fix you ( cassikt #1 )

Cassie verrouilla discrètement la porte d'entrée derrière elle, espérant ne pas réveiller les autres membres de la maison Adams. La journée avait été épuisante, entre les cours, les devoirs et les préparatifs pour le prochain projet de droit pénal. Elle monta silencieusement les escaliers, s'efforçant de ne pas trébucher sur les marches dans l'obscurité. Elle s'approcha lentement de la porte de la chambre qu’elle partageait avec Benedikt depuis cette année. Comme à son habitude, elle frappa doucement à la porte, appelant son nom d'une voix douce. Chose qu’elle avait mise en place depuis qu’elle partageait sa chambre avec un inconnu. Son ancien colocataire ayant quitté le campus. Il y eut un moment de silence avant qu’elle ne se décide à entrer. Pas certaine qu’il soit là ou encore éveillé. La chambre était plongée dans l'obscurité, seule la lueur faible de la lune filtrait à travers les rideaux. Elle le vit alors encore réveillé, malgré l’heure tardive. « Benedikt, ça va ? » demanda Cassie. Elle était montée là-haut, dans leur chambre, sans réellement ressentir une once de fatigue. Et le fait qu’ils soient tous les deux éveillés était surement une invitation à une discussion nocturne. Elle s’assit sur son lit, pas encore prête à se coucher. « Tu veux parler ? » proposa-t-elle doucement. Il était peut-être trop tard pour une telle proposition, mais jusque-là, elle n’avait jamais trouvé du temps à lui accorder à cet homme. Ou alors avait-elle fait exprès de ne pas en trouver.

@Benedikt Marlowe

Le blond se demande si cette soirée est bel et bien réelle. Évidemment, il se sait réveillé, mais la tournure qu'elle prend le rend perplexe. On ne peut pas dire qu'en une année de colocation dans cette chambre à la Adams, Cassie et lui se sont rapprochés, alors pourquoi cette attention maintenant, tandis qu'elle touche à sa fin et que le Summer Camp va débuter ? À sa réponse, il ne peut nier qu'elle a raison. Quelque part, lui aussi ce complet dans ce silence qui lui permet de réfléchir et ainsi de prendre des décisions. Ainsi, il hoche négativement la tête pour toute réponse. Ce n'est pas étrange, pas du tout même, mais il n'a pas envie de philosopher à ce propos. "L'avenir ?" Il esquisse un sourire. "Je me contente de penser au lendemain, je ne vois pas plus loin." Bien que son avenir soit tout tracé et il le sait pertinemment, le Marlowe. "Cassie…" Il commence pour laisser s'échapper un soupir d'entre ses lèvres. "Il va nous falloir du temps pour que l'on fasse connaissance, tu ne crois pas ?" Le fait est qu'elle n'a pas tort, un jour, il pourrait être prêt à s'ouvrir à elle et pour détendre l'atmosphère, il ajoute dans une esquisse de sourire : "va surement falloir que tu me supportes une année de plus comme coloc' ici." En vérité, il n'y avait pas encore pensé. Le fait est qu'elle n'a pas été dérangeante, bien au contraire. "J'espère bien que tu n'es pas là pour ça." Il reprend, sur la défensive, quand elle lui répond et qu'il fronce les sourcils. Ses mains sous sa tête, le blond ne peut s'empêcher d'arguer : "de nos jours, débrouillard ou non, on peut se faire agresser pour n'importe quoi." Une clope par exemple, ce n'est plus nouveau au journal télévisé. "Tu devrais faire attention." Non pas qu'il s'en préoccupe, mais malgré tout, il va y songer, à présent. "Disons que j'ai l'âme nocturne. Je suis un oiseau de nuit, comme toi, du coup." Il n'évoquera pas les amphétamines, mais plutôt le fait qu'il soit un couche tard. "Tu vas participer au Summer Camp, au fait ?" Lui, va en être et il a même décidé de devenir capitaine qu'une équipe dont il ne connait pas encore les futurs membres.

Le blond ne comprend pas réellement comment ils en sont arrivés là, à converser au beau milieu de la nuit, mais en définitive, cela ne le dérange pas. Il est bien plus heureux et à l’aise dans cette petite chambre à Harvard qu’il partage avec Cassie, que dans l’immense demeure des Marlowe alors que sa chambre fait au minimum quatre fois cette pièce et pourtant, l’idée de devoir rentrer ne l’enchante pas. Il trouve cela ennuyant de devoir quitter l’université durant les vacances, mais en même temps, il n’a pas vraiment le choix, pas avec les derniers événements du moins. “Comme tu dis.” Il se contente de souffler, trop perturber par ses pensées qui vont malheureusement vers les siens, dont son frère qui se trouve à l’hôpital, enfermé dans cette chambre et n’ayant toujours pas repris connaissance. Écoutant distraitement Cassie, il ne prononce le moindre mot dans un premier temps, quand, une question passe la barrière de ses lèvres : “qui a dit que l’on ne s'entendrait pas ?” Personne ne peut le savoir en vérité, puisqu’ils se sont globalement croisés cette année et ils n’ont pas fait le moindre effort afin d’apprendre à connaître l’autre. “Tu ne sais pas que c’est ce qu’on dit de moi ? Je suis insupportable.” Un rire franc passe la barrière de ses lèvres face à cette absurdité prononcée, puis il reprend, plus sérieux : “on y est parvenu parce qu’on s’est croisé et même, plus ou moins évité, peut-être…. ” Il se trouve songeur par rapport à ses derniers mots prononcés. Est-ce qu’il l’a délibérément évité ? C’est à voir. “Dans ce cas, nous le ferons à la rentrée prochaine.” Il se décide ainsi, alors que la lumière d’un réverbère filtre au travers de la fenêtre, le rideau n’étant pas tiré. “On se serre la main, coloc’.” Il lui tend la sienne, droite, puis dans un clin d'œil, il ajoute : “je ne l’oublierai pas, crois-moi. Si tu me serres la pince, tu seras obligée de me supporter.” Mais rapidement, sa bonne humeur se dissipe. L’idée qu’elle se promène seule dans les rues la nuit, ne lui paît pas. Bien sûr, Bene n’a pas réellement son mot à dire, seulement, il sait que de plus en plus de drames ont lieu dans ce monde qui par en vrille et même s’ils se connaissent peu, il ne souhaite pas que Cassie soit une victime. “De nos jours, il y a les armes blanches. Fais attention à toi et apprends un sport de combat.” Elle peut bien prétendre qu’elle sait éviter les ennuis, le Marlowe ne peut pas s’en empêcher, de lui souffler ses quelques mots. Ce qui lui semble étrange, c’est son remerciement parce qu’il s’enquit d’elle. Est-ce vraiment le cas ? Si oui, pourquoi ça le fait autant chier ? Il n’aime pas s’attacher, surtout lorsqu’il ne connaît pas. Va falloir qu’il s’impose des limites dans tout ça. “Ouaip. J’ai des plans.” Il lui offre un large sourire. “On va se retrouver au Japon, en Sicile aussi, si tu t’y rends. Je compte me rendre au Summer Camp moi aussi.” Bien que cela l’inquiète, au vu de l’état de sa fratrie. Quand bien même, ils ont insisté afin qu’ils s’y rendent, sa mère l’intimant de penser à lui ainsi que sa sœur, Benedikt ne peut s’empêcher qu’à autant de kilomètres, il se retrouvera impuissant s’il se passe autre chose… mais que pourrait-il arriver de pire que ce qu’ils ont déjà vécu ?

Le blond se questionne. Pourquoi aucun d’eux n’a essayé de faire un pas vers l’autre avant ? Ils ne semblent pas être si différents, en définitive. Ils peuvent même se ressembler plus qu’il ne l’a jamais imaginé. Serait-elle son double au féminin ? Cela le fait sourire rien que d’y songer et alors qu’elle lui répond, lui aussi, quelque part, en est certain : ils peuvent définitivement bien s’entendre. “Tu ne t’es pas déjà fait une idée de la personne que je suis ?” Le blond l’interroge, un sourire empreint de malice présent sur son visage. “Ouaip, c’est bien ça.” Il lui souffle avant qu’elle ne vise juste à son sujet. Il fait tout pour qu’on le déteste parfois afin de se protéger. Il n’est pas bien méchant, en définitive, seulement, il a bien du mal à faire tomber les murs présents autour de lui, qu’il a lui-même érigés. Comment pourrait-il en être autrement avec ce qu’il a vécu, subi ? Si certaines personnes s’ouvrent aux autres en un rien de temps, leur faisant part de leurs plus sombres secrets, ce n’est définitivement pas son cas. Alors, si Cassie souhaite creuser, soit, qu’elle le fasse. Mais avant qu’il ne s'ouvre, il faudra d'abord qu’elle parle d’elle-même et qu’un certain laps de temps s’écoule. “T’as peut-être vu juste, j’dis bien peut-être.” En même temps, il ne peut pas tout nier en bloc le Marlowe, bien qu’être ainsi percé à jour ne le rassure pas dans le fond. “Parce que t’adores ça relever des défis, que ça t’amuse ?” Il faut bien qu’il les reprenne, ses questions. Plus facile pour mener une conversation. “J’suis sympa quand j’en ai envie, c’est vrai.” Un nouveau sourire orne son visage, quand une nouvelle fois, elle le désarme et tape là où ça fait mal. Pourquoi faut-il qu’elle évoque les moments difficiles de la vie ? Il n’avait franchement pas envie qu’on lui remémore le coma de son aîné. Ni même l’accident qu’ils ont eu. Lorsque son téléphone a sonné, il a cru que son monde s’était écroulé, Benedikt. Regardant sa main en revenant à eux, leur conversation, il s’en saisit lorsqu’il l’entend parler de leur prochaine colocation. “J’suis sûre que tu l’es.” Il rétorque alors, mais cela ne le dérange pas dans le fond. Comme elle le dit si bien, les personnes comme eux “insupportables” peuvent bien se comprendre, non ? “Aller, passe à autre chose.” Il prononce dans un soupir, le blond, en retirant sa main de la sienne quand ils en reviennent à l’insécurité qui déborde à l’extérieur et faisant la moue, réfléchissant, il l’interroge alors : “t’as un bon crochet du droit ?” De plus, il faut qu’elle soit bonne en boxe, mais vraiment, elle devrait se mettre à un sport de combat. “Faudrait que tu pratiques un art martial pour les personnes de ton gabarit. Esquiver un coup de poing, tu sais sans doute le faire, mais une attaque avec une arme blanche, c’est encore autre chose et même si tu sais mettre de bons coups, n’oublie jamais.” Il ancre son regard dans le sien, on ne peut plus sérieux : “si t’en as la possibilité, vise entre ses jambes. Surtout si c’est un homme. Après, pour le finir, tu lui mettras un bon poing dans la gueule.” Il ne faut pas plaisanter à ce sujet et il veut être sûr qu’il n’arrivera rien à sa colocataire. Heureusement, ils repartent sur un sujet plus fluide qu’est le Summer Camp et il ne peut qu’acquiescer lorsqu’elle évoque les endroits différents qu’ils vont visiter. “C’est certain que ça risque d’être quelque chose, on va bien s’amuser. Hors compétition et même pendant, je l’espère.” Le Japon, il n’y avait jamais mis les pieds, jusqu’à présent. “Mais t'imagines pas me battre, t’y arriveras pas.” Bene ne peut pas s’empêcher de la taquiner, c’est ainsi, qu’il est.