play with fire (laia)

@Laia Duque —  L'impression de ne pas avoir eu de véritable conversation avec elle depuis des jours, les messages qui se font rares et sa présence encore plus. La définition de leur amitié drôlement revue à la baisse en si peu de temps. Situation qui les dépasse l'un comme l'autre et qui commence réellement à lui taper sur le système. Voilà ce qui récole à trop vouloir se soucier des autres. Peut-être bien qu'il devrait en avoir rien à foutre, comme les autres, comme tout le monde. Peut-être bien qu'il devrait écouter ses envies à l'instant présent et faire face aux conséquences de ses actes plus tard. Le gène des Gardner qui ne coule pas dans ses veines pour rien. La vérité c'est qu'il n'est pas mieux qu'un autre Sam, à faire des erreurs qu'il assume à moitié, à se laisser guider par les émotions plutôt que la raison. Un simple être humain parmi tant d'autres. Le corps qui se colle contre la porte en entendant le bruit des clés tourner dans la serrure. Suit les pas qui résonnent sur le sol, attend qu'ils soient à la hauteur de sa chambre pour en sortir et se retrouver nez à nez, face à elle. — Tu rentres tard. Comme tous les soirs depuis quelques jours. À croire que c'est l'enfer de vivre ici, avec lui, avec eux. Le regard qui cherche le sien dans la pénombre, la curiosité plus que l'accusation dans la voix. Ça l'emmerde, son absence, c'est ça qu'il veut dire.

@Laia Duque —  De l'air. Le mot sonne comme un coup de poignard, une belle claque qui fait mal, mine de rien. Une confirmation bien plus qu'une révélation pour lui. Il s'en doutait, le savait déjà. C'est pas comme si elle s'en cachait Laia. Honnête avec lui depuis le début, quoique un peu perdue. Il le sait, ce qu'elle veut. Il le sait parce qu'elle le lui a clairement fait comprendre, à plusieurs reprises. Ce qui fait de lui le problème dans l'histoire. Et la raison pour laquelle il ne peut pas lui en vouloir, malgré l'amertume qui le ronge en l'instant présent. — Loin de moi je suppose. Les mots qui se font plus durs que nécessaire lorsqu'il traduit les pensées de la blonde. Trop simple à deviner, sans doute à comprendre aussi. — Tu sais, si tu veux que je m'en aille, je le ferais. Peu importe qu'il soit arrivé le premier ou qu'il n'ait rien à se reprocher, ça ne peut pas continuer comme ça. C'est ridicule. Partir, ce serait sans doute la solution la plus facile, la plus lâche aussi. Une solution qui les libérerait de leurs démons intérieurs, réduirait les peines.

@Laia Duque — Malgré l'impulsivité du moment, il pense chacun de ses mots. Tous, sans exception. Si c'est là le seul moyen de mettre un terme à cette histoire et que chacun y trouve la paix, il le fera. Partir. Avec six frères et sœurs, ce ne sont pas les endroits qui manquent pour dormir à Boston. Comme toujours, il s'en sortira. Il a appris à le faire depuis son premier jour sur Terre, Sam. Alors elle peut bien lui répéter encore et encore que c'est elle, le problème, il en a strictement rien à faire. La mâchoire se serre face à ces aveux, mélange de frustration et de culpabilité naissant. — De quelles réponses tu parles ? La voix qui se fait plus basse, moins agressive, lorsqu'elle réduit la distance. La proximité de la blonde loin d'être intimidante, pas cette fois. Ouais, malgré la lave qui coule en lui, il ne compte pas se terrer dans sa chambre. Pas envie de s'enfuir devant l'inévitable, pas tant qu'ils n'auront pas mis les choses au clair, une fois pour toute.

@Laia Duque — La question de trop, celle qu'il n'aurait pas dû poser tant la réponse diffère de ce qu'il a l'habitude d'entendre. De ce qu'il connaît. Les mots qui parviennent à lui telles des épées tranchantes. Lacéré de l'intérieur de cet aveu, trop sincère, trop profond pour son âme d'enfant torturé. Il a grandi trop vite Sam, endurci par les responsabilités glissées trop vite sur ses épaules. Laia... ses paroles... il ne sait pas quoi répondre. Quoi penser. Atteint comme agacé, par lui-même plus que les autres. Ça ne lui plaît pas ce qu'il entend, non. Ça lui plaît pas de savoir qu'elle traîne dehors tous les soirs, à faire de la merde avec n'importe qui. Par sa faute. Il est toujours là. Tout comme elle. Incapable de la laisser filer ou d'accepter sans broncher cette distance instaurée à contre cœur. Il veut bien faire Sam. Il essaie. Et ça le fait chier, profondément. C'est pour ça qu'il est là devant elle. Les sourcils qui se froncent d'incompréhension, le regard qui passe faiblement du vert de ses yeux à ses lèvres. Combat intérieur qui semble durer une éternité, véritable torture. Le bien ou le mal. Le désir ou la raison. Putain. Billes bleues qui se perdent à nouveau dans les siennes, animées d'une flamme nouvelle, trop longtemps refoulée. Et puis merde. Au diable les conséquences et tout le reste. Le corps qui bouge à peine, la distance inexistante limitant les efforts nécessaires pour accéder à ses lippes. Celles qu'il capture, lentement. Savourant avec douceur leur goût léger, encore incertain. De ce qu'elle veut. Lui ? Il capitule.  

@Laia Duque — Effusion de sentiments qui défilent, la sensation de ses lèvres sur les siennes un peu trop plaisante. La culpabilité s'atténue pour laisser place au désir, grandissant à mesure qu'elle lui rend son baiser. C'est l'esprit tout entier qui se libère, comme s'il tirait définitivement un trait sur ces semaines de doute et de lutte intérieure. Soulagé, apaisé, la frustration qui se dissipe en réponse à cet échange, plus intense à chaque seconde. La passion qui prend le dessus sur la douceur lorsqu'il sent ses doigts délicats glisser dans son cou. Agrippe ses hanches d'une main pour faire durer la fougue un peu plus longtemps, jusqu'à manquer de souffle. Le corps qui réclame de l'oxygène quand les yeux, eux, tentent de percer à jour son âme. — Je sais... Brève réponse murmurée en retour, le regard toujours aussi brillant malgré la pénombre. Il a jamais prétendu le contraire, Sam. Perdu, à ne pas savoir où donner de la tête, il a préféré ne rien dire, incapable de se positionner. Mais jamais, il n'a voulu lui laisser croire qu'elle était seule, qu'elle se voilait la face. Sans doute parce que dans le fond, il avait déjà la réponse. Celle qu'elle cherchait depuis le début.