ELENA LYDIE KING ► jenna mcdougall

Mon histoire

Je n’ai pas eu une enfance bien mouvementée. J’ai grandi en sol Australien. À Sydney pour être plus précise.

Cours de géographie 101 ; Sydney n’est pas la capitale de l’Australie.

Enfin bref. Donc, j’ai vécu dans cette magnifique ville qu’est Sydney pendant dix-sept ans. J’étais loin d’être la fille la plus populaire. J’étais un peu grassouillette et la mode et moi faisions deux. Ma seule véritable amie se prénommait Amelia. Nous étions toujours ensemble, si bien que les gens autour de nous se questionnaient à savoir si nous étions sœurs, bien que nous ne nous ressemblions pas. Mes parents l’appelaient leur fille et s’en était de même pour ses parents. Elle et moi étions de bonnes étudiantes et étions la risée des étudiants. Pourtant, lorsque nous étions ensemble, rien ne pouvait nous atteindre. Nous n’avions besoin de personne si ce n’était que de l’autre pour survivre à ces horribles années d’adolescence. Pourtant, tout bascula.

C’était la journée après mon seizième anniversaire.  Je m’en souviens comme si c’était hier. Elle rentrait à la maison après ma fête d’anniversaire. Merde. Sa maison ne se trouvait qu’à cinq minutes de la mienne. Sur le chemin du retour, alors qu’elle traversait la rue à une intersection, un homme que les policiers ont dit être en état d’ébriété avancée malgré l’heure a heurté ma meilleure amie. Elle s’est retrouvée étendue sur le sol et lui est parti. Heureusement, une dame assise sur le porche de sa maison a tout de suite appelé la police et ils ont pu l’intercepter rapidement. Bien qu’il ait été arrêté et que des accusations ait été portées contre lui, ça n’a jamais apaisé ma peine. Je me souviens encore de la voir étendue dans ce cercueil. Ce fut la journée la plus difficile de ma vie. Je venais de perdre bien plus que ma meilleure amie. Je venais de perdre la seule personne qui me permettait de tenir et de ne pas céder sous les constances insultes.

J’ai supplié mes parents pendant l’année suivant son décès de partir. Je ne voulais plus vivre dans cette ville qui me rappelait trop elle. Finalement, lorsque papa a eu une promotion, la firme dans laquelle il travaillait allait ouvrir un nouveau bureau à Montréal, nous avons tous fait nos valises. Dire au revoir aux parents d’Amelia fut difficile, mais ils ont compris.

Le déménagement s’est fait sans heurt, bien qu’apprendre le français fût difficile. Au départ, je ne parlais qu’Anglais et au fil du temps, je me suis habituée à la langue, aux habitants et je me plaisait bien. Pourtant, il manquait quelque chose. Amelia. J’étais encore le souffre-douleur de quelques étudiants puis que j’avais – et que j’ai toujours un fort accent. Après tout, on peut quitter l’Australie, mais l’Australie ne vous quittera jamais. C’est vers l’âge de 19 ans que j’ai commencé à me mutiler. Mes cuisses ressemblent désormais plus à des morceaux de viande que des cuisses. Personne n’est au courant, pas même mes parents. Ils semblent avoir d’autres préoccupations que moi alors je me tais et je les laisse vivre. Après tout, ils ont changé de vie pour moi, je leur dois bien la paix.

L’école allant de bon train, bientôt il me fallu choisir une université. Mes parents avaient de grands espoirs et voulaient que j’aie dans une prestigieuse université. J’ai regardé les programmes qui s’offraient au Québec puis aux Etats-Unis. La direction de l’école ou j’allais m’a dit qu’avec les résultats que j’avais obtenus, je pouvais envisager d’entrer dans les établissements de la Ivy League. Quoi de mieux pour ravir mes parents? Papa était devenu chef de la division canadienne de l’entreprise et faisait désormais un salaire qui pouvait couvrir les frais d’Harvard, l’école de mes rêves. À mon plus grand bonheur, j’ai été accepté et encore une fois, j’ai plié bagages et pris l’avion, cette fois direction Cambridge.