Baciami adesso ─ Rose & Ace

La peur viscérale qui rongeait les entrailles ; moins vaillant et moins fort que ce que l'on croyait. Elle était si proche, et pourtant si loin. Ils s'étaient éloignés ; mais quand avaient-ils été proches, de toute façon ? À bien y réfléchir, quand avaient-ils vraiment parlé à coeur ouvert ? Est-ce que c'était lui qu'elle appréciait, ou une idée de lui ? Elle s'énervait, le traitait de lâche ─ il ne voulait pas en être un ─ et lui reprochait de ne pas s'être battu. Et peut-être que c'était là tout leur problème, finalement. Différents échos qui heurtaient son esprit, une voix féminine et railleuse ; "pourtant c'est tout c'que tu mérites",  La vermine, les déchets, la honte humaine, menteur, la déception et la colère d'être là où il était, menteur. Alors ses traits se durcissaient encore, incapable de lâcher Rose du regard alors qu'il tentait de canaliser la tempête qui menaçait en son for intérieur. Il eut un geste certainement inattendu, rompant alors le contact de ses mains sur sa chemise, la forçant à la regarder dans les yeux. Il reprenait la parole, chaque mot articulé avec douleur et intensité. « Je me suis battu. Juste pas comme toi t'en as envie. J'me prendrais des balles pour vous. Pour toi. Mais toi ─ » Ses sourcils se froncèrent davantage. « Un seul refus et tu t'es dit que c'était foutu. Je t'ai dit non, et t'as abandonné. Juste. Un seul non. » La rage tremblait malgré le son calme de sa voix. Il ne criait pas. N'explosait pas. « Pourquoi c'est à moi de faire mes preuves ? Pourquoi c'est moi qui dois encore me battre ? Je t'ai ouvert la porte, je t'ai accueillie chez moi, j'me suis inquiété, je t'ai protégée, bordel, Rose j'ai laissé ton frère me frapper ! » Mais là, le surplus s'exprimait. La colère, le sentiment d'injustice. « T'as fait quoi pour moi !? A quel moment t'as fait quelque chose pour me mettre en confiance !? Quand je t'ai dit de me foutre une claque si je me montrais inapproprié, et tu l'as pas fait !? » Le bras s'agitait, pointait un coupable imaginaire sur le côté. « Ça fait des années que je lutte contre quelqu'un, j'ai mes combats ! Je suis qu'un seul mec, Rose, pas un superhéros ! J'ai vingt-cinq ans, je bosse à temps plein, j'fais partie d'une asso, j'ai ni frère, ni soeur, ni cousin, ni famille ! T'es qui putain pour me dire que je dois me battre pour toi !? » Tremblements dans la voix ; les larmes n'étaient pas là, mais c'était tout comme. Le coeur dans l'océan, noyé, ballotté, percuté par les flots alors qu'il sombrait ─ jusqu'à on ne savait quelle profondeur.

tremblements intempestifs. incessants. ingérables. situation qui dégénérait. sans que je ne puisse rien contrôler. l'angoisse annihile la raison. dérègle les pensées cohérentes. le corps panique. j'le ressens. que plus rien n'a de sens. que tout part en éclats. je le perçois, tu t'éloignes lentement et ça m'horrifie. j'veux pas que tu partes. la voilà ma vérité dissimulée. celle que j'réprime constamment. tu ne te rends pas compte à quel point ton âme impacte la mienne. à quel point tes décisions impactent mon jugement. dureté d'un regard qui m'insupporte. censé réchauffer mon coeur, tu ne fais que le refroidir, inlassablement. ta voix gronde. elle éclate aussi intensément que la mienne. peut-être même plus. j'peux pas reculer. ton corps, ton regard. tout m'en empêche. coincée. les mots s'enchaînent. courroux qui s'abat sur ma tête. je n'avais rien vu venir. rien pressenti. sourcils qui se froncent quand tu me fais comprendre que c'est de ma faute. j'me suis pas battue pour toi ? je ne t'ai pas montré que tu pouvais me faire confiance ? j'demeure immobile. pétrifiée par tant d'absurdités. j'me contiens, violemment. toutes les fibres de mon corps qui veulent te repousser. s'éloigner. pour mieux oublier. choix facile. j'en oublierai ta présence. ton nom. ton parfum. tes lèvres. tristesse qui enveloppe mon palpitant. s'endurcit. s'assombrit. au fur et à mesure que tu me révèles tout ce que tu penses. libérant la parole d'un palpitant meurtri à son tour. j'ressens absolument tout. les larmes se débloquent d'elles-mêmes. elles sillonnent mes joues sans attendre mon consentement. le caractère volcanique qui menace d'exploser à son tour. image d'un homme torturé qui me déchire intérieurement. arrête toi. stop. tais toi. j'peux plus t'écouter. endurer tout ça. c'est trop. faut que ça s'arrête. j'suis partagée. encore une fois. tu me fais douter. de ce que j'pensais. de ce que je ressens. te contredire ? t'envoyer boulet ? te rassurer ? compatir ? qu'est-ce que j'suis censée faire là ? aide moi. j'y arrive pas. le cerveau en ébullition, ça cogne fort. la poitrine se serre. la respiration se fait rare. besoin d'oxygène. besoin de toi. et sans réfléchir j'balaye tout. j'franchis le peu de distance qui nous séparait pour venir capturer tes lèvres. presque un supplice entre tes pulpeuses. cette sensation de revivre de nouveau. de respirer. ça fait du bien. j'reprends mes esprits, enfin. quittant ce goût si alléchant. cette douceur si rassurante. inspiration de longues secondes avant de plonger mon regard dans le tien. ─ je... j'arrivais pas à calmer les battements. ça cognait fort. t'embrasser c'était mon seul moyen de me calmer... j'murmure. réalisant que c'était certainement un interdit. pour lui. j'recule de quelques pas. peinée. honteuse. ─ ça ressemble à quelqu'un qui a abandonné pour toi ça ? j'ai voulu garder tes clés, pourquoi à ton avis ? je t'ai confié mon frère. pourquoi à ton avis ? je t'ai pas abandonné. j'voulais juste pas continuer à espérer alors que tu n'as fait que me repousser constamment. tu dis une chose et ton corps en montre une autre. t'es hyper contradictoire comme mec. regard qui se détourne, ne comprenant pas tous ces efforts que j'devais faire pour te montrer que j'tiens à toi. y'a tout qui converge vers toi. mais c'est jamais suffisant. ─ parce que c'est un concours de celui qui fera le plus de choses pour l'autre ? à ton niveau, j'dois me prendre une balle pour que t'aies confiance ? ou je dois affronter l'océan ? pas de soucis j'y vais de ce pas ! les larmes séchées d'un revers de la main. l'astre solaire invisible, qui ne réchauffe plus. tout se refroidit. le corps. les mains. le coeur. y'a plus rien à réanimer.

Terrible sensation que d'avoir la vision d'une noirceur insidieuse se glisser tout autour de lui pour le happer dans des recoins encore plus sombres, l'isoler encore plus, sans plus personne autour. Une solitude salvatrice dans des ténèbres trop profondes pour qu'on vienne l'y chercher, car qui s'y risquerait ? Qui saurait ? Il lutterait en bas, là, dans les abysses de l'océan, sans personne ; sa conscience contre ses ombres et ses démons, en voulant se reculer d'elle. Les mots avaient fusé, la colère giclé sur la fin, l'éternelle rengaine de ne pas valoir le coup ni le coût frappant son esprit alors qu'un sourire macabre se dessinait dans le paysage derrière Rose. Et elle pleurait. Il détestait cette vue, profondément, détestait l'idée d'en être responsable, et se détestait davantage d'en être arrivé là. Il la préférait le regard malicieux, à lui balancer un torchon à la figure parce qu'il avait osé dire que les pancakes étaient juste ok ; préférait qu'elle lui colle son pied dans la figure parce qu'il avait l'audace de s'asseoir à côté d'elle sur le canapé sans son autorisation ; ou encore qu'elle éclate de rire quand la canette de bière moussait partout sur lui. Pas ses larmes. Il aimait pas ses larmes. Et il s'apprêtait à faire un mouvement de recul pour s'éloigner de Rose quand elle vint le trouver. La panique se lut un instant sur son visage, une fraction de seconde, n'ayant aucune idée de ses intentions ; puis vint le choc. Le baiser, inattendu, instinctif, vital ; le sourire macabre disparaissait, le coucher de soleil s'illuminait, et le chant des vagues lui revenait aux oreilles. En un instant, ce baiser venait de balayer un océan de noirceur, comme une lanterne en pleine nuit obscure. Il la regardait, abasourdi, trop choqué pour parler, alors il l'écoutait.
Ils ne s'appréciaient pas de la même façon, ne se faisaient pas confiance aussi clairement que d'autres. Les mots manquaient, mais chacun avait voulu faire confiance, d'une façon que l'autre n'avait pas perçue. Elle lui avait confié ce qu'elle avait de plus précieux, s'était reposée sur lui pour un semblant de stabilité, de confort ; il avait bafoué ses règles pour la protéger, risquant de l'exposer pour la garder un temps à ses côtés. Ils ne se connaissaient pas assez ; mais il avait compris, à ce moment là, une partie de leurs lacunes ; et avant qu'elle ne file vers l'océan qu'elle se disait prête à affronter, ce fut Ace qui revint vers elle. Une main déterminée rattrapait Rose, frôlant à peine sa joue alors qu'elle venait se loger à l'arrière de son crâne, et il revenait plaquer ses lèvres contre les siennes. Ses deux mains encadrant son visage pour l'embrasser, la rythmique du coeur éclatant dans sa poitrine comme une déflagration à peine contenue. Dans ce baiser, il y avait la passion, l'envie, le désir, mais aussi de l'affection, et une rage de vaincre malgré ses peurs et ses faiblesses. Il la tenait contre lui pour ne plus qu'elle s'échappe et glisse entre ses doigts, en oubliant presque de respirer, mais il en avait cure. Il avait besoin de ce baiser. Encore, encore et encore, jusqu'à ce qu'ils s'arrêtent. Le souffle court, les lèvres se touchant, et qu'il lui murmure quelques mots. Juste trois. « Reste avec moi. »

l'effroi qui se manifeste violemment. sans prévenir. couplé à cette peur irascible de l'abandon. peur retranscrit jusqu'aux rétines. jusqu'au battement interne. touchant les nerfs. regard qui se voile, noircit les pensées. plus en état de réfléchir. de trouver une explication logique à tout ce chaos émotionnel. prête à affronter cette tempête. prête à accueillir les vagues comme offrande. myocarde devenu prisonnier de ce charme allemand. n'ayant plus d'échappatoire. si ce n'est aller au bout de mes convictions. te montrer que j'pouvais mériter ta confiance. main devenue familière, rassurante qui fait obstacle à la volonté. la nuque prise en étau, faisant volte-face. les lèvres capturées spontanément. pupilles ouvertes, l'étonnement lisible. l'électricité qui parcoure chaque nerf. endort la douleur. éclaircit la vue. souffle manquant, mais le baiser perdure. toi comme moi, on ne s'arrête pas. besoin devenu vital de connecter nos lèvres. de retrouver cette valse entre les langues avides. tes mains qui encadrent mon visage, les miennes qui viennent entourer ta nuque. pulpeuses qui s'entrouvrent pour récupérer de l'oxygène avant que tu ne reviennes à la charge. l'engouement est tel que j'en oublie les doutes. peur dissipée. ta présence seule suffit. liberté des mouvements retrouvée alors que tu viens finalement à t'écarter. reste avec moi. rétines qui s'adoucissent, qui maintiennent le contact. rivées sur toi. sur tes lèvres. front qui se joint au tien. lippes qui se fendent en un sourire apaisé. l'esprit éreinté. mais plus sereine. ─ j'reste avec toi je souffle, reprenant chacun de tes mots. lentement. que tu puisses comprendre mes intentions. l'iris qui revient sur la chemise. tissu collé à ta peau. complètement mouillée. amusée. le visage qui se décolle du tien pour venir retirer les boutons. l'un après l'autre. ─ juste pour que ça soit plus agréable pour toi... j'préfère préciser. loin de moi l'idée de vouloir ne faire qu'un avec toi, dès maintenant. même si, on ne va pas se mentir, mon corps semble déjà en train de réclamer le tien. de toute urgence.

Toute peur s'était volatilisée le moment où il l'avait embrassée. Son esprit avait effacé les démons qui le tiraient vers le bas, une sorte de force invisible le poussant vers des nouvelles hauteurs alors qu'il se laissait porter par le désir ; elle partageait le même. Cet échange de baisers valait plus que tous les mots qu'ils avaient pu échanger, et cette fois-ci, tous les deux avaient bien les idées claires. Pas d'alcool, pas de douleur, pas de pansement sur des plaies du cœur.
La réponse de Rose à sa demande allait dans son sens, et le léger sourire qui avait commencé à se dessiner sur ses lèvres fut accentué lorsqu'elle prit l'initiative de défaire progressivement sa chemise. Il souffla, un brin amusé, et lui offrit un nouveau baiser en guise de réponse. Elle pouvait faire ce qu'elle voulait de lui, il ne lui refuserait rien, tant il avait l'impression que des ailes venaient de lui pousser. Un sentiment d'invincibilité, presque ─ pour le temps que ça durerait. Ses mains finirent par quitter son visage alors qu'elle arrivait aux derniers boutons, et sans la moindre hésitation, Ace retirait sa chemise pour la jeter aveuglément en direction de la plage. Elle pouvait bien disparaître, emportée par les vagues, qu'il s'en ficherait totalement ; parce qu'il n'y avait qu'une seule pensée qui l'obsédait. Rose. Rose. Rose. Elle monopolisait ses songes, ses envies, ses gestes alors qu'il la ramenait à lui pour une étreinte. Ses mains sur elle, entièrement posées, se refusaient à manquer une parcelle de sa peau, comme ses lèvres ne quittaient plus les siennes. Pourtant, il fallait. À un moment, il savait qu'il devait s'arrêter. Alors il se fit violence, mettant fin aux baisers, son visage se reculant juste assez pour pouvoir la regarder. Les orbes sombres de Rose croisant les siens, il se perdit dans le silence un court instant à l'admirer, avant de sourire. « … tu comptes me déshabiller davantage ? » Était-ce une question, ou une provocation ? Peut-être un peu des deux ; ses mains à lui, étreignant la taille de Rose, osèrent une descente sur ses hanches, ses pouces se permettant même de caresser le bas de son ventre.

ton sourire qui s'accentue renforce le mien. dévoile une dentition souvent dissimulée. rares étaient les fois où mes lippes s'étiraient autant. myocarde ravivé, passion qui s'accroit à mesure que mes lèvres possèdent les tiennes. à mesure que l'intensité de ton souffle se mélange au mien. y'avait plus à réfléchir, pour une fois. profiter de cet instant de répit. nos deux caractères volcaniques mis en sourdine. fierté et égo gommés. pour ne laisser place qu'à ce sentiment sincère qui explosait à chaque contact. tes doigts contre mon épiderme, tu dois le ressentir. comment ma peau brûle en cet instant pour toi. comment mon coeur s'oxygène à un rythme effrené, maintenant que t'es contre moi. l'après sera compliqué. douloureux. y penser m'empêche de te laisser m'emporter entièrement dans ton élan. ce doute qui persiste malgré tout. qu'adviendra t-il de nous après cette nuit ? ton visage qui s'écarte au même moment. comme si tu partageais mon inquiétude. comme si tu pouvais lire mes pensées. ou peut-être que c'était compréhensible à travers le regard que je t'adressais ? à quoi ressemblait-il au juste ? pouvais tu y ressentir tout le désir que j'éprouvais pour toi ? ou cette angoisse de devoir quitter tes lèvres. enregistre cette image, rose. parce que demain, tout me paraitra irréel. inconcevable. ─ je m'arrête là ? orbes insolentes qui s'attardent sur les tiennes. permettant à tes doigts d'épouser mes hanches. caresse qui survient, prise au piège. proche de là où tout s'intensifiait. lèvres qui viennent se poser contre la base de ton cou. y goûter ta peau. marques d'un passé lointain disparues, ravive le souvenir. fortement. ─ dis le. pas de malentendus. j'veux te l'entendre dire. que tu me désires autant que j'te désire. que tu me veux désespérément. que tu serais prêt à plonger avec moi. pour moi. nous rapprochant de plus en plus vers cet avenir incertain.

La toucher ainsi semblait être le fruit d'un rêve. Une réalité qui n'existait pas dans son quotidien, et qui allait disparaître en même temps que le petit matin illuminerait à nouveau la terre. Demain, pourtant, n'existait pas. Il n'y avait que le moment présent, son toucher, ses baisers, et Ace ne réalisait même pas à quel point il pouvait la désirer à cet instant, à quel point son coeur tapait si fort dans sa poitrine. Le regard que lui adressa Rose, pourtant, le rappela un peu à l'ordre. Il comprit instinctivement qu'il y avait des choses encore dans son esprit, quelques petites barrières. Le baiser qu'elle déposa à la base de son cou le fit fermer les yeux, un soupir quittant même ses lèvres pour s'écraser sur la peau de Rose. Pas besoin d'insister, ou de lui demander à nouveau. À ce moment là, son étreinte changea ; ses bras entourèrent Rose, plus que ses mains étaient sur elle. Collée à lui, oreille contre oreille, Ace se sentait pleinement confiant et serein. « Je te veux. » souffla-t-il contre elle. Ses lèvres contre son oreille. « C'est toi que je veux. » Et peut-être que parce qu'il ne se sentait pas si ancré dans la réalité, la parole se libérait un peu plus. Comme un doux rêve, dans lequel il ne craignait aucune répercussion. Son front vint contre le sien, yeux clos, les pensées toujours énivrées par cette proximité. « Je suis incapable d'oublier. De t'oublier. J'ai envie de toi, de te toucher, de t'embrasser, de tes regards, tes sourires... » Son visage s'avança, ses lèvres proches des siennes. « Il n'y a que toi... » murmuré, soufflé contre ses lèvres qu'il n'embrassait pas, s'échauffant à l'idée d'un baiser anticipé. « ... chaque matin... chaque minute... »

son agréable qui s'échappe de tes lèvres. détentionnaire de mes intentions. esclave de mes désirs que tu décuples toujours plus intensément. à chaque regard échangé. à chaque fois que mes pulpeuses retrouvent le goût insatiable des tiennes. bonheur qui s'accroit, me faisant presque oublier les échanges houleux y'a quelques minutes. oubliant presque l'amertume que ton prénom m'inspirait. cette facilité à s'attacher autant à ton être, déconcertant. déstabilisant. comment un simple sourire arrive t-il à faire autant de dégâts ? comment un simple je te veux arrive t-il à tout balayer ? l'anxiété se dissipe. les nuages s'évaporent. laissent place à cette chaleur qui irradie toujours plus fort. c'est toi que je veux. mon corps désormais collé au tien, captif de tes mains. écoute les battements affolés de ton palpitant. laisse ta voix me submerger. tes mots s'implanter dans mon esprit. j'les répète en boucle. cette angoisse de me réveiller à l'aube, les vagues emportant le moindre souvenir. visage reculé pour mieux se confronter au tien. les fronts liés. la langue souvent en proie à l'exaspération devient plus douce. plus tendre. caresses tentatrices, tes lèvres devenues un vrai supplice. chaque matin, chaque minute. minutes qui s'écoulent, astre lunaire qui illumine nos retrouvailles. cou légèrement rejeté en arrière pour venir récueillir les derniers souvenirs de cette tristesse déjà asséchée. les joues désormais démunies de larmes. baiser d'une extrême douceur. attrapant la lippe inférieure. geste méticuleux. que tu puisses ressentir toute mon affection, à ce moment précis. ressentir le martèlement qui résonne en écho avec tes envies. attrapant la lippe supérieure. plus sauvagement. dentition qui se dévoile, les fossettes qui se creusent en un sourire éclatant. ─ et je te veux ace. depuis le moment où j'suis entrée dans ton appartement. à cet instant. j'veux que tu sois mien. j'veux être tienne. pour cette nuit. pour cet instant de répit qui nous était offert. dernier baiser qui marque ton front avant prendre un peu de distance. les mains qui s'affairent dans le dos pour venir y défaire le noeud de la délivrance. dévoilant volontairement cette poitrine qui n'attendait qu'être brûlée par l'intensité de tes lèvres. les mains qui descendent pour enlever le bas. me dévoilant à toi. entièrement. consciemment. ─ cette fois-ci, j'veux rien oublier....

Rose se reculait tout juste pour essuyer les sillons laissés par ses larmes, et Ace rouvrait les yeux pour la regarder. Il la suivit du regard quand elle revint l'embrasser en douceur, ses paupières se fermant à nouveau pour savourer l'échange. Des pressions douces, les lèvres se capturant mutuellement, les corps se mouvant avec le baiser tandis que les mains s'accrochaient au corps de l'autre. Rose mit fin au baiser, et les mots qu'elle prononça le firent sourire également. Il se rappelait avoir ouvert cette porte pour qu'elle s'installe chez lui, le regard qu'ils avaient échangé, le silence qui avait suivi. Puis la découverte des habitudes de la belle italienne, de ses préférences, son parfum, son linge parfois mélangé au sien ; les repas préparés tantôt ensemble, tantôt séparément, les disputes, les concessions, les claquements de porte ; et la première fois qu'il s'était surpris à la regarder différemment. Une journée banale. Elle mangeait, seule, et avait juste soupiré. Ce soupir là avait attiré son attention et Ace, depuis la cuisine, avait tourné la tête. C'était à ce moment là qu'il avait réalisé être coincé. Son profil, ses cheveux, son air blasé et désintéressé face à la série sur l'écran. Rose dans sa bulle, confortable, et il l'avait regardée longtemps, juste pour graver son image dans sa mémoire. Comme observer une merveille que l'on ne peut pas toucher. Elle n'avait jamais vu ses regards, mais ils avaient été nombreux.
Les mains de Rose avaient quitté Ace et les corps s'éloignaient légèrement, si bien que le contact fut temporairement rompu. Et là, sous le clair de lune, ils se regardaient.