(TW) Temptation • Lion

C'était difficile de garder la face quand tu te retrouvais devant quelqu'un comme lui. Quelqu'un qui semblait habitué à ce genre de situation, qui maniait les provocations et les réponses comme personne. Quelqu'un qui y prenait du plaisir, et devant qui tu semblais être déjà destiné à perdre la partie, quoi que tes mots trouveraient à répliquer. Ta mine semblait perpétuellement renfrognée à l'instant, alors que lui souriait beaucoup plus - comme un chat qui venait de trouver sa souris. Nouvelle grimace à ses mots, tes bras croisés contre ton torse, comme une vaine protection face au chasseur qui te faisait face. « Ouais. J'suis à genoux devant toi, à deux doigts de te mordre la bite. » Qu'il ne s'imagine pas plus que ça. Tu l'avais tant imaginé dans ses addictions, totalement dépravé, mais il était pire que ce que tu avais pu dessiner : t'avais pas pensé à tout son attrait sexuel. L'atmosphère finissait à changer grâce à tes mots, et tu haussais tes épaules à sa question. « T'es trop proche d’Ares. J'aime pas ça. » Autant être franc pour qu'il puisse comprendre véritablement pourquoi tu ne le supportais pas, non ? Quoique… Vu sa personnalité, il risquait également d'utiliser sa encore plus contre toi, et de ne plus lâcher Ares d'une semelle juste pour te faire chier. C'était compliqué. Puis il parlait. T'avouais la vérité de ce dimanche triste à fixer un verre d'alcool dans une boîte sombre. Et tu venais t’affaler à ses côtés - peut-être que s'il s'ouvrait, tu finirais par mieux le comprendre. Peut-être que si tu mettais tes aprioris de côtés et que tu te concentrais sur le fait qu'il semblait maintenant vouloir s’en sortir… Même si tu ne comprenais pas sa logique de venir ici, endroit de débauche, pour lutter contre ses envies. Ça te semblent contreproductif. Mais t'étais pas non plus dans sa caboche. « Mh. J’pensais que ça aurait fait l'effet inverse. T'sais, puisque beaucoup de personnes pourraient venir te voir et te proposer un verre. » Tu réfléchissais - mais peut-être qu'il était plus facile de dire non à des inconnus, que de se retrouver en face à face devant soi-même. En tout cas, t'avais la curiosité piquée. Et peut-être que lui, au fond, avait besoin de parler ? Alors tu t’aventurais un peu plus loin, lui demandant ce qui avait bien pu être le déclencheur de ce revirement de situation. Et tu captais pas ce qui se passait ensuite. Le cerveau trop lent, les actions trop vives face à la latence précédente, Ange avait eu le temps de se redresser, d’éteindre sa cigarette, et de prendre tes cuisses en otage en s'asseyant à califourchon sur toi. Tu restais interdit, les yeux qui s’écarquillaient, le souffle qui se faisait court alors qu'il prenait appuie sur tes épaules et qu'il avançait son visage si près du tien. Et c'était lui, entre vous deux, qui devenait le lion menaçant, prêt à s'amuser de sa victime qui n'osait même plus cligner des yeux. Bouger un doigt semblait une erreur, et tu ne pouvais que garder tes yeux plantés dans les siens, comme sur le qui-vive de la moindre nouvelle action de sa part. « Je.. j’demandais juste... » Tu murmurais, et il était si proche que même avec la musique de la boîte en fond, il t’entendait. Tu déglutissais - et ça devait être drôle, de te voir comme ça, à sa merci, alors que tu faisais plutôt le malin précédemment. « Ça fait du bien à tout le monde de parler… J'crois... » Tu continuais avec peine, tentant de calmer ton cœur qui s'était emballé.
@Ange K. Murray

Il commençait à devenir de plus en plus agaçant. Il trouvait toujours quelque chose à rétorquer. Et au fond, ça pouvait te ressembler. Toi aussi t'aimais avoir le dernier mot, tu ne manquais jamais de choses a redire - c'était juste que d'habitude, t'avais pas l'impression de tomber sur des personnes qui s’amusaient autant à essayer de te faire ravaler tes mots. Un rire lui revenait d’ailleurs, qui semblait si sincère, au delà des provocations qui n’en finissaient pas. Apparemment, t’étais devenu son petit clown pour qu'il te trouve si drôle. Ou peut-être que c'était juste ta stature en position de défense qui le faisait marrer, clairement sur la défensive. « Tu changeras de tête quand j'en aurai fait de la purée. » Qu'il baisse son froc un peu. Il repartira en chialant, le sang qui pissera et lui appelant sa mère. Puis c'était toi qui lui avouait que tu le surveillais, et cela à cause d'Ares. Et t'étais même pas étonné de sa réponse, évidement qu'il s'en foutait, il avait l'air d'être un mec qui se foutait de tout de toute manière. T'en attendais pas moins de lui, mais ça t’agaçait d'autant plus. « C'est mon frère. J’veux pas que tu l’influences négativement. Et j’pense pas que tu sois une bonne fréquentation. » Tu commençais à être de plus en plus franc, c'était pas si mal. Tu savais juste que tes mots encore une fois ne le toucherait probablement pas, que tu n’en sortirais rien de lui de poser cartes sur table. T'essayais quand même, dans un espoir vain. Confessions qui s’activaient de son côté, et tu t'étais dis que c’était peut-être le moment pour enterrer la hache de guerre - pas complètement, mais peut-être quelques heures le temps qu'il t’explique et que tu comprennes. Et que peut-être tu changes d'avis. Sa tête qui se secouait, et tu hochais doucement la tienne à son explication - il avait pas tord, on était sûrement tous nos propres ennemis après tout. Seulement, tu voulais en savoir plus, et Ange ne semblait pas vouloir continuer à se confier comme il l’avait pourtant fait quelques minutes auparavant. Sûrement un peu lunatique dans sa tête, changeant d'envies aussi rapidement que l'atmosphère se transformait autour de vous. Et il se retrouvait sur toi, bien trop proche, et toi totalement interdit, n'osant plus bouger, dans l'attente de la suite. Il semblait bien trop amusé de t'avoir complètement sous lui, et t'étais bien trop focalisé à ne pas te faire embarquer dans un bourbier bizarre que tu ne commentais même pas dessus, essayant plutôt de rester rationnel en répondant toujours au sujet de la confession. « J'pense que… Tu t’confies pas assez… Si t'essayais... » Tu tentais de le rediriger, déglutissant alors qu'une de ses mains commençait à glisser de ton épaule jusqu'à ton torse. Un frisson qui te parcourait, à ne pas savoir si c'était la peur ou l’appréhension de la suite qui te le provoquait, mais tes yeux restaient ancrés dans les siens, comme hypnotisé, alors que tu ne sentais sa main continuer son chemin, s’arrêtant à ta ceinture. Ses mots qui flottaient jusqu'à tes oreilles, et le souffle qui se coupait alors que sa main se posait carrément sur ton entrejambe - on s’éloignait définitivement de la simple provocation. Et comme dans un réflexe, tu bougeais enfin, ta main qui venait entourer son poignet, le coeur qui tambourinait dans ta poitrine. Tu n’enlevais pas sa main, mais tu laissais tes doigts là, comme dans un effort de retrouver la raison. Et c’est le raisonnement qui titubait, qui devenait bancal, qui ne faisait plus de sens. Pourtant, tu ouvrais ta bouche. « J’te fais c’que tu veux si tu me racontes tout sur ton envie soudaine d’être clean après. » Mauvaise tentative pour essayer de regagner un peu de contenance, un peu de pouvoir sur la situation. Comme si c’était toi qui décidait, toi qui reprenait les rênes, toi qui dirigeait l'interaction. Alors que t'étais clairement pas en position de faire quoi que ce soit, si ce n’est que subir l’éveil du désir maintenant qu'il t'avait touché là.
@Ange K. Murray