque je reviendrai mais aussi pour me remettre physiquement en forme. Personne n'est au courant, ni mes frères, ni ma copine. Je me prépare donc pour faire une petite surprise à mes frères, nous voilà en fin d'année et le Summer Camp d'Harvard commence. Je me prépare pour les rejoindre, je ne savais pas encore si je pourrai intégrer Harvard l'an prochain, jusqu'à se que je reçois la confirmation. Je suis accepté. C'est un bonheur de pouvoir rejoindre mes frères l'an prochain. C'est pour cette raison que je demande à ma petite amie d'elle aussi me rejoindre, elle aurait pu facilement intégrer Harvard. Mais elle a préférée garder sa place, pensant qu'il serait mieux pour moi de prendre un nouveau départ .. Sans elle. C'est donc terminé entre nous. Une grosse perte dans ma vie, mais la douleur aurait pu être plus forte, savoir que je vais retrouver mes frères me donne des ails et me fait oublier la douleur. Mesdames, messieurs, le dernier des Zacharias arrive à Harvard.