(ascella & edwin) in spite of ourselves

Tout le monde pouvait se mettre d'accord en s'exprimant sur la beauté du Japon. Edwin était le premier à exprimer sa satisfaction quant au voyage qu'ils avaient entamé. Il en oublia même toutes les péripéties débiles dans lesquelles il se fourrait en temps normal, préférant le calme et la sérénité des lieux. Churaumi et ses plages idylliques avaient placardé un sourire sur son visage depuis qu'il avait posé un pied à terre. Toujours accompagné d'Ascella, ils s'étaient accordés à participer à l'activité du jour, se résumant à passer une nuit à la belle étoile dans une tente. Comme quoi, il était capable d'abandonner son confort et même d'affronter les moustiques pour les beaux yeux de sa camarade. _ Il faut qu'on trouve un moyen d'entrer et de sortir de cette tente sans qu'aucun insecte ne s'invite. Poings sur les hanches, il observait leur habitacle d'un air dubitatif. La petite voix dans son cerveau lui faisant remarquer qu'ils allaient battre les records de proximité. _ Je propose donc que tu dormes dehors pour les attirer pendant que je passe une excellente nuit à l'intérieur.

@Ascella Omen

Je mettrais ma main à couper que Edwin n'a jamais fait de camping de sa vie et qu'il a accepté cette sortie pour mes beaux yeux. Parce que je ne peux m'empêcher de gonfler les joues pour m'empêcher de rire quand je le vois s'altérer à monter notre tente. J'ai hâte de passer la nuit à la belle étoile, puisque j'adore le camping, souvenir de nos week-end passés ma soeur, ma mère et moi à dormir sous un tente après que notre mère nous ait raconté des histoires autour d'un feu et qu'elle nous parlait des étoiles qui brillaient au dessus de nos têtes. Je regarde le jeune homme qui propose que je dorme dehors pour attirer les bêtes et je soulève les sourcils. "Ou aloooooooors", que je commence à dire avant d'entrer dans la tente et de lui faire signe de me rejoindre. Je sors de mon sac un espèce de chapeau moustiquaire que je lui mets sur la tête, grand sourire sur les lèvres. "Voilàààààà", que je dis en plaçant bien le chapeau, l'arrangeant avec ses cheveux en dépliant la moustiquaire qui cache son visage. "Puisque monsieur a peur des petites bêtes", que je lance en m'empêchant de ricaner comme une enfant.

Edwin n'était pas dans son élément. Pourtant, il en avait passé des étés dans les herbes hautes de son manoir, allongé à regarder les étoiles ou en piquant une tête dans un étang verdoyant. Pourtant, même chez lui, le mot "camping" ne lui avait pas effleuré l'esprit. Maintenant à des kilomètres de sa maison d'enfance, il se retrouvait en galère à simplement monter une tente sous le regard rieur d'une nana qu'il cherchait à impressionner. Son égo avait mal. D'autant plus quand les insectes qu'il détestait tant commençaient à lui tourner autour. L'Enfer accompagné d'un ang-. Il revient à la réalité quand le diablotin lui colle un chapeau absurde sur la tête. Regard outré, il essaie de remonter la visière pour l'observer un peu mieux. _ C'est quoi ce truc immonde ? On dirait un chapeau pour aller à un enterrement ! Il finissait par se détourner, refermant la tente restée ouverte pour que les deux restent officiellement seuls. _ Remarque, c'est parfait pour faire le deuil de notre amitié. S'il avait eu 8 ans, il lui aurait certainement tiré la langue.

Cela fait quelques semaines qu'on est ici et j'ai vraiment l'impression qu'il m'envoie des signaux. Les signaux que je lui plais, mais que ce que je lui ai avoué avant qu'on parte lui fait peut-être trop peur pour qu'il ne fasse quoi que ce soit. Je ne dirais pas que j'ai l'habitude de ce genre de situation, mais ça m'arrive trop peu que quelqu'un me plaise pour que je laisse passer ma chance comme ça. Je suis bien contente qu'il détende l'atmosphère avec son histoire d'insectes dans la tente, parce que l'idée de passer la nuit aussi proche de lui me fait un peu peur, sans que je n'arrive à savoir pourquoi. Peut-être parce que je me sens coupable de pas être capable de lui donner ce dont il a peut-être envie aussi tôt. Sa tête quand je pose ce chapeau ridicule sur sa tête est à mourir de rire, "Immonde ?", que je répète d'un air choquée. "T'es un peu dur, là...", que je réponds avec une petite moue exagérée. "Notre amitié ?", que je lui demande avec un petit sourire sur les lèvres. Je lui vole son chapeau moustiquaire pour le mettre sur ma tête, déroulant le filet protecteur pour cacher mes joues probablement en train de rougir. "RIP notre amitié alors, je comptais pas être ton amie de toute façon..", que je lui dis, bien contente qu'il ne soit pas capable de voir la tête paniquée de cette audace soudaine qui se cache sous ce chapeau.

Bien sûr que non, il n'était pas difficile. Le chapeau était horrible et, bien que cela ne pouvait entraver sa beauté et qu'il était du genre à partir dans des délires exubérants, ce soir, il n'était pas d'humeur. Pourquoi ? Parce qu'il allait passer une nuit dans une tente avec une jeune femme qu'il appréciait, jolie de surcroit. Son parfum embuait son cerveau, le rendant inapte à réfléchir correctement. Il s'imaginait déjà avoir les mains baladeuses après un énième court-circuit et se retrouver dans une situation non désirable. Bref, c'était la merde. Et la blonde – ridiculement adorable sous son chapeau hideux – n'aidait pas parce qu'à l'instant où il daignait sortir de ses rêveries, elle parlait de leur fameuse amitié dont elle ne veut pas. _ Ah oui ? qu'il demande incertain de ce qui va suivre. Il se racle la gorge avant de reprendre. _ Un chapeau et ayé, madame s'imagine pirate prête à m'envoyer en Enfer ? Au fond de lui, il espérait qu'elle n'allait pas lui parler de relation, d'engagement et de fidélité. Il espérait qu'elle n'allait pas lui servir la discussion dans cette tente où il se sentait déjà en train d'étouffer.

Un petit hochement de tête suivit d'une moue boudeuse, j'éclate de rire quand il parle de l'envoyer en Enfer. "En enfer ?", que je répète avant de regarder le petit espace dans lequel on se trouve. "J'ai plutôt l'impression que tu l'es déjà, en enfer...", que je lui réponds avec un petit sourire avant d'ouvrir grand les yeux alors que je repère une araignée juste derrière lui sur la toile de la tente. "Ne bouge pas", que je lui dis en levant l'index vers lui, me redressant lentement sur mes genoux en m'approchant de lui. Je retire le chapeau de ma tête et je me trouve maintenant à quelques millimètres de lui quand j'emprisonne la bête sur la toile avec mon chapeau, que je fais glisser jusqu'à la fermeture que j'ouvre un peu afin de la faire sortir dehors.  Je referme à nouveau la tente et je me rends compte que je suis quasiment à califourchon sur lui. "Tu peux m'appeler ta sauveuse maintenant" J'hausse les épaules avec un petit sourire, "Pour me remercier tu pourrais, je sais pas..." Petite pause, "M'embrasser, par exemple ?" Parce que je me demande ce que tu attends, Edwin.

Nul doute qu'il a choisi un adversaire à sa taille en la présence d'Ascella. Petite mais chaotique. À la fois diamétralement opposée et semblable. Et, ce qu'il aime par dessus tout chez elle, c'est cette promesse inatteignable qu'elle représente. L'un comme l'autre, ils ne pourront jamais s'offrir ce qu'ils veulent. Et peut-être bien qu'il est déjà en Enfer, oui. Après tout, ils ont déjà statué qu'elle était un diablotin. Il est absorbé par sa présence, n'ose plus un geste. Surtout quand elle le lui ordonne. Il ne bouge pas, il reste passible, ne laisse paraitre aucune émotion alors que son cœur s'emballe un peu plus en imaginant la suite des événements. Il est en totale désillusion quand elle pointe du doigt la toile derrière lui. Un monstre encore plus hideux que le chapeau s'aventure et aussitôt, Eddy s'écarte en pestant. Il déteste les bestioles. Il déteste encore plus qu'elle en joue contre lui. Il se réconforte dès la seconde où il sent son corps effleurer le sien dans ses gestes. Bordel. Il se paralyse quand il la sent venir sur lui, les mains agrippant le sac de couchage sous ses fesses pour être certain de ne pas la toucher. Une sauveuse ? Elle rigole ?! Elle est en train de l'achever. Un rire nerveux qui se transforme en râle étouffé lui échappe. Quand l'une de ses mains ose glisser dans sa nuque pour se perdre dans sa chevelure, il perd toute notion du temps. L'instant suivant, ses lèvres envahissent les siennes. Flippant à quel point il répondait à ses volontés sans la moindre objection. Encore plus terrifiant, l'aisance qu'il trouve à l'embrasser, enfin. Sa seconde main vient encadrer le visage d'Ascella, la tenant comme pour la maintenir dans l'instant présent ; il n'a aucune envie que ce baiser s'arrête.

Je sais très bien ce qui le retient et je suis quasiment sûre que si je ne lui avais pas parlé de mon asexualité, il m'aurait ne serait-ce qu'embrassé depuis bien longtemps. Je ne lui en veux pas. Je comprends que ça ne soit pas facile à comprendre ou à naviguer, moi même j'apprends encore à me connaître et à connaître mes limites depuis que j'ai mis un mot sur qui j'étais. Mais être asexuelle ne m'empêche pas d'être attirée par lui. Depuis des semaines. Peut-être même des mois. Quand j'ai senti cet espèce de feeling à notre rencontre dans ce café. Je ne donne pas ma confiance à n'importe qui et bizarrement, Edwin a la mienne. Assez pour que je le suive au Japon. Que je veuille passer toutes mes vacances avec lui et que je songe de plus en plus à accepter son invitation dans son Angleterre natale avant la reprise des cours. Je pensais que j'allais devoir l'embrasser moi, mais lui demander de le faire semble avoir suffit. Sa main dans ma nuque fait tambouriner mon coeur dans ma poitrine lors que ses lèvres viennent enfin chercher les miennes. Mes mains se glissent sur ses épaules alors que je prolonge le baiser. Un baiser lent et langoureux, qui témoigne de notre envie commune à ce qu'il ne s'arrête pas trop tôt. "Enfin..", que je lâche dans un soupire avant de l'embrasser de plus belle. Mais c'est la main qui tape à l'extérieur de notre tente et la voix du guide de la rando de la journée qui nous indique que le soleil est quasiment couché qui brise ce moment, me faisant presque sursauter. Je plisse le nez que je viens frotter contre le sien dans un soupire. "Du coup.. j'suis toujours bannie de la tente pour servir d'appât ?", que je murmure en riant un peu alors qu'une de mes mains vient se caler sur sa joue. "Ou je peux passer la nuit ici à t'embrasser encore, encore et encore ?" Perso, je préfère la deuxième option et mon petit doigt me dit que lui aussi.

Il a oublié les bestioles. Il a oublié la tente trop petite. Il a même oublié qu'il s'apprête à camper au milieu de nulle part, à des kilomètres de son confort. Tout ce qui compte, ce sont ses lèvres sur celles d'Ascella. Il savoure l'instant. Il le fait durer avec un baiser langoureux, ses mains encadrant le visage de la jeune femme pour la retenir. Comme s'il en avait besoin... À la façon dont elle se tenait sur lui, ses mains l'agrippant en retour et ses lippes se moulant à la perfection aux siennes, il était certain qu'elle avait tout autant envie que lui d'être ici. L'envie. Son corps était en alerte. Il ressentait les frissons au passage de ses doigts. Son cœur tambourinait dans sa cage thoracique à tel point qu'il avait l'impression qu'elle était capable de sentir les pulsions à chaque contact. Il l'entend à peine quand elle prononce son contentement, imaginant déjà la suite des événements, jusqu'à ce qu'il sursaute à son tour. Ses mains agrippent les avant-bras de la blonde, il la maintient alors que son regard noir lance des éclairs en direction de la voix extérieure. Il est frustré par son envie grandissante. Il s'adoucit quand Ascella approche son visage de nouveau. _ Je ne sais pas encore. Il faut que j'y réfléchisse, tu vois. Son visage accentue le contact contre sa paume avant de voler un nouveau baiser. _ J'aime vraiment pas les bestioles et j'suis certain qu'elles vont t'adorer. Il vole un nouveau baiser avant d'effleurer sa joue et de continuer son chemin vers sa nuque. _ Faut qu'on trouve un deal. Loin de lui, l'envie de perdre la tête après une nuit à se tourmenter.

Ça sonne comme une délivrance parce que ça en est plus ou moins une. J'ai l'impression qu'on se tourne autour depuis qu'on s'est rencontrés et ça fait quoi.. deux, trois mois même peut-être ? J'sais pas, j'ai perdu la notion du temps faut croire. Je sais juste que j'ai été incroyablement frustrée qu'il ne me propose pas d'être sa cavalière pour le bal et quand j'ai senti sa frustration à lui aussi, c'est là que j'ai commencé à me dire qu'il y avait peut-être quelque chose. Pourtant, on était pas le match parfait sur Meetsme et on l'est probablement toujours pas. Mais il y ce truc. Ce truc inexplicable qui fait qu'il me plait et que je ne peux pas me résoudre à passer mon chemin. Je ne peux m'empêcher de sourire en coin quand je constate sa légère grimace envers le guide qui nous a interrompu en dehors de la tente, bien que ça ne me laisse pas me déconcentrer sur ce que nous étions en train de faire. Je soulève les sourcils sous une fausse surprise en le regardant, le laissant me voler un nouveau baiser sans me faire prier. "T'as l'air vraiment calé en bestioles pour quelqu'un qui aime pas ça..", que je lui fais remarquer en riant doucement. Je ferme les yeux en sentant ses lèvres sur ma joue, se frayant un chemin jusqu'à ma nuque. "Un deal ?", que je répète en souriant, reculant mon visage pour le stopper afin de pouvoir le regarder. "Je comprends pas, je pensais qu'on en avait déjà un, non ?", que je demande avant de tâter le sol de la tente de ma main libre pour retrouver le superbe chapeau que je viens mettre à nouveau sur sa tête. "Le super chapeau moustiquaire qui te rend i-r-r-e-s-i-s-t-i-b-l-e !", que je lance en me mordant la lèvre pour m'empêcher de rire encore plus fort.