The descent LIEU: Nicolosi - Grotta dei Tre Livelli | Date IG 12/08/24 | TW : mort d'un proche, dépression |
• Tout a tellement l’air acquit, facile, normal, qu’ils, les autres, n’ont pas l’habitude qu’on leur refuse un jouet. Qu’on leur refuse un voyage, que ça ne soit pas accessible, en deux clics. Le Summer Camp, le Spring Break, des destinations évidentes, les merveilles qu’offrent la terre, abordables en quelques heures d’avion. Presque étonnés, qu’on puisse s’extasier sur tout. J’me marre, je me moque, quand vous narrez toutes vos aventures rocambolesques, mais j’crois que ça me rassure de voir que je ne suis pas la seule, à avoir l’envie de découvrir.
« J’ai eu un avant, aussi. » Les orbes se déportent sur le côté, sur toi, et je m’intrigue. Il y a forcément une histoire, sous cette candeur. Les carcasses les plus douces sont les plus solides armures. Renforcées par cet avant. Mais, on n’obtient pas si facilement des confidences, n’est-ce pas ? Tu lances, me file la parole. Pour une fois, je n’étais pas contre de ne pas la prendre.
“Rien de dramatique.” Des parents dépressifs, un frère mort, pas de tune, pas de toit ; j’dirais, là comme ça, que ça l’était tout de même un peu, dramatique. Mais, on sert pas tout sur un plateau comme ça, on garde le principal pour les soirées alcoolisées, les confidences dans des lieux qui n’risquent pas de résonner. Il nous faudra davantage qu’un summer camp et qu’une équipe, pour tout percer. Et, puis, vraiment, à mes yeux, ça n’a rien de dramatique. Plus rien ne l’est, à dire vrai. C’est peut-être ça, le drame de l’histoire.
“On a pas tous les moyens de voyager.” De vivre, en fait.
“Ou de manger ce qu’on veut.” Rajouté, avec une légère moue amusée, comme un rappel à juste au-dessus, à cette obsession de la bouffe que je traîne. C’est léger, se marrer du pire.
“Mais je peux, maintenant.” Manger, vivre, claquer, avoir une ambition.
“J’ai mes anges gardiens.” Soufflé, plus bas, les traits soudainement lumineux. Deux, un pour chaque épaule. J’n’ai pas besoin des vivants. Les lèvres se pincent, reprenant un brin de sérieux, me penchant un peu pour mieux te regarder.
“A toi.” J’ai donné, déjà beaucoup, et le match se fait à deux ; nous laisse pas tomber.
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@Haiwee Wind River